la lettre
DES PROFESSIONNELS DE L’AGRICULTURE
numéro 2 juin 2007
Un nombre d’agriculteurs en baisse constante, des exploitations qui grossissent,
des emplois familiaux qui s’évadent. Inexorablement, l’agriculture française
recourt au salariat pour faire tourner ses exploitations. L’enjeu est de taille :
maintenir sa capacité de production. Pour gérer cette dimension humaine, les
expériences fourmillent … Tour de plaine.
L
es constats sont là : incontournables.
Entre 2000 et 2005, la France compte 12 %
d’exploitations agricoles en moins. Dans le
même temps, ces dernières croissent et avec
elles, la quantité moyenne de travail. La main
d’œuvre salariée est d’autant plus nécessaire
que la famille s’implique moins sur la ferme et
qu’avec le papy boom, 170 000 actifs agricoles
vont partir en retraite et 30 % des exploitations
changeront de mains d’ici à 2012. C’est dire si
le secteur doit se montrer attractif en matière
d’emploi ! Pourtant, il est en concurrence,
les candidats hésitent : durs à recruter, durs
à fidéliser. Les conditions d’emploi doivent
suivre. Plusieurs filières (arboricole, porcine, …)
ont pris le problème à bras le corps, définissant
leurs métiers, travaillant à les faire connaître du
grand public pour y attirer des jeunes et lutter
contre une image ambiguë de l’agriculture.
Se regrouper pour avancer
Mais la gestion des hommes ne s’improvise
pas : au Québec, des exploitants ont créé
des clubs pour favoriser l’apprentissage en
groupe des principaux éléments de la gestion
des ressources humaines. En France, le sujet
intéresse, mais de là à participer… Dans la
Loire, des institutions ont conçu une palette
d’outils sur le recrutement, la formation ou
l’entretien professionnel adaptés aux très
petites exploitations.
Et puis, les formes d’emploi partagé ou de
prestations de services se développent :
groupement d’employeurs, services de rem-
placement, entreprises de travaux agricoles
ou CUMA estompent l’image traditionnelle
du travailleur attaché à la même exploitation.
Ainsi en Franche-Comté, un groupement
d’employeurs propose-t-il aux agriculteurs
un secrétariat à la ferme en temps partagé :
par ces quelques heures hebdomadaires, les
agriculteurs se libèrent pour d’autres activités,
…et l’administratif est mieux suivi.
à la une
cic.fr
Recruter et fidéliser
Les conditions de travail, la pénibilité, l’isolement
ou l’astreinte constituent des freins puissants. Mais
de nombreux exploitants prennent l’initiative et
rejettent la fatalité. En Picardie, deux structures
agricoles totalisant trois salariés mettent en com-
mun leur production laitière, pour améliorer leur
organisation, gagner en qualité de vie et libérer du
temps. Une exploitation laitière normande recourt
à un tiers pour analyser ses conditions de travail
et gagner en attractivité et en productivité. En
Normandie toujours, une exploitation maraîchère
revoit son organisation pour privilégier les recrute-
ments de salariés en CDI. Dans cette même filière,
d’autres réfléchissent à combattre la pénibilité du
travail en formant mieux les nouveaux arrivants
(tuteurs), en donnant du sens au travail (communi-
cation sur des éléments d’agronomie ou d’exigen-
ces clients)… Jusqu’à en faire une politique
de rémunération intégrant un intéressement
sur ces critères.
Epargne salariale, prévoyance constituent d’autres
leviers de management auxquels recourent aussi
certains agriculteurs, associant les salariés au résultat
ou aux objectifs de l’exploitation et offrant une
rémunération supplémentaire tout en maîtrisant
leurs charges sociales.
La fidélisation des salariés est le résultat d’une
alchimie qui associe reconnaissance, organisation
du travail, contenu du poste et formation… De
nombreuses pistes sont ouvertes, les solutions se
trouvent souvent au cas par cas, comme toujours en
agriculture ! Et le mouvement est en marche,…
<
N°2
La gestion des ressources humaines (GRH)
Un nouveau défi pour l’agriculture |
pour aller plus loin
L’Observatoire de l’emploi
en agriculture
(www.anefa.org)
Cuma, l’emploi en +
(www.france.cuma.fr)
La gestion du personnel dans
le domaine viticole
(www.anfovi.com)
Recrutement - accompagnement
- formation des salariés
(www.apecita.com)
• Du 17 au 21 juin
Vinexpo - Bordeaux (33)
• Du 31 août au 10 septembre *
Foire de Châlons-en-Champagne (51)
• Du 5 au 6 septembre
Innovagri - Ondes (31)
• Du 10 au 14 septembre *
Space - Rennes (35)
• Du 4 au 6 octobre
Sommet de l’Elevage - Cournon (63)
*présence du CIC
actu
“
"L a gestion du personnel est un véritable
casse-tête dans notre secteur. Nous som-
mes une activité de main d‘œuvre et le
turn over est très élevé. Les dicultés commencent
au recrutement, les personnes ont tendance à se
sauver dès qu’elles voient qu’il s’agit du secteur agri-
cole. Puis quand on les a, on a du mal à les garder.
