Le 11 novembre 1918, n`oublions pas

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Le 11 novembre 1918, n’oublions pas !!!
Le 11 novembre 1918, à 5hl5 du matin, les plénipotentiaires allemands
acceptaient les conditions d'armistice du Maréchal Foch. Le 11 novembre 1918, à
llh00, le "Cessez le Feu" sonnait sur tout le front mettant un terme à quatre
années d'une guerre effroyable.
Utilisée pour la signature de l'armistice le 11 novembre 1918, la voiture n°
2419D avait été aménagée en bureau pour le Maréchal Foch par la Société des
Wagons-Lits. Le wagon du 11 novembre sera installé en 1927 dans la Clairière,
Hautement symbolique, ce wagon sera utilisé par Hitler pour l'armistice de 1940,
puis emporté et incendié en Allemagne en avril 1945, alors que l'Allemagne est à
la veille d'un nouveau " Le 11 novembre". Le musée actuel du 11 novembre 1918
expose une autre voiture de la même série de 1913.
Rappels des faits le jour du 11 novembre : à 5h05 du 11 novembre 1918, la
France et le nouveau gouvernement de la toute jeune république allemande sont
d'accord sur le texte définitif de l'armistice. Au terme de cet accord du 11
novembre 1918, il est décidé d'arrêter les hostilités le plus tôt possible. Un
télégramme, qui a été immédiatement envoyé sur tout le front par radio et par
message téléphoné aux commandants en chef à la date du 11 novembre 1918
stipule que :
"Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre à 11
heures, heure française" Dans le courant de la matinée du 11 novembre 1918,
les différents documents sont remis aux plénipotentiaires allemands. Leur train
quitte, le jour même le garage de Rethondes à 11h30 pour Tergnier, où ils
retrouveront leurs automobiles. Sur leur demande, toutes facilités ont été
données au capitaine allemand Geyer pour se rendre, le même jour (11
novembre 1918) en avion au grand-quartier-général allemand, porteur des
textes et de la carte.
Voici ce qu'écrira Foch à propos du 11 novembre : "le 11 novembre à 11 heures,
le feu était arrêté sur tout le front des armées alliées. Un silence impressionnant
succédait à cinquante-trois semaines de bataille. Les peuples pouvaient entrevoir
le rétablissement de la paix dans le monde. Le lendemain [du 11 novembre],
j'adressais un ordre du jour de félicitations aux armées alliées".
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/11_novembre.html
Wagon de l'Armistice, Rethondes (60)
La clairière de l'Armistice
Le 11 novembre 1918, à 5h15 du matin, les plénipotentiaires allemands
acceptaient les conditions d'armistice du Maréchal Foch. Quelques heures plus
tard, à llh00, le "cessez le feu" sonnait sur tout le front mettant un terme à
quatre années d'une guerre effroyable.
Aménagée en 1922 par l'architecte Mages en collaboration avec M. Binet
Valmer, président de la ligue des sections et anciens combattants, la clairière de
l'Armistice deviendra le symbole de la Victoire et de la paix. Ornée d'un
monument aux Alsaciens-Lorrains (oeuvre d'Edgar Brandt), percée d'une allée
longue de 250 mètres conduisant à un rond-point de 100 mètres de diamètre,
elle commémore la fin de la guerre sous le regard de la statue du Maréchal
Foch.
Le wagon de l'Armistice
Utilisée pour la signature de l'armistice de 1918, la voiture n° 2419D avait été
aménagée en bureau pour le Maréchal Foch par la Société des Wagons-Lits.
Installé en 1927 dans la clairière, ce wagon symbolique sera utilisé par Hitler
pour l'armistice de 1940 avant d'être emporté et incendié en Allemagne en avril
1945. Le musée actuel expose une autre voiture de la même série de 1913
Le choix de Rethondes
"(...) Lorsque le Maréchal Foch eut à déterminer le lieu où il convoquerait les
parlementaires chargés de demander un armistice, plusieurs solutions s'étaient
présentées à son choix. Serait-ce une localité plus ou moins importante ?
Faudrait-il la choisir à l'arrière, ou dans une région des pays envahis et
récemment délivrés ? Le Quartier Général du Commandant en Chef n'était-il pas
le point où devaient être conduits ceux qui venaient implorer la cessation des
hostilités ? (...) Il adopta la forêt de Compiègne à proximité de la gare de
Rethondes. Maintes fois pendant la guerre, il avait établi dans son train son
poste de commandement. C'est à son poste de commandement que les
parlementaires viendront se présenter à lui. La solitude du lieu assurera le
calme, le silence, l'isolement, le respect de l'adversaire (...)"
Maxime Weygand, 11 novembre, 1932.
Ordre du jour N° 5961
Le 12 novembre 1918, le Maréchal Foch adressait de son quartier général de
Senlis ce message aux Armées : "Officiers, sous-officiers et soldats des armées
alliées ; après avoir résolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des mois,
avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit. Vous avez gagné la
plus grande bataille de l'Histoire, sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du
monde. Soyez fiers, d'une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux, la
postérité vous garde sa reconnaissance."
Les personnages associés
Ferdinand Foch (1851-1929)
Foch naît à Tarbes, en 1851, au sein d'une famille
bourgeoise et pieuse. Lycéen travailleur et brillant,
il devient bachelier ès lettres puis ès sciences.
Envoyé à Metz en 1869 pour y préparer l'Ecole
polytechnique, il connaît l'occupation prussienne
qui s'abat sur la Lorraine.
Epreuve déterminante ? A Polytechnique, il
choisit la carrière des armes.
Capitaine à 26 ans, ami de Gustave Doré, il se marie en 1883.
Elève à l'Ecole de Guerre en 1885. il y professe de 1895 à 1901,
avant d'en devenir le commandant en 1908. Déjà, deux ouvrages
ont regroupé ses conceptions stratégiques.
"La réalité du champ de bataille est qu'on n'y étudie pas ; on fait
simplement ce que l'on peut pour appliquer ce que l'on sait ;
dès lors, pour y pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup et
bien" (Foch. in "Principes de guerre").
Août 1914 : la guerre éclate. Général depuis 1907, Foch commande alors le 20e
corps d'armée à Nancy. Le 29 août, il prend la tête des unités qui vont former la
9e armée, se distinguant dans la bataille des marais de Saint-Gond, opération
capitale dans la 1ère bataille de la Marne. Il coordonne ensuite le groupe des
armées alliées du Nord qui arrêtent les Allemands dans leur "course à la mer",
puis dirige les offensives d'Artois en 1915 et celles de la Somme en 1916.
Mais l'impact du résultat de celles-ci, jugé insuffisant, s'ajoutant à des rivalités
internes, entraîne une disgrâce provisoire du général.
