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Membre de la Commission responsable du budget
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Forum économique « Pourquoi précisement la Hongrie » organisé
à l’occasion de l’ouverture de l’ambassade de la République de
Hongrie
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Monsieur le Ministre président,
Monsieur le Ministre de l'économie,
Excellences, Monsieur Späth,
Mesdames et Messieurs,
En tant que membre de la Commission européenne et aussi en tant que Berlinoise,
je suis très heureuse de pouvoir m'adresser à vous à l'occasion de l'ouverture de
l'ambassade de Hongrie à Berlin.
Étant Berlinoise, les événements qui se sont déroulés il y a douze ans aujourd'hui
me sont encore très présents à l'esprit et dans mes travaux à la Commission
européenne j'ai souvent l'occasion de me souvenir combien fut décisive pour toute
l'évolution européenne la décision prise par la Hongrie d'ouvrir une brèche dans la
clôture qui séparait l'Europe de l'Est et celle de l'Ouest.
La chute du Rideau de fer et celle du Mur de Berlin ont permis l'élargissement de
l'Union européenne à laquelle nous avons tous la chance d'oeuvrer.
Douze ans - est-ce une longue période? Est-ce une brève période? Je me pose
souvent cette question à propos de la date de l'élargissement. Compte tenu des
transformations stupéfiantes survenues en Europe depuis l'été 1989, d'une certaine
façon cette période me semble être passée très vite.
Par ailleurs, le premier accord avec la Hongrie a été signé dès 1991, puis ratifié en
1994 et les négociations d'adhésion avec votre pays ont commencé en 1998. Il était
donc temps de fixer une date butoir pour l'adhésion à l'Union; la date de 2004 est
certes ambitieuse mais elle est réaliste.
Cette date est désormais l'objectif de l'Union et celui de la Commission; le
Parlement européen l'a encore une fois clairement confirmé la semaine dernière.
Savoir quels pays participeront en 2004 aux élections du Parlement européen en
tant que membres de l'UE dépend de la conclusion des négociations menées avec
chacun. Mais j'espère qu'ils seront le plus nombreux possible et je m'emploie à faire
en sorte que, sur le plan budgétaire, l'Union soit prête à accueillir dix nouveaux
membres dès 2004.
Beaucoup de raisons plaident en faveur d'une avancée rapide dans le processus
d'élargissement. Je souhaiterais d'abord examiner les aspects économiques et j'en
viendrai ensuite aux principaux aspects ayant trait à la stabilité politique.
L'élargissement de l'Union, par addition au marché intérieur, qui compte aujourd'hui
370 millions d'habitants, des quelque 100 millions de citoyens des pays d'Europe
centrale et orientale qui vont adhérer, est une opération économiquement
avantageuse pour les deux parties.
Le caractère concret des avantages ne prête pas à discussion, car ils sont déjà en
partie une réalité. Les chiffres sur le développement des échanges commerciaux
entre l'UE et les pays candidats sont impressionnants. Des pays qui, dans les
années 80 encore, réalisaient plus de 70 % de leurs échanges avec l'Union
soviétique ont réorienté l'essentiel de leurs relations commerciales vers l'Europe
occidentale en une demi-décennie.
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La Hongrie plus que tout autre:
Réalisant environ 70 % de son commerce extérieur avec l'UE, la Hongrie est, de
tous les pays d'Europe de l'Est, celui qui économiquement est le plus tourné vers la
Communauté. Parmi les pays d'Europe centrale et orientale la Hongrie est le
principal partenaire commercial de l'UE et en 1999 de tous les pays candidats elle
était même le premier importateur de produits communautaires. Et les échanges
continuent à se développer. En effet, les importations communautaires en
provenance de Hongrie ont augmenté de plus de 20 %, notamment dans
d'importants secteurs comme la construction mécanique, l'automobile et la chimie.
Pour l'UE l'Europe centrale et orientale est déjà le deuxième partenaire commercial,
après les États-Unis d'Amérique mais avant les "Dragons" d'Asie du Sud-est. En
outre, comme toutes les études le montrent, le potentiel commercial est encore loin
d'être épuisé.
L'année dernière l'économie hongroise a crû au rythme impressionnant de 5,3 %, le
commerce extérieur jouant à cet égard un rôle déterminant. La Hongrie est le pays
candidat où les investissements étrangers par habitant sont les plus élevés. Le
chômage y est d'environ 6,4 %, le niveau le plus bas de tous les pays candidats. On
constate même déjà une pénurie de personnel spécialisé dans certaines régions et
certaines branches. Naturellement, cela joue un rôle important dans le domaine
général de la libre circulation des travailleurs.