Pour avoir 8 personnes, il faut en recruter 9.
Notre métier est mal considéré : la terre est basse,
elle salit les mains, c’est physique… Sauf à s’imaginer
commercial ou sur un tracteur à 150 000 euros, le
secteur d’activité n’attire pas. Enn, il faut composer
aussi avec l’idée que les salariés -ou leur entourage-
se font de la rémunération : on ne peut pas donner
1 500 euros par mois à quelqu’un qui débute…
témoignage
la lettre
DES PROFESSIONNELS DE L’AGRICULTURE
point de vue
etitep enu ruop elpmis saP" structure de fidéliser ses employés"
par M. DO, gérant de la SCEA Mungo France à Labège
(31), spécialisée dans le maraîchage
Alors, je rééchis à la façon de déliser mes
salariés, et ce n’est pas simple pour une petite
structure comme la mienne. J’ai mis en place des
tickets restaurant, cela les intéresse et certains
voudraient même un montant supérieur.
J’ai mis en place un PEE pour déliser mon per-
sonnel. Outre le complément de rémunération,
c’est intéressant scalement, pour l’entreprise
comme pour eux. Mais la limite du PEE, c’est
le pouvoir d’achat. Il bute sur la faible capacité
d’épargne des salariés. Sur mes 8 salariés, seuls les
4 qui commencent à avoir un peu de patrimoine
s’y intéressent, ce d’autant que l’abondement est
conséquent."
Directeur de la publication : Loic COISNON | Rédacteur en chef : Brigitte GUILLAUMOT | Rédaction : Astrolabe | Conception et réalisation : Trait d’Union | Dépôt légal : n° 1632
Crédit Industriel et Commercial CIC
Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 567 006 336 euros | 6, avenue de Provence - 75009 Paris - 542 016 381 RCS Paris
Numéro d’immatriculation ORIAS en cours d’attribution (www.orias.fr) | Banque régie par les articles L.511-1 et suivants du Code Monétaire et Financier et pour les opérations effectuées en leur qualité
d’intermédiaires en opérations d’assurances | Garantie financière et assurance de responsabilité civile professionnelle conformes aux articles L 530-1 et L 530-2 du Code des Assurances
Contrats d’assurances souscrits auprès de ACM VIE SA, ACM IARD et distribués sous la marque CIC Assurances
Préparer
l’après-modèle familial
Par Benoît DELBRUEL, conseiller de
gestion à Agrigestion Purpan (31)
Généralement, quand un agriculteur raisonne
emploi, il se demande "combien cela va-t-il me
coûter ?" La question de la main d’œuvre reste
encore très liée à un problème de charges*. Le gros
de la main d’œuvre est temporaire, ce d’autant que
les contrats occasionnels bénécient d’abattements
de charges. Par ailleurs, les exploitants ne se sentent
pas toujours à même d’encadrer un salarié : ils
préfèrent alors partager le coût mais également
les risques… d’où le recours à des groupements
d’employeurs (chez les laitiers, dans la vigne ou le
maraîchage…) ou à des tiers. Enn, bon nombre
de structures bénécient encore aujourd’hui
d’une main d’œuvre familiale, bon marché, voire
gratuite, et de l’aide entre voisins. Cette main
d’œuvre alternative est pourtant appelée à
diminuer fortement dans les 5 ans et sera palliée par
l’automatisation et le salariat.
L’enjeu est donc de trouver des gens intéressés,
compétents et dèles. Mais le recrutement est
dicile, car le secteur soure de la pénibilité du
travail. Il y a, sur ce plan, beaucoup de fausses idées,
même si certains exploitants ne sont pas prêts à
entendre que leurs salariés travaillent 35 h quand
eux-mêmes en font le double.
D’autres cherchent pourtant des gratications de
l’eort fourni par le salarié qui soient supportables
par l’exploitation : durée et conditions de travail,
rémunération attractive, logement de fonction,
plan épargne entreprise, ouverture… Certains
envisagent même de les associer à la réussite de
l’entreprise en créant une structure d’exploitation
en association avec leur salarié ou en le
responsabilisant davantage.