En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : échec du général
Nivelle sur le Chemin des Dames, mutineries, effondrement de l'empire russe,
déroute italienne... Foch est rappelé comme chef d'état-major général de
l'Armée. Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensive
allemande en avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11
novembre, il a le sentiment du devoir accompli. Mais il songe aussi aux millions
de soldats morts - dont son fils et son gendre - et il sait qu'il faut aussi gagner
la paix. "Je ne fais pas la guerre pour la guerre. Si j'obtiens par l'armistice les
conditions que nous voulons imposer à l'Allemagne, je suis satisfait. Le but étant
atteint, nul n'a le droit de faire répandre une goutte de sang de plus".
(Mémoires du maréchal Foch, t. II. p. 285).
Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et de
Pologne, académicien, titulaire de 37 décorations françaises et étrangères,
Président du Conseil supérieur de la guerre.
Conseiller lors de la conférence qui s'ouvre le 18 janvier 1919, il ne réussit pas à
imposer sa conception d'une paix exigeant le Rhin comme frontière de
l'Allemagne plutôt que fondée sur d'hypothétiques promesses.
Déçu par les clauses du traité, il veut faire entendre sa voix en se présentant
aux élections présidentielles de 1920. Son échec lui fait renoncer à la politique.
Il voyage, écrit ses mémoires, ne cessant de défendre sa conviction : une nation
moralement forte, puissamment armée, est nécessaire pour éviter que ne
recommence la guerre. L'isolement de la France, le marasme économique qui se
profile, la déliquescence des traités de paix, assombrissent d'autant ses
dernières années. Le 20 mars 1929 s'achève une vie placée sous la devise :
"Que soit vaincu celui qui ne veut vaincre".
Le nom de Foch est lié à la victoire de 1918, et c'est symboliquement que de
très nombreuses municipalités en ont baptisé une rue, une place, un boulevard :
le maréchal Foch est incontestablement l'un des personnages historiques les
plus évoqués dans les villes de France.
source : MINDEF/SGA/DMPA/SDACE
Les liens à découvrir sur le sujet
Autres photos :
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichegalerie.php?idLang=fr&idGalerie=1391
Le 11 novembre raconté par le maréchal Foch
Le maréchal Foch
[...] A 5h05, on est d'accord sur le texte définitif. Il est
décidé qu'afin d'arrêter les hostilités le plus tôt possible,
la dernière page de ce texte sera dactylographiée
immédiatement et que les signatures y seront apposées.
A 5h10, les plénipotentiaires alliés et allemands y
apposent leurs signatures. L'heure conventionnelle
de 5 heures est adoptée comme heure de la
signature. [...]
Le Maréchal Foch déclare la séance terminée, et
les délégués allemands se retirent. Le télégramme
suivant était immédiatement envoyé sur tout le front
par radio et par message téléphoné aux commandants
en chef :
1. Les hostilités seront arrêtées sur tout le front
à partir du 11 novembre à 11 heures, heure
française.
2. Les troupes alliées ne dépasseront pas jusqu'à
nouvel ordre la ligne atteinte à cette date et à
cette heure. Rendre compte exactement de cette
ligne.
3. Toute communication avec l'ennemi est interdite
jusqu' à la réception des instructions envoyées
aux commandants d'armées.
Dans le courant de la matinée, les différents documents sont remis aux
plénipotentiaires allemands. Leur train quitte le garage de Rethondes à 11h30
pour Tergnier, où ils retrouveront leurs automobiles. Sur leur demande, toutes
facilités ont été données au capitaine allemand Geyer pour se rendre en avion
au grand-quartier-général allemand, porteur des textes et de la carte. Cet
officier a quitté en avion le terrain d'atterrissage de Tergnier vers 12h30. [...]
Le 11 novembre à 11 heures, le feu était arrêté sur tout le front des armées
alliées. Un silence impressionnant succédait à près de cinquante-deux mois de
bataille. Les peuples pouvaient entrevoir le rétablissement de la paix dans le
monde. Le lendemain, j'adressais un ordre du jour de félicitations aux armées
alliées
:
Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées. après avoir
résolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des mois, avec une foi
et une énergie inlassables, attaqué sans répit. vous avez gagné la plus
grande bataille de l'histoire et sauvé la cause la plus sacrée : la liberté
du monde. soyez fiers ! d'une gloire immortelle vous avez paré vos
drapeaux.
la
postérité
vous
garde
sa
reconnaissance.
Le maréchal de France, commandant en chef les armées alliées : F Foch.
Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre 1914-1918, maréchal Foch
La Première Guerre mondiale (1914-1918)
Le contexte international dans lequel se déclenchent les hostilités en 1914
résulte des modifications profondes qui ont affecté l'Europe depuis le milieu du
XIXème siècle. La fragilité des Balkans traversés par de fortes poussées
nationalistes, le regroupement de la monarchie austro-hongroise (1867), la
réalisation de l'unité italienne (1870) et celle de l'Allemagne (1871) déstabilisent
l'équilibre européen issu du traité de Vienne (1815). Les tensions entre la
France, désireuse de retrouver l'Alsace et la Lorraine annexés en 1871, et
l'Allemagne d'une part, entre l'Autriche-Hongrie et la Russie d'autre part, sans
oublier le rôle de l'Angleterre, toujours soucieuse de conserver son influence
mondiale, attisent les risques de crises. L'empire ottoman lui-même est
contraint lors du Congrès de Berlin (1878) de reconnaître l'indépendance de
plusieurs pays qui étaient intégrés dans son administration (Serbie, Roumanie,
Bulgarie, Monténégro notamment). Par le jeu des alliances nées de ces
nouveaux découpages et de la concurrence entre les grands Etats (crises
répétées entre 1904 et 1914), l'affrontement n'a pu être évité.
La guerre éclate à la suite de l'assassinat le 28 juin
1914 à Sarajevo de François-Ferdinand, neveu et
héritier de l'empereur d'Autriche, par un étudiant
bosniaque lié aux milieux nationalistes serbes.
L'Autriche, après s'être assurée de l'appui de
l'Allemagne, présente un ultimatum à la Serbie : cet
ultimatum exige que l'enquête sur les circonstances
de l'assassinat soit menée sur le territoire serbe par
des fonctionnaires autrichiens. La Serbie en accepte
les conditions à l'exception de la présence des
agents autrichiens qui constituerait une atteinte à sa
souveraineté. L'Autriche-Hongrie lui déclare la
guerre le 28 juillet 1914. L'engrenage des alliances
s'amorce aussitôt : entre les mobilisations générales
et les ultimatums réciproques, l'Allemagne déclare
la guerre à la Russie le 1er août et à la France le
3 août, entraînant la réplique de l'Angleterre qui
déclare la guerre à son tour à l'Allemagne le 4 août.
Le patriotisme, nourri de longue date auprès des
diverses opinions publiques, permet aux populations
et aux classes politiques des différents belligérants
d'accepter cette situation perçue comme légitime
par chacun des camps.