La Hongrie a été le premier pays candidat à avoir accepté la position de négociation
de l'UE, selon laquelle les États membres actuels de l'UE pourraient prévoir des
délais de transition allant jusqu'à sept ans dans le domaine de la libre circulation
des travailleurs. La Hongrie a fait preuve d'une grande habilité en l'acceptant, non
seulement en raison de l'arrière-plan particulier de la situation de l'emploi en
Hongrie, mais aussi parce que cette formule permet de résoudre politiquement
cette difficile question avec la plus grande souplesse possible pour les deux parties.
La Commission et le PE voient d'un oeil critique le taux d'inflation qui reste très
élevé en Hongrie. La semaine dernière le PE a rappelé sur un ton critique que la
lutte contre la corruption devait être intensifiée, que des mesures plus énergiques
devaient être prises pour combattre le trafic d'êtres humains et que l'égalité des
chances pour les femmes devait être systématiquement encouragée, cette dernière
remarque valant d'ailleurs non seulement pour les pays candidats mais aussi pour
certains États membres actuels.
L'Union européenne est aussi une réponse des États membres à la mondialisation
de l'économie. Grâce au marché unique, à la politique commerciale commune, à la
coopération dans le domaine de la recherche, au développement technologique,
l'Union européenne et chacun de ses États membres sont plus forts qu'ils ne le
seraient sans l'existence de la Communauté, mais en outre cette dernière donne
aussi la possibilité de maintenir et même d'améliorer les conditions sociales,
écologiques et démocratiques du fonctionnement de l'économie, même
mondialisée.
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Je considère ce point très important compte tenu du débat engagé par les
adversaires de la mondialisation. Examinons donc de plus près les résolutions des
sommets de Stockholm et de Göteborg. Il y a été décidé que l'objectif du
développement économique est la durabilité, ce qui veut dire que des critères
économiques, écologiques et sociaux ont été fixés et réunis. La Communauté a pu
faire en sorte que le protocole de Kyoto sur les changements climatiques ne se soit
pas soldé par un échec. Dans les négociations de l'OMC la Communauté défend
des thèses écologiques et sociales conséquentes.
Demain à la Commission nous adopterons les lignes directrices de la politique de
l'emploi pour l'année prochaine; elles proposent des efforts accrus pour faire reculer
le chômage mais aussi pour améliorer la qualité de l'emploi et des efforts
supplémentaires pour faire de l'égalité des chances entre les hommes et les
femmes une réalité.
L'élargissement de l'Union n'est donc pas l'élargissement d'une simple zone de libre
échange, mais l'élargissement d'une Communauté économique et politique.
En dépit des nombreux problèmes internes que nous avons encore à régler,
l'élargissement ne rendra pas l'Union plus instable mais au contraire politiquement
plus stable.
Ce qu'il y a de singulier dans l'évolution observée en Europe au début de la
dernière décennie est bien l'asymétrie de la stabilité politique dans l'Est et dans
l'Ouest du continent. À l'inverse de ce qu'avait pronostiqué le matérialisme
historique, les révolutions décisives n'ont pas eu lieu dans les économies de
marché, mais bien dans la partie socialiste de l'Europe.
La Communauté a tenu bon. Et, plus remarquable encore, elle a poursuivi son
processus d'intégration, a mis en place le marché unique, s'est donné une monnaie
commune que nous aurons en poche dès janvier prochain, la politique extérieure
est désormais définie en commun et nous travaillons à la création d'un espace
commun des libertés, de la sécurité et du droit. L'approfondissement de l'intégration
et l'élargissement ne sont pas antinomiques mais au contraire interdépendants. Les
perspectives d'adhésion stabilisent la réforme politique en Europe de l'Est et les
perspectives d'élargissement déclenchent et accélèrent des réformes nécessaires
dans l'UE.
Surmonter la division de l'Europe renforce sa stabilité politique dans la voie de la
démocratie, de l'État de droit et de la paix.
Votre ambassade se trouve dans le voisinage immédiat de la représentation de la
Commission à Berlin. Je m'en réjouis. Il est bien de parler ici de l'avenir de la
Hongrie dans la Communauté européenne et donc d'un avenir européen commun.
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