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RD Congo : Bancarisation Intermédiation
Bancaire Désintermédiation financière (2ème
édition)
Par Hubert MPUNGA TSHISAMBU, Expert en Economie
Internationale, Septembre 2013
Tandis que la ré-fiscalisation de l’économie attise
l’intermédiation bancaire, la désintermédiation financière
booste le financement à l’économie, et démocratise le capital,
apportant ainsi un plus à la chaîne de la valeur globale pour une
croissance à forte densité et forte intensité, et viable par dessus
le marché.
La Bancarisation et La Couverture bancaire
Par leurs perceptions respectives, les
deux concepts convergent en sens, la dernière
n’étant que la matérialisation synergique de la
première dans le fonctionnement normal
d’une économie, vers l’expansion
géographique de la banque, l’amplification de
la capillarité bancaire de l’entité économique.
Entendez par l’amélioration de la
démographie autour du guichet bancaire ou
celle du nombre des guichets dans sur un
périmètre économique donné. on parle du
taux de bancarisation (moyenne Afrique
subsaharienne 18%, RDC 5%, RSA 50% et top
Tunisie 60%). Le deuxième sens de
bancarisation revient à la domiciliation totale
ou partielle de l’exécution des transactions
économiques et sociales dans le circuit
bancaire. Ceci à des fins de transparence, de
sécurité et d’allègement de la gestion. Bref,
ce sont des concepts séquentiels vers
l’intégration du système financier, étape
évolutive vers l’intégration économique
locale, séquence ultime vers l’intégration
régionale et internationale d’une nation, en
tant qu’entité économique distincte.
L’efficience s’en évalue par la fréquence de
recours aux services bancaires par les agents
économiques, ou l’intermédiation bancaire.
Celle-ci étant elle-même cautionnée par
l’intégration bancaire. Au bout de la ligne se
mettent en exergue l’amélioration du parc
bancaire et la capillarité y relative, et de la
densité bancaire de l’entité. Et ensuite vient
celle de l’intensité de l’intermédiation
bancaire, l’accoutumance et la fidélisation de
la fréquentation bancaire ; et enfin s’implante
la pénétration de l’intégration bancaire. De
cette dernière, entendez la culture bancaire
de l’entité économique et l’interopérabilité
des banques.
Cette consubstantialité nécessite une
attention alerte quand on entre dans les
méandres et les profondeurs de l’économie
tant réelle que virtuelle, cette dernière n’étant
que les marchés financiers ou marchés des
capitaux, la bourse des valeurs mobilières.
La Bancarisation d’une Entité Economique et
la Bancarisation d’une Economie
Les deux concepts vont presque
ensemble, dans le sens de la couverture
territoriale et l’utilisation de services
bancaires sur ce périmètre économique, ceci
revient à l’essaimage géographique des
guichets bancaires et à l’amplification de leur
fréquentation et sollicitation par les agents
économiques, sur un périmètre économique
donnée. C’est de la vulgarisation bancaire,
partie intégrante de la culture économique de
l’entité. La bancarisation d’une économie
s’entend comme une pénétration bancaire
dans le tissu transactionnel et les mécanismes
de fonctionnement global de celle-ci. Elle
aboutit à l’intégration de son système
bancaire et, par la suite, à celle de son
système financier. C’est une intégration
intersectorielle de la chaîne bancaire dans la
chaîne de la valeur globale.
Elles diffèrent par contre en
substance ; la bancarisation d’une entité
économique étant une étape séquentielle vers
celle de l’économie globale. Celle-ci passe par
l’intégration du système bancaire global qui,
elle, conduit vers l’intégration du système
financier de l’espace économique. Celle-ci
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étant, à son tour, une évolution vers
l’intégration de l’économie concernée, stade
géoéconomique crucial vers l’intégration
économique du territoire, si couplé à d’autres
facteurs de compétitivité comme la rentabilité
économique, la justice et la sécurité des
investissements et des investisseurs. Cette
dernière étape assortie d’autres facteurs
géopolitiques en l’occurrence le nombre de
représentations diplomatiques et
multilatérales, le nombre des sommets
internationaux organisés et tenus au pays,
l’importance des portefeuilles des étrangers
au pays et ceux des ressortissants à l’étranger,
l’importance des effectifs des voyageurs entre
le pays et l’étranger, et le volume des appels
internationaux avec l’extérieur, surtout par les
citoyens du pays pour n’en citer que ceux là,
mène le territoire national vers l’intégration
internationale
La Bancarisation d’une Transaction
Economique, Administrative ou Fiscale
La bancarisation d’une transaction
économique, fiscale ou commerciale soit-elle,
n’est autre que la domiciliation de son
exécution dans le circuit bancaire, ou par voie
de celui-ci. Les économies ou les agents
économiques y recourent souvent, comme
mentionné plus haut, à des fins de
transparence, de sécurité et d’allègement de
gestion dans certains secteurs si requis. Elle
peut être restrictive et avec références
précises, ou globale et avec structures sous-
jacentes. Tel est le cas de la paie des
fonctionnaires, les frais d’inscription et
académiques dans certaines universités, les
amendes de la police de circulation routière,
et les taxes et frais agglomérés à la DGRAD.
