Refus de soins : quel positionnement

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Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 Chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
REFUS DE SOIN : QUEL POSITIONNEMENT ?
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude
Présenté par :
Marine DAGUIER, Elise MICHELET, Léonie VOINOT,
Promotion 2013/2016
Formateur de guidance
Virginie POURCHET
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Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 Chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
REFUS DE SOIN : QUEL POSITIONNEMENT ?
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude
Présenté par :
Marine DAGUIER, Elise MICHELET, Léonie VOINOT,
Promotion 2013/2016
Formateur de guidance
Virginie POURCHET
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REMERCIEMENTS
Nous souhaitons tout d'abord remercier, notre formatrice de guidance, Madame Virginie
Pourchet pour son soutien, ses conseils et son accompagnement durant notre travail de fin
d'étude.
Nous remercions également les deux infirmières que nous avons interrogées, pour nous
avoir accordé de leur temps afin de répondre à nos questions et ainsi contribuer au
développement de notre travail.
Enfin, nous adressons un grand merci à nos familles respectives pour leur soutien tout
particulier durant cette dernière année de formation.
5
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................... 1
SITUATION D’APPEL ............................................................................................................ 2
ANALYSE DE SITUATION .................................................................................................... 3
CADRE CONCEPTUELLE..................................................................................................... 5
I.
DEFINITIONS ............................................................................................................. 5
a.
Ethique ........................................................................................................................ 5
b.
Refus de soin .............................................................................................................. 5
c.
Fin de vie et soins palliatifs.......................................................................................... 6
II.
POSTURE ETHIQUE INFIRMIERE ET PRESCRIPTION MEDICALE ......................... 7
a.
L’histoire infirmière ...................................................................................................... 7
b.
Frontière entre rôle propre et rôle sur prescription ....................................................... 8
c.
Le travail en interdisciplinarité ..................................................................................... 9
III.
POSTURE ETHIQUE INFIRMIERE ET SPECIFICITE DU PATIENT EN FIN DE VIE
10
a.
Législation ................................................................................................................. 11
b.
Possibles raisons d’un refus de soins ........................................................................ 12
c.
Pistes de réponse ..................................................................................................... 13
ANALYSE DES ENTRETIENS ............................................................................................ 15
I.
METHODOLOGIE ........................................................................................................ 15
a.
Cadre ........................................................................................................................ 15
b.
Points positifs ............................................................................................................ 15
c.
Points négatifs........................................................................................................... 16
II.
Analyse des entretiens.................................................................................................. 16
a.
Analyse du contenu ................................................................................................... 16
b.
Analyse des silences et des hésitations .................................................................... 17
CONCLUSION ..................................................................................................................... 19
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 20
ANNEXE .............................................................................................................................. 22
ABSTRACT ......................................................................................................................... 29
1
INTRODUCTION
Avant notre entrée en formation, la volonté de nous tourner vers des études
infirmières, était motivée (généralement) par le souhait de guérir les patients dont nous
aurions la responsabilité, et ceci grâce à tous les moyens thérapeutiques et techniques dont
nous allions disposer. Cette volonté s’’est inscrite dans les réponses que nous avons
fournies
lors de notre épreuve orale au concours d’entrée dans la formation. En effet
chacune d'entre nous s'est vue posé la question suivante : pourquoi voulez vous être
infirmière ? Nos réponses bien que légèrement différentes étaient tout de même orientées
vers le désir de guérir le patient de le soigner, le soulager ou du moins tout faire pour lui
garantir une santé optimale.
Or durant les trois années de formation qui ont suivies cette épreuve orale, plusieurs
situations ont remis en question ces représentations. En effet nous avons parfois été
amenées à être spectatrices de situations ou l’infirmière se retrouvait confrontée à un refus
de soins d’un patient en situation de fin de vie. Ceci a profondément bouleversé et remis en
cause nos idéaux : comment un patient pouvait il refuser le soin qui selon nous, ne pouvait
lui être que bénéfique? C’est ainsi qu’au fil de notre cursus de formation ces situations ont
permis de modifier notre utopie de départ pour nous conduire vers notre notre future identité
professionnelle.
Au cours de nos études, nos divers stages nous ont permis de mieux comprendre le
refus prononcé par le patient sans toutefois répondre à une autre question : Dans ce cas,
que devons nous vraiment faire ? Quels positionnements devons-nous avoir, quelle attitude
devons nous tenir ? Or quand nous nous sommes retrouvées en octobre, en échangeant sur
l’éventuel sujet que nous pouvions aborder pour notre travail de fin d’étude, nous nous
sommes rendu compte que ces mêmes interrogations nous parcouraient. En effet cela ce
retrouvait dans les différentes situations que nous avions choisies, qui toutes convergeaient
vers le même thème, le refus de soin d’un patient.
Après avoir choisi parmi les trois situations proposées, celles qui nous rassemblait le
mieux, nous avons d’explorer cette thématique.
2
SITUATION D’APPEL
Notre situation se déroule dans un service de chirurgie conventionnelle (sans soins
intensifs) à la fin d’une relève de midi. L’infirmière du matin indique à celle d’après-midi qu’il
faut poser une sonde naso-gastrique à un patient car cette opération avait été effectuée
quelques jours auparavant par une infirmière seule qui n’avait pas réussi à effectuer ce soin.
