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de dévastations, de massacres. Nos Gaulois, en particulier
ceux de la noblesse, amollis et même corrompus par le goût
ét la recherche de toutes ]es élégances, s'accoutumèrent dif-
• licdement, cela n'étonne guère, au contact de ces rustiques
étrangers. Sidoine Apollinaire nous les représente comme
des géants,
gigantes,
ou du moins des hommes de sept pieds,
sepiipecles,
inondant de beurre rance leur luxuriante chevelure,
infundens acido comam butyro,
et offensant les narines gau-
loises par une forte odeur d'ail et d'oignon'. Ainsi notre évê-
que délicat et bel esprit ne pardonne pas à une nation de
forestiers, de bûcherons, d'avoir conservé sa vigueur et ses
moeurs natives
,
eri quittant ses tanières des montagnes noi-
res; niais il n'a rien de plus dur à dire contre elle, même en
vers, même dans une épître confidentielle à un ami. II est
Gaulois, il al'orgueii de sa race: il déteste et fuit tous les bar-
bares, sans discerner, comme 111e confesse à Philagrius, les
bons des méchants. Quoi qu'il en soit, il n'accuse pas, lui
min plus, les Bourguignons d'avoir eu, comme d'autres bar-
bares, le goût du meurtre, et d'avoir marqué leur passage dans
les Gaules par une longue trace de sang.
Alors mêtiie qu'ils habitaient leurs forêts et leurs cavernes,
ces géants,, qui n'étaient pas des guerriers nomades, mais des
artisans sédentaires, ne s'étaient fait connaître dans le monde
latin- que par leur humeur paisible. L'historien Socrate dit sim-
plement sur les Bourguignons :
«
lis mènent une vie toujours
u tranquille
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.» Paul Orose, instruit, vers l'année 416, de leurs
bons rapports avec les Gaulois rhénans, nous atteste qu'ils les
traitaient, après avoir conquis leur pays, non comme des vain-
cus, mais comme des frères chrétiens, avec la plus grande
Carme,, cd Cauzllinum. -
Hist.
eccics. tib. Vii, c. xxx.