Psychopathologie de la sexualité I. Généralités - - - - - 1. Aspects historiques 1960 : Masters & Johson : follow-up d'une sexothérapie, nouvelles classifications (troubles primaires et secondaires, troubles de la phase orgasmique), réhabilitation de l'orgasme clitoridien (par mesures physiologiques de la réponse sexuelles). 1970 : Kaplan : compréhension psychodynamique, notions de désir/excitation/orgasme 1980 : Approches urologiques (chirurgicales) : reconnaissance de la fréquence des problèmes organique (impuissance masculine après 55 ans) 1980 : SIDA : obligation de parler de la sexualité, intérêt pour les problèmes d'identité et de déficits du désir sexuel dans le contexte d'homosexualité 1980 : Abus sexuels : pics d'abus pour les filles avant 2 ans, traitement des abuseurs 1990 : Clinique de la sexualité : sexothérapie, recherche interdisciplinaire sur identités sexuelles 2000 : Viagra : bouleversement social : les patients parlent spontanément de sexualité 2. Définitions et concepts associés Désir : fantasmes sexuels et désir d’une activité sexuelle Excitation : sensation subjective d’un plaisir associé à des changements physiologiques Orgasme : acmé et pic de plaisir sexuel avec relâchement de la tension sexuelle Résolution : sensation de détente musculaire et sentiment de bien-être général Influences socioculturelles sur la sexothérapie : Culturel : plus d'attention portée aux problèmes sexuels dans littérature et médias Santé publique : maladies sexuellement transmissibles (HIV / Sida) Changements de la structure familiale : familles monoparentales, conjoints travaillant tous les deux, vieillissement de la population, changements de définition d'une sexualité "saine", répercussions des abus pendant l'enfance Guerre des sexes chute de la démographie? Sexualité : définitions : Pulsions/énergies psychologiques participant au développement de l’attachement, du narcissisme et de l’estime de soi Expérience identitaire générée par des facteurs anatomiques, physiologiques et par des facteurs d’orientation et d’intention Capacité physiologique d’expérimenter un désir, une excitation et un orgasme Ressource affective pouvant mener à une bonne/mauvaise qualité de vie et à une longue/courte durée de survie Répertoire de comportements intimes avec un/des partenaire(s) associés à des sens divers déterminés par l’histoire du sujet et par le contexte culturel Réponse émotionnelle (désir, excitation par exemple) qui détermine l’orientation psychologique vers soi et vers les autres Mécanisme de réparation de soi (affects dysphoriques, estime de soi, image du corps) Termes liés à la sexualité : Synonymes du verbe aimer : admirer, adorer, apprécier, avoir dans la peau, avoir le béguin, chérir, désirer, en pincer pour, être fou de, idolâtrer, plaire, s’amouracher, s’éprendre de 1 - - - - - - - - Synonymes du mot amour : adoration, affection, amitié, ardeur, attachement, attirance, béguin, coup de foudre, désir, dévotion, envie, ferveur, flamme, passion, penchant pour, sentiment, vénération Types d’amour : amour passionné, amour romantique, amour véritable, amour pur, amour de compagnonnage, amour spirituel, amour sexuel Constituants de l’amour adulte (Sternberg, 1988) : Passion : désir et plaisirs sexuels Intimité : amitié Engagement : décision d’être ensemble Catégories d’amour (Sternberg, 1988) : Amour passionné : passion Amour romantique : passion + intimité Amour accompli : passion + intimité + engagement Amour de compagnonnage : intimité + engagement Amour superficiel : passion + engagement Amour vide : engagement Composantes de l’expression sexuelle humaine : identité de genre, orientation, intention, désir, excitation, orgasme, satisfaction, capacité d’intimité (influences mutuelles) 3. Composantes de l’identité sexuelle a) Identité de genre Le fait de se sentir homme ou femme (biologique et environnemental) Si incongruence avec le sexe biologique transsexualisme, se sentir hors normes, faible estime de soi, évitement des relations intimes/sexuelles, recherche de partenaires inappropriés, isolement social et émotionnel b) Orientation Liens entre les émois sexuels et l’attirance envers une autre personne Expression objective : la personne avec laquelle on choisit de s’engager dans une relation sexuelle (homosexuel, hétérosexuel, bisexuel, asexuel) Expression subjective : dans les fantasmes érotiques (homo-, hétéro-, bi-, anérotique) Incongruence objectif/subjectif anxiété, dépression, perte de désir sexuel Problèmes d’orientation souvent liés à l’homosexualité et à l’érotisme subjectif homoérotique (sans homosexualité objective) c) Intention Ce que l’on a envie de faire avec son partenaire sexuel : Intentions conventionnelles : affection, confiance, désir de plaire, donner du plaisir Intentions non-conventionnelles : agressivité, hostilité, humiliation, désir de blesser ou d’être blessé, exposition à un étranger, contact sexuel forcé avec un partenaire non-consentant Nécessaire d’investiguer les fantasmes/rêveries érotiques pour découvrir/comprendre les intentions . Troubles des intentions chez détenus pour comportement sexuel criminel, perversion = trouble au niveau de l'intention d) Comportements sexuels Ensemble des comportements associés et/ou produisant érotisme, romantisme, excitation et orgasme Définis socialement et culturellement, varient dans une même culture (ex: homosexuels) 2 4. Composantes du fonctionnement sexuel Continuum de l’excitation sexuelle : désir – excitation – orgasme – satisfaction Désir sexuel : pulsion biologique poussant à être sexuel, désir de s’engager dans un comportement sexuel, envie de faire vivre une expérience sexuelle à son corps. Excitation sexuelle : expérience corporelle, excitation subjective qui peut précéder ou suivre le désir. Orgasme : point culminant de l’excitation sexuelle, contractions rythmiques et sensation de plaisir. Satisfaction et sentiment d’intimité : résultat de ce processus (si sans problèmes). Satisfaction stabilité relationnelle. a) Désir sexuel Construction complexe incluant dimensions psychologiques, cognitives et comportementales et déterminée par le développement individuel et les influences culturelles Désir et excitation sont liés Les variations du désir sexuel dépendent des pensées et fantasmes sexuels, de l'intérêt pour les comportements sexuels, de la perception de signaux sexuels, de la frustration sexuelle, d'influences sociales, de la présence/absence d'androgènes (pas de la testostérone). Accroissement en pré- et post-menstruel. b) Excitation sexuelle Sentiments subjectifs associés chez l’homme à une tumescence pénienne, chez la femme à une vasocongestion pelvienne et à une lubrification vaginale Erections nocturnes associées à la phase REM influencées par la présence / absence de testostérone dans des cas d’hypogonadisme ( pas d’érections nocturnes) Influence du VIP (vasoactive intestinal peptide) et de la testostérone sur le flux de transsudation du plasma vers la cavité vaginale Influence de l’hypothalamus antérieur et du circuit limbique Mesures des changements hémodynamiques durant l’excitation féminine par la photoplethysmographie c) Orgasme Femme : contraction rythmique du périnée et des organes génitaux, changements respiratoires et cardiovasculaires Homme : phase d’émission de sperme sous le contrôle thoraco-lombaire résultant en une libération de noradrénaline agissant au niveau des récepteurs adrénergiques des muscles lisses des canaux déférents et des vésicules séminales, phase d’éjaculation : sous l’effet d’un réflexe spinal, une contraction clonique des muscles striés entourant l’urètre entraîne la projection du sperme Accroissement de l’ocytocine plasmatique durant l’orgasme chez l’homme et la femme associé aux mesures psychophysiologiques (contraction du périnée, TA). Plus de récepteurs à l'ocytocine chez les animaux monogames. d) Capacités d’intimité Voir schéma page 25 - 5. Types, genres et rôles sexuels : développement a) Type et genre sexuel Type : objectif, biologique Genre : subjectif, psychologique / social Recouvrent de multiples catégories déterminées par facteurs génétiques, développement fœtal, facteurs hormonaux, organes sexuels internes/externes. Hermaphrodisme, pseudo-hermaphrodisme. 3 - - - b) Rôles sexuels Traits et comportements anticipés dans une culture pour les hommes et les femmes Relations précoces : interaction avec un adulte influencée par le sexe du bébé, expériences tactiles et kinesthésiques , déterminent ultérieurement chez l'adulte le type de plaisir et d'intimité recherchés (soi sexuel). Petite enfance : éducation dans un monde sexualisé, dénomination des organes sexuels (silence et mutilations) Enfance : histoires à thème sexuel ou romantique (garçons : sexuellement explicitent, filles : histoires romantisées) Adolescence : fréquence comparable de fantasmes, de comportements masturbatoires et de relations sexuelles (filles : tristesse, insatisfaction et ambivalence, parlent moins spontanément, garçons : fréquence statut social). Adulte : scénarios sexuels, différenciation réduite (femmes : moins actives, moins focalisées sur le plaisir, satisfaites, hommes : focalisé sur ses performances, s'exprime peu), 50 % de dysfonctions et difficultés sexuelles (plus de femmes et plus de femmes conscientes des problèmes de leur époux), renoncement avec l'âge pour éviter échecs de