La gestion des ressources humaines est un
domaine complexe : les exploitants sont en
attente, mais on ne dispose pas toujours
d’éléments tangibles pour les orienter. Au-delà de
la rémunération ou de la pénibilité, bien d’autres
facteurs interviennent, auxquels on ne pense pas
toujours.
*Parfois surestimées puisque les cotisations patronales
sont d’environ 15 % sur un SMIC.
Epargne salariale : une approche
moderne de la rémunération |
Ouverte au secteur agricole, l’épargne salariale permet aux salariés d’être associés
aux performances de l’exploitation. Ses différents dispositifs constituent des outils
de motivation et de fidélisation des salariés. Une autre façon de rémunérer et d’être
compétitif sur le plan de l’emploi…
en un coup d'œil
Participation Intéressement Plan d’Épargne Entreprise
- PEE Plan d’Épargne pour la
Retraite Collectif - PERCO
Distribution au(x) salarié(s)
d’une part des bénéfices Octroi d’une prime d’intéres-
sement du (des) salarié(s) à
l’atteinte d’objectifs d’activité,
de résultats ou de productivité
Une épargne destinée à tous
les salariés de l’exploitation Une épargne dédiée à la
retraite du salarié
S’applique à tous les salariés S’applique à tous les salariés, à l’exploitant et son conjoint (collaborateur, associé ou salarié)
Une répartition uniforme ou
proportionnelle au salaire
ou au temps de présence
ou mixte des 3
Une répartition uniforme ou
proportionnelle au salaire
ou au temps de présence
ou mixte des 3
stnemesrev sed ,tnemesserétni’l ,noitapicitrap al rap étnemilA •volontaires et par l’abondement de l’exploitation
• Règles d’abondement modifiables chaque année
Avoirs bloqués 5 ans
(mais possibilité de
déblocage anticipé)
Argent disponible, peut être
placé sur un PEE Avoirs bloqués 5 ans
(mais possibilité de
déblocage anticipé)
• Avoirs bloqués jusqu’à la
retraite (mais possibilité de
déblocage anticipé)
• Sortie en rente ou en capital
• Défiscalisation pour l’exploitation :
- exonération des cotisations sociales (sauf CGS, RDS),tôpmi’l ed etteissa’
l ed seésrev semmos sed noitcudéd -
sur les sociétés, tnemessitsevni ruop noisivorp enu’d noitutitsnoc -
en franchise d’impôt.
• Défiscalisation pour l’exploitation
Les sommes versées au titre de l’abondement sont déduites de :
- l’assiette de l’impôt sur les sociétés,
- exonérées des cotisations sociales (sauf CSG, CRDS).
noitasilacsiféD •
pour le salarié :
snoitasitoc sed noitarénoxe - sociales (sauf CSG et
CRDS), el rus tôpmi’d noitarénoxe - revenu, sel rus
tôpmi’d noitarénoxe - produits de placement et les
plus-values en capital (sauf
CSG, CRDS et prélèvements
sociaux complémentaires).
noitasilacsiféD •
pour le salarié :
snoitasitoc sed noitarénoxe - sociales (sauf CSG et CRDS),
el rus tôpmi’d no
itarénoxe - revenu si l’intéressement est
versé dans un plan d’épar-
gne (PEE ou PERCO).
noitasilacsiféD •
pour le salarié :
itoc sed noitarénoxe - -
sations sociales sur les
sommes versées au titre
de l’abondement (sauf
CSG, CRDS), rus tôpmi’l ed noitarénoxe - le revenu pour les sommes
versées au titre de l’inté-
ressement, rus stôpmi’d noitarénoxe - les plus-values (sauf CSG,
CRDS et prélèvements
sociaux complémentaires).
noitasilacsiféD •
pour le salarié :
snoitasitoc sed noitarénoxe - sociales sur les sommes
versées au titre de l’abonde-
ment (sauf CSG, CRDS), rus tôpmi’l ed noitarénoxe - le revenu pour les sommes
versées au titre de l’abonde-
ment, de l’intéressement et
de la participation, ,latipac ne eitros enu ruop - exonération d’impôts sur les
plus-values (sauf CSG, CRDS
et prélèvements sociaux
complémentaires).