L'archiduc François-Ferdinand et la
duchesse de Hohenberg dont
l'assassinat va déclencher l'entrée en
guerre des grandes puissances
européennes. Source : L'Illustration l'album de la guerre 1914-1919
La bataille de la Marne. Les troupes allemandes enfonçées sous les
murs du château de Mondement. Source : L'Illustration - l'album de
la guerre 1914-1919
Les armées allemandes, sans
tenir compte de la neutralité de la
Belgique, attaquent d'abord la
France. Cette opération sera
appelée la "bataille des
frontières" (7-24 août 1914): les
Français se portent en avant vers
Mulhouse, Strasbourg et en
Lorraine. Mais à Mons et à
Charleroi les Anglais et les
Français sont contraints de
reculer après des combats
acharnés où ils ont des difficultés
à faire face au dynamisme des
assaillants malgré l'efficacité de
l'artillerie française (exceptionnel
canon léger de 75). Parvenus aux
portes de Paris le 2 septembre,
les Allemands, plutôt que de
tenter de s'emparer de la
capitale, essayent de prendre à
revers l'ensemble du corps de
bataille français par une
manoeuvre d'encerclement.
S'engage alors la "bataille de la
Marne" où Joffre, chef d'étatmajor, et le général Gallieni,
commandant la place de Paris,
lancent une contre-offensive
générale marquée par de hauts
faits d'armes : le général Foch
résiste héroïquement dans les
marais de Saint-Gond et l'armée
du général Maunoury est
transportée par les taxis de Paris
au nord de la Marne : constatant
l'échec de leur action, les
Allemands se replient le 10
septembre sur l'Aisne ; leur
commandant en chef, von Moltke,
est remplacé par von Falkenhayn.
Paris est sauvé.
Commence alors la "course à la mer" entre octobre et novembre 1914. L'armée
allemande tente de déborder les alliés sur la gauche en remontant vers le nord
afin d'atteindre les ports permettant aux troupes britanniques de débarquer. Les
Anglais et les Français font face dans des engagements âpres et meurtriers
notamment dans les Flandres (1er-27 octobre). Les premières tranchées
apparaissent, les soldats les creusant pour se protéger à la fois de l'ennemi et
de l'hiver. Finalement le front se stabilise entre la mer du Nord et la Suisse sur
près de 700 km ; 10 départements français sont partiellement ou totalement
occupés.
Le front oriental a permis au même moment aux Allemands de s'assurer d'une
victoire sur les Russes qui avaient pris l'offensive (bataille de Tannenberg, 26-30
août 1914) ; mais la nécessité de prélever des troupes du champ de bataille
français a amoindri la puissance allemande dans la bataille de la Marne. La
guerre de mouvement, initialement prévue pour vaincre rapidement la France,
se solde donc à la fin de l'année 1914 par deux conséquences inattendues :
d'une part une neutralisation réciproque des armées en présence, d'autre part
une extension mondiale du conflit : le Japon a rejoint l'Entente (Grande
Bretagne, Russie et France) et l'empire ottoman et la Bulgarie se sont associés à
l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie (octobre 1914).
Les caractéristiques de ce nouveau conflit apparaissent des deux côtés : les
Etats doivent organiser une véritable économie de guerre mobilisant tous les
moyens dont ils disposent pour éviter la défaite (organisation des ressources,
ravitaillement, production d'armements, usage massif des chemins de fer,
financement de l'effort de guerre). Une mobilisation psychologique et morale est
également menée auprès des opinions publiques (importance de la censure afin
de contrôler les informations). Sur le terrain les tranchées sont transformées en
un système défensif efficace contre l'infanterie (utilisation de mines et de fils de
fer barbelés) ; l'artillerie lourde devient alors un instrument essentiel de la
bataille tandis que l'aviation, dépassant le simple rôle d'observation, est utilisée
dans la chasse et le bombardement ; les gaz asphyxiants sont utilisés pour la
première fois par les Allemands dans une attaque près d'Ypres le 22 avril 1915 ;
le premier bombardement aérien de populations civiles est effectué par les
Allemands sur Paris (hôpitaux et magasins) le 30 janvier 1918.
Un boyau d'accès de Verdun, Collection DMPA
La guerre d'usure se poursuit des deux côtés. Entre mai et septembre 1915,
l'Allemagne tente de faire plier la Russie par une offensive qui lui permet
d'occuper notamment la Pologne ; mais elle ne parvient pas à obtenir une paix
séparée. Afin de soulager à son tour la Russie, les Alliés franco-anglais essayent
de s'emparer des Dardanelles, mais l'opération échoue (janvier-février 1915).
Le torpillage du paquebot anglais Lusitania (7 mai 1915) fait franchir une
escalade nouvelle dans la guerre maritime. Le front occidental voit se succéder
des offensives des Alliés (Artois en mai 1915, Champagne en septembre 1915)
qui occasionnent des pertes considérables sans gains tactiques importants. En
1916 une offensive allemande sur Verdun a pour but de briser l'armée française
de façon décisive : la bataille est l'une des plus sanglantes de l'Histoire et se
résout par l'arrêt de l'attaque en juin. Les Alliés tentent d'enfoncer le front dans
la Somme (juillet - novembre 1916) sans grand succès. La mondialisation du
conflit continue à s'étendre : respectivement l'Italie (mai 1915) et la Roumanie
(juillet 1916) entrent en guerre au côté des Alliés ; les théâtres d'opérations
s'agrandissent : les combats se transportent en Afrique et au Moyen-Orient, en
mer (guerre sous-marine et victoire anglaise sur la flotte allemande à la bataille
du Jutland, mai 1916) ; enfin les colonies sont appelées à fournir de l'aide à la
Grande Bretagne et à la France.
Le village de Prosnes, Collection DMPA
Le prolongement du conflit largement au-delà des prévisions initiales et les
souffrances endurées commencent à peser en 1917 sur les troupes engagées.
L'échec de l'offensive française menée par le général Nivelle au « Chemin des
Dames » (avril 1917) déclenche une vague de mutineries ( mai 1917) que
l'état-major a du mal à maîtriser ; les Allemands sont confrontés au même
phénomène (marine de guerre à Kiel, fraternisation avec les russes sur le front
de l'Est). Les sociétés civiles des belligérants connaissent également des
agitations politiques et sociales (grèves dans les usines d'armement,
déclenchement de la révolte en Irlande contre les Anglais). Le pacifisme
progresse fortement dans les opinions prônant une « paix blanche » (sans
annexion ni indemnités) : conférence de Stockholm (juin 1917). Par ailleurs la
décision allemande (février 1917) de pratiquer une guerre sous-marine
systématique afin de desserrer l'étau du blocus économique amène les EtatsUnis à entrer en guerre contre l'Allemagne (avril 1917) tandis que la révolution
qui éclate au même moment en Russie (février 1917) remet en question
l'équilibre des forces ; la paix séparée de Brest-Litovsk (mars 1918) confirme
cette situation nouvelle.
