TRAUMATISME DU RACHIS CERVICAL INTRODUCTION La pathologie traumatique du rachis cervical moyen et inférieur est très riche. L’éventail des lésions reflète la variété des mécanismes physiopathologiques. L’absence des spécificités des signes cliniques oblige le clinicien de recourir de façon systématique à l’imagerie. INTRODUCTION Chez adulte: rachis cervical moyen et inf > CCO atteinte neurologique +++ Mécanismes lésionnelles: flexion, extension, compression, rotation FRACTURE STABLE OU INSTABLE ? Concepts des « trois colonnes » du rachis Colonne antérieure: LVCA, partie antérieure des corps vertébraux et des disques intersomatiques Colonne moyenne: LVCP, moitié postérieure des corps vertébraux et des disques intervertébraux Colonne postérieure: arcs postérieurs des vertèbres et articulations interapophysaires postérieures FRACTURE STABLE OU INSTABLE ? Fracture stable : lésion d’une seule colonne. Fracture instable : 2 ou 3 colonnes. Si la fracture et instable, indication de chirurgie MOYENS D’EXPLORATION Radiographie standard incontournable, son but est triple: 1. mettre en évidence une lésion osseuse 2. identifier le type de déplacement intervertébral 3. appréhender les lésions disco-ligamentaires. Le bilan standard: 2 à 5 incidences radiologiques Polytraumatisé: les clichés de face et de profil Traumatisme isolé du rachis cervical: face, face bouche ouverte de la CCO, profil strict et obliques. Le bilan dynamique: radiographies de profil en flexion et extension traumatismes du rachis cervical sans troubles neurologiques: entorses graves et lésions ligamentaires Clichés simples Incidences Face et C1-C2 BO Profil Trois quart RADIOGRAPHIE DYNAMIQUE Entorse “bénigne” Après collier 1 mois Radio en flexion TDM • volumique en haute résolution est le meilleur examen pour le diagnostic des lésions osseuses. • multi-barettes: volumes d’exploration de plus en plus grand et les réformations multiplanaires dans les plans axial, coronal et sagittal doivent être systématique. bilan lésionnel: ostéo-articulaire précis, indispensable pour la conduite à tenir IRM •l’examen de référence: lésions des tissus mous (moelle épinière, structures disco-ligamentaires et l’espaces pré vertébral). •indication majeure: rachis neurologique avec dissociation radio-clinique. •Elle ne se justifie pas dans le rachis traumatique avec lésions osseuses et/ou médullaires dans les mesures ou la recherche des éléments de pronostic ne modifie pas la conduite thérapeutique. DIAGNOSTIC RADIOLOGIQUE apophyses épineuses hauteur des corps vertébraux apophyses unciformes + lames Radiographies normales C1-C7 On notera toute perte du parallélisme de ces lignes SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES lésions des tissus mous pré vertébraux : un élément d’orientation dans le traumatisme du rachis cervical : Déformation localisée: hématome fracturaire, Déformation diffuse: œdème accompagnant une entorse. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES lésions du contenant : lésions osseuses : ce sont surtout les fractures de l’arc postérieur qui reflètent les mécanismes traumatiques et permettent de comprendre le traumatisme rachidien. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES tassement vertébral : corps vertébral prédomine à la partie antérieure Radiologiquement: • Une bande opaque horizontale en regard d’une plicature du mur antérieur. • Une impaction nucléaire. • Un tassement cunéiforme antérieur simple. • Un tassement global : burst fracture. tassement cunéiforme tassement global SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES traits de fracture : c’est une solution de continuité linéaire avec respect de l’architecture osseuse de voisinage. Il peut intéresser le corps et l’arc postérieur. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES trait vertical : il résulte d’une force compressive perpendiculaire à la vertèbre. RX de face: augmentation de la distance inter-pédiculaire ( signe indirect) SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES Trait horizontal ou axial : mécanisme de traction dans un traumatisme en hyper flexion ou hyper extension. RX de face: déformation cupuliforme des pédicules. le trait horizontal peut passer inaperçu à la TDM. confrontation systématique RX standard / TDM fracture horizontale est jusqu’à preuve du contraire, synonyme d’instabilité. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES Trait oblique : il résulte de forces autres que celles agissant dans les plans verticaux ou horizontaux. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES Traits mixtes : fracture communitive. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES Avulsion marginale : lésion discale entrant dans le cadre d’une atteinte grave du segment mobile vertébral. C’est ainsi que les avulsions antéro supérieures accompagnent souvent les luxations et les entorses graves : les avulsions antéro-inférieurs, les tears drop fractures. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES lésions disco-ligamentaires : • Traumatismes: flexion, extension-distraction, cisaillement. • instabilité durable et définitive • RX standard: les signes indirects. • Les signes directs: IRM moindre degré TDM SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES déplacements inter vertébraux : 3 types l’antelisthésis, le rétrolisthésis et l’olisthésis rotatoire. - Les 2 premiers reflètent une atteinte concomitante des 3 colonnes avec un risque de lésion médullaire. - L’olisthésis rotatoire reflète l’atteinte de l’un des colonnes postérieurs avec risque neurologique moindre et qui concerne davantage les racines nerveuses. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES L’antélisthésis : c’est un déplacement de type antérieur. • traumatismes en hyper flexion, • traumatismes mixtes en extension-compression. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES le rétrolishtésis : c’est un déplacement de type postérieur, traumatismes en extension ou en hyper flexion. moins toléré que l’antélisthésis: comprime rapidement le cordon médullaire. Le signe pathognomonique: diastasis unco-vertébral unilatéral. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES la sténose canalaire : centrale, latérale ou foraminale. Conséquence majeure: lésion médullaire par compression directe ou par cisaillement. La sténose foraminale: lésion radiculaire par compression directe ou par élongation. lésion épidurale : l’hématome épidural se voit dans 50 % des cas sans fracture vertébrale. Son diagnostic se fait actuellement par l’IRM. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES lésions du contenu : 1- lésion de la moelle : IRM +++ a- œdème médullaire : lésion de bon pronostic T1: élargissement du cordon médullaire sans anomalie de signal T2: hyper signal b- Hématome médullaire : pronostic défavorable. T2: image en cocarde; un centre en hypo signal entouré d’un halo en hyper signal. c- la section médullaire : lésion rare, dans le cadre de traumatisme violent. Le cordon médullaire apparaît interrompu sur toutes les séquences. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES les lésions radiculaires : les avulsions radiculaires • fréquentes au rachis cervical • à l’origine de pseudoméningocèles ( myélo-scanner). Myeloscanner et myeloIRM cervical SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES les lésions des enveloppes : - le myéloscanner met en évidence une extravasation de produit de contraste hors des espaces sous arachnoïdiens même dans le cas de petites brèches dure-mériennes. L’IRM est moins performante. SIGNES RADIOLOGIQUES ELEMENTAIRES les lésions cervicales de proximité : - Dissections traumatiques des artères vertébrales. - rupture de l’œsophage cervical pré-rachidien. CLASSIFICATION DES LESIONS TRAUMATIQUES DU RACHIS CERVICAL INFERIEUR A/lésions en compression : Mécanisme: composante osseuse majeure par compression et une composante disco-ligamentaire par une force fléchissante associée. L’importance de la force compressive permet de distinguer : A I -tassements corporéaux antérieurs : (3%) - Plus rare au niveau cervical qu’au niveau thoracique et lombaire. -souvent associés (2/3 des cas) à une autre lésion traumatique. - Isolées: stable (attesté par l’intégrité du mur postérieur à la TDM). A II- fractures communitives : (7%) - mécanisme: compression axiale pure. - siègent électivement: rachis cervical inférieur ( C7). - RX standard: plusieurs traits de fracture donnant l’aspect d’un diablo. -TDM: fragment osseux intra-canalaire à l’origine de troubles neurologiques ( 50 %) - Association: arc postérieur ( fracture lamaire). - pas d’atteinte des massifs articulaires (intérêt de la TDM: 2D ). A III - Tear drop fractures : (23%) C’est une lésion caractéristique des traumatismes cerv mécanisme: compression axiale avec un rachis cervical dans une position de flexion modérée (plongeon en eau peu profonde entraînant une lésion de C5). La compression est responsable de lésions osseuses et la flexion des lésions disco-ligamentaires. Arrachement d’un fragment osseux antéro-inférieur Un trait de fracture sagittal trans-corporéal, donnant du fait de l’association avec l’avulsion marginale, l’image quasipathognomique de la fracture en T reconnaissable sur la coupe TDM transversale passant par le plateau vertébral inférieur. lésion du disque et du LVCP qui entraîne le recul du mur postérieur (rétrolisthésis): origine de la neurotoxicité présente dans 80 % des cas. instabilité de la TDF est définie par : Ecart Inter Epineux Déplacement Des Articulaires Postérieures Recul du mur postérieur B - Lésions en flexion-extension-distraction (28 %) B I - entorse de gravité moyenne : - La cause la plus fréquente est le « whiplash injury » traumatisme crâniocervical lors d’un accident de la circulation avec une collision postérieure : l’hyper extension brutale engendrée est suivie, généralement d’un mouvement de flexion d’amplitude variable. - Le LVCP est intact, d’où l’absence d’instabilité disco-ligamentaire. - Examen radiographique:éliminer une fracture osseuse ou une luxation. - canal cervical étroit qui malgré l’absence de toute lésion osseuse ou disco-ligamentaire compressive. un déficit sensitivo-moteur médullaire appelé « syndrome central de la moelle ». ce tableau clinique est dû à une contusion médullaire avec une atteinte vasculaire antérieure suite à l’hyper extension entraînant un rétrécissement canalaire sur un canal rachidien de dimensions déjà réduites. Entorses cervicales benignes « syndrome central de la moelle » B II - Entorses graves (14%) Elles se définissent par la présence d’une lésion du LVCP due à un mouvement force de flexion- distraction ou d’extension distraction autour de l’axe transversal corporéal. 