Pour en savoir plus, appelez le numéro vert : 0 800 006 060.
la lettre
DES PROFESSIONNELS DE L’AGRICULTURE
numéro 2 juin 2007
Un nombre d’agriculteurs en baisse constante, des exploitations qui grossissent,
des emplois familiaux qui s’évadent. Inexorablement, l’agriculture française
recourt au salariat pour faire tourner ses exploitations. L’enjeu est de taille :
maintenir sa capacité de production. Pour gérer cette dimension humaine, les
expériences fourmillent … Tour de plaine.
L
es constats sont là : incontournables.
Entre 2000 et 2005, la France compte 12 %
d’exploitations agricoles en moins. Dans le
même temps, ces dernières croissent et avec
elles, la quantité moyenne de travail. La main
d’œuvre salariée est d’autant plus nécessaire
que la famille s’implique moins sur la ferme et
qu’avec le papy boom, 170 000 actifs agricoles
vont partir en retraite et 30 % des exploitations
changeront de mains d’ici à 2012. C’est dire si
le secteur doit se montrer attractif en matière
d’emploi ! Pourtant, il est en concurrence,
les candidats hésitent : durs à recruter, durs
à fidéliser. Les conditions d’emploi doivent
suivre. Plusieurs filières (arboricole, porcine, …)
ont pris le problème à bras le corps, définissant
leurs métiers, travaillant à les faire connaître du
grand public pour y attirer des jeunes et lutter
contre une image ambiguë de l’agriculture.
Se regrouper pour avancer
Mais la gestion des hommes ne s’improvise
pas : au Québec, des exploitants ont créé
des clubs pour favoriser l’apprentissage en
groupe des principaux éléments de la gestion
des ressources humaines. En France, le sujet
intéresse, mais de là à participer… Dans la
Loire, des institutions ont conçu une palette
d’outils sur le recrutement, la formation ou
l’entretien professionnel adaptés aux très
petites exploitations.
Et puis, les formes d’emploi partagé ou de
prestations de services se développent :
groupement d’employeurs, services de rem-
placement, entreprises de travaux agricoles
ou CUMA estompent l’image traditionnelle
du travailleur attaché à la même exploitation.
Ainsi en Franche-Comté, un groupement
d’employeurs propose-t-il aux agriculteurs
un secrétariat à la ferme en temps partagé :
par ces quelques heures hebdomadaires, les
agriculteurs se libèrent pour d’autres activités,
…et l’administratif est mieux suivi.
à la une
cic.fr
Recruter et fidéliser
Les conditions de travail, la pénibilité, l’isolement
ou l’astreinte constituent des freins puissants. Mais
de nombreux exploitants prennent l’initiative et
rejettent la fatalité. En Picardie, deux structures
agricoles totalisant trois salariés mettent en com-
mun leur production laitière, pour améliorer leur
organisation, gagner en qualité de vie et libérer du
temps. Une exploitation laitière normande recourt
à un tiers pour analyser ses conditions de travail
et gagner en attractivité et en productivité. En
Normandie toujours, une exploitation maraîchère
revoit son organisation pour privilégier les recrute-
ments de salariés en CDI. Dans cette même filière,
d’autres réfléchissent à combattre la pénibilité du
travail en formant mieux les nouveaux arrivants
(tuteurs), en donnant du sens au travail (communi-
cation sur des éléments d’agronomie ou d’exigen-
ces clients)… Jusqu’à en faire une politique
de rémunération intégrant un intéressement
sur ces critères.
Epargne salariale, prévoyance constituent d’autres
leviers de management auxquels recourent aussi
certains agriculteurs, associant les salariés au résultat
ou aux objectifs de l’exploitation et offrant une
rémunération supplémentaire tout en maîtrisant
leurs charges sociales.
La fidélisation des salariés est le résultat d’une
alchimie qui associe reconnaissance, organisation
du travail, contenu du poste et formation… De
nombreuses pistes sont ouvertes, les solutions se
trouvent souvent au cas par cas, comme toujours en
agriculture ! Et le mouvement est en marche,…
<
N°2
La gestion des ressources humaines (GRH)
Un nouveau défi pour l’agriculture |
pour aller plus loin
L’Observatoire de l’emploi
en agriculture
(www.anefa.org)
Cuma, l’emploi en +
(www.france.cuma.fr)
La gestion du personnel dans
le domaine viticole
(www.anfovi.com)
Recrutement - accompagnement
- formation des salariés
(www.apecita.com)
• Du 17 au 21 juin
Vinexpo - Bordeaux (33)
• Du 31 août au 10 septembre *
Foire de Châlons-en-Champagne (51)
• Du 5 au 6 septembre
Innovagri - Ondes (31)
• Du 10 au 14 septembre *
Space - Rennes (35)
• Du 4 au 6 octobre
Sommet de l’Elevage - Cournon (63)
*présence du CIC
actu
“
"L a gestion du personnel est un véritable
casse-tête dans notre secteur. Nous som-
mes une activité de main d‘œuvre et le
turn over est très élevé. Les dicultés commencent
au recrutement, les personnes ont tendance à se
sauver dès qu’elles voient qu’il s’agit du secteur agri-
cole. Puis quand on les a, on a du mal à les garder.