Un char Renault FT 17 français Photo SHAT
L'année 1918 va être décisive. Une fois libérés par l'arrêt des hostilités à l'Est
les Allemands déclenchent en mars 1918 une offensive très puissante en
Picardie, en Flandres et au Chemin des Dames rompant le front au point de
jonction entre les armées françaises et anglaises. Ceci provoque la création d'un
commandement unique confié au général Foch afin d'améliorer la coordination
des armées alliées. Les Allemands mènent une autre attaque en juillet 1918 en
Champagne qui manque de réussir, et qui est arrêtée in extremis sur la Marne
(deuxième bataille de la Marne). Mais la machine industrielle et humaine de
l'Amérique est lancée : plus d'un million de soldats américains présents sur le
sol français participent aux opérations qui intègrent désormais régulièrement les
tanks. En juillet 1918 Foch lance une contre-offensive qui donne le signal d'un
recul progressif des Allemands dont le repli ne cesse de s'accentuer (le front
allemand est enfoncé à Montdidier en août, l'offensive générale de Verdun à
l'Yser est déclenchée le 31 octobre). Les Italiens effacent de leur côté le
désastre de Caporetto (octobre 1917) en battant les Autrichiens à VittorioVeneto (octobre 1918). Dans les Balkans sous l'effet de la pression alliée
(Franchet d'Esperey victorieux à Uskub) les empires centraux sont pris à revers
; la Bulgarie et la Turquie sont de plus en plus isolées et demandent l'armistice
(30 octobre); l'Autriche fait de même le 3 novembre. Devant le retournement de
la situation militaire, l'agitation politique gagne l'Allemagne : la flotte allemande
se révolte à Kiel, la révolution éclate à Berlin, Guillaume II abdique et la
république est proclamée le 9 novembre, l'armistice est signé à Rethondes le 11
novembre.
Le PC de commandement du 298e RHA, collection DMPA
Le bilan global estimé en pertes humaines (militaires morts et disparus) est le
suivant :
Nations belligérantes
Alliés
Mobilisés
Morts
France
8 317 000
1 390 000
Grande-Bretagne
6 000 000
776 000
380 000
44 000
450 000
400 000
5 615 000
530 000
Belgique
Serbie
Italie
Portugal
8 000
60 000
Grèce
200 000
12 000
1 000 000
158 000
15 000 000
1 700 000
Roumanie
Russie
Etats-Unis
114 000
3 800 000
Canada
630 000
62 000
Afrique du Sud
136 000
9 000
413 000
60 000
128 000
18 000
Australie
Nouvelle-Zélande
Inde
1 500 000
75 000
Empires centraux
Allemagne
13 000 000
1 950 000
Autriche-Hongrie
Bulgarie
Empire ottoman (Turquie)
MINDEF/SGA/DMPA François Cavaignac
9 000 000
1 047 000
950 000
100 000
2 850 000
400 000
Le PC du colonel Driant (55)
PC du Colonel Driant. Photo JP le Padellec
21-22 février 1916
La consigne était de tenir jusqu'au bout. Elle a été observée. Le Députe de
Nancy, le Colonel Driant, Saint-Cyrien, demande à rejoindre le front avec son
grade et on lui confie, au nord de Verdun, une demi-brigade formant corps
constituée de deux bataillons de Chasseurs : les 56ème et 59ème B.C.P. Officier
mais aussi homme politique, Driant, qui a toujours eu son franc-parler, ne se
gêne pas pour observer et formuler des critiques sur l'organisation du secteur
de Verdun. Ce qui n'empêcha nullement la poursuite du démantèlement des
ouvrages de la place fortifiée, alors même que les positions intermédiaires
étaient à peine esquissées.
Pratiquant au milieu de ses Chasseurs un commandement d'une affectueuse
simplicité non dénuée de rigueur, il ne pouvait rien faire d'autre qu'organiser
son secteur et attendre l'orage qu'il voyait venir avec une cruelle lucidité.
Driant, dès le 20 janvier, avait, dans un ordre du jour à sa demi-brigade,
annoncé la grande épreuve. Voici ce texte, où sont soulignées les lignes qui
précisaient à l'avance le caractère de la lutte sans précédent qui allait s'engager.
Ordre du jour - 20 janvier 1916
"L'heure est venue pour les graciés et les chasseurs des deux bataillons de se
préparer à l'action, et pour chacun de réfléchir au rôle qui va lui incomber. Il
faut qu'à tous les échelons on soit pénétré que dans une lutte aussi morcelée
que cette qui s'apprête, nul ne doit se retrancher derrière l'absence d'ordres
pour rester inerte.
Multiples seront les interruptions de communications, fréquentes les occasions
où des portions d'effectifs se trouveront livrées à elles-mêmes.
Résister, arrêter l'ennemi par tous les moyens doit être la pensée dominante de
tous les chasseurs se rappelleront surtout que dans les combats auxquels ils ont
assisté depuis dix-sept mois, ils n'ont laissé entre les mains de l'ennemi d'autres
prisonniers que des blessés. Les chasseurs ne se rendent pas."
Le 21 février, il se lève tôt, il regarde le ciel splendide, le soleil brillant. Il ôte
son alliance qu'il remet à son secrétaire : "Si je suis tué, vous irez la rapporter à
Madame Driant".
II monte à cheval au Bois des Caures, suivi de son palefrenier.
Il est 6 heures 45; il se rend au chantier où une compagnie de réserve construit
un boyau sous la direction des lieutenants Leroy et Simon. Il fait interrompre le
travail et envoie la troupe sur ses emplacements de combats. Pendant qu'il
cause avec les deux officiers le premier obus éclate; la tragédie est commencée.
Le terrain du Bois des Caures (Caures : noisetier en patois local), humide, se
prête mal au creusement des tranchées aussitôt inondées. Les 56ème et 59ème
B.C.P. organisèrent là un système de redoutes dont la tragique faiblesse était le
gabionnage. C'est dans ces contions que l'atteint le choc du 21 février 1916. Les
positions du Bois des Caures et du bois d'Haumont à gauche à tenu par le
165ème R.I. sont en plein dans l'axe offensif des Allemands. Le bombardement
lamine les retranchements si fragiles devant les 150, 210 et 305 : Driant luimême avait écrit la veille : "leur assaut peut avoir lieu cette nuit comme il peut
être encore reculé de quelques jours."
Début de la bataille de Verdun
En février 1916, le secteur du Bois des Caures est occupé depuis novembre
1915 par le groupe de Chasseurs du Lieutenant-colonel Driant. Le groupe
comprend le 56ème B.C.P. (Capitaine Vincent) et le 59ème B.C.P. (Commandant
Renouard). Depuis plusieurs semaines, les deux bataillons, alternativement en
ligne, ont renforcé leurs positions et aménagé leurs défenses, sous l'impulsion
de Driant qui pressent une attaque imminente.
