
L’argumentation en philosophie : 
Elle tient évidemment une place essentielle.  
Il n’y a au fond en philosophie que deux démarches, symétriques : transformer un problème en un 
texte supposé y apporter une réponse argumentée, soit ce que l’on appelle à l’écrit une dissertation ; 
saisir un problème dans un texte, soit ce que l’on appelle une explication de texte. Dans les deux cas, 
il s’agit d’argumenter, ou de saisir le mouvement et la portée d’une argumentation déjà élaborée. 
L’argumentation  est  donc  l’un  des  aspects  de  « l’union  substantielle »  - clin  d’œil  cartésien 
lourdement  appuyé –  de  « l’exercice  réfléchi  du  jugement »  et  de  « l’acquisition  d’une  culture 
philosophique  initiale »  qui  sont  les  deux  finalités  de  l’enseignement  en  terminale  selon  les 
programmes actuels. 
Ce  caractère  central,  le  lien  indissoluble  entre  réflexion  et  culture,  conduisent  plutôt  à  ne  pas 
proposer  d’  « exercices  argumentatifs »,  et  à  toujours  lier  l’argumentation  à  une  démarche 
philosophique  effective,  d’approche  d’un  problème  ou  d’explication  d’un  texte.  En  revanche, 
l’attention peut et doit être portée à tel moment sur ce qui fait la valeur d’un argument ou d’une 
ligne argumentative. Mais la question générale de savoir ce qui fait qu’une argumentation est valide 
peut être précisément examinée lors de l’examen des notions de vérité ou de démonstration. 
De ce point de vue, et à la différence de la démonstration, conçue comme un pur processus logico-
mathématique  (d’où  la  question  de  savoir  s’il  y  a  des  démonstrations  en  philosophie), 
l’argumentation a par essence un caractère dialogique, par où l’étymologie fait entendre non qu’il 
faut être deux, mais que, comme dans diaphane, quelque chose a lieu au travers du discours, de la 
raison,  entre  des  pôles  (au  moins  deux,  ce  qui  permet  de  récupérer  la  distinction 
monologue/dialogue).  Si  l’on  peut  espérer  que  l’argumentation  vise,  non  la  persuasion,  mais  la 
conviction, et d’abord celle de celui qui la met en œuvre, la production d’un argument ou d’une suite 
d’arguments  suppose  une  attention  constante  aux  objections  qu’elle  peut  susciter,  ou  aux  limites 
qu’elle  peut  rencontrer  (ce  que  vise  la  définition  platonicienne  de  la  pensée  comme  dialogue 
silencieux de l’âme avec elle-même). 
En  ce  sens,  on  pourrait  opposer,  comme  le  fait  Deleuze,  argumentation  et  dialogue  d’un  côté, 
discussion de l’autre : les dialogues platoniciens commencent vraiment quand la discussion s’arrête, 
et qu’une argumentation est proposée pour répondre à une question que la discussion initiale a fini 
par dégager, argumentation soumise à l’approbation du répondant. 
On peut dire  que l’argumentation en philosophie, et en  classe de philosophie, engage toujours les 
questions  suivantes : 1°  celle  de  sa  cohérence  logique ;  2°  celle  de  sa  pertinence  par  rapport  à  la 
question  posée ;  3°  celle  de  sa  portée,  que  l’examen  d’objections  possibles  permet  d’établir,  de 
restreindre,  en  particulier  en  se  demandant  dans  quels  cas,  dans  quelle  mesure,  ou  à  quelles 
conditions, ou en quel sens elle est pertinente. Cela revient à poser qu’une argumentation d’a pas de 
valeur  absolue,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu’elle  est  juste  subjective  ou  arbitraire,  mais  qu’elle  est 
toujours relative à une certaine manière de poser un enjeu. 
Il n’y  a  pas  de  schéma  argumentatif type pour la mise en  œuvre de ces exigences. C’est  pourquoi 
aucun plan n’est obligatoire, ni pour la dissertation, ni pour l’explication de texte.