Pour avoir 8 personnes, il faut en recruter 9.
Notre métier est mal considéré : la terre est basse,
elle salit les mains, c’est physique… Sauf à s’imaginer
commercial ou sur un tracteur à 150 000 euros, le
secteur d’activité n’attire pas. Enn, il faut composer
aussi avec l’idée que les salariés -ou leur entourage-
se font de la rémunération : on ne peut pas donner
1 500 euros par mois à quelqu’un qui débute…
témoignage
point de vue
etitep enu ruop elpmis saP" structure de fidéliser ses employés"
par M. DO, gérant de la SCEA Mungo France à Labège
(31), spécialisée dans le maraîchage
Alors, je rééchis à la façon de déliser mes
salariés, et ce n’est pas simple pour une petite
structure comme la mienne. J’ai mis en place des
tickets restaurant, cela les intéresse et certains
voudraient même un montant supérieur.
J’ai mis en place un PEE pour déliser mon per-
sonnel. Outre le complément de rémunération,
c’est intéressant scalement, pour l’entreprise
comme pour eux. Mais la limite du PEE, c’est
le pouvoir d’achat. Il bute sur la faible capacité
d’épargne des salariés. Sur mes 8 salariés, seuls les
4 qui commencent à avoir un peu de patrimoine
s’y intéressent, ce d’autant que l’abondement est
conséquent."
Directeur de la publication : Loic COISNON | Rédacteur en chef : Brigitte GUILLAUMOT | Rédaction : Astrolabe | Conception et réalisation : Trait d’Union | Dépôt légal : n° 1632
Crédit Industriel et Commercial CIC
Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 567 006 336 euros | 6, avenue de Provence - 75009 Paris - 542 016 381 RCS Paris
Numéro d’immatriculation ORIAS en cours d’attribution (www.orias.fr) | Banque régie par les articles L.511-1 et suivants du Code Monétaire et Financier et pour les opérations effectuées en leur qualité
d’intermédiaires en opérations d’assurances | Garantie financière et assurance de responsabilité civile professionnelle conformes aux articles L 530-1 et L 530-2 du Code des Assurances
Contrats d’assurances souscrits auprès de ACM VIE SA, ACM IARD et distribués sous la marque CIC Assurances
Préparer
l’après-modèle familial
Par Benoît DELBRUEL, conseiller de
gestion à Agrigestion Purpan (31)
Généralement, quand un agriculteur raisonne
emploi, il se demande "combien cela va-t-il me
coûter ?" La question de la main d’œuvre reste
encore très liée à un problème de charges*. Le gros
de la main d’œuvre est temporaire, ce d’autant que
les contrats occasionnels bénécient d’abattements
de charges. Par ailleurs, les exploitants ne se sentent
pas toujours à même d’encadrer un salarié : ils
préfèrent alors partager le coût mais également
les risques… d’où le recours à des groupements
d’employeurs (chez les laitiers, dans la vigne ou le
maraîchage…) ou à des tiers. Enn, bon nombre
de structures bénécient encore aujourd’hui
d’une main d’œuvre familiale, bon marché, voire
gratuite, et de l’aide entre voisins. Cette main
d’œuvre alternative est pourtant appelée à
diminuer fortement dans les 5 ans et sera palliée par
l’automatisation et le salariat.
L’enjeu est donc de trouver des gens intéressés,
compétents et dèles. Mais le recrutement est
dicile, car le secteur soure de la pénibilité du
travail. Il y a, sur ce plan, beaucoup de fausses idées,
même si certains exploitants ne sont pas prêts à
entendre que leurs salariés travaillent 35 h quand
eux-mêmes en font le double.
D’autres cherchent pourtant des gratications de
l’eort fourni par le salarié qui soient supportables
par l’exploitation : durée et conditions de travail,
rémunération attractive, logement de fonction,
plan épargne entreprise, ouverture… Certains
envisagent même de les associer à la réussite de
l’entreprise en créant une structure d’exploitation
en association avec leur salarié ou en le
responsabilisant davantage.