Le 21 février 1916, à 7 heures du matin, le premier obus tombe sur le bois et
Driant, sachant que l'heure du sacrifice a sonné, parait au milieu de ses
chasseurs qu'il ne quittera plus. Le bombardement devient si dense que tout le
terrain semble miné. Dès 10 heures, le bois est impraticable, c'est un vrai
chaos. A 17 heures, le bombardement cesse brusquement, puis le tir reprend,
mais très allongé, c'est l'attaque rapide, souvent même la lutte au corps à
corps. Malgré des actes d'héroïsme extraordinaires, quelques tranchées sont
prises.
Le soir venu, l'ennemi est maître d'une partie des premières lignes. Mais les
chasseurs de la compagnie Robin contre-attaquent dans la nuit glacée,
reprennent leurs tranchées et sèment la panique parmis les Allemands,
persuadés que les Chasseurs sont tous hors de combat.
Vers minuit, le Colonel Driant parcourt tout le secteur, va à l'extrême pointe des
tranchées et encourage tous ces hommes.
L'attaque allemande du 21 au 25 février 1916. Source : Conseil Général de la Meuse
Le 22 février au matin, si les Chasseurs ont reconquis les tranchées de première
ligne perdues la veille, partout ils sont à portée de grenade de l'ennemi. Dès 7
heures, un bombardement aussi formidable que celui du matin précédent,
reprend. A midi, la canonnade cesse. Les Chasseurs survivants bondissent à
leurs postes de combat. Leur Colonel est au milieu d'eux, il prend un fusil et fait
le coup de feu. Le Bois des Caures n'existe plus comme couvert. Les masses
ennemies l'encadrent. Trois compagnies de première ligne meurent à leurs
postes, submergées par deux régiments. La compagnie Seguin fait merveille. On
se bat à la grenade tant qu'il y en a, puis à coup de pierres, à coup de crosses.
A13 heures, nouvelle attaque. Toujours un fusil à la main, Driant est sur le
dessus de son poste de commandement, au milieu de ses agents de liaison. Il
est d'excellente humeur. Tireur d'élite, il annonce le résultat des coups, les
fautes de pointage. La compagnie SIMON contre-attaque et fait même des
prisonniers.
A 16 heures, il ne reste plus qu'environ 80 hommes autour du Colonel Driant, du
Comandant Renouard et du Capitaine Vincent. Tout à coup, des obus viennent
de l'arrière. Le Bois des Caures est donc tourné. C'est la fin. Dans le but de
combattre encore ailleurs et de ne pas être fait prisonnier, Driant décide de se
retirer en arrière du bois. Trois groupes s'organisent Le groupe du Colonel
comprend la liaison et les télégraphistes. Chacun s'efforce de sauter de trou
d'obus en trou d'obus, cependant qu'une pièce allemande de 77 tires sans arrêt.
Le Colonel marche calmement, le dernier, sa canne à la main. Il vient de faire
un pansement provisoire à un chasseur blessé, dans un trou d'obus, et il
continue seul sa progression, lorsque plusieurs balles l'atteignent : "Oh là ! Mon
Dieu" s'écrie-t-il. Le député de Nancy s'abat face à l'ennemi, sur cette parcelle
de terre lorraine. Des 1200 chasseurs de Driant contre lesquels se sont
acharnées les divisions du XVIIIème corps d'Armée allemand, une centaine
seulement sont sauvés. Le Krönprinz s'attendait à une résistance de quelques
heures. Cet arrêt imprévu de deux jours permet aux réserves d'arriver. Verdun
ne tombera pas. Cette plaque commémorative a été offerte par les SaintCyriens de la promotion "Lieutenant Colonel Driant " à l'occasion du 20ème
anniversaire de leur baptême et du 70ème anniversaire de la mort de leur
parrain.
Les combats sur la rive droite
1874-1914 - Verdun place frontière
Projetée aux avant-postes frontaliers par l'annexion de l'Alsace-Lorraine (1871),
Verdun devient rapidement la pièce majeure du programme de défense
développé sur les frontières de l'Est à l'initiative du général Séré de Rivières. Les
hauteurs enserrant la ville et le solide réduit de sa Citadelle reçoivent une
double ceinture de fortifications, aménagées sans relâche de 1874 à 1914 et
renforcées par des carapaces de bétons et des tourelles cuirassées. L'ossature
principale déploie sur 45 kilomètres de périmètre 39 forts et ouvrages. De petits
éléments disposés dans les intervalles (abris de combat, magasins et dépôts,
retranchements, positions d'artillerie ...) apportent leur soutien. Ce bouclier
impénétrable, occupé à la mobilisation par 66 000 hommes, irrigué par 185
kilomètres de réseau ferré militaire à voie étroite, est doté de casernes,
d'arsenaux, de terrains de manœuuvre, d'un parc à dirigeable et d'un camp
d'aviation. Pivot de la défense française en 1914, la place de Verdun est en
1915 largement vidée de ses moyens de défense. Les Allemands entendent
alors par l'offensive "Jugement", y porter un coup brutal, rapide et décisif.
1916 - devant Verdun, une bataille de dix mois
Durant 300 jours et 300 nuits, sur le mouchoir de poche fortifié des Hauts de
Meuse, la plus grande bataille de l'Histoire met en œuvre des moyens humains
et matériels jamais rassemblés jusque-là, constituant un tournant majeur de la
Grande Guerre. C'est dans ce creuset d'enfer retourné sans cesse par un déluge
de 60 millions d'obus, engloutissant 300 000 tués et disparus, meurtrissant 450
000 blessés, que survit et meurt le soldat de Verdun. Français et Allemands,
seuls ou en petits groupes isolés, abandonnés dans des trous d'obus peuplés de
cadavres, mal ravitaillés, en proie à la misère du froid, de la soif, de la boue, ont
alors pour compagnons la peur, la folie, le désespoir et, pour simples ordres,
attaquer ou tenir.
Dès le 21 février, la pluie d'obus du "Trommelfeuer" hâche les positions
françaises. Au Bois des Caures écrasé, une résistance de 36 heures ne peut
endiguer l'assaut. Le 25 février, le fort de Douaumont est enlevé. La situation
devient alors critique et la probable chute de Verdun précipite l'exode des
derniers civils. Nommé le 26, le Général Pétain est décidé à mener sur place une
bataille défensive : il réorganise les positions, réarme les forts, et approvisionne
le front en hommes et en matériels par la Voie Sacrée. L'offensive, contenue par
les sacrifices désespérés des unités, s'essouffle.
En mars, Falkenhay, commandant en chef allemand, élargit son front d'attaque
sur la rive gauche : on se bat avec acharnement devant Avocourt, sur les pentes
du Mort-Homme et de la Cote 304. A l'autre bout de la tenaille, sur les secteurs
de Vaux et de la Caillette dont les ravins, âprement disputés, prennent le
surnom de "ravins de la mort", le front ploie mais ne cède pas.