Elle souhaite donc réessayer cette pose mais cette fois avec l’aide d’une autre infirmière et
de l’étudiant lui aussi présent. Le patient sur qui il faut poser la sonde est âgé de 64 ans, il se
trouve dans le service depuis un mois. Monsieur N est atteint d'un glioblastome, découvert
suite à l'apparition de malaises et des troubles de l’équilibre fréquents. Afin de diagnostiquer
sa pathologie une biopsie stéréotaxique a été pratiquée. Cet examen a été traumatisant pour
monsieur N qui, à présent, est réfractaire à tous soins invasifs. Suite à l’annonce de ce
diagnostic, l’état du patient s’est dégradé à une vitesse très élevée (moins d’un mois), et le
patient s’est retrouvé rapidement dans un état grabataire avancé avec des troubles cognitifs
importants et donc une situation de fin de vie. Ne s’alimentant plus et n’ayant plus de réflexe
de déglutition, la voie veineuse n’étant plus accessible (veine trop abimée pour poser un
cathéter rincé) la décision fut prise par les médecins de prescrire une sonde naso-gastrique
afin de passer l’alimentation et les médicaments par ce biais-là. La situation se déroule donc
à partir du moment de l’entrée dans la chambre du patient, en présence de deux infirmières
et de l’étudiant. Dans la chambre se trouve une partie de la famille (fille et épouse), une des
infirmières demande donc à la famille de sortir (sans expliquer le soin qui allait être pratiqué)
et ferme la porte de la chambre. L’autre infirmière explique au patient le déroulement du
soin. Celui-ci, ayant déjà perdu une partie de ses facultés mentales, ne comprend pas du
tout ce qu’on lui veut et croit qu’on souhaite lui refaire une biopsie stéréotaxique. Il se met
donc à pleurer en suppliant qu’on le laisse tranquille. L’infirmière, lui réexplique ce qui va se
passer et réussit péniblement à le rassurer, tandis que l’autre infirmière prépare le matériel
qui servira à poser la sonde. L’infirmière installe alors le patient en position semi assise et on
me demande de tenir les mains du patient afin de permettre à l’infirmière de passer la sonde
sans que le patient se débatte et gêne la réalisation du soin. Cependant au moment où elle
introduit la sonde dans une des narines du patient, il se remet à pleurer, supplier et se
débattre pour qu’on le laisse tranquille. L’infirmière continue néanmoins à enfoncer la sonde
tout en essayant de rassurer le patient, elle n’arrive cependant ni à le rassurer ni à introduire
la sonde, le patient ayant de grosses difficultés de déglutition. L’autre infirmière essaye alors
de mettre un peu d’eau dans sa bouche ce qui a alors pour réflexe de le faire tousser et
s’étouffer. Monsieur N étant désormais dans une panique totale, l’étudiant éprouve alors
beaucoup de difficulté à le contenir, tout en ayant l’impression de lui faire mal en le forçant à
3
rester en place. Finalement l’infirmière réussit à mettre la sonde. Le patient se montre très
agité, même après l’arrêt du soin, et supplie pendant de longues minutes qu’on le laisse en
paix. A la sortie de la chambre, les protagonistes se retrouvent nez à nez face à la famille qui
avait entendu ce qui s’était passé dans la chambre, elle est très choquée… surtout quand
elle s’aperçoit de l’état dans lequel se trouve leur parent. L’infirmière doit là aussi expliquer
l’intérêt du soin et ce qu’il apporte au patient. La situation se transporte alors en salle de
pause avec un échange entre les deux infirmières, et l’étudiant, sur le déroulement de ce
soin. Celle de l’après-midi explique qu’elle se sent très gênée de ce qui s’est passé, elle se
met alors en colère contre les médecins qui selon elle, laissent le patient dans un service
non adapté à sa situation, elle pense que l'état de monsieur N requiert en effet une prise en
charge palliative, et qu'ils ne respectaient pas ses volontés ce qui l’a obligé à se confronter à
une situation qu’elle ne maitrise pas (l’accompagnement d’une personne en fin de vie, le
refus de soins ). L’autre infirmière intervint alors pour dire qu’elle comprend la nécessité du
soin (la personne ne pouvait plus s’alimenter autrement, ne prenait plus ses médicaments
dont certains très importants) mais se trouve mal à l’aise par rapport à la prise en charge de
la famille et le refus de soins qu’elle a transgressée. Quant à moi je ne m’exprime pas mais
me fais la réflexion que je me sens très mal à l’aise de ma participation au soin :
indépendamment de la situation de fin de vie de la personne et de ses troubles cognitifs, je
n’écoute pas le refus de soin d’un patient et réalise l’acte en le forçant à se tenir en place…
sans aucun respect de son refus.
ANALYSE DE SITUATION
Après analyse de cette situation plusieurs points nous interpellent. Tout d’abord
concernant le patient : en effet compte-tenu de ses troubles cognitifs, a-t-il compris le soin
qu’on allait lui faire ? L’explication des deux infirmières est elle adaptée à un patient atteint
de glioblastome. De plus pour un patient lambda la présence de trois soignants dans la
chambre peut déjà être anxiogène. En regard de la pathologie du patient cette anxiété n’est
elle pas majorée ? On peut, au vu de ses données, se demander si la prise en charge a été
vraiment optimale : à partir du moment où le patient panique, pleure et montre son
incompréhension par rapport au soin, ce dernier n’aurait-il pas dû être interrompu ne seraitce que momentanément ? Se pose ici la question des volontés du patient, ses dernières ontelles été respecté ? Les pleurs et les supplications du patient sont-ils en lien avec le soin
précédemment vécu (biopsie) ou peut on les relier à la pose de sonde naso-gastrique ? On
peut par ailleurs se demander au vu de la situation de fin de vie de Mr N l’utilité de la pose
4
d’une sonde naso-gastrique : dans cette situation les sources d’inconfort ne priment elles
pas sur le bénéfice de la thérapeutique ? Par ailleurs le fait de faire sortir la famille a-t-il été
un facteur de stress supplémentaire pour le patient ? Ensuite la réponse apportée à
l’agitation et au refus de soin du patient a été la contention manuelle par l’étudiant. Cette
réponse est elle adaptée ? A quel moment peut-on parler de maltraitance ? La charte de la
personne hospitalisée met en exergue le fait qu’un patient peut refuser tout soin qui va lui
être prodigué. Par ailleurs, est-ce à l’étudiant de tenir ce rôle ? On peut se demander ce qu’il
ressent à ce moment-là : a-t-il su trouver sa place ? Ne s’est-il pas senti forcé quant à la
contention du patient ? A-t-il eu le temps de réfléchir à la signification de cette démarche ? At-il eu l’opportunité de refuser ? Nous pouvons remarquer que lors du débriefing avec les
deux infirmières, l’étudiant n’est sollicité à aucun moment pour partager son expérience et
livrer ses sentiments.
Après la pose de la sonde, les deux infirmières se posent la question de leur
transgression de la volonté du patient et émettent des hypothèses sur ce qui aurait pu leur
éviter de se confronter à ce cas. On peut se poser la question des actions à mettre en œuvre
en amont du soin. En effet y-t’il eu une concertation en équipe sur l’utilité de ce soin, sur la
possibilité de mettre en place d’autres thérapeutiques, compte-tenu du premier échec
survenu
quelques
jours
auparavant ?
Pour
finir,
malgré
l’absence
de
réunion
pluridisciplinaire réalisée au préalable, les infirmières auraient elles pu refuser ce soin que ce
soit au niveau moral ou légal ?
Ce qui nous amène à notre question de départ, quelle posture éthique peut
développer une infirmière face à une injonction médicale refusée par un patient en fin de vie
5
CADRE CONCEPTUELLE
I.
DEFINITIONS
Avant de commencer nos recherches, nous avons souhaité éclaircir certains concepts
qui seront utilisés tout au long de notre développement afin de partir sur des bases
communes.
a. Ethique
L’éthique, selon le Comité Consultatif National d’Ethique [1], a pour but «d’indiquer
comment les êtres doivent se comporter et agir entre eux dans un espace ». Elle permet de
réfléchir sur une pratique particulière et se prononcer ainsi sur « la valeur des pratiques et
sur les conditions de ces pratiques ». Le texte précise aussi qu’on pourrait la rapprocher de
la morale (même si tous les courants de pensée ne sont pas en accord avec cette idée) avec
l’idée qu’elle a pour but de donner des normes de vie aux êtres humains. Cependant
l’éthique se distingue de la morale d’une part car elle est le fruit d’un dialogue entre plusieurs
individus et que d’autre part elle ne se base pas sur une notion de ce qui est bien ou de ce
qui est mal mais poursuit un objectif d’amélioration des pratiques mises en place de manière
réfléchie et dans l’idée que cela puisse améliorer le bien-être du plus grand nombre.
b. Refus de soin
La charte du patient hospitalisé [2] acte le fait qu’un acte médical « ne peut être
pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient ». Un autre principe va donc en
découler : le refus de soins est un droit inaliénable qui va permettre à chaque patient de
s’opposer à n’importe quel soin lui étant proposé, quand bien même cela risquerait de porter
atteinte à son intégrité physique. Cependant « le médecin, tenu par son obligation
d’assistance, doit tout mettre en œuvre pour le convaincre d’accepter les soins
indispensables ». Par ailleurs, ce droit au refus de soins est suspendu si le pronostic vital de
la personne est engagé et qu’elle n’a pas eu le temps de faire part de son consentement
libre et éclairé. La loi du 4 mars 2002 [3], relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé souligne un peu plus le respect des choix des patients. Ainsi elle affirme
6
qu’il n'existe aucune toute-puissance de la part de l'équipe soignante qui se doit d'entendre
le refus de soin d'un patient.