La gestion des ressources humaines est un
domaine complexe : les exploitants sont en
attente, mais on ne dispose pas toujours
d’éléments tangibles pour les orienter. Au-delà de
la rémunération ou de la pénibilité, bien d’autres
facteurs interviennent, auxquels on ne pense pas
toujours.
*Parfois surestimées puisque les cotisations patronales
sont d’environ 15 % sur un SMIC.
Epargne salariale : une approche
moderne de la rémunération |
Ouverte au secteur agricole, l’épargne salariale permet aux salariés d’être associés
aux performances de l’exploitation. Ses différents dispositifs constituent des outils
de motivation et de fidélisation des salariés. Une autre façon de rémunérer et d’être
compétitif sur le plan de l’emploi…
en un coup d'œil
Participation Intéressement Plan d’Épargne Entreprise
- PEE Plan d’Épargne pour la
Retraite Collectif - PERCO
Distribution au(x) salarié(s)
d’une part des bénéfices Octroi d’une prime d’intéres-
sement du (des) salarié(s) à
l’atteinte d’objectifs d’activité,
de résultats ou de productivité
Une épargne destinée à tous
les salariés de l’exploitation Une épargne dédiée à la
retraite du salarié
S’applique à tous les salariés S’applique à tous les salariés, à l’exploitant et son conjoint (collaborateur, associé ou salarié)
Une répartition uniforme ou
proportionnelle au salaire
ou au temps de présence
ou mixte des 3
Une répartition uniforme ou
proportionnelle au salaire
ou au temps de présence
ou mixte des 3
stnemesrev sed ,tnemesserétni’l ,noitapicitrap al rap étnemilA •volontaires et par l’abondement de l’exploitation
• Règles d’abondement modifiables chaque année
Avoirs bloqués 5 ans
(mais possibilité de
déblocage anticipé)
Argent disponible, peut être
placé sur un PEE Avoirs bloqués 5 ans
(mais possibilité de
déblocage anticipé)
• Avoirs bloqués jusqu’à la
retraite (mais possibilité de
déblocage anticipé)
• Sortie en rente ou en capital
• Défiscalisation pour l’exploitation :
- exonération des cotisations sociales (sauf CGS, RDS),tôpmi’l ed etteissa’
l ed seésrev semmos sed noitcudéd -
sur les sociétés, tnemessit
sevni ruop noisivorp enu’d noitutitsnoc -
en franchise d’impôt.
• Défiscalisation pour l’exploitation
Les sommes versées au titre de l’abondement sont déduites de :
- l’assiette de l’impôt sur les sociétés,
- exonérées des cotisations sociales (sauf CSG, CRDS).
noitasilacsiféD •
pour le salarié :
snoitasitoc sed noitarénoxe - sociales (sauf CSG et
CRDS), el rus tôpmi’d noitarénoxe - revenu, sel rus tôpmi’d noitarénoxe - produits de placement et les
plus-values en capital (sauf
CSG, CRDS et prélèvements
sociaux complémentaires).
noitasilacsiféD •
pour le salarié :
snoitasitoc sed noitarénoxe - sociales (sauf CSG et CRDS),
el rus tôpmi’d no
itarénoxe - revenu si l’intéressement est
versé dans un plan d’épar-
gne (PEE ou PERCO).
noitasilacsiféD
•
pour le salarié :
itoc sed noitarénoxe - -
sations sociales sur les
sommes versées au titre
de l’abondement (sauf
CSG, CRDS), rus tôpmi’l ed noitarénoxe - le revenu pour les sommes
versées au titre de l’inté-
ressement, rus stôpmi’d noitarénoxe - les plus-values (sauf CSG,
CRDS et prélèvements
sociaux complémentaires).
noitasilacsiféD •
pour le salarié :
snoitasitoc sed noitarénoxe - sociales sur les sommes
versées au titre de l’abonde-
ment (sauf CSG, CRDS), rus tôpmi’l ed noitarénoxe - le revenu pour les sommes
versées au titre de l’abonde-
ment, de l’intéressement et
de la participation, ,latipac ne eitros enu ruop - exonération d’impôts sur les
plus-values (sauf CSG, CRDS
et prélèvements sociaux
complémentaires).
Pour en savoir plus, appelez le numéro vert : 0 800 006 060.
Numéro spécial
Quelle est la place des producteurs dans cette
économie agricole toujours plus nancière
et globale ?