En mai, la Cote 304 et les lignes de défense du Mort-Homme et de Cumières
sont emportées, mais chaque mètre perdu ou gagné l'est désormais au prix d'un
terrible calvaire.
Le fort de Vaux, atteint le 9 mars, pris le 7 juin, constitue alors le levier d'un
coup de grâce qui doit être porté rapidement avant l'offensive francobritannique sur la Somme.
Le 23 juin, 50 000 allemands s'élancent à la conquête des dernières hauteurs
devant Verdun, occupent le plateau de Thiaumont et le village ruiné de Fleury
mais butent sur l'ouvrage de Froideterre.
Les 11 et 12 juillet, un ultime assaut des Allemands, désormais face à l'offensive
de la Somme, vient mourir sur les superstructures du fort de Souville, à moins
de 4 kilomètres de Verdun, confirmant l'impossibilité d'emporter la décision.
L'offensive allemande stoppée, l'initiative change de camp. Fleury est repris le
17 août et durant l'automne, l'effort de reconquête écarte le danger devant
Verdun. Le fort de Douaumont est réoccupé le 24 octobre, Vaux le 2 novembre.
En décembre, l'essentiel du terrain disputé depuis 8 mois a été reconquis. Mais il
faudra encore deux années et l'appui des troupes américaines en 1918 pour
repousser le front au Bois des Caures.
De l'Argonne à Saint-Mihiel, quatre années "sous Verdun"
De l'Argonne à Saint-Mihiel, quatre années "sous Verdun"
Dès août 1914, la guerre se développe aux confins de la Meuse, pour contourner
puis isoler le verrou que constitue la place forte de Verdun. Après la terrible
mêlée de Vaubécourt-la-Vaux-Marie le 10 septembre, le repli fixe le front sur le
massif-barrière de l'Argonne. Du 20 au 25, les violents combats des Hauts de
Meuse aboutissent à la formation d'un saillant autour de Saint-Mihiel, coupant la
Meuse et les voies de communication 30 kilomètres à l'amont de Verdun. La
résistance du fort de Troyon interdit cependant tout encerclement. Durant
quatre années, "cotes", crêtes et buttes enserrant Verdun sont les lieux de
terribles combats. Inscrits dans le sol aux Eparges et à Vauquois, de
gigantesques entonnoirs témoignent de la guerre des mines dont les explosions
engloutissent hommes et tranchées. Ce n'est qu'à l'automne 1918 que deux
offensives américaines desserrent cet étau, sacrifiant 120 000 "Sammies" pour
la reprise du saillant de Saint-Mihiel et la maîtrise du secteur Meuse-Argonne.
Les tombes successives de Driant
Selon le compte-rendu en date du 23 mars 1916, du Chasseur Paul Coisne du
56ème B.C.P., interné au camp de Cassel et témoin des derniers instants du
Lieutenant-Colonel Driant, ses derniers mots ont été : "Oh ! là, là, mon Dieu !"
Tombe du Colonel Driant. Photo JP le Padellec
Par une intermédiaire suisse, la baronne Schrotter de Wiesbaden adresse une
lettre de condoléances à Madame Driant, le 16 mars 1916. Elle lui écrit plus
précisément : "Mon fils, Lieutenant d'artillerie qui a combattu vis-à-vis de
Monsieur votre mari, me dit de vous écrire et de vous assurer que Monsieur
Driant a été enterré, avec tout respect, tous soins, et que ses camarades
ennemis lui ont creusé et orné un beau tombeau (...). on va soigner le tombeau
de sorte que vous le retrouverez aux jours de paix (...)".
Maurice Barrès, citant cette lettre le 9 avril 1916, dans l'Echo de Paris, écrira :
"Voici la lettre allemande qui clôt la vie d'un grand Français".
Le souvenir du Lieutenant-Colonel Driant est hautement maintenu au musée des
Chasseurs, Tombeau des Braves, qui est rattaché au service historique de
l'armée de terre à Vincennes.
L'histoire des tombes successives de Driant est compliquée. Après sa mort, il fut
inhumé par les Allemands sur le champ de bataille. Ce n'est que le 9 août 1919
qu'il fut exhumé, identifié et enseveli de nouveau à la même place, Une nouvelle
exhumation eut lieu le 9 octobre 1922, en prévision de la translation dans le
monument du Bois des Caures. Celle-ci eut lieu le 21 octobre, veille de
l'inauguration.
Source : Conseil Général de la Meuse
Verdun (55)
Verdun, aujourd'hui capitale mondiale de la paix, fut l'un des champs de
bataille les plus effroyables de la Grande Guerre. De février à décembre 1916,
durant 300 jours et 300 nuits, des soldats, français et allemands vécurent en
ce lieu, un véritable « enfer».
Verdun - Porte St-Paul. Source : JP le Padellec
La ville de Verdun, dans le département de la Meuse, est un ancien oppidum
gaulois. Son nom, composé de ver "le gué" et de dun(o) "la hauteur" désigne un
lieu dominant un ancien passage de La Meuse.
Virodunum castrum gallo-romain, le site est alors fortifié, mais en vain,
lorsqu'en 450 Attila la réduit à néant. En 843, les petits-fils de Charlemagne
signent à Verdun le traité de partage de l'empire carolingien ; le document est
considéré comme la première attestation écrite de la langue française. De 870 à
879, la cité, possession de Lotharingie, est incorporée au royaume de France,
avant de tomber sous la férule de l'empire germanique othonien en 923. La ville
est l'objet d'une contestation de pouvoir entre la lignée de comtes dont est issu
Godefroy de Bouillon et les princes épiscopaux soutenus par l'empereur du Saint
Empire Romain germanique. Une révolte sanglant permet aux bourgeois de
s'affranchir de leur autorité au XIIIe siècle.
Henri II de France prend la ville le 12 juin 1552 lors de la "Chevauchée
d'Austrasie". Charles Quint investit la place de Metz le 18 octobre suivant.
Verdun devient alors une place frontière, la menace d'un siège plane. Afin de
renforcer leur pouvoir sur le comté, Henri et son successeur, François Ier, lui
accordent des privilèges et modernisent hâtivement les remparts médiévaux.
Des levées de terre et le flanquements de bastions triangulaires protègent les
murs des tirs d'artillerie ; des ouvrages de terre à l'intérieur de la place
accueillent des canons. Ville ligueuse lors des Guerres de Religion, Verdun ne se
soumettra qu'après la conversion d'Henri IV.
Verdun - Entrée de la citadelle. Source : JP le Padellec
En 1611, Louis XIII renouvelle la protection de sauvegarde à la ville. En 1624,
Richelieu décide d'achever la citadelle verdunoise. Il envoie le Maréchal de
Mardillac et les ingénieurs d'Argencourt, Aleaune et Chastillon. Les travaux
durent dix ans : les anciens bastions sont remplacés par de nouveaux,
régulièrement répartis autour de la citadelle et reliés entre eux par un rempart.