En ce qui concerne le cas spécifique du patient en fin de vie, la charte précise que
« en fin de vie (…) dès lors que la personne, dûment informée des conséquences de son
choix et apte à exprimer sa volonté, fait valoir sa décision de limiter ou d’arrêter les
traitements, celle-ci s’impose au médecin ». Ce droit est également rappelé dans la loi
Leonetti du 22 avril 2005. Cette loi précise les droits des malades et elle organise les
pratiques des professionnels de santé en France au moment de la fin de vie. Elle condamne
l’obstination déraisonnable et accorde le droit au patient de refuser un traitement sans que le
médecin ne puisse s’y opposer.
c. Fin de vie et soins palliatifs
La fin de vie est quelque chose de complexe à définir. En effet, elle peut s'apparenter
à diverses étapes de la vie, mais également être employée en cas de fin de vie imprévisible,
lors de maladies neurodégénératives ou de grande vieillesse [4]. Une personne en fin de vie
peut également être une personne dont la maladie arrive en phase terminale et dont
l'espérance de vie est alors de courte ou moyenne durée. Dans le cas d’une personne
atteinte d’une maladie grave E. Kubler-Ross [5] dans son ouvrage « les derniers instants de
la vie », explique que le malade passe par une succession d'étapes, de l'annonce de la
maladie grave à la mort. Le malade passe tout d'abord par une phase de déni, durant
laquelle il se protège et est incapable d'affronter la réalité. Vient ensuite l'étape de la colère,
durant laquelle le patient ressent une profonde injustice quant à sa situation. La colère laisse
place au marchandage. A cette étape, le malade se trouve dans une dynamique de contrôle.
Il tente à tout prix de maîtriser les événements, et notamment le temps, en se donnant des
échéances et du sursis. Durant la dépression, le patient est désorienté, il n'a plus le moral.
On parle alors de « dépression réactionnelle ». La dernière étape est celle de l'acceptation.
Cependant, elle n'est pas automatique et reste-même exceptionnelle. En effet, il paraît
difficile d'accepter totalement la situation
Les soins palliatifs sont quant à eux définis par l’OMS [6] comme des soins qui
«cherchent à améliorer la qualité de vie des patients et de leur famille, face aux
conséquences d’une maladie potentiellement mortelle, par la prévention et le soulagement
de la souffrance, identifiée précocement et évaluée avec précision, ainsi que le traitement de
la douleur et des autres problèmes physiques, psychologiques et spirituels qui lui sont liés.
Les soins palliatifs procurent le soulagement de la douleur et des autres symptômes
gênants, soutiennent la vie et considèrent la mort comme un processus normal, n’entendent
7
ni accélérer ni repousser la mort, intègrent les aspects psychologiques et spirituels des soins
aux patients, proposent un système de soutien pour aider les patients à vivre aussi
activement que possible jusqu’à la mort, offrent un système de soutien qui aide la famille à
tenir pendant la maladie du patient et leur propre deuil, utilisent une approche d’équipe pour
répondre aux besoins des patients et de leurs familles». Les soins palliatifs proposent donc
un système de soutien pour aider les patients à vivre aussi activement que possible jusqu’à
la mort. Ils offrent également un soutien et un accompagnement à la famille. Par ailleurs ils
se basent sur une approche pluridisciplinaire, afin d’appréhender au mieux les besoins des
patients et de leurs familles.
On voit donc apparaitre ici une différence essentielle entre la situation de fin de vie et
une situation palliative. En effet si la fin de vie se définit par la terminaison de la vie, elle ne
nécessite pas forcément une approche palliative car ne provoque pas forcément de
souffrance dans la prise en charge de la part des soignants ou dans le ressenti du patient.
Par ailleurs, il nous paraît important de souligner que les soins palliatifs ne sont pas
uniquement réservés aux personnes en fin de vie mais aussi aux personnes souffrant de
maladies chroniques par exemple.
II.
POSTURE ETHIQUE INFIRMIERE ET PRESCRIPTION MEDICALE
a. L’histoire infirmière
Au moyen-âge, il n’existait pas de profession infirmière, c’était principalement les
religieuses qui s’occupaient bénévolement des personnes pauvres et des indigents. Elles
n’avaient donc pas de formation et les principales qualités que l’on attendait d’elles étaient
«la disponibilité, le dévouement, l’obéissance et l’abnégation ». Le premier texte qui laisse
apparaître les prémices de ce que sera la profession infirmière sera publié en 1815 par
François Emmanuel Fodéré : « Manuel des gardes-malades, des gardes de femmes en
couche, sages-femmes, bonnes d’enfants et de mères de familles en général » reconnaît
dans son ouvrage, que l’infirmière « doit être le lieutenant du médecin en son absence ».
Cependant peu de personnes pensent comme lui et l’on voit encore l’infirmière comme une
personne qui doit avoir l’obéissance comme qualité essentielle ce qui lui permet de travailler
de concert avec le médecin dans l’intérêt du malade en appliquant les conseils à la lettre
sans jamais les critiquer (Dr Emmanuel Persillier Benoit). Il faut attendre 1870 en France
pour que soit créée la première école d’infirmière et 1902 pour qu’une circulaire instaure
l’obligation des écoles d’infirmière et donne une définition de ce que doit être l’infirmière «
8
L'infirmière telle qu'on doit la concevoir est absolument différente de la servante employée
aux gros ouvrages de cuisine, de nettoyage, etc. Elle est réservée aux soins directs des
malades ; c'est la collaboratrice disciplinée, mais intelligente, du médecin et du chirurgien ;
en dehors de sa dignité personnelle qu’il est essentiel de sauvegarder, elle doit éprouver une
légitime fierté d’un état que relèvent à la fois son caractère philanthropique et son caractère
scientifique » [7]. Il faudra cependant attendre 1942 pour voir la création d’un diplôme d’état
infirmier et 1946 pour qu’une circulaire impose l’obtention de ce diplôme pour exercer la
profession d’infirmier. La loi N° 78-615 du 31 mai [8] 1978 reconnait pour la première fois
l’existence d’un rôle propre infirmier. Jusqu’ en 1993 une vague de décrets se succèdent afin
de définir les actes et compétences que peut accomplir un professionnel infirmier. En 2006
est créé l’Ordre national des Infirmiers. Enfin en 2009 les études pour accéder au diplôme
infirmier obtiennent désormais
un équivalent universitaire avec un grade licence et les
professionnels de santé ont le choix dans la fonction publique de passer de la catégorie B à
la catégorie A. Actuellement se développe également une science infirmière basée sur la
recherche et la publication de travaux scientifiques. Cette science encore balbutiante car très
récente laisse présager encore de nouvelles révolutions dans la profession infirmière.
b. Frontière entre rôle propre et rôle sur prescription
Nous avons vu précédemment que durant la longue évolution de l’histoire de la
profession, l’infirmier a pu acquérir un certain nombre de compétences sur son rôle propre et
donc une certaine autonomie vis-à-vis du médecin. Ces actes sur rôle propre sont listés à
l’article R4311-3 du Code de santé [9] (qui regroupe l’ensemble des actes et compétences
relatifs à la profession infirmier) publique, qui précise que « relèvent du rôle propre de
l'infirmier les soins liés aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie et visant à
compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d'autonomie d'une
personne ou d'un groupe de personnes. ». Les actes qui peuvent être accomplis sont alors
listés dans l’article Article R4311-5 [9]. Il n’y est pas fait référence du refus de soins
spécifiquement ni à la possibilité pour l’infirmier de refuser de se soumettre à une
prescription qui irait à l’encontre du souhait du patient.
