Soit σun plongement de Edans Q. La forme conjugu´ee Pσanqnest aussi une forme primitive,
que l’on note par σf. Si χest un caract`ere de Dirichlet primitif, il existe une unique forme primitive
tordue Pbnqnpour laquelle on ait bp=χ(p)appour presque tout nombre premier p, que l’on note
par χ⊗f. Un couple (σ, χ) est une torsion int´erieure (inner twist) pour la forme fsi σf=χ⊗f.
La forme fest de type CM si f=χ⊗fpour un caract`ere χnon trivial (primitif). Dans notre
cas, comme fn’est pas de type CM, dans (σ, χ) le caract`ere χest d´etermin´e par le plongement
σ. L’ensemble des σ:E→Qappartenant `a des torsions int´erieures est un sous-groupe ab´elien de
Aut(E) qui a pour sous-corps fix´e le corps F(voir [4, Proposition 3.3]).
Lemme 2 Si p N, posons up=a2
p/ε(p). Pour chaque σ∈GF, il existe un unique caract`ere de
Dirichlet (primitif) ψσtel que
σ√up=ψσ(p)√up,pour tout p N.
De plus, {ψσ|σ∈GQ}est le groupe des caract`eres de GQqui se factorisent par Gal(K/Q).
Preuve: Pour chaque σ∈GFil y a un caract`ere de Dirichlet χσtel que la paire (σ|E, χσ) soit
une torsion int´erieure pour f.´
Ecrivons ap=√uppε(p). Comme σap=χσ(p)appour p N,ona:
σ√upσpε(p) = χσ(p)√uppε(p)⇒σ√up=χσ(p)pε(p)
σpε(p)√up, p N.
Si εest d´efini modulo r, l’application d´efinie pour les ntels que (n, r) = 1 par n7→ pε(n)/σpε(n)
est aussi un caract`ere de Dirichlet d´efini modulo r. On pose ψσ=χσ√ε/σ√ε. L’unicit´e provient
du fait que, si ψσsatisfait `a l’identit´e de l’´enonc´e, alors le caract`ere χσ=ψσσ√ε/√εappartient `a
(σ|E, χσ).
D’apr`es [5, Theorem 5.5], α(Frobp)≡ap(mod F∗) pour tout nombre premier p N avec
ap6= 0. On en d´eduit que d(Frobp)≡up(mod F∗2) pour ces nombres premiers. Comme la forme
fn’est pas de type CM, le sous-ensemble des pavec ap6= 0 est de densit´e 1 dans l’ensemble de
tous les nombres premiers.
Soit p N, ap6= 0. Soit σp∈GQun ´el´ement de Frobenius pour p. Si σp∈GF, alors up∈F∗2
et ψσ(p) = 1. On en d´eduit que les caract`eres ψσse factorisent par Gal(K/Q). En outre, d’apr`es
le th´eor`eme de densit´e de Chebotarev, les up6= 0 engendrent le sous-groupe d(GQ) de F∗/F ∗2.
Par cons´equent, le nombre des caract`eres ψσdiff´erents est ´egal `a l’ordre de d(GQ), qui est ´egal `a
l’ordre du groupe Gal(K/Q).
Th´eor`eme 3 Soit {ψ1, . . . , ψm}une base du groupe des caract`eres {ψσ|σ∈GQ}et soient Q(√ti)
les corps quadratiques fix´es par les ker ψi. Soient p1, . . . , pmdes nombres premiers avec piN, api6=
0, pour lesquels ψi(pj) = δij . La classe de Brauer de Xest
[X] = [cε](t1, up1)···(tm, upm)∈Br2(F).
Preuve: L’existence de nombres premiers satisfaisant aux conditions de l’´enonc´e est cons´equence
du th´eor`eme de densit´e de Chebotarev (et du fait que fn’est pas de type CM).
Soient σ1, . . . , σm∈GQdes ´el´ements de Frobenius pour les nombres premiers pi. Du lemme 2,
on d´eduit que la restriction des σi`a Kfournit une base du groupe Gal(K/Q). D’apr`es la d´efinition
des tj, on a σi√tj=ψj(σi)√tj=δij √tj. On peut donc appliquer le lemme 1 et, compte tenu que
d(σi)≡upi(mod F∗2), on obtient la formule de l’´enonc´e.
Remarques. (a) Grˆace aux propri´et´es bien connues des torsions de formes modulaires, on voit
ais´ement que les conducteurs des caract`eres ψσdu lemme 2 divisent le conducteur de la forme f.
On peut alors calculer ces caract`eres en connaissant quelques coefficients de Fourier de la forme f.
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