La Bancarisation d’un Secteur Economique
La bancarisation d’un secteur
économique n’est autre qu’une domiciliation
totale ou partielle des transactions de celui-ci
à la banque. Tel est le cas qui intervient
souvent à des fins de contrôle d’une activité
dont la pondération et l’incidence devient de
plus en plus tangible sur l’économie globale.
L’autorité s’en sert aussi dans le cas
d’encadrement des recettes et de
maximisation fiscale. Dans certains pays, le
change s’opère uniquement aux guichets
bancaires, ainsi y en est-il aussi des salaires en
vue du suivi de l’emploi des clandestins.
Bancarisation et Intermédiation Bancaire
La bancarisation ne se rentabilise que
si un besoin potentiel d’intermédiation
s’identifie, advient et promet de s’amplifier ;
donc, dans les perspectives d’une densité
assortie d’une intensité transactionnelle
rationnelle. Les potentialités
d’intermédiation sont la seule motivation de
bancarisation dans le chef des opérateurs
bancaires ; faute de quoi les institutions
s’abstiennent d’investir dans l’expansion de la
couverture bancaire. Il en est ainsi pour tout
type de bancarisation, territoriale ou
sectorielle soit-elle, de l’économie aussi.
Toutes perspectives douteuses sont un
obstacle à tout programme ou projet de
bancarisation à quelque niveau que soit. Une
économie à faible rentabilité, pleine
d’incertitudes et peu compétitive, ne présente
pas de profitabilité pour motiver une
bancarisation. C’est l’enveloppe
« intermédiation » qui rétribue le banquier. La
solidité économique est un gage de
d’intermédiation pour l’opérateur bancaire
sur un territoire donné. Bref, La rentabilité
économique de l’entité et la profitabilité des
affaires y sont un levier de bancarisation.
Bancarisation et Intermédiation Financière
La bancarisation et l’intermédiation
qui s’en suit ne peut se limiter qu’à une
intermédiation commerciale sans apport
financier, entendez un concourt financier
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rémunéré à l’économie. Une bancarisation ne
peut optimaliser sa profitabilité que si et
seulement si elle est assortie de son outil
traditionnel de production, le crédit à
l’économie. Ainsi crée-t-elle la monnaie et la
richesse. Cette intermédiation peut, selon sa
hauteur et ses échéances, se limiter à la
sphère commerciale et de production de
l’économie, ou s’étendre plus vers le
financement de la base de l’économie, les
investissements à long-terme, les
infrastructures de production, de l’énergie et
de transport et communication,
l’augmentation et l’accumulation du capital.
Par contre, le système bancaire congolais est
encore beaucoup plus plombé à ce premier
niveau de l’intermédiation financière, le
commercial et la production, qui requiert une
autre alternative pour optimaliser le concours
de la banque au financement de l’économie.
Ce déficit du crédit à l’économie est à la
faiblesse de la capillarité bancaire du pays, et
celle du flux financier qui en résulte.
Intermédiation Bancaire et Intermédiation
Financière
Une lecture fouillée et attentive de
l’incidence de l’intermédiation bancaire sur
l’économie congolaise révèle que celle-ci se
réduit à la facilitation des transactions
commerciales et le financement des
investissements à court-terme, et un peu du
moyen-terme. Pour rappel, l’intermédiation
financière est un volet de l’intermédiation
bancaire, le volet financement de celle-ci, par
le biais du crédit bancaire. Pour le Congo, une
analyse de la structure de l’enveloppe du
crédit à l’économie révèle une forte
concentration de ce concours sur la
production et le commercial, l’investissement
y est comprimé, si pas réduit à l’équipement.