Pour ce qui est du rôle sur prescription, l’article R4311-6 [9] précise que l’infirmier est
« habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d'une prescription médicale qui,
sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d'un
protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par un médecin ».
Dans l’article il est précisé que la pose de sonde naso-gastrique fait partie de ce rôle sur
prescription. Cependant l’article R 4311-2 [9] précise que l’infirmier participe à « l'évaluation
9
et au soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes,
particulièrement en fin de vie». On peut alors se poser la question de la possibilité donnée à
l’infirmier par cette article, de refuser de réaliser son rôle sur prescription en argumentant de
la détresse psychique de son patient. On peut également relever l’Article R4312-29 [9] qui
rappelle que l’infirmier «doit demander au médecin prescripteur un complément d'information
chaque fois qu'il le juge utile, notamment s'il estime être insuffisamment éclairé.» Cet article
précise également qu’il doit transmettre « toute information en sa possession susceptible de
concourir à l'établissement du diagnostic ou de permettre une meilleure adaptation du
traitement en fonction de l'état de santé du patient et de son évolution ».
Au regard de l’analyse du décret professionnel relatif à la profession infirmier, on
remarque l’émergence d’une notion d’obéissance, qui selon le dictionnaire le Petit Larousse
[10] est : « Action ou habitude d'obéir, de faire ce qui est commandé » par rapport à une
prescription médicale que l’on se doit de respecter. En effet si l’infirmier dispose d’une liberté
de manœuvre sur certains actes, à partir du moment où il fait part au médecin de ses doutes
sur l’application d’une prescription médicale, et que celui refuse de changer sa prescription, il
a alors le devoir de l’appliquer.
c. Le travail en interdisciplinarité
Avant d’arriver à un tel niveau d’incompréhension et risquer un blocage de la situation
au détriment du patient, il existe cependant un certain nombre de recours que nous allons
développer dans cette partie.
L’infirmier travaille en équipe avec le médecin d’une part mais également avec le
reste de l’équipe pluridisciplinaire. Pour que ces différentes interactions se déroulent au
mieux il doit tout d’abord avoir une communication. La communication [11] se définit
comme « action de communiquer avec quelqu'un, d'être en rapport avec autrui, en général
par le langage, échange verbal entre un locuteur et un interlocuteur dont il sollicite une
réponse ». Ce qui émerge de cette définition, c’est l’échange obligatoire qui doit se réaliser
entre deux ou plusieurs interlocuteurs, pour permettre ensuite d’établir une communication et
de réfléchir ce qui sera le mieux pour le patient. Ainsi on voit se dégager un autre concept,
essentiel dans la construction d’une posture éthique : la notion de responsabilité.
La responsabilité [12] se définit comme « l’obligation ou nécessité morale,
intellectuelle, de remplir un devoir, un engagement ». Ici l’infirmier doit, dans l’intérêt du bien
être et du confort du patient, signaler les prescriptions qui lui semblent aller à l’encontre de
ce devoir et réfléchir en équipe au moyen d’accomplir au plus juste cette tâche. Il va exister
10
différentes structures au sein de l’hôpital qui vont permettre à l’infirmier d’effectuer au mieux
son devoir.
Le premier temps ou l’infirmier peut échanger sur une prescription, qui lui semble
aller à l’encontre du patient, est les transmissions orales qu’il y a entre les différentes
équipes. Ces réunions ont cependant l’inconvénient de ne rassembler que des
professionnels du milieu paramédical et limiter le domaine d’échange possible. Il présente
cependant la possibilité d’aborder dans un premier temps la question afin d’avoir l’opinion
des professionnels de santé paramédicaux sur le sujet. L’infirmier peut aussi évoquer la
question lors des staffs qui réunissent un plus grand nombre de professionnels de santé,
dont des médecins.
Dans un deuxième temps l’infirmier peut demander au médecin l’intervention des
différentes équipes mobiles existant en fonction des besoins du patient. Au CHRUB il existe
l’équipe mobile soins palliatifs/douleurs, gériatrie, psychiatrie. Il peut également demander de
faire appel aux différents infirmiers spécialisés qui peuvent aider dans la prise en charge du
patient comme la stomathérapeute, l’infirmière spécialisé en diabétologie et éducation
thérapeutique, …
L’infirmier peut également demander au médecin, si la prise en charge du patient ne lui
semble pas optimale et que les différentes communications préalablement effectuées ont
échoué à trouver une solution, de mettre en place une réunion pluridisciplinaire. Ces
réunions sont définies par l’haute autorité de santé [13] comme : « Les réunions de
concertation pluridisciplinaire (RCP) regroupent des professionnels de santé de différentes
disciplines dont les compétences sont indispensables pour prendre une décision accordant
aux patients la meilleure prise en charge en fonction de l’état de la science du moment ».
Elles permettent donc de prendre du recul sur une situation donnée et de réfléchir en équipe,
avec l’aide de professionnels d’autres services, aux meilleurs méthodes thérapeutiques à
mettre en œuvre pour le patient.
III.
POSTURE ETHIQUE INFIRMIERE ET SPECIFICITE DU PATIENT EN FIN DE VIE
Après nous être intéressé à la construction de la posture éthique infirmière face à une
prescription médicale, nous allons continuer à nous intéresser à cette construction, mais en
se penchant sur le point de vue spécifique du patient en fin de vie.
11
a. Législation
Avant de se pencher sur le patient en lui-même, il nous a paru intéressant de poser le
cadre législatif entourant d’une part la personne en fin de vie et d’autre part les droits des
patients notamment sur le plan du refus de soins.
La loi la plus importante créée spécifiquement pour les personnes en fin de vie est la
loi Leonneti qui date de 2005 [14]. Elle se trouve dans le code de santé publique. Elle pose
comme principe fondamental que « lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale
d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, décide de limiter ou d’arrêter
tout traitement, le médecin respecte sa volonté après l’avoir informé des conséquences de
son choix ». On voit apparaitre deux points très importants : la nécessité d’informer le patient
sur les actes qu’il refuse et la conséquence que pourrait avoir ce refus (Cette nécessité de
dialogue sera développée un peu plus tard dans notre analyse) et l’obligation absolue faite
au corps médicale et paramédicale de respecter la volonté du patient quelle que soit son
choix. Ces deux obligations légales sont rappelées dans plusieurs autres textes législatifs
comme la loi du 4 mars 2002 à l’Article. L. 1111-4. « Toute personne prend, avec le
professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu'il lui fournit,
les décisions concernant sa santé. Le médecin doit respecter la volonté de la personne
après l'avoir informée des conséquences de ses choix. Si la volonté de la personne de
refuser ou d'interrompre un traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en
œuvre pour la convaincre d'accepter les soins indispensables. Aucun acte médical ni aucun
traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne ». On
les retrouve aussi dans la circulaire du 2 mars 2006, relative aux droits des personnes
hospitalisées, qui comporte une charte de la personne hospitalisée ou il est mentionné : « en
fin de vie (c’est-à-dire lorsque la personne se trouve « en phase avancée ou terminale d’une
affection grave et incurable »), dès lors que la personne, dûment informée des
conséquences de son choix et apte à exprimer sa volonté, fait valoir sa décision de limiter ou
d’arrêter les traitements, celle-ci s’impose au médecin ».