En France, on considère que 2 000 agriculteurs interviennent
aujourd’hui sur les marchés à terme de grains, pour
un potentiel de 40 000 environ. Ce sont des exploitants
qui vont jusqu’au bout de la logique : ils commercialisent en
direct et gèrent par eux-mêmes le risque de variation de prix,
en prenant position sur des contrats à terme. Il faut dire que
l’Europe a développé tardivement ces marchés à terme de
matières premières agricoles, la politique agricole commune
assurant une stabilité des prix qui rendait inutile le recours
à de tels outils de couverture. La libéralisation progressive
de nos marchés agricoles a poussé les agriculteurs à utiliser
cet instrument.
La France compte de nombreux produits
agricoles... Autant de marchés à terme ?
Tout produit agricole ne peut pas faire l’objet d’un marché
à terme. Plusieurs créations ont échoué (le premier contrat
blé d’Euronext, le contrat Winefex sur les vins de Bordeaux,
le contrat tournesol, le poulet au Japon, …) et montrent que
de nombreuses conditions doivent être absolument réunies.
Le produit négocié doit être :
• Une matière première aisément transportable et livrable
toute l’année,
• Un produit de base, utilisé en grandes quantités et traité
sur le marché par de multiples intervenants,
• Un produit homogène et donc standardisable, notamment
en termes de qualité,
• Un produit non contraint par de multiples réglementations
et dont le prix uctue au gré de l’ore et de la demande.
Enn, le marché physique doit être susamment mûr,
avec des organisations professionnelles structurées
qui appellent de leurs vœux la création d’un tel marché,
car elles en comprennent l’intérêt. Au regard de ces critères,
on comprend pourquoi certains produits comme le blé,
le maïs, le colza, voire les carcasses de porc se sont nalement
imposés sur les marchés à terme, quand cela semble plus
compliqué pour d’autres. Le vin est un parfait exemple
de produit qui s’est internationalisé sans pour autant faire
l’objet d‘un marché à terme. En fait, ce n’est pas une matière
première, c’est un produit élaboré, faisant l’objet d’un
marketing sophistiqué et pour lequel il est très dicile
de corréler une production donnée à un panier de référence,
et donc à un prix. Euronext vient de lancer un marché
à terme sur la poudre de lait écrémé : l’avenir dira
si cet instrument est utile à la lière …
Côté céréales, le blé occupe une position
de choix, ... Est-ce un fait national ?
Le marché du blé
est exemplaire.
C’est historiquement un
produit phare, noble, dans
l’inconscient collectif des
Français et des Européens,
il constitue l’aliment de
base : le pain ! Et la France
est largement exportatrice
en blé. Ce marché est aussi
le plus représentatif de
ce qu’est un marché mondial : le blé est produit sur les cinq
continents (voir encadré) et représente de très gros volumes
sur le marché international (130 Mt exportées pour une
production mondiale de 680 Mt).
C’est un produit que l’on peut standardiser (blé meunier d’une
part, fourrager d’autre part), qui s’adresse autant à l’homme
qu’à l’animal ou à l’industrie. Le blé et le maïs sont substituables
pour l’alimentation du bétail, ce qui lie ces deux produits sur
le plan de la formation du prix. Si le maïs n’a pas ce premier
rôle en Europe, il constitue en revanche une matière première
agricole stratégique sur le continent américain (40 % du maïs
mondial) et le principal fournisseur de carburant vert (100 Mt
transformées en éthanol aux USA). Le maïs se trouve donc
en tension croissante, car il est de plus en plus connecté
au marché énergétique. Il en va de même pour les oléagineux
(colza, tournesol, soja,...) qui entrent dans la fabrication
du diester.
On entend parler des fondamentaux
d’un marché, de quoi s’agit-il ?
On peut résumer simplement les fondamentaux d’un
marché à l’ore, à la demande et au niveau des stocks
qui en découle. Pour prendre l’exemple du blé, les stocks
mondiaux s’étaient progressivement reconstitués depuis
2008, d’où une relative sécurité d’approvisionnement et des
prix bas. En juin 2010, juste avant la récolte, ils étaient estimés
à 170 Mt contre 125 Mt deux ans auparavant. La Chine
et l’Inde en détiennent la moitié, mais ne semblent pas
prêtes à en exporter. Une grosse partie de la récolte mondiale
a lieu entre juillet et septembre. L’ore 2010 a été en nette
réduction, en raison des récoltes catastrophiques en Russie,
suivies de l’embargo sur ses exportations, et du déclassement
en blé fourrager d’une grande partie des blés meuniers
allemands. Dans un tel contexte, comme peu de pays ont
des capacités à exporter, à la faiblesse de l’ore s’ajoute
une tendance à retenir la marchandise, ce qui crée de la
spéculation de la part des opérateurs de la lière physique,
mais aussi des marchés nanciers. Et les prix ambent !
