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Module 3 La mondialisation économique et financière
La dynamique de la mondialisation financière
Constitution et fonctionnement du marché mondial des capitaux
Programme
On étudiera le développement des mouvements de capitaux depuis le XIXme siècle, puis on analysera le processus de
globalisation financière. On présentera les caractéristiques des principaux flux financiers actuels et on mettra en évidence les
interactions entre les différentes composantes du marché des capitaux. On s’interrogera sur les justifications de la globalisation
financière et sur ses effets sur l’allocation du capital à l’échelle mondiale.
1. Les mouvements de capitaux du 19ième siècle aux années 1970 : rappels
1.1 De la « première mondialisation » à la période de l’entre-deux-guerres
Document 1 : déséquilibres courants et circulation transnationale des capitaux
Au cours de cette période (1870-1913), les flux de capitaux et les revenus des investissements extérieurs triplent
tous deux. Au final, les déséquilibres courants poursuivent leur croissance avec une composition des déséquilibres
similaires à la période précédente. D’autre part le club des pays excédentaires s’élargit. La Grande-Bretagne est
rejoint par la France, l’Allemagne puis les États-Unis. La balance des paiements de la France témoigne de la mise
en place d’une boucle excédent courant - investissements à l’étranger - revenus.
Source : Jean-Baptiste Gosse « Le cycle britannique des déséquilibres financiers internationaux (XVIème siècle - 1944) »,
2008
Document 2 : la répartition géographique des investissements à long terme
En 1913, le stock mondial d’investissements étrangers à long terme s’élevait à 44 milliards de dollars dont 41%
provenaient du Royaume-Uni. Entre 1875 et 1914, près du quart de l’épargne britannique s’est dirigé vers
l’extérieur. La concentration géographique des flux de capitaux à long terme est forte. Ainsi, en 1913, 75% du
stock de capitaux extérieurs étaient concentrés sur sept pays de la périphérie : Afrique du sud, Argentine, Australie,
Canada, Etats-Unis, Inde et Nouvelle-Zélande. (…)
Au niveau des capitaux à long terme, trois autres centres exportateurs représentent une part significative des
investissements extérieurs en 1913 : la France avec 20% du stock mondial de capitaux à long terme, l’Allemagne
(13%), et un groupe composé de la Belgique, des Pays-bas et de la Suisse (13%). L’Europe absorbe 60% des
exportations de capitaux de la France et 50% de celles de l’Allemagne. Les principaux pays récepteurs sont la
Russie (1/3 des placements français), la Suède, l’Italie et la Norvège.
Source : Jean-Pierre Allegret et Pascal Le Merrer « Economie de la mondialisation. Opportunités et fractures », De Boeck,
2007, p.68
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Document 3 : les crédits commerciaux et les investissements à court terme
Le financement du commerce mondial par le recours à l’endettement à court terme est une pratique courante au
19ième siècle. Bloomfield (1963) rappelle ainsi que l’endettement international à court terme est allé de pair avec
l’augmentation du commerce mondial pour se monter à 2,9 milliards de dollars en 1913. Dans ce réseau de
financement à court terme du commerce, l’Angleterre occupe une place prépondérante. (…) Le Royaume-Uni est
un centre financier complet : il traite à l’échelle mondiale les capitaux à long terme et à court terme. (…) Même
s’ils sont moins importants que dans la période contemporaine, ils n’en sont pas pour autant absents. Ils reposent
essentiellement sur la détention de balances sterling par des agents non résidents.