Par ailleurs la loi Leonnetti [14] apporte des solutions si le malade ne peut plus
donner son consentement à travers deux nouvelles dispositions :
-
La possibilité de rédiger des directives anticipées qui « indiquent les souhaits de la
personne relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l’arrêt de
traitement » à l’article L1111-11. Cela permet à l’équipe pluridisciplinaire d’avoir un point de
vue direct du patient et ainsi orienter les choix thérapeutiques en fonction des souhaits qu’il a
émis.
-
La désignation d’une personne de confiance qui va être choisie par le patient dans
l’éventualité ou il ne serait plus en capacité de donner son avis. L’article L. 1111-12 précise
12
que « sauf urgence ou impossibilité, [son avis] prévaut sur tout autre avis non médical, à
l’exclusion des directives anticipées, dans les décisions d’investigation, d’intervention ou de
traitement prises par le médecin ».
On peut remarquer que ces différentes lois permettent une avancée majeure dans la
prise en compte de la volonté des patients mais qu’elle nécessite une implication des
soignants. Ils doivent s’assurer de la transmission des informations qui aideront le patient
dans sa prise de décision. Mais ils doivent également vérifier qu’une personne de confiance
ai été désigné et/ou des directives anticipées rédigées en cas d’impossibilité pour la
personne hospitalisée d’exprimer ses souhaits.
b. Possibles raisons d’un refus de soins
Nous venons de poser les bases législatives auxquelles un infirmier doit se référer
pour se positionner de manière éthique devant un refus de soins. Il nous a paru pertinent de
nous intéresser aux raisons en qui peuvent amener un patient en fin de vie à dire non à un
soin.
Selon Daniel Oppenheim [15], il y a de nombreuses raisons qui peuvent amener un
patient à faire un tel choix. Le patient peut ainsi refuser le soin en lui-même car il provoque
une « incompréhension du traitement, de ses modalités, de ses difficultés et de son
efficacité ». Dans cette situation on retrouve le concept de communication abordé un peu
plus haut : le patient n’ayant pas eu d’explications, où n’ayant pas compris le traitement ou
le soin qu’on lui propose, ne va pas non plus voir son intérêt et peut même craindre que le
« remède soit pire que le mal » et ainsi émettre un refus.
Le patient peut aussi refuser un soin par manque de confiance en l’équipe médicale
ou dans le traitement : « si je risque de mourir, avec ou sans le traitement, n’ai-je pas mieux
à faire pour utiliser mon temps ». On aborde une notion essentielle dans le contrat liant le
patient et le soignant : la confiance. En effet la confiance se définit comme « sentiment de
quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un d'autre, à quelque chose ». La personne
malade a, comme nous l’avons vu, le droit de choisir et d’approuver son traitement qui va lui
être procuré cependant elle n’a pas forcément des connaissances précises dans le domaine
médical. Un contrat implicite se forme entre le soigné et le soignant : le patient accepte de
recevoir le traitement sans forcément comprendre toutes les implications qu’il peut avoir
dans sa vie en général mais en échange il compte sur le médecin pour lui fournir le
traitement le plus adapté. Ainsi si cet échange est rompu, on peut se demander comment le
patient peut accepter de recevoir des soins auquel il ne croit plus.
13
Le patient peut également émettre un avis défavorable à un soin par volonté de
« garde le contrôle sur sa vie » ainsi « en s’opposant au traitement, [les personnes
hospitalisées] refusent ainsi de devenir impuissantes et passives ». On retrouve ici le
concept de dignité, définit comme : « le respect que mérite quelqu’un ». Ainsi « La dignité
humaine se mesure désormais à la faculté de pouvoir délibérer », c'est-à-dire la possibilité
que les malades se réservent de refuser un traitement si ils estiment qu’il porterait atteinte à
leur dignité.
Enfin le patient peut aussi refuser un soin en prêtant des intentions et des émotions à
son entourage et se préoccuper d’avantage de la souffrance de ses proches que de sa
propre souffrance « Je ne souhaite pas faire supporter mon épreuve à mon conjoint, mes
enfants ou mes parents. Finalement, il vaut mieux que je disparaisse, cela mettra fin à ce
que je leur fais subir ». On touche la notion d’ « esprit de sacrifice ». Le sacrifice s’expliquant
ici par un « Renoncement volontaire à quelque chose, perte qu'on accepte». Pour le patient
cela se traduit par une perte de chance dans sa survie qu’il accepte car il pense que c’est ce
qui sera le mieux pour ses proches.
c. Pistes de réponse
Nous avons vu les bases législatives encadrant les droits des patients en fin de vie
[14] et les raisons qui pouvaient les amener à refuser un soin [15]. Il nous a paru intéressant
de développer une partie sur les moyens qui pourrait éviter le patient à refuser un soin : en
effet le meilleur moyen de ne pas bloquer irrémédiablement la situation en ayant un refus de
soin et d’éviter la survenue de celui-ci. Nous souhaitons ensuite aborder les possibilités qui
s’offrent au soignant si le refus de soins survient.
Au cours de nos entretiens il est ressorti que pour la plupart des infirmières, les
patients refusaient un soin par « ras le bol » de la situation et donc comme un moyen de
faire entendre leur mécontentement. On peut supposer que ce refus est donc, parfois, une
solution extrême pour obtenir une considération des soignants. On peut se demander si
certaines situations auraient pu se résoudre avant que le refus de soin n’éclate, notamment
en observant les signes avant coureurs faisant penser qu’un patient peut arriver à un refus
de soin. Pour repérer ses signes il nous parait important de développer le concept de
vigilance. En effet la vigilance c’est une « surveillance soutenue et attentive », cette notion
consiste donc pour l’infirmier à être particulièrement attentif au
patient pour parvenir à
déceler les signes montrant un mal être de ce dernier. Puis, s’il s’y retrouve confronté,
échanger avec l’équipe (notion d’interdisciplinarité évoquée dans la deuxième partie) afin de
14
voir si ses impressions sont partagées et essayer de trouver ensemble des solutions pour
éviter d’arriver à une situation de conflit avec le patient. Ainsi si la vigilance est comprise et
mise en place par toute l’équipe cela nous paraît un moyen de désamorcer une partie des
conflits futurs.
Cependant ce n’est pas le seul moyen. Nous avons vu tout au long de notre
développement et au cours des entretiens : si il y a refus de soins c’est qu’il y a eu une
mauvaise transmission des informations ou une mauvaise réception de celles-ci. En effet la
communication, si l’on se base sur les théories de Jakobson [16], se compose d’un émetteur,
d’un récepteur et d’un message. Or la transmission de ce message va dépendre de
différents paramètres. Du contexte, le patient est-il au calme dans sa chambre, a-t-il la
faculté cognitive de comprendre le message que l’on veut lui transmettre ? Du contact, qui
existe entre l’émetteur et le récepteur : on retrouve ici la notion de confiance abordée un peu
plus haut dans l’analyse. Et enfin du code : le patient n’a pas la même connaissance de
l’univers médical que le soignant en face de lui qui doit donc s’adapter si il veut que son
message soit interprété correctement. On se rend donc compte des nombreux obstacles qui
entravent une communication entre des personnes ce qui peut engendrer une interprétation
erronée du message de l’émetteur par le receveur. Ainsi en se rendant compte de cela, on
peut se demander si la vérification préalable par l’infirmier de la bonne compréhension des
informations données au soigné permettrait d’aplanir les possibles difficultés qui pourraient
mener à un refus de soin. Ainsi Daniel Oppenheim fait remarquer : « ce qui est demandé aux
professionnels de santé est de bien expliquer le traitement de référence et de proposer le
plus efficace. Il doit toujours se demander si l’information a été suffisante et adéquate ou s’il
a suffisamment argumenté en tenant compte du niveau d’information souhaitée par le
patient »1.
