Westminster & City News NUMÉRO 29 Du 15 au 21 juillet 2016 ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE POLITIQUE MONETAIRE ET FINANCES PUBLIQUES La Banque d’Angleterre est divisée sur l’urgence d’un nouvel assouplissement monétaire – Dans un discours prononcé lundi 18 juillet, le membre externe du comité du politique monétaire Martin Weale estime que la Banque d’Angleterre devrait attendre d’avoir des informations plus précises sur les effets économiques du référendum avant de décider d’un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire. Il rejette l’idée qu’une inaction de la Banque en août puisse conduire à une panique sur les marchés. Ces propos s’inscrivent en opposition au discours tenu le 15 juillet à Port Talbot par Andy Haldane, économiste en chef de la Banque d’Angleterre et également membre du comité de politique monétaire. Ce dernier estime que le comité pourrait voter pour un assouplissement « significatif » de la politique monétaire lors de sa prochaine réunion le 4 août. Il préconise une baisse du taux directeur ainsi qu’une hausse des achats de titres d’obligations d’État afin d’amortir les effets négatifs du vote en faveur du Brexit sur la croissance britannique. Le déficit public se réduit nettement en juin – Le déficit public pour le mois de juin 2016 atteint 7,8 Md£ soit 2,2 Md£ de moins qu’en juin 2015 et contre 9,5 Md£ prévu par le consensus : il s’agit du plus faible montant pour un mois de juin depuis 2007. En cumulé depuis le début de l’année budgétaire, le déficit atteint 25,6 Md£ contre 27,9 Md£ entre avril et juin 2015, soit une baisse de 8,3 % (2,3 Md£). La réduction du déficit est notamment le fait d’une croissance de 3,3 % (4,9 Md£) des recettes des administrations centrales sur le trimestre par rapport à la même période en 2015. En juin 2016, la dette publique nette est de 1 620,7 Md£, à 84,0 % du PIB. D’après les données officielles transmises à la Commission européenne, le déficit public pour l’année budgétaire courant de mars 2015 à mars 2016 atteint 74,5 Md£, soit 4,0 % du PIB. Cela correspond à une baisse de 16,2 Md£ comparé au déficit de 90,7 Md£ pour l’année 2014-15, à 4,9 % du PIB. Toutefois, la dette au sens de Maastricht augmente sur la même période de 47,5 Md£ pour atteindre 1649,2 Md£ en mars 2016, passant de 87,2 % à 87,7 % du PIB. COMMERCE ET INVESTISSEMENT Un ministère du commerce international est créé pour négocier les accords avec les pays tiers - Le ministère du commerce international (Department for International Trade), créé par Theresa May le 13 juillet, sera dirigé par l’ancien ministre de la défense (de 2010 à 2011) Liam Fox, qui était partisan d’une sortie de l’Union européenne pendant la campagne référendaire. L’ex-secrétaire en chef du Treasury (ministre du budget) Greg Hands a été nommé secrétaire d’Etat et sera en charge de la promotion des exportations et des investissements. Nommé en avril 2016, Lord Price a été confirmé dans ses fonctions de secrétaire d’État et sera en charge de la signature des accords commerciaux avec les pays tiers (l’accord avec l’UE est sous la responsabilité du ministère pour la sortie de l’UE). Il a notamment indiqué que le ministère allait consulter les entreprises britanniques en privilégiant une approche sectorielle dans l’optique des négociations. INDICATEURS MACROECONOMIQUES Le taux de chômage passe sous la barre des 5 % en mai et le taux d’emploi est au plus haut – Selon l’ONS, le nombre de chômeurs a atteint 1 650 000 en moyenne sur la période allant de mars à mai 2016, en baisse de 54 000 AMBASSADE DE FRANCE AU ROYAUME-UNI - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL- © DG TRESOR (3,2 %) par rapport au trimestre précédent et de 201 000 par rapport à mai 2015. Le taux de chômage se réduit donc à 4,9 %, après 5,0 % en avril, le taux le plus bas depuis octobre 2005. Le taux d’emploi atteint un plus haut historique depuis 1971 de 74,4 % (après 74,2 %) et les créations d’emplois augmentent : elles atteignent 176 000 par rapport au trimestre précédent en mai contre 55 000 en avril, et 624 000 par rapport à mai 2015. Les salaires y compris primes reprennent en dynamisme en mai, à 2,3 % sur un an après 2,0 % en avril, mais la progression des salaires hors prime diminue légèrement, à 2,2 % (-0,1 pt). L’inflation accélère en juin – Les prix augmentent de 0,5 % en glissement annuel en juin 2016, après 0,3 % en mai. L’inflation sous-jacente est également en hausse, à 1,4 % après 1,2 %. Sur le seul mois de juin, les prix augmentent de 0,2 %, après 0,2 % en mai et contre 0,0 % en juin 2015. Cette hausse est essentiellement portée par une forte augmentation des prix du transport aérien, de 10,9 % sur le mois, probablement due au championnat d’Europe de football. En juin, les prix énergétiques enregistrent une moindre baisse, à -3,4 % en glissement annuel après -3,7 % en mai, mais les prix alimentaires demeurent orientés à la baisse, à -2,9 % sur un an contre -2,8 % en mai. Le FMI revoit nettement à la baisse la croissance britannique pour 2017 – Dans une mise à jour de juillet de ses prévisions économiques d’avril sur la croissance mondiale, le FMI a revu à la baisse de près d’un point la croissance du PIB britannique pour 2017, à 1,3 % (contre 2,2 % en avril), prenant en compte les effets baissiers de l’incertitude sur la demande. La prévision de croissance du PIB britannique pour 2016 