...Et qui crée la volatilité des prix ?
Cette volatilité est aggravée par l’instabilité des taux de
change qui amplie les uctuations des prix agricoles, depuis
la disparition du système de changes xes dans les années
1970. Ainsi les pays importateurs font-ils les frais de la double
instabilité des taux de change et des prix agricoles. L’euro
avait connu un sommet par rapport au dollar lors de l’été
2008 (autour de 1,60), ce qui avait pénalisé nos exportations.
La difculté est qu’il s’agit d’alimentation
humaine. Peut-on laisser faire ? Qui doit décider ?
Le cœur du problème reste les stocks et la manière qu’ont
les donneurs d’ordre, acheteurs ou vendeurs, de prendre
des contrats à prix xé d’avance. Dans un marché libre,
soit tout va bien, alors les stocks sont corrects et les prix
couvrent tout juste les coûts. Soit on est un peu limite
et le marché en prend conscience : on a de la rétention
de la part des producteurs, relayée par la spéculation des
marchés nanciers et les prix montent ! Mais le prix devient
un signal économique qui pousse les agriculteurs à semer
plus, à investir dans les intrants ... ce qui doit, sauf accident
climatique, améliorer la récolte suivante et rééquilibrer
l’équation ore/demande. C’est le mécanisme de
la régulation naturelle selon les tenants de la thèse libérale.
Mais cela ne marche pas aussi bien en pratique, d’où
les débats actuels qui appellent les autorités à un certain
niveau de régulation. Mais on ne peut pas le faire seul,
car encore une fois, le marché est mondial. De plus, s’ils
décident de réguler, les organes publics n’ont pas toujours
la réactivité susante pour stocker, déstocker, au rythme
des signaux économiques que donne le marché.
Régler le problème de la volatilité par la contrainte induit
le risque de perdre le signal économique. Pour ma part, je
pense qu’il ne faut pas opposer les voies libérale (sensibilité
de l’ore et de la demande sur les prix) et interventionniste
(stabilité des prix par le stockage public), il faut faire jouer
les deux et inventer une voie médiane.
En revanche, il faut examiner le poids éventuel des
marchés nanciers dans la volatilité, en particulier celui
des fonds nanciers (hedge funds) qui considèrent les
matières premières agricoles comme n’importe quelle
autre classe d’actifs. Il faut à tout le moins garantir une
certaine transparence dans les informations de marché.
Les positions prises par les uns et les autres doivent être
connues de l’organisme régulateur, ce dernier pouvant
intervenir en cas de dérapage incontrôlé des prix.
Les marchés agricoles sont des témoins
parfaits des différents aspects qui
caractérisent le commerce international :
mondialisation des échanges, nanciarisation
de l’économie, nouvel ordre géopolitique, ...
Peut-on tracer des perspectives à long terme ?
Pour cela, il sut de revenir à nos fondamentaux.
• La demande. Ce sera, en 2050, celle de 9 milliards
d’habitants (+ 40 %), accrue par une élévation constante
du pouvoir d’achat, et avec lui, du niveau d’alimentation
de nombreux pays. C’est l’épuisement de la ressource en
énergies fossiles et le relais notamment des biocarburants
dont plusieurs pays font un levier d’indépendance
énergétique (USA) ou de développement économique
Le point sur …
les marchés mondiaux des matières premières agricoles
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Caractéristiques du contrat
à terme européen sur le lait
• Lancement de ce nouveau contrat à terme : 18 octobre 2010
• Place de négociation : Paris Euronext
• Sous-jacent coté : poudre de lait écrémé
• Taille d’un contrat : 24 tonnes
• Mode de cotation : en euros par tonne
• Lieux de livraison possibles : Anvers, Hambourg, Rotterdam
• Dates de livraison : janvier, mars, mai, juillet, septembre,
novembre
Place du blé
dans le monde
• UE : 140 millions de tonnes
• Chine : 115 millions de tonnes
• Inde : 80 millions de tonnes
• USA : 60 millions de tonnes
• Russie : 60 millions de
tonnes… sauf en 2010
La volatilité des prix agricoles :
une histoire ancienne
La volatilité des prix des produits agricoles a un caractère
structurel, illustré d’ailleurs par la récurrence des crises agricoles.
Dès 1696, l’Anglais Gregory King traduisait la forte sensibilité
des prix agricoles aux variations de la production : "Suite à une
récolte dont le volume est d’un dixième inférieur à sa valeur
habituelle, les prix augmentent de trois dixièmes" .