Il s’en déduit un déficit criant de
financement à l’économie...La promotion des
petites et moyennes entreprises et industries
en souffre ; et, l’éclosion d’une classe
moyenne nationale s’en retrouve sous une
forte pesanteur.
Ceci expliquant cela, la structure du
secteur bancaire au Congo représente plus de
97% des banques commerciales, très
regardantes quant aux suretés devant couvrir
le crédit, commercial soit-il, et prenant très
peu des risques au long-terme, soit à
l’investissement. L’intermédiation au secteur
industriel n’est laborieusement assurée que
par le Fonds pour la Promotion Industrielle,
FPI en sigle, constat fait sur le périmètre
économique de la RD Congo, statistiques de la
Banque Centrale du Congo. Cette structure
résulte des turbulences politiques et
morosités économiques conséquences de
deux dernières décennies qui ont attisé la
prudence du secteur bancaire et la gestion des
risques à prendre, et la hauteur des barèmes
des taux d’intérêt y relatifs. Ainsi en est-il
résulté la sous-capitalisation de l’espace
économique congolaise devenu trop onéreux,
et par conséquent à faible rentabilité.
Le niveau de croissance actuel du
Congo requiert sa réhabilitation et sa
construction ; donc, des gros investissements
tant par le secteur public, d’abords, et par le
secteur privé ensuite, si pas concomitamment
par les deux. Or, ceci n’est point possible si
pas difficile et financièrement lourd pour une
économie sous-capitalisée, survivant
onéreusement de l’autofinancement par des
capitaux de proximité.
Cette situation est un défi évident qu’il
faut lever par une alternative conséquente en
moyens, à la hauteur des besoins et du coût y
afférent, tant pour le secteur public que pour
le secteur privé. Le système bancaire actuel
se retient de prêter un concours complet à
l’économie pour des raisons évidentes
d’exploitation, de disponibilité limitée des
fonds libres et profitabilité douteuse, et des
risques inhérents, pour ne se limiter quà une
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intermédiation commerciale allant rarement
au-delà de l’équipement et de la production,
la commercialisation et la distribution étant
privilégiées.
Une gouvernance fiscale optimale de
la nation améliore, avec certitude, la capacité
du secteur bancaire à financer l’économie. Le
niveau de dépôts amélioré, assorti d’une
réserve obligatoire incitative, génère une
disponibilité suffisante des fonds libres pour
financer l’économie à travers le crédit
bancaire. Par contre, son coût et ses
conditions le rendent trop sélectif et exclusif
pour certaines couches d’agents et secteurs
économiques ; et la croissance en pâtit.
Voilà pourquoi et comment une
intermédiation financière appropriée trouve
sa motivation et sa justification pour palier à
la carence du financement des
investissements à long-terme. Cette
alternative complémentaire s’opérera en
dehors du circuit bancaire traditionnel
existant. Ainsi adviendra la désintermédiation
financière dans le système financier de
l’économie congolaise.
Par désintermédiation financière,
entendez le processus de financement à
l’économie par lequel les ressources
financières sont transférées des épargnants,
particuliers ou personnes morales, qui
souhaitent épargner une partie de leur revenu
en vue d’une consommation future, vers les
particuliers et les entreprises, ou des
communautés publiques, qui souhaitent
l’emprunter, contre rémunération, pour
l’investir en capital infrastructures,
équipements et biens, destinés à leur
production future, à la création d’autres
richesses. Envisagez ce mécanisme pour
le financement des investissements à long-
terme et en capital ; et non pour une
quelconque consommation. Ce mécanisme
rend les épargnants-prêteurs copropriétaires
des entreprises financées, cas de souscription
au capital par l’acquisition des actions ; ou
d’autres, sont rémunérés en cas de l’emprunt
obligataire. Ce mécanisme est beaucoup plus
inclusif que le crédit bancaire.