Vauban modernise le système défensif de la ville à partir de 1675. Il rajoute des
demi-lunes devant l'enceinte médiévale et, entre 1680 et 1690, réalise son
enceinte bastionnée et applique le principe de l'inondation défensive. Il crée
notamment un rempart digue pour barrer le Pré l'Evêque et ferme les trois
passages de la Meuse en Amont de Verdun par trois ponts écluses, les pont
Saint-Amans, Saint-Nicolas et Saint-Airy.
Au XVIIIe siècle, les efforts de la commune se portent sur la maîtrise des
inondations qui touchent la ville basse. Le Pont Sainte-Croix, actuel Pont Legay,
est reconstruit avec des arches plus larges. Les casernes Anthouard et Jeanne
d'Arc sont créées afin de mettre un terme à l'obligation faite aux habitants de
loger les soldats de la garnison. Le pouvoir royal n'entretient plus les
fortifications. Seul le "Polygone des mineurs" (actuellement à Thierville, près de
la caserne Niel), au Nord, est aménagé pour servir de terrain d'exercice aux
troupes.
Lors des guerres révolutionnaires, la place commandée par Beaurepaire, doit
capituler le 30 août 1792. Les Allemands occupent ainsi la ville pendant six
semaines avant de se retirer le 14 octobre face à Kellermann.
Sous le Premier Empire, Verdun, éloignée du front, n'intéresse guère la
commission des fortifications. Ce n'est qu'après 1815, alors que la France est
remise dans ses limites de 1789, que le pouvoir entreprend des travaux de
renforcement de la place sur la base des installations de Vauban : on ouvre la
Porte neuve (à côte de l'actuel carrefour des Maréchaux), au Nord-Est, un
courtine renforce la demi-lune de la Chaussée et celle des Minimes (actuelles
rues de la Liberté et du 8 mai 1945), trois réseaux de galeries de contremines
sont creusées sous le glacis du front Saint-Victor (école Jules-Ferry).
Vue nocturne du carrefour des Maréchaux. Source : JP le Padellec
Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, les troupes de Verdun (1500
soldats de garnison, 2000 gardes mobiles, 1400 hommes de la garde nationale
sédentaire), renforcées par 2600 survivants de Sedan, commandées par le
général Guérin de Waldersbach et le général Marmier, tiennent le terrain face
aux 10000 recrues du prince de Saxe. Son armée encercle totalement la ville le
23 septembre, elle réquisitionne les habitants des villages alentours pour
réaliser les ouvrages d'investissement. La ville, assiégée et sous le coup de 140
grosses pièces d'artillerie se rend le 8 novembre. Elle sera administrée par le
préfet Bethmann-Hollweg jusqu'au 13 septembre 1873.
Dès 1874, le gouvernement français, met le réarmement de Verdun au centre
de ses préoccupations. Il charge le général Séré-de-Rivières de réaliser un
réseau défensif de Verdun à Toul. La ville devient ainsi en quarante ans la
première place fort d'Europe : dans un périmètre de 40 km autour de la ville,
l'ingénieur installe deux ceintures de forts (19 en tout, dont 14 bétonnés) ; sept
kilomètres de galeries souterraines parallèles de 20 mètres sous terre complète
le dispositif (en 1888) ; un réseau ferroviaire de 185 km doublé d'itinéraires
empierrés pour les véhicules hippomobiles et les pièces d'artillerie. Ces
modifications du paysage meusien s'accompagnent de changements sociaux. La
population et l'économie se "militarisent". Les soldats sont bientôt plus
nombreux que les civils (27000 contre 13300), l'armée devient le premier
employeur de la région, les carrières et les hauts fourneaux travaillent presque
exclusivement à la construction des forts et à leur armement, le paysage sert de
terrain d'entraînement aux troupes.
Pendant la première guerre mondiale, zone de Verdun met en présence la plus
importante concentration de troupes des deux camps qui s'affrontent pendant
300 jours, de février à juillet 1916 les pertes sous le commandement du général
Nivelle feront 62 000 morts, soit 812 morts par jours. Les populations civiles ont
fui la ville. Seuls l'état-major qui occupe la citadelle souterraine, et la brigade
des Sapeurs Pompiers stationnée dans les caves de la Mairie, subsistent dans
Verdun assiégée. La ville sera décorée de la Légion d'Honneur et de la Croix de
Guerre avec palmes par le Président de la République Poincaré le 13 septembre
1916. Le Verdunois sort exsangue des combats, la paix revenue. Les Croix
Rouge française et américaine et les oeuvres du Duché du Luxembourg portent
secours aux habitants de retour : une cantine est installée à la gare, un
dispensaire ouvre rue Saint-Sauveur, une coopérative municipale élit domicile à
l'Hôtel de Ville. Les troupes américaines restent jusqu'en mai 1919.
La cathédrale, remise en état, souvenir du Verdun historique, point de repère du
Poilu, et la citadelle, symbole de la résistance à l'ennemi, structurent l'espace
mémoriel de la cité à côté des cimetières militaires, de la nécropole nationale de
Douaumont ou de lieux combats tel le Bois-des-Caures.
Monument de la Victoire. Source : JP le
Padellec
La reconstruction de Verdun est
prévue dès 1917, appuyée par
deux hommes d'Etat meusiens,
Raymond Poincaré et André
Maginot. Le centre ville, prévu
plus au Nord de la ville sur les
emprises militaires déclassées à
cet effet, marque la volonté d'en
accentuer le caractère industriel
par la construction de deux gares
ferroviaires et la réalisation
d'importants aménagements
portuaires. L'Etat se rend
acquéreur de près de 16 000
hectares de terrain à réhabiliter,
les principaux champs de
bataille, dont une partie sera
reboisée. Les sépultures des
soldats sont regroupés dans des
nécropoles nationales
(Douaumont), ou dans des
cimetières plus modestes
(Glorieux, Bevaux). Le tombeau
du soldat inconnu de Verdun est
installé dans la Citadelle en 1920.
La topographie urbaine évoque
désormais la bataille par le nom
de nouvelles rues ou le
changement d'autres. On crée un
musée de la guerre, le
monument aux enfants de
Verdun morts pour la France est
inauguré en 1928 suivi par un
autre dédié à la Victoire
(inauguré en 1929), ainsi que
celui aux 375 territoriaux morts
dans l'incendie du magasin
d'intendance en 1916 (square
d'isly) ; les plaques
commémoratives sont apposées
à la Citadelle, dans les casernes,
etc.
A la déclaration de guerre, le 3
septembre 1939, Verdun renoue
avec sa fonction de ville de
garnison.