performance, femmes âgées sans sexualité active. II. Investigation de l’histoire sexuelle - - - - - - 6. Généralités Nécessité de compétences relationnelles Particularités/difficultés des entretiens concernant les problèmes sexuels : sexualité = partie intégrante de la santé physique et mentale, problèmes sexuels non exprimés (et non abordés par le personnel soignant) et se manifestant à travers d'autres troubles (dépression, anxiété, faible estime de soi, incapacité à s'engager dans des relations intimes) b) Obstacles pour parler de la sexualité (problèmes de contre-transfert) Manque de connaissance autre que sa propre expérience thérapeute expérimenté : investiguer la sexualité des patients et élargir son cadre clinique de référence Peur des affects générés par une discussion sur la sexualité (crée une intimité qui peut être ressentie comme excitante/perturbante/dangereuse) thérapeute : que pense le patient, peur d'être excité, de donner un faux message, de réveiller un dilemme personnel / patient : impression d'être bizarre, gêne et confusion Gêne liée au vocabulaire sexuel : mots justes ("utilisez vos propres mots", "dites-moi si vous ne comprenez pas") 7. Investigation de l’histoire sexuelle a) Quand Premiers moments (recueil d’informations psychosociales et développementales) permission de parler de problèmes sexuels dans le futur b) Comment Invitation, questions générales et ouvertes puis plus spécifiques. Deux parties de l'investigation de l'histoire sexuelle : passé et fonctionnement actuel. Aspects plus difficiles à aborder : questions très privées (masturbation, fantasmes) et conflictuelles (partenaires pré-maritaux, extra-conjugaux) attendre établissement d'une certaine confiance et réservés pour des entretiens individuels Rencontrer individuellement chaque membre du couple. 4 - - - - - - - - Si plusieurs problèmes, investiguer d'abord celui qui apparaît le plus précocement sur le continuum désir-excitation-orgasme-satisfaction. Tenir compte de l'ordre d'apparition des dysfonctionnements. c) Passé Influences familiales sur le développement sexuel durant l’enfance : qualité des relations familiales, traitement et considération des hommes et des femmes, opinions ou convictions religieuses ou philosophiques, attitudes des parents en matière de sexualité, questions de pudeur, intimité et nudité dans la famille. Identité de genre durant l’enfance : comment vous sentiez-vous en tant que garçon/fille, par rapport à vos amis du même sexe, avec qui préfériez-vous jouer, avezvous souhaité/fantasmé être du sexe opposé, fantasme persistant? Emergence de la sexualité : premiers émois sexuels (avec d'autres enfants?), découverte de la masturbation (quelles sensations?), expériences sexuelles ayant mis mal à l'aise, conscience des attirances sexuelles (orientation). Sexualité adolescente : puberté, avec qui passer le temps, attirances sexuelles (orientation), première relation (par rapport aux amis), importance de la sexualité (trop?), fantasmes sexuels, vous engagiez-vous dans des comportements sexuels qui mettaient vous ou les autres mal à l'aise? (intention) Sexualité adulte : relations amoureuses importantes, relations de séduction (suivies d'une intimité sexuelle?), problèmes sur le plan sexuel, maladies sexuellement transmissibles, safe sex. d) Fonctionnement actuel Questions générales : rôle actuel de la sexualité dans votre vie, activité sexuelle, problème pour vous ou votre partenaire. Genre : comment vous sentez-vous en tant qu'homme/femme? troublé par des aspects de votre masculinité/féminité? Orientation sexuelle (homosexualité souvent primaire chez les hommes, secondaires chez les femmes) : quel partenaire sexuel actuel? exclusivement hommes ou femmes? aimeriez-vous avoir un partenaire du sexe opposé/identique? qui vous attire ou vous fait fantasmer? Intentions : thèmes des fantasmes ou rêveries sexuelles? comportement sexuel qui pose problème à vous ou votre partenaire? Fonctionnement : types de comportements sexuels (préliminaires, sexe pénis-vaginal, oral-génital, anal), problèmes (à quel moment du continuum, primaire vs secondaire, global vs situationnel, problème apparu en premier; si problème primaire influences sur développement de votre identité sexuel, de votre moi sexuel, de votre capacité à entretenir des relations intimes; si problème secondaire, quels changements physiques, médicaux, environnementaux, quels affects) 8. Les plaintes sexuelles les plus fréquemment rencontrées - a) Désir absent, aversif, hypoactif, hyperactif, incompatibilité relationnelle. b) Excitation Masculine : incapacité d'obtenir/maintenir une érection en toutes circonstances, suffisante pour la pénétration quand