est plus légèrement revue à la baisse, de 0,2 pt, à 1,7 %. L’organisation internationale prévoit dans ce scénario la signature d’un accord commercial avec l’UE sur le modèle norvégien. La croissance des prix immobiliers se stabilise en mai – Selon l’ONS, les prix immobiliers ont augmenté de 8,1 % sur un an en mai 2016, après 8,1 % en avril 2016. Sur le seul mois de mai, ils ont augmenté de 1,1 %, contre une hausse de 0,8 % en avril 2016. La hausse des prix décélère très légèrement en Angleterre, à 8,9 % sur l’année après 9,0 %, en février. A Londres, le dynamisme demeure particulièrement fort (13,6 % contre 13,4 %) et dans l’Est (12,8 % contre 12,7 %) et les prix sont même en hausse dans le Sud-est (12,9 % contre 11,9 %). La dynamique des prix se renforce aussi en Écosse (4,0 % en glissement annuel après 2,5 %) et dans une moindre mesure au Pays de Galles (3,7 % contre 3,1 %) tandis qu’elle reste stable en Irlande du Nord (5,9 %). ACTUALITÉ FINANCIÈRE REGULATION FINANCIERE La FCA ne prévoit pas d’assouplissement notable de la réglementation financière au Royaume-Uni – A l’occasion de la réunion annuelle de la Financial Conduct Authority, Andrew Bailey, pour son premier discours en tant que directeur de la FCA, a affirmé que la réglementation européenne continuait à s’appliquer aux banques britanniques jusqu’à nouvel ordre, et qu’il ne fallait pas s’attendre à une dérèglementation massive. Il souligne qu’une partie de la réglementation financière est décidée au niveau international et que le Royaume-Uni a dans plusieurs domaines une réglementation plus exigeante que les standards européens. Il a également mis en avant l’importance de l’accès au marché unique européen pour le secteur financier britannique. Sam Woods, nouveau directeur général de la PRA, auditionné par le Treasury Select Committee a pour sa part prévenu qu’il serait compliqué de conserver l’accès au marché unique en comptant uniquement sur un régime d’équivalence, étant donné l’importance de certaines activités financières. Des économistes de la BoE préconisent aux banques centrales de créer leurs propres monnaies virtuelles – Dans un document de recherche, John Barrdear et Michael Kumhof, deux économistes à la Banque d’Angleterre, mettent en avant les avantages de la création et de l’utilisation d’une monnaie virtuelle par les banques centrales. Le principal apport, en s’appuyant sur la technologie blockchain, serait la décentralisation des paiements qui ne passeraient plus nécessairement par les banques commerciales pour être enregistrés. Leur recherche, fondée sur une étude de cas aux États-Unis, affirme que cela pourrait avoir un impact positif sur l’économie et donner aux régulateurs des outils plus efficaces pour lutter contre les bulles financières. Toutefois, le sous-gouverneur pour la politique monétaire à la BoE, Ben Broadbent, a déclaré lors de son audition à la Chambre de Lords qu’une telle décision n’était pas d’actualité aussi bien en raison des obstacles technologiques que de la restructuration de l’ensemble du secteur financier que cela impliquerait. AMBASSADE DE FRANCE AU ROYAUME-UNI - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL- © DG TRESOR - 2 - La FCA met en lumière les faibles taux d’intérêt offerts par les banques sur les comptes d’épargne – Au 1er avril 2016, le taux le plus bas proposé est de 0,01 % (Danske Bank, Ulster Bank) contre un taux supérieur à 1,0 % pour deux établissements (le Coventry Building Society à 1,15 % et ICICI Bank UK à 1,40 %). Parmi les établissements de grande taille, HSBC ne propose qu’un taux de 0,05 %, contre 0,25 % pour Barclays, 0,2 % pour Lloyds et 0,5 % pour RBS. Cette publication est accompagnée d’un rapport pour sur la concurrence du secteur des comptes d’épargne au Royaume-Uni. Parmi les mesures testées par la FCA, l’envoi de SMS aux clients pour les tenir au courant des changements de taux d’intérêt a été jugé efficace, mais pas la mise en place d’une « switching box », outil permettant aux clients d’évaluer les gains liés à un changement de banque. BANQUES ET ASSUREURS Standard Chartered pourrait relocaliser son siège hors du Royaume-Uni si la pression fiscale s’accentue – Le directeur général de la banque, Bill Winters, a déclaré au Financial Times qu’il envisageait de déplacer le siège social de Standard Chartered dans le cas où la fiscalité venait à changer en défaveur des banques suite au résultat du référendum du 23 juin dernier. La banque avait déjà réfléchi au maintien de son siège à Londres l’année dernière alors que sa contribution au UK bank levy avait augmenté d’un cinquième à 440 M$. La Banque, qui réalise la majorité de ses activités à l’étranger, a vu son cours de bourse augmenter de 7 % depuis le référendum du 23 juin. Directeur de la publication : Alain de Cointet Service économique régional de Londres Ambassade de France au Royaume-Uni Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service économique régional de Londres (adresser les demandes à [email protected]). Adresse : 58 Knightsbridge, London, SW1X 7JT Clause de non-responsabilité Le Service économique régional s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Rédigé par : Clarisse Jacq, Clément Leroy, Thomas d’Yvoire Revu par : Guillaume de Conihout Version du 21 juillet 2016 AMBASSADE DE FRANCE AU ROYAUME-UNI - SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL- © DG TRESOR - 3 -