ARCADIE - en bio les saveurs du monde - 2013
Le “retour à la terre”est à la mode, dans ces années-là.
Au surlendemain de mai 68, quand l’espoir d’un monde
changé par les forces politiques disparaît de l’horizon.
Où l’on décide de ne plus attendre que “tout le monde
s’y mette en même temps”, et de se jeter à l’eau tout seul.
Une époque où le chômage n’existe pas, pas plus que
le RMI, ou le RSA, où, par conséquent on n’attribue pas
encore à l’emploi salarié l’importance qu’il a de nos jours.
Peut-être parce que l’on sait qu’on peut y revenir si le
besoin s’en fait sentir.
Mais c’est
aussi
l’époque où
lorsqu’on
choisit de
quitter le
bateau pour
se jeter à
l’eau, c’est
sans bouée.
Alors on
quitte le
bateau, on
réunit les
économies
disponibles,
on achète
à crédit
un coin de
terre, pour y vivre libre, sans concessions. On l’achète
dans l’inconscience la plus totale, on ne fait pas
d’étude de marché, on s’appuie sur le réseau encore
très ténu de ceux qui ont sauté avant vous, et qui vous
signalent ces fameux coins de terre, ravis qu’ils sont de
vous voir les rejoindre...
On les rejoint, on n’est plus tout seuls dans une ville du
nord, mais nombreux dans un pays du sud quasi déserté
de ses habitants traditionnels. On remplit l’école du
village : classe unique, 18 enfants dont 1 du pays et 17
“néo-ruraux” comme on disait alors.
- “Oh ! à Camps-sur-l’Agly, il n’y a plus personne à cette
heure”, soupirait le paysan.
Et pourtant 4 ou 5 familles s’y étaient installées depuis
deux ou trois ans.
Puis, emplis d’enthousiasme, on invente des moyens
de vivre, de gagner les quelques sous dont on va avoir
besoin, quand même, pour acheter ce qu’on ne pourra
pas produire.
On produit beaucoup, et on vend ou on troque: le
fromage, le lait, les légumes, les fruits, les vêtements
usagés, les bottes pour la boue (celles qui sont trouées
mais qu’on peut encore utiliser un peu, quand il ne pleut
pas trop), les réparations de voiture... Mais il faut plus
que ça pour payer la sécurité sociale des agriculteurs
(calculées au même taux à l’hectare que dans la Beauce),
et pour rembourser les emprunts au Crédit Agricole.
Donc on se forme, Brevet Professionnel Agricole, puis
spécialisation plantes médicinales, on fonde à plusieurs
une coopérative, on expédie une première commande,
on embauche une première salariée, et les jours
commencent à passer plus vite et ça ne va pas s’arrêter...
On passe du bureau aux champs, pour cultiver, récolter,
sécher, inventer encore, et des champs au bureau, pour
répondre au courrier, préparer les commandes, ou les
expédier. On gère les premiers impayés. Il n’y a pas de
ns de mois diciles. Il n’y a pas de ns de mois puisqu’il
n’y a pas de salaire. Il y a des jours diciles. On est prêt à
abandonner, on continue quand même. On modie les
statuts comme on achète des chaussures neuves à un
enfant qui grandit.
La chance est avec nous. Si, dans les années 70, il fallait
être visionnaire pour vouloir “manger bio”, si, à cette
époque, on traversait la France pour chercher son riz en
Camargue, ou son huile à Pont-St-Esprit, dans les années
80, les circuits de distribution des produits bio sont en
train de naître, et nous accueillent à bras ouverts.
On fait le grand écart ; alors, un jour, sans vraiment
s’en rendre compte, on abandonne complètement les
champs, parce que la comptabilité, la commercialisation,
nous absorbent. On devient salarié. On troque beau-
coup moins. On embauche. Peu à peu on augmente
le catalogue, on importe des épices, on propose des
légumes déshydratés, des champignons séchés, des
arômes.
On déménage, parce que les locaux sont trop exigus,
une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, avant d’arriver
à Méjannes-lès-Alès, en 2005, pour emménager dans
des locaux conçus pour nous, construits pour nous.
Et à ce moment-là, ce moment où une partie des
problèmes posés sont réglés, où le petit bateau semble
tenir la mer et ne plus risquer de sombrer à la première
méchante vague, on décide de renouer avec la terre, de
réinventer un lien plus serré et plus juste entre Arcadie
et les producteurs.
Comme au jeu de l’oie, on revient à la case départ.
il était une fois... Arcadie
L’histoire d’Arcadie prend sa source dans l’amour
des plantes, de la botanique.
D’année en année ces circuits vont s’étoer,
se multiplier, et nous n’aurons pas de mal à faire
accepter nos sachets de tisanes, dans les rayons
et chez les consommateurs.
L’objectif des années à venir est là : recréer autour d’Arcadie un réseau de producteurs
et de cueilleurs, partenaires du développement des plantes médicinales de culture biologique.
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