partenaire, perte rapide d'érection après pénétration Féminine : incapable d'obtenir/maintenir une excitation ou ressens peu en toutes circonstances, jamais assez excitée pour atteindre l'orgasme, atteindre/maintenir l'excitation par la masturbation mais jamais avec un partenaire 5 - - - - - - c) Orgasme Masculin : éjaculation prématurée, incapacité à éjaculer dans le vagin, avec un partenaire, peu de plaisir physique, éjaculation douloureuse, orgasme sans éjaculation Féminin : difficulté à atteindre l'orgasme en toutes circonstances, par le biais des rapports sexuels, avec un partenaire, peu ou pas de plaisir physique dans l'orgasme d) Pénétration Masculine : érection courbée qui rend la pénétration douloureuse et/ou difficile, aucune sensation au niveau du pénis durant les rapports sexuels, érection/pénétration douloureuse Féminine : pénétration impossible à cause de contraction du vagin (vaginisme), aucune sensation dans le vagin durant les rapports sexuels, pénétration douloureuse (dyspareunie) e) Satisfaction Phase de retour des problématiques oedipiennes et préœdipiennes Pas satisfait à cause d’un problème sexuel, sans aucun problème sexuel, par les attitudes/comportements sexuels de mon partenaire 9. Liaisons sexuelles extra-maritales a) Liaison véritable Menant au développement d’un attachement et d’une intimité Liens émotionnels existant avant la relation sexuelle (conscients ou non) La relation sexuelle approfondit les liens mais crée également des attentes Rupture souvent très douloureuse b) Liaison uniquement pour le sexe Rapidement sexuelle sans obligation émotionnelle, sociale ou sexuelle (au-delà de l'acte) Prostituée, rencontre d'un soir, voyage d'affaires ou vacances Acte sexuel n'impliquant aucune connaissance intime de l'autre, ni lien d'attachement Séparation sans peine c) Liaison de transition Ni véritable liaison, ni simple histoire sexuelle (relation sexuelle de convenance) Augmentation des risques de transmission de MST Ambivalence des partenaires suite à une déception récente, allers-retours et indécisions Futur en tant que couple peu probable (réalisé après une certaine période) Rupture d'abord associée à culpabilité/embarras, puis soulagement d) Liaison avec un partenaire sexuel imaginaire Forme de sexualité extra-maritale permettant un évitement de conflits directs avec le partenaire et caractérisée par une masturbation importante Hommes : excitation voyeuriste par photos, vidéos, strip-shows Femmes : communiquer avec des étrangers par téléphone ou internet Dépendance, difficile à abandonner 10. Cas particulier du machisme et du marianisme Machisme : idéal d’une hyper masculinité culturellement définie valorisant l’honneur, les prouesses sexuelles et la domination Marianisme : idéal de la féminité culturellement définie comme une préservation de la pureté, une recherche de la maternité et une condamnation du plaisir, la sexualité féminine se limitant aux putains 6 - 11. Que faire des informations récoltées ? Valeur thérapeutique : raconter son histoire, meilleure compréhension, recentrage du problème Si trouble médical médecin, collaboration médecin/thérapeute Si problème d'origine psychogène nature et signification (souvent inconsciente) des symptômes sexuels III. Sexualité des couples - - - - - - - - 12. Généralités Intimité sexuelle intimité émotionnelle relations ambivalentes < fréquente culpabilité oedipienne et défenses narcissiques oedipiennes et préœdipiennes ( agression) L'être humain désire, aime et hait < séparations primitives! 13. L’agression et l’amour dans le couple a) Hommes Ambivalence envers mère excitante et frustrante attachement/idéalisation de la femme aimée Culpabilité et infériorité par rapport à mère oedipienne idéalisée (infiltration de l'agressivité par l'amour dans relations précoces culpabilité ou agression) inhibition sexuelle ou clivage relations érotiques/désexualisées (maman/putain) b) Femmes Mère hostile/rejetante <>dvlpt de la sensualité et amour du père engagement total envers un homme et culpabilité inconsciente dans le contexte d'intimité sexuelle (relations sadomasochistes) c) Couples Amour « mature » : passion amitié/camaraderie (continuité de la vie du couple) Désir de former un couple forces agressives : attaque contre l'équilibre amourmasochisme destruction de l'amour passionné et emprisonnement/ennui sexuel Voir schémas p.64-66 14. L’alternance des rôles a) Généralités Alternance des rôles maternels dans relation mère-enfant : mère tendre subtilement érotique/affectueuse envers son enfant et partenaire sexuelle de son mari ( toxicité de la relation symbiotique) premiers désirs et frustrations de l'enfant capacité à alterner les