1- entorse grave en flexion (12 %) -Instable -Elle est affirmée sur la constatation d’au moins 3 signes de gravité. -Dans 25 % des cas, le diagnostic RX est non immédiat intérêt des épreuves dynamiques en flexion extension. - associée à une autre lésion telle que la Tear Drop fractures ou la luxation bi-articulaire. IRM ou des clichés dynamiques après fixation de la lésion présumée principale. 4.DECOUVERTE ARTICULAIRE DE PLUS QUE 50% 4 1.ANTHELISTHESIS >3 MM 5 2.PERTE DE PARALLELISME DES SURFACES ARTICULAIRES 2 3 ß 5.BAILLEMENT INTEREPINEUX 3.ANGULATION CYPHOTIQUE >15° Entorse cervicale grave Clichés dynamiques Post-opératoire 2- entorse grave en extension : moins fréquente que l’entorse grave en flexion mais d’instabilité sévère avec des complications neurologiques importantes. Les signes radiologiques: Un épaississement des tissus mous pré vertébraux. Une clarté gazeuse inter somatique : inconstante. Un baillement antérieur des corps vertébraux Une avulsion marginale antéro-supérieur « Tear-Drop inversé ». IRM: déficit neurologique, permet de bien individualiser les lésions de l’entorse grave, en particulier l’atteinte de la colonne moyenne. B III - luxation – fracture bi-articulaire : (9%) même mécanisme que pour les entorses graves, mais la force vulnérante prolonge son action après rupture du LVCP. 1- luxation fracture bi-articulaire en flexion : -évolution d’une entorse grave négligée ou succède à un traumatisme violent en hyper flexion. - complications médullaires: 50 % des cas. - diagnostic Rx : De face, un écartement anormal des épineuses. De profil, un néo-trou de conjugaison. Et oblique, un diastasis unco-vertébral bilatéral. 2- luxation fracture bi-articulaire en extension : rare Le diagnostic radiologique est facile quand la luxation postérieure est complète ( rachis en hyper extension anatomique). Par contre, quand la lésion radiologique est une FSMA bilatérale, l’image Rx est très voisine de celle de luxation fracture bi-articulaire en flexion. La présence de lésions faciales cutanées. La sévérité des lésions articulaires postérieures. La présence de multiples fractures des épineuses. L’aspect d’arrachement discal à l’IRM. Rachis en extension C- lésion en rotation (39%) Les signes Rx de la rotation sont : •De face : déviation de l’épineuse du côté de la lésion. •De profil : antélisthésis modéré. •En oblique : baillement unco-vertébral unilatéral. Au scanner : déviation axiale C I- Fracture uni-articulaire (FUA) (20 %) la plus fréquente des lésions en rotation, Mécanisme: flexion – rotation controlatérale avec une vitesse d’application élevée. Cette lésion est facilement réductible par le simple décubitus dorsal et passe inaperçu si le bilan est réalisé en décubitus d’où l’intérêt des clichés dynamiques. Le cliché de profil: image en bonnet d’âne ( traduction radiologique d’une fracture déplacée de l’ap articulaire supérieure). TDM: plusieurs variétés de fr uni-articulaires: •fr de l’apophyse articulaire supérieure. •Fr de l’apophyse articulaire inférieure. •Isthmolyse cervicale traumatique. •Fr sagittale du massif articulaire. •Fr complexe C II- fractures séparation du massif articulaire (FSMA) (10%) -Mécanisme: hyper extension ou d’une flexion compression brutale se produisant obligatoirement en rotation. -La caractéristique radiologique de la FSMA et l’horizontalisation du massif articulaire. -Le bilan Rx: antélisthésis cervical latéralisé, le signe du massif carré pathognomonique de FSMA les traits de fracture pédiculaire et lamaire (intérêt de la TDM), apprécier l’atteinte discale (intérêt de l’IRM). C III- luxation uni-articulaire (LUA) (9%) C’est la plus neuro-agressive des lésions rotatoires. complications médullaires > radiculaires. Mécanisme: flexion rotation controlatérale progressive. Le cliché de profil: absence de superposition des massifs articulaires. La TDM: signe de l’inversion facettaire. STRATEGIE D’EXPLORATION En cas de traumatisme cervical mineur sans trouble neurologique : face, profil, les deux ¾ et la face « bouche ouverte » de la charnière cervico-occipitale. Il sera complété, en cas de lésions ostéo-articulaire, par une exploration TDM volumique. Dans le cas d’un bilan initial négatif et si l’évolution est défavorable: bilan dynamique est proposé après un délai de 7 à 10 jours du traumatisme. En cas de traumatisme cervical avec trouble neurologique: bilan radiologique initial sera également complété en cas d’anomalie ostéoarticulaire, par une exploration scannographique. Par contre s’il est négatif, on réalisera une I. R. M. ou a défaut un myéloscanner. En cas de poly traumatisme avec coma: un scanner hélicoïdal systématique du rachis cervical est d’emblée préconisé en même temps que la T. D. M. cérébrale. Si le polytraumatisé est conflus ou si l’examen clinique est non fiable: bilan standard , s’il met en évidence des lésions ostéo-articulaires : TDM polytraumatisé est conscient sans signe d’appel cervical: pas de bilan radiologique cervical. Cas cliniques