Nous souhaitons ensuite orienter nos recherches vers les attitudes possibles que
peut avoir l’infirmier s’il se retrouve malgré tout confronté à un refus de soin. Dans nos
entretiens les infirmières soulignent qu’il est important de communiquer au médecin le refus
du patient afin que ce soit lui qui vienne s’entretenir avec ce dernier. Par la suite le médecin
détermine les raisons du refus et s’assure du consentement libre et éclairé comme indiqué
dans la législation développée en première partie de ce chapitre. Ce dialogue ne doit
cependant pas «s’inscrire dans un rapport de force ou une position d’autorité. Le dialogue
n’est pas chantage : Si tu ne suis pas ton traitement, tu vas mourir” ou “si tu continues de
refuser, on ne s’occupe plus de toi ». Mais si malgré tout ce dialogue échoue à convaincre le
patient, c’est à lui que revient la décision finale. Ainsi face au peu de réponses que l’on peut
1
CF : annexe
15
apporter une fois le refus de soins prononcé, l’importance de prévenir ces refus apparait
primordiale pour l’infirmier.
ANALYSE DES ENTRETIENS
I.
METHODOLOGIE
a. Cadre
Dans le cadre de notre travail de fin d'études, nous avons menés deux entretiens2 au
sein de services conventionnels. Le premier dans un service de chirurgie et le second dans
un centre de soins. Nous avons choisi de les mener dans les services précédemment cités
car ceux ci ne sont pas spécialisés dans la fin de vie, cependant ils y sont ponctuellement
confrontés. Ce choix nous a donc paru pertinent. Pour mener ses entretiens nous avons
élaboré un questionnaire semi directif composé de treize questions pour la plupart ouvertes.
En effet si nous posions des questions précises préalablement établies nous n'orientions pas
pour autant notre interlocuteur qui répondait de façon libre, sans être interrompue.
Nous avons donc rencontré deux infirmières sur leurs lieux de travail respectif, l'une exerçant
dans son service depuis quatre ans et l'autre depuis deux ans.
b. Points positifs
Nous avons pris contact avec les cadres des services concernés afin de prendre
rendez vous pour mener nos entretiens. Après avoir pris connaissance du thème de notre
TFE, ceux-ci nous ont donné leur accord pour interroger les soignants. Les deux entretiens
ont été menés sur les lieux de travail des infirmières, dans une pièce fermée. Les conditions
dans lesquelles nous avons conduit cet entretien étaient optimales, ce qui nous a permis de
rester concentrer sur notre échange. De plus, le fait d'interroger les professionnelles dans
une pièce calme nous a permis de bénéficier d'enregistrements de qualité. Ceux-ci sont
indispensables pour réaliser les retranscriptions d'entretiens. Le choix de l'entretien semidirectif nous a paru être le plus pertinent. En effet, tout en suivant notre trame d'entretien,
2
CF Annexe
16
nous avons pu favoriser les échanges avec les infirmières, notamment en privilégiant
l'utilisation de questions ouvertes.
c. Points négatifs
Pour les points négatifs, les infirmières ayant été interrogées sur les lieux de travail,
nous nous sommes heurtées à certaines contraintes. En effet, l'une des deux
professionnelles que nous avons rencontrées venait de commencer sa journée. Elle n'était
pas disponible à notre arrivée dans le service et nous a demandé de revenir plus tard. La
charge de travail dans le service étant conséquente, les réponses données par l'infirmière
étaient parfois concises.
Il a été difficile de suivre la trame de l'entretien car certaines de nos questions ne
nous paraissaient plus adaptées au fur et à mesure de l'entretien. De ce fait, il n'était pas
toujours facile de modifier nos questions en fonction des réponses données.
II.
Analyse des entretiens
a. Analyse du contenu
Les deux infirmières que nous avons interrogées ont eu l'occasion de rencontrer lors
de leur pratique, des refus de soins émis par des patients en situation de fin de vie. Lorsque
nous posons la question du vécu de ses deux infirmières, celle exerçant dans un centre de
soins souligne le fait qu'il est important d'aboutir à un « consensus ». L'infirmière du service
de médecine, quant à elle, souligne davantage la collaboration qu'elle exerce avec le
médecin, en précisant qu'elle n'a « pas vécue la situation difficilement », le soin étant en effet
annulé.
Concernant la collaboration médecin infirmier, les deux professionnelles rencontrées
s'accordent à dire que le dialogue est possible. En effet, elles sont dans l’obligation, lors d'un
refus de soin d'en faire part au médecin, qui essaye alors de communiquer avec le patient en
lui réexpliquant l'intérêt du soin. L'infirmière du centre de soins évoque d'ailleurs l'effet
« blouse blanche » du médecin qui n'a pas, selon elle, le même impact que l'effet blouse
blanche de l'infirmière. Si malgré tout le patient réitère son refus, l'équipe médicale et
paramédicale est dans l'obligation de respecter le choix de la personne hospitalisée comme
l’indique l’article L-1111-4 du Code de la Santé Publique.
17
D'autre part, il nous a paru pertinent de nous intéresser aux raisons d'un refus de soin
chez une personne en fin de vie. Selon les infirmières rencontrées, elles peuvent être
multiples. Toutes les deux évoquent un « ras le bol », de l'anxiété, de la douleur, de
l'appréhension, de la fatigue. L'infirmière du centre de soins évoque elle, la volonté d'exister
encore, de contrôler la situation.
Du fait des situations de fin de vie qu'elles rencontrent, toutes deux déplorent un
manque de formations sur le sujet notamment lors de la formation initiale. Cependant elles
expliquent que des formations destinées aux professionnels sont disponibles durant leur
carrière. Le réseau Oncolie par exemple propose en effet de former sur quelques jours des
professionnels souhaitant en apprendre davantage sur le sujet.
A la question du positionnement infirmier, toutes deux répondent qu'elles cherchent à
comprendre les raisons du refus. Elles tentent ensuite de réexpliquer au patient le but du
soin. C'est seulement si le patient persiste qu'elles font appelle au médecin. Cependant elles
peuvent refuser de prodiguer un soin à un patient. Lorsque nous leur demandons à quel
moment, l’infirmière de neurochirurgie nous parle notamment d'acharnement thérapeutique.
L'infirmière du centre de soins quant à elle met en avant le caractère invasif de certains soins
tels que le changement d'une sonde urinaire ou un prélèvement sanguin. Elle explique que
dans ce cas, elle en réfère au médecin pour convenir de prodiguer le soin ultérieurement si
celui ci n'a pas de caractère urgent.
Pour finir concernant la mauvaise transmission des informations données au patient,
les deux infirmières s'accordent à dire que cela peut jouer un rôle dans le refus de soin
qu'émet la personne hospitalisée.
b. Analyse des silences et des hésitations
Au moment de retranscrire les deux entretiens, nous avons pu nous rendre compte
de l'importance des hésitations présentes dans le discours non seulement des
professionnelles interrogées mais aussi dans notre discours en tant qu’interviewer. En effet
les « euh » sont présents à chacune des réponses apportées à nos questions. Quant aux
silences, ils sont moins nombreux.
