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Parmi les communications, j’ai relevé la mise en place depuis un an de check list dans les
blocs opératoires. De telles pratiques, inspirées des check-lists utilisées par les pilotes d’avions
depuis des décennies, sont susceptibles de limiter fortement les réclamations de patients
souffrants « d’objets oubliés » dans leurs corps et dont les « aventures » mobilisent les médias.
Mais ces check-lists ont des limites. Ainsi, en ce qui concerne les risques technologiques, nous
avons noté que les check list devaient être souvent remises en question.
Il est certain que toutes ces conférences sont fertiles en réflexions et ouvrent des voies à
d’autres pistes. Lorsque nous avons appliqué le système du retour d’expérience issu des grands
risques technologiques aux petits risques, domestiques voire routiers, nous avons pu dégager des
idées de prévention qui continuent encore à progresser. Les arbres des causes dans l’analyse des
brûlures dans les salles de bains sont un exemple parmi d’autres. De même l’analyse de
l’ensemble des circonstances qui ont précédé un accident de la route : état du véhicule, du
chauffeur (fatigue, en écoute d’un mobile, en stress, etc.), des passagers éventuels, de
l’environnement (pluie, brouillard, soleil de face, etc.), état de la route (courbe, revêtement,
etc.), permet d’initier des actions préventives plus ciblées.
Aujourd’hui on reparle de sécurité routière mais, pour agir efficacement, il faut
connaître avec précision les causes de la mortalité routière : alcool, drogues diverses dont
parfois les médicaments, vitesse, téléphone, non port de la ceinture de sécurité, et mieux
réagir : formation des deux roues, sanctions et suivi du permis à points, téléphone au volant (il
est démontré que même le kit mains libres est accidentogène).
Nota : L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en collaboration avec
l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux
(Ifsttar), a remis début mai 2011, à la délégation interministérielle à la sécurité routière un
rapport sur le téléphone au volant. Il est démontré que le mobile, mains libres ou non, est à
l'origine d'environ 10% des accidents corporels sur la route, dont 350 tués par an.
La conduite ne nous semble pas dangereuse car nous sommes tous des acteurs en général
actifs. Nous pensons, à tort ou à raison, avoir notre destin en mains quand nous prenons le
volant. C’est loin d’être toujours le cas.
En ce qui concerne les risques sanitaires nous sommes des usagers, des patients pour les
hôpitaux et cliniques et des consommateurs de soins et de médicaments. Nous souhaitons
prolonger notre vie dans les meilleures conditions et, pour cela, nous n’hésitons pas trop à nous
faire opérer ou à ingurgiter des lots entiers de molécules. Mais ce que nous exigeons en retour
c’est une gestion correcte du risque : qualité des soins hospitaliers, suivi des malades, suivi et
traçabilité des médicaments. En 2003, en France, les infections nosocomiales faisaient plus de
victimes que les accidents de la route. Les hôpitaux se sont donc mobilisés pour lutter contre ce
type de risque mais, en parallèle, le nombre des victimes de la route a amorcé une
décroissance. Où en est-on aujourd’hui ? Ne nous voilons pas la face : il y a encore trop de
victimes et il est demandé à tous des efforts de prévention.
Ce n’est pas un vain mot. A chaque accident, à chaque mise en cause de médicament,
l’opinion publique se mobilise, avec la création d’associations de victimes, et elle exige de
connaître les causes des dysfonctionnements, et en conséquence les responsables et les
coupables. Ce n’est pas toujours simple avec la multiplication « d’opérateurs » : agences,
instituts, etc. chargés de donner un avis ou d’alerter les autorités en cas de dysfonctionnement.
J’engage ceux qui veulent aller plus loin à lire les articles consacrés par notre association à la
crise de la vache folle ou à l’affaire du sang contaminé par exemple.