Elle sert au rassemblement de troupes destinées à être disposées le long de la
frontière Nord et Est. Le 13 mai 1940, les Allemands passent la Meuse à Sedan
et prennent à revers la ligne Maginot. Suite à la prise de l'ouvrage de La Ferté et
de l'encerclement de Dunkerque, le général Hutzinger donne l'ordre d'organiser
la défense du verdunois. Le commandant de la place, le général Dubuisson, fait
construire de obstacles anti-chars, des artilleurs sont affectés dans les forts
Séré-de-Rivières, une ligne d'arrêt est aménagée entre le Bois Bourru au ravin
de Besonvaux. Le 15 juin 1940, au soir, l'armée allemande entre dans Verdun.
Dans les cimetières de Bévaux et du Faubourg-Pavé reposent les corps de ses
défenseurs. L'armée d'occupation installe ses quartiers place de la Nation (la
Freiskommandantur), dans l'hôtel du Coq-Hardi (la Feldgendarmerie), une
prison est ouverte rue du Rû, les soldats investissent les casernes (Verdun sert
de centre de formation pour les jeunes recrues) et les cafés tels le Café de la
paix ou Le Continental ; les casernes de Thierville et de Jardin-Fontaine sont
transformée en Frontstalag. La libération de la Mause prend une seamine aux
troupes alliées. La Wehrmacht oppose une défense sommaire : quelques chars
et éléments d'artillerie sont positionnés comme au carrefour de la Voie Sacré et
de la route de Châlons, au lieu-dit du Moulin-Brûlé, dans le faubourg de
Glorieux.
La cité se dote à nouveau de témoignages de guerre. Le pont Beaurepaire sauvé
du dynamitage par le résistant Fernand Legay, est rebaptisé en son honneur.
L'avenue de la 7e DB US, celle du 8 mai 1945 ou du Général-de-Gaulle viennent
enrichir la toponymie. Plaques et monuments commémoratifs surgissent :
plaque en l'honneur de Legay sur le pont du même nom, les Bornes de la Voie
de la Liberté, le monument aux Résistants abattus avenue de Metz, celui aux
Fusillés de Thierville.
La participation de la France à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
(OTAN) a laissé son empreinte, notamment par les installations logistiques
américaines. L'ancienne caserne Maginot est restaurée en 1951 et sert au
logement des troupes. Au Jardin-Fontaine (ancien champ de manoeuvre de
Thierville derrière la caserne Maginot), les troupes US montent des préfabriqués
destinés où seront logés l'ingénierie, les services de cultes et d'autres
équipements collectifs (gymnases, parkings, garages ...) des tombes de soldats
sont encore visible au cimetière municipal. Les 50 hectares au bord de l'Etang
Bleu sont aménagés en entrepôts et ateliers dont une partie du matériel servira
au tournage du film Le Jour le plus long. La zone "Chicago", aménagée en 1953,
accueille une blanchisserie puis une boulangerie. Le Fort du Rozelier est
transformé en dépôt de munitions de l'OTAN destiné à recevoir des armes
atomiques. Sur l'ancien aérodrome du Faubourg-Pavé, zone de Désandrouins,
un hôpital est crée en 1958. La caserne de Gribauval devient un lieu
d'hébergement des troupes.
Le 22 septembre 1984, Helmut Kohl, Chancelier de la République fédérale
d'Allemagne, et François Mitterrand, Président de la République française, ont
scellé l'amitié entre les deux peuples en apposant une plaque à la mémoire des
combattants à la nécropole allemande de Consenvoye, à l'occasion du 70e
anniversaire de la première Guerre mondiale. Trois ans plus tard, l'Organisation
des Nations Unies (ONU) attribue le statut de capitale mondiale de la Paix, des
libertés et des droits de l'Homme à la cité meusienne.
Tranchées et boyaux
A la guerre de mouvement des mois d'août et septembre, batailles de Belgique,
de Loraine, des frontières, de la Marne, suivie de la course à la mer, les
tranchées plus ou moins aménagées font leur apparition dès octobre 1914. Les
troupes sont épuisées les pertes énormes, les premiers mois de guerre font
l'objet de pertes humaines, tués, blessés, prisonniers et disparus, plus
importantes que chacune des années 15-16-17 et 18 où les moyens de
destruction, artillerie, gaz de combat et lance-flammes deviennent de plus en
plus efficaces et meurtriers.
La tranchée aménagée et régulièrement améliorée, feu de combat doté d'abris, d'emplacement de guetteurs et de crénaux de
tir. Source : Conseil Général de la Meuse
Dans cette guerre de tranchées qui dure de fin 1914 à juillet 1918, les
assaillants rencontrent un réseau de barbelés plus ou moins important dont les
fils enchevêtrés ralentissent leur avance sous les feux meurtriers de
mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, lance-grenades, crapouillots et ou minenweefer
légers ; sur la lèvre de la tranchée en zig zag ou à angle droit pour éviter les tirs
en enfilade, côté ennemi une banquette de tir aménagée (sacs de terre avec
créneau) permet de surveiller et de battre le cas échéant le champ de tir plus ou
moins profond entre les deux lignes adverses.
De proche en proche sont installés des postes de guet pourvus de guetteurs,
sentinelles ou observateurs d'artillerie avec ou sans bouclier métallique.
Dans un ou deux épis creusés vers I'avant ou tout simplement dans un
imposant trou d'obus aménagé s'installe un poste d'écoute d'où l'on peut
intercepter des communications téléphoniques ennemies, source de
renseignements indispensables en complément de ce que l'on peut observer.
Plusieurs épis dits "parallèles de départ" en prévision d'une attaque sont creusés
sur ordre du commandement, pour une sortie rapide vers l'ennemi des
combattants donnant l'assaut.
Au fil du temps et des relèves successives, ces tranchées s'améliorent et se
réparent sous les effets des tirs d'artillerie, des intempéries, etc...
L'arrière de cette ligne de tranchée est atteint par des boyaux profonds,
permettant relèves, évacuations sanitaires, ravitaillement et acheminement des
munitions et matériels nécessaires à l'aménagement de sapes, d'abris, de
postes de commandement; etc.. Plusieurs réseaux de tranchées peuvent ainsi
se succéder en profondeur, plus ou moins camouflés aux vues et photos
aériennes, ce qui offre la possibilité de dispersion des effectifs, rapidement
regroupés le cas échéant.
Au-delà se situent cuisines roulantes, postes de secours, batteries d'artillerie,
bases arrières avancées des unités engagées, antenne chirurgicale.
Si à Verdun les tranchées n'existent pas dans les secteurs au coeur de la
bataille, en raison des bombardements violents et permanents, des différences
d'aménagements de ces tranchées sont encore visibles en Meuse, notamment
dans la forêt d'Apremont du Saillant de Saint-Mihiel, de Bois d'Ailly et Brûlé où
les allemands utilisent depuis 1914 le mot "Enfer".
Source : Conseil Général de la Meuse
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