Dans le premier entretien que nous avons réalisé, un silence s'est installé après la
réponse de l'infirmière à la question : comment vous positionnez vous face à un refus de
soin ? Ce silence a plusieurs raisons, tout d'abord, la communication non verbale de notre
interlocutrice nous laissait à penser qu'elle n'avait pas terminé son propos. De plus nous
attendions un développement, ce qui explique notre prise de parole tardive. Il s'agissait donc
18
ici de ce qu'on appelle un silence vide [17] « dans le sens où le silence correspond à une
absence d'élaboration mentale, l’interviewé n'avait plus rien à dire ».
Concernant les multiples hésitations qu'il y a pu avoir dans ces deux entretiens, cela
s'expliquent en partie par les questions qui pour la plupart demandait une réflexion.
L'infirmière réfléchissant en même temps qu'elle nous répondait ses propos n'étaient donc
pas toujours fluides.
19
CONCLUSION
Au cours du développement de notre cadre conceptuel, nous avons pu nous rendre
compte de l’évolution du rôle infirmier dans la prise en charge du patient au fil des siècles.
Simple exécutante et servante dévouée du médecin au Moyen Âge, les textes législatifs et
l’évolution sociétale lui ont permis d’acquérir de plus en plus de droits, jusqu’à l’acquisition
d’un rôle propre qui lui a donné une certaine autonomie dans ses actes par rapport aux
prescriptions médicales. Nous avons cependant constaté qu’elle garde un devoir
d’obéissance par rapport aux prescriptions médicales.
Nos recherches et les infirmières que nous avons rencontrées, nous ont toutefois
montrées que ce devoir d’obéissance n’empêchait pas le dialogue en cas de désaccord. Par
ailleurs, une prise en charge doit être pluridisciplinaire, ce qui permet une diversité des
points de vue et donc une vision globale du patient. Nous avons pu remarquer que
différentes solutions étaient mises en place afin de maintenir ce travail pluridisciplinaire
ouvert à la discussion.
En ce qui concerne le refus de soins d’un patient, nous avons constaté que les
raisons peuvent être multiples, mais il résulte parfois d’un manque de communication
préalable. L’infirmière joue donc un rôle de première ligne en reformulant les explications du
médecin et en répondant aux questions du patient si besoin afin qu’il ait toutes les
informations pour comprendre les soins qui lui sont proposés. Elle doit aussi savoir repérer
les signes avant coureurs d’un refus de soins et pouvoir transmettre l’information à l’équipe
le cas échéant. Si malgré tout le refus de soins survient, les infirmières des services nous ont
expliquées qu’elles font alors intervenir le médecin.
Ces recherches et rencontres nous ont données en partie des réponses sur les
attitudes que nous pourrons adopter si ces situations se présentaient en tant que futures
Infirmières Diplômées d’Etat.
Nous nous sommes intéressées tout au long de notre travail au positionnement
infirmier face à un refus de soins cette réflexion nous a amené à la problématique suivante :
Quelle prise en charge du patient, une fois le refus de soins acté dans le dossier de
soins ?
20
BIBLIOGRAPHIE
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[5] Elisabeth KUBLER-ROSS. Les derniers instants de la vie. Genève : Labor et Fides 21
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[6]
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[7]
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https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000704924
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sur
le
07/04/2016)
[9] Décret n° 2002-194 du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de
la profession d'infirmier. Journal Officiel, n°40 du 16 février 2002
[10]
L’obéissance.
Dictionnaire Larousse.
Disponible
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ob%C3%A9issance/55341
02/02/2016)
(Consulté
sur
le
21
[11]
La
communication.
Dictionnaire
Larousse.
Disponible
sur
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/communication/17561 (Consulté le 04/04/2016)
[12]
La
responsabilité.
Dictionnaire
Larousse.
Disponible
sur
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/responsabilit%C3%A9/68694?q=responsabilit%
C3%A9#67942 (Consulté le 4/04/216)
[13] Développement professionnel continu (DPC) –Fiche méthode– Réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP).
Haute Autorité de Santé. Disponible sur
http://www.has-
sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201302/reunion_de_concertation_pluridisciplinaire_fiche_technique_2013_01_31.pdf (Consulté le
30/04/2016)
[14] Régine Maufoux-Immergout, Gilles Devers, Khady Badiane Devers, précis de
législation, éthique et déontologie Editions Lamarre p.159 à 163. (Consulté le 03/05/2016)
[15]
Quand
un
patient
refuse
un
traitement.
Disponible
cancer.net/vivre/article/26507_quand-un-patient-refuse-le-traitement
sur
https://www.ligue(Consulté
le
03/04/2016)
[16] Schéma de la communication selon Jakobson. Disponible sur http://pedagogie.cegepfxg.qc.ca/scriptorWeb/scripto.asp?resultat=403776 (Consulté le 24/04/2016)
[17]http://ja.games.free.fr/These/Articles:Fiches:Interviews:Me%CC%81moires:Textes/SHS/3
A8.pdf
22
ANNEXE
Schéma de communication selon Jakobson
23
Questionnaire
Positionnement professionnel et refus de soins sur prescription dans les prises en charge
palliatives
Nous souhaitons axer nos recherches sur le positionnement des équipes paramédicales face
au refus de soins de patients en fin de vie dans des services non spécialisés en soins
palliatifs.
Depuis combien de temps êtes-vous diplômé ? Depuis combien de temps travaillez-vous
dans ce service ? Quel a été votre parcours ?
Avez-vous déjà été confronté à des prises en charge de patients en fin de vie ? Est ce
fréquent ?
Avez-vous déjà vécu une situation où le patient refusait un soin sur prescription médicale ?
Comment avez vous vécu la situation ?
Qu'avez vous ressenti ?
En avez vous fait part au médecin ? (dialogue possible) Quelle a été sa réaction ?
Pensez vous que l'avis du patient a été pris en compte ?
A votre avis pourquoi un patient refuse un soin ?
Diriez-vous que vous êtes formé au refus de soins ? Pensez-vous être assez sensibilisé
durant vos études au refus de soin ?
Avez-vous reçu des formations spécifiques concernant les prises en charge de personnes en
fin de vie ?
24
Comment vous positionnez vous face à un refus de soin (pensez à une situation de refus de
soin qui vous a marqué si possible d’une personne en fin de vie) ? Que faites-vous ?
Le médecin intervient-il toujours en cas de refus de soins sur prescription médical ?
Dans le cas d'un patient inconscient ayant verbalisé son refus de soins au préalable, faites
vous appel à sa personne de confiance ?
Dans quelles circonstances n’êtes-vous pas d'accord avec la prescription d'un médecin ?
Quels motifs peuvent vous conduire en tant que professionnels de santé, à refuser de
prodiguer des soins sur prescription à un patient ?
En cas de refus de soins d'un patient sur prescription médicale quelles sont les actions que
vous mettez en place, (réitérez-vous l'offre de soins ou prévenez vous immédiatement le
médecin du refus du patient ?)
Quelles peuvent être, selon vous les raisons d’un refus de soins d’un patient ? (Cela peut il
être lié à une mauvaise transmission de l’information au départ ?)
25
Questions
Entretien neurochirurgie
Depuis combien de temps 4 ans
travaillez-vous
dans
Entretien Tilleroyes
2 ans
ce
service ?