Source : Jean-Pierre Allegret et Pascal Le Merrer « Economie de la mondialisation. Opportunités et fractures »
Document 4 : synthèse compléter le tableau
Objectif de la circulation des capitaux
Pays « exportateurs » de
capitaux
Pays « importateurs » de
capitaux
A court terme
A long terme
Document 5 : la « démondialisation » financière de la période d’entre-deux-guerres
Source : Jean-Baptiste Gosse « Le cycle britannique des déséquilibres financiers internationaux (XVIème siècle - 1944) »,
2008
Document 6 : synthèse « démondialisation financière »
Montant des
déséquilibres de la
balance courante en % du
PIB mondial
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1.2 La période de l’étalon de change-or et l’apparition des eurodollars
Document 7 : Bretton Woods, importance du commerce international et faiblesse des mouvements de
capitaux
Au lendemain de la seconde guerre de 1939-1945, le souci central est de permettre un renouveau du commerce
international mis à mal par le conflit et les désordres économiques qui l’ont précédé. Ce souci conduit à
l’organisation, décidée à Bretton Woods, d’un véritable système monétaire international. Pour la première fois, ce
système repose sur un accord entre nations. Les signataires acceptent le maintien de parités de changes fixes,
modifiables seulement après consultation du Fonds monétaire international ; en même temps, ils s’engagent à
mener des politiques qui évitent un déséquilibre de leurs balances courantes. Chaque pays contribue, en outre, en
cas de besoin à la constitution des réserves du Fonds. Il pourra, en échange, tirer sur ces réserves pour défendre, en
cas de besoin, sa parité de change. Le double principe sous-jacent à l’ordre monétaire qui se constitue (fixité des
changes et équilibres des balances courantes) n’exclut pas l’apparition de déséquilibres temporaires ; la possibilité
d’accéder aux ressources du Fonds monétaire international donne à un pays dans cette situation des moyens plus
importants pour défendre la parité de sa monnaie. Si, toutefois, après consultation du Fonds, la raison du déficit
apparaît comme étant non pas temporaire mais fondamentale, un changement de parité pourra intervenir. En faisant
ainsi de l’équilibre courant la norme, les accords de Bretton Woods excluent des transferts d’épargne significatifs
entre pays. Leur ambition est d’abord d’aider au rétablissement des flux commerciaux internationaux, celui des
mouvements de capitaux viendra plus tard. (…) Les années 1950 et la plus grande partie des années 1960 sont
marquées par un progrès continu de l’intégration commerciale accompagné, conformément à la logique de Bretton
Woods, de déséquilibres commerciaux épisodiques et d’un faible développement des mouvements de capitaux.
Le problème central est alors de permettre aux réserves de change de progresser aussi vite que le commerce
international. (…) Chaque pays doit accumuler, en dollars, les réserves dont-il a besoin pour assurer la stabilité du
cours de sa monnaie.
Source : Anton Brender et Florence Pisani « Les déséquilibres financiers internationaux », La découverte, 2007, p.8-9
Questions :
1) Avec le SMI de Bretton Woods, quelle place est donnée aux échanges commerciaux
2) Quelle place est donnée aux déséquilibres courants ?
3) Quelle conséquence cela a-t-il sur le financement externe des pays et la circulation mondiale des
capitaux ?
4) Les réponses aux questions 1 et 2 vous semblent-elles cohérentes ?
Document 8 : rappel, les marchés des eurodollars
Le terme d’activité bancaire hors frontières (offshore en anglais ; en français, les activités financières offshores
désignent plutôt celles enregistrées dans des paradis fiscaux) est utilisé pour décrire les opérations bancaires
réalisées en dehors du pays d’origine. (…) Un dépôt hors frontières est un dépôt bancaire libellé dans une monnaie
différente de la monnaie du pays la banque réside : par exemple, un dépôt en yens dans une banque à Londres,
ou encore un dépôt en dollars dans une banque à Paris. Ces dépôts se sont développés parallèlement à l’activité
bancaire hors frontières. Le terme d’eurodevises ou d’euromonnaies est souvent employé pour signer ces dépôts,
et l’on parle encore couramment d’eurodollars lorsqu’il s’agit de dépôts en dollars en dehors des Etats-Unis. La
raison est simple : initialement, ces dépôts étaient enregistrés dans des banques localisées en Europe et qualifiées
d’eurobanques. Aujourd’hui cette terminologie prête à confusion puisqu’on trouve des dépôts en monnaies
étrangères partout dans le monde ; l’avènement de l’euro n’a fait qu’ajouter à la confusion terminologique !
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.656
Questions :
1) qu’appelle-t-on un eurodollar ?
Document 9
Les eurodollars apparaissent à la fin des années 1950, en réponse aux besoins générés par le volume croissant du
commerce international. Les firmes européennes qui souhaitent détenir des comptes en dollars ou emprunter en
dollars sont alors nombreuses. Les banques aux Etats-Unis sont tout à fait en mesure de satisfaire à ces demandes,
mais les entreprises européennes considèrent alors plus commode et meilleur marché de traiter avec leur propre
banque. Ce développement des eurodollars se poursuit à mesure que les monnaies européennes deviennent
convertibles. En 1957, au plus haut de la crise de la balance des paiements, le gouvernement britannique interdit
aux banques locales de prêter des livres sterling pour financer du commerce non-britannique. En réaction, les
banques britanniques ont commencé à collecter des dépôts et à octroyer des prêts en dollars. (…) C’est ainsi que
Londres est devenue et reste encore la plaque tournante du marché des eurodevises.
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Parmi les raisons politiques qui ont contribué au développement des eurodevises, on peut citer la guerre froide
entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. A cette époque, les Soviétiques craignent que la dégradation des
relations entre les deux puissances ne conduise les Etats-Unis à saisir leurs fonds placés dans des banques
américaines. Ils décident alors de replacer ces fonds en dollars dans des banques européennes, c’est-à-dire en
dehors de la juridiction américaine.
Les eurodollars connaissent un nouvel essor dans les années 1960, avec les nouvelles restrictions sur les sorties de
capitaux aux Etats-Unis et la nouvelle réglementation bancaire alors que la balance des paiements s’affaiblit dans
les années 1960, les administrations Johnson et Kennedy imposent des mesures visant à décourager les prêts
américains à l’étranger. Ces mesures conduisent à un accroissement de la demande de prêts en eurodollars.
La réglementation Q imposée par la Fed aux banques américaines a aussi encouragé le développement des
eurodollars dans les années 1960. Cette réglementation (établie en 1933 et abolie en 1986) fixe un plafond sur la
rémunération des dépôts à terme dans les banques américaines. (…) Les banques américaines n’attirent plus de
dépôts à terme et il devient plus difficile de prêter. Elles décident alors de contourner la réglementation en
empruntant auprès de leurs filiales européennes. En effet, ces dernières ne font face à aucune restriction quant à la
rémunération des dépôts à terme en eurodollars et attirent de ce fait des investisseurs qui auraient placé leurs fonds
dans des banques américaines en l’absence de réglementation. (…)
De nombreux facteurs expliquent l’essor des eurodevises, mais le facteur le plus important repose sans doute sur
les différences de réglementations. De manière générale, les dépôts en monnaie domestique sont plus réglementés,
car c’est un moyen de contrôler l’offre de monnaie. A l’inverse, les banques sont beaucoup plus libres dès qu’il
s’agit de dépôts en monnaies étrangères sans impact sur la politique monétaire nationale.
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale », 9ième
édition, Pearson, 2013, p.656
Document 10 : synthèse
Expliquer le développement des eurodollars durant le système de
Bretton Woods
Facteur ?
contournement de
la réglementation
ou géopolitique
Années
1950 :
Les monnaies européennes ne
sont pas convertibles :
La guerre froide :
La réglementation britannique :
Années
1960
La réglementation américaine
sur les sorties de capitaux :
La réglementation américaine
sur la rémunération des dépôts :
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2. Les caractéristiques de l’accroissement des flux internationaux de capitaux et de
l’intégration financière depuis les années 1970
2.1 Des similarités avec la première globalisation
Document 11 : une mesure de l’intégration financière international (1870-2012)
(valeur absolue moyenne du solde extérieur courant en % du PIB)
Source :
A.Bénassy-Quéré « Economie internationale », Economica, 2014, p.29
Question :
1) si le solde extérieur courant augmente en moyenne, quelle doit être la conséquence sur le rôle de l’épargne
nationale dans le financement de l’économie : doit-il baisser ou augmenter ?
Document 12 : l’évolution de la corrélation épargne domestique et investissement domestique
Une autre mesure du degré d’intégration financière internationale porte sur la corrélation épargne-investissement.
Prenant appui sur l’approche de Feldstein et Horioka (1980), on considère qu’une faible corrélation entre l’épargne
et l’investissement domestiques signifie une mobilité élevée des capitaux.
Source : Jean-Pierre Allegret et Pascal Le Merrer « Economie de la mondialisation. Opportunités et fractures », De Boeck,
2007, p.71
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