Micro-finance et Intermédiation Financière
La micro-finance a apparu comme
une alternative démocratique à
l’intermédiation bancaire en faveur de plus
petits, souvent exclus du circuit bancaire
classique, dans le processus économique, et
surtout du bénéfice du crédit bancaire. Elle
s’est par contre révélée très onéreuse pour le
niveau des marges bénéficiaires, et par
conséquent du revenu ou profit de cette
couche d’agents économiques ciblés. Et, ils
ont déchanté face aux charges financières y
afférentes, les perspectives de la PME-PMI
congolaise étant encore flottantes, en termes
de la marge bénéficiaire. Et, beaucoup
d’établissements de microcrédit et de micro-
finance s’efforcent encore dans l’encadrement
didactique de la couche ciblée !!! Cette
expérience est une tentative vulgarisation
pour l’intégration bancaire. Les coopératives
d’épargne et de crédit furent la première
expérience réussie de désintermédiation
d’une économie, bien que les membres ne
fussent pas anonymes.
La Désintermédiation Financière
Ce mécanisme de financement se
perçoit comme une alternative à
l’intermédiation financière limitée, celle
fournie par les banques commerciales. Mais,
il s’applique en dehors du circuit bancaire, en
mettant en contacts directs les capitaux et les
entreprises, les épargnants-prêteurs et les
opérateurs économiques, les investisseurs
individuels ou institutionnels, en quête des
financements frais ou de recapitalisation, les
emprunteurs-investisseurs. Donc, c’est un
mécanisme de prêt et d’emprunt, direct et
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court, entre épargnants et investisseurs, pour
le financement ou le refinancement des
entreprises, du secteur privé ou public, pour
l’investissement exclusif en capital et à long-
terme.
Retenez qu’il y a une vision de
rentabilité pour les deux parties, le gain sur le
prêt pour l’épargnant- prêteur d’une part, et
le profit pour l’emprunteur-investisseur. Les
transactions se négocient sur l’espace de
l’économie virtuelle et non de l’économie
réelle. Mais ces transactions se déroulent sur
les marchés des capitaux ou marchés
financiers, là où l’intermédiation est assurée
par les banques d’affaires ou de placements,
et non les banques commerciales. Il ne s’y
négocie pas des crédits de consommation ;
tous ces placements sont à long-terme. Bref,
ce canisme met fin à l’autofinancement et
l’endettement onéreux dans le financement
des entreprises. Il met fin à l’exclusion
bancaire et il démocratise le capital.
La Désintermédiation de l’Economie
La désintermédiation d’une économie
n’est que la duplication des alternatives de
financement à l’économie, mais en dehors du
circuit bancaire, par un mécanisme plus court
de contacts directs entre l’offre de l’épargne
disponible au prêt et la demande des capitaux
à emprunter par les investisseurs
demandeurs. Elle finance souvent les
investissements en capital, à long-terme et
pour des montants importants. Pour les
entités publiques, il finance les grands travaux
d’intérêt public, dont les infrastructures.
La désintermédiation est un adjuvant
de rationalisation de la libéralisation du
système économique du fait de la vélocité
induite du flux des capitaux et du processus
économique de base, et des effectifs des
intervenants. Il y a une toile de fond de la
démocratisation du capital comme moyen de
production.
Le circuit est plus court et direct, et
par conséquent, moins onéreux pour les
investisseurs que le crédit bancaire, parfois,
difficile à dompter. Le mécanisme est ainsi
accessible à plusieurs et profitable aux deux
parties. Ces transactions se matérialisent par
la remise aux épargnants-prêteurs des titres
de valeurs mobilières, dont les actions et les
bons de trésor, à ceux représentant l’emprunt
obligataire ; et par la mise à disposition des
fonds acquis au bénéfice des emprunteurs-
investisseurs. L’épargne dormante se
retrouve ainsi rémunérer en nature ou en
espèces. En nature, pour les actions dont les
détenteurs deviennent copropriétaires des
entreprises financées ; et en espèces, pour
ceux qui ont souscrit aux bons de trésors et
emprunts obligataires divers. Nous sommes
sur les marchés des capitaux, les marchés
financiers, la bourse des valeurs mobilières.
C’est l’espace actif de l’économie virtuelle,
périmètre d’application idéale dans tout
système économique libéral.
Désintermédiation Financière et Eclosion de
la Classe Moyenne
Le système économique libéral est un
terrain d’application par excellence de la
désintermédiation financière, mécanisme
rationnel pour la démocratisation du
financement des investissements pour le
secteur privé, et de l’économie par le pouvoir
public. La désintermédiation financière est
une couveuse pour la classe moyenne. La
multiplication des revenus et leur
amélioration sont ainsi à la portée des
plusieurs, si pas tous, et moins onéreuses en
termes de charges financières pour tous les
intervenants.
A cet effet, les classes sociales
existantes doivent y être préparées, et le
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