Avez-vous déjà été confronté Oui c'est fréquent mais pas À peu près tout le temps
à des prises en charge de régulier
patients en fin de vie ?
Avez-vous déjà vécu une Oui, une pose de refus de Ça arrive couramment
situation où le patient refusait SNG
un soin prescrit ?
Comment avez vous vécu la Je comprenais le point de vue On négocie au maximum
situation ?
du patient, j'ai pas vécu ça avec le patient, on essaie de
difficilement, je suis allée voir trouver un consensus, mais si
le médecin, je lui ai expliqué
il refuse toujours on peut pas
aller à l'encontre de son choix
Le dialogue a-t-il été possible Oui
Oui
avec doc ?
Faites vous part au médecin
On est obligé d'aller voir le
du refus de soin ?
médecin si il y a un refus. Si
patient refuse avec l' ide, le
médecin
essai
de
le
résonner, de négocier. L'effet
blouse blanche du médecin
est
plus
efficace
que
la
blouse blanche ide. Avec le
médecin
ça
se
conclut
souvent par un oui.
L'avis du patient est-il pris en Oui, le soin n'a pas été fait
Ils arrivent à discuter avec le
compte ?
médecin qui prend aussi en
compte l'avis des Infirmières
Diplômées d’Etat. Mais les
médecins ont parfois du mal
à décrocher, ils n'ont pas la
26
même
vision
infirmières,
que
les
les
infirmières
voient le patient dans sa
globalité et le médecin voit
plus la pathologie.
Pourquoi un patient refuse un C'est un ras le bol, marre de Pour beaucoup de choses.
soin selon vous ?
s'acharner, la fatigue, pas Un ras le bol, envie qu'on le
envie d'avoir mal.
laisse tranquille, envie de
mourir,
plus
embêté.
envie
d'être
D'autres
pour
prouver qu'ils existent encore,
qu'ils
peuvent
contrôler
la
encore
situation,
la
fatigue, l'instant de soin qui
n'est pas le bon moment, une
appréhension du soin, ou
alors
parce
qu'ils
sont
douloureux, de l'anxiété...
Diriez-vous que vous êtes A l'école on en parle un peu On
formés au refus de soin ?
n'est
pas
forcément
mais pas assez. En dehors former au refus de soins.
de la fin de vie il y a quand On dialogue beaucoup. Il y a
même souvent des refus. On une psychologue qui suit les
en parle entre collègues, aux patients du service et avec
relèves et aux transmissions.
qui
on fait
des
réunions
quand on a des difficultés
avec
certains
patients,
justement quand il y a du
refus. La psychologue aide à
démêler tout ça.
Comment vous positionnez J'écoute le patient, pourquoi il On
vous face à un refus de refuse,
soin ?
je
lui
essaie
explique personne,
pourquoi je vais faire le soin, refuse,
d'écouter
pourquoi
essaie
de
la
elle
lui
si vraiment il ne veut pas je réexpliquer l'objectif du soin,
demande
au
médecin
prendre le relais.
de si le patient refuse toujours
on va parler avec le médecin
27
qui va essayer de revenir voir
la personne, lui ré expliquer
avec
d'autres
mots,
le
médecin a un autre impact,
les
patient
boivent
leurs
paroles. Si le patient refuse
vraiment on ne peut pas aller
à l'encontre donc on ne fait
pas le soin.
Avez-vous
reçu
formations
des Oui j'ai eu une formation de Oui il y a des formations, une
spécifiques deux jours.
dure cinq jours : oncolie qui
concernant les personnes en
reprend
toutes
les
fin de vie ?
pathologies et les différentes
prises en soins et où ils
parlent aussi des fins de vie.
Ces
formations
sont
demandées par l'équipe, elles
ne
sont
pas
toujours
acceptées, ça dépend de
l’établissement.
Le
médecin
intervient-il Oui.
toujours en cas de refus de
soin ?
Personne inconsciente ?
Quels motifs peuvent vous Dans
conduire
à
refuser
le
cas
d'un Si ça joue sur son confort, si
de acharnement thérapeutique.
c'est
quelque
chose
prodiguer des soins à un
d'inconfortable
et
pas
patient ?
forcément vitale. Si le patient
est trop fatigué et qu'on peut
repousser. Si ce n’est pas
important.
Par
exemple
une
sonde
urinaire à changer, des trucs
invasifs qu'on peut rediscuter
avec le médecin, changer de
28
voie d'administration?
On cherche si c'est de la
douleur ou de l'anxiété et
dans ce cas on en parle en
équipe
Pensez
mauvaise
vous
qu'une Oui.
transmission
C'est
possible,
on
essaie
de Pour la SNG : c'est invasif, d'expliquer au maximum mais
l'information au patient peut pas envie il savait en quoi on n’a pas toujours toutes les
engendrer un refus de soin ?
s'en tenir car il en avait déjà réponses.
eu avant. Il était fatigué.
29
ABSTRACT
Durant leur exercice professionnel, les soignants sont régulièrement amenés à prendre en
charge des personnes en situation de fin de vie. Ces malades, du fait de leur situation
spécifique, passent par une succession d'étapes émotionnelles, ce qui les conduit parfois à
refuser des soins durant leur hospitalisation. Face à ce constat, nous nous sommes
interrogées sur la posture éthique des professionnels de santé, et notamment sur la posture
de l'infirmier, dans le cas d'un refus de soin chez une personne en fin de vie. Après avoir
défini les concepts d'éthique, de refus de soin, de fin de vie et de soins palliatifs, nous nous
sommes intéressées aux champs de compétences de l'infirmier, notamment dans le cadre
de son rôle sur prescription. En effet, bien que l'infirmier ait acquis une certaine autonomie
au fil des années en ce qui concerne son rôle propre, ce dernier est tenu de se référer au
médecin dans le cadre de son rôle sur prescription. De ce fait, nous nous sommes
interrogées sur les possibilités dont dispose l'infirmier quant à l'échange possible avec le
médecin sur une de ses prescriptions mais aussi sur l'importance de la communication au
sein d'une équipe pluridisciplinaire. Nous avons par la suite mis en liens nos apports
théoriques avec la réalité du terrain, par le biais d'entretiens semi directifs menés auprès de
deux infirmières. Ces entretiens présentent des similitudes et des divergences, mais
chacune des deux infirmières tendent vers un but commun, à savoir le bien être du patient.
During their professional exercising, nurses regularly have to deal with end-of-life people.
These patients, because of their particular situation, face up to a succession of emotional
stages, which sometimes leads them to refuse care during their hospitalization.
Facing this observation, we asked ourselves about ethical posture of medical professionals,
in particular about the nurse posture, in the case of a refusal of care, of a end-of-life person.
After having defined the concepts of ethics, refusal of care, end-of-life and palliative care, we
were interested in the sphere of competences of the nurse, in particular within the framework
of her prescription role. Indeed, although with the passing of the years, the nurse acquired a
certain autonomy concerning her own role, the latter must refer to the doctor in the context of
her role on prescription. So, we asked ourselves about possibilities of the nurse as for
possible exchange with the doctor about one of his prescriptions and about the importance of
communication within multidisciplinary team.
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Then, we linked our theoretical supplies to reality, by discussions with two nurses. These two
discussions have similarities and divergences, but each of the two nurses have the same
goal: the patient well-being.
MOTS CLEFS
Refus de soins, Posture infirmière, Rôle propre / Rôle sur prescription, Fin de vie
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