![](//s1.studylibfr.com/store/data-gzf/b626724bb82982dc87d91d90e14eb22b/1/005778136.htmlex.zip/bg3.jpg)
III. Le poète, entre Spleen et Idéal
a) Le bonheur impossible
Le vers 12 révèle une rencontre marquée par l’impossibilité. Le désespoir du poète est
marqué par le rythme en gradation « Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être ! »,
2 pieds → 4 pieds / 2 pieds → 4 pieds
la ponctuation expressive, l’adverbe de temps « jamais » en italique, ce qui montre qu’il a
conscience que le rêve de retrouver cette femme est un leurre.
Au vers 13, la séparation est mise en valeur par
- le chiasme, qui, dans sa syntaxe, la mime
- celui-ci est renforcé par la césure, qui marque l’ignorance et l’éloignement réciproque des
deux personnages
- la répétition des pronoms, qui montre l’opposition entre eux
- la différence des verbes : « fuis » → départ précipité, « vais » → errance malheureuse.
La pointe dans le derniers vers est une invocation : anaphore de l’apostrophe lyrique « ô ».
L’emploi du plus-que-parfait du subjonctif « que j’eusse aimée » évoque un passé lointain,
irréel, un amour demeuré imaginaire.
b) Le poète en attente de l'idéal : la fugacité de la beauté
Le poète se trouve en position d'infériorité par rapport à la femme. Il est « crispé » (vers 6),
par opposition à la mobilité de la passante : « passa » (vers 3), « agile » vers 5), « fugitive »
(vers 9).
Au vers 11, le mot « éternité » s’oppose au terme « passante ». Celle-ci ne peut être revue
car elle est par nature, évanescente et insaisissable. Elle est l'expression de l'éphémère. Sa
beauté a de la valeur justement parce qu'elle est fulgurante.
Conclusion
Dans une grande ville moderne, le poète relate la rencontre fulgurante avec une femme à la
beauté saisissante, mais inaccessible. Ce poème est représentatif de la tonalité des poèmes
de la section Tableaux parisiens, où se croise sous les yeux du promeneur la multitude des
personnages fascinants ou émouvants qui peuplent le Paris du Second Empire. Il peut être
relié à la fois à l’Idéal, avec la beauté saisissante de la passante, et au Spleen, avec le
désespoir du à l’éphémérité de l'amour, ressenti l'espace d'un instant et disparu à jamais. Ce
sonnet a été à l'origine d'un mythe littéraire moderne, celui de la belle passante. La figure de
la passante, apparition féminine fulgurante entrevue dans une foule par le poète saisi et
fasciné, hante en effet de nombreuses œuvres des XIXème et XXème siècles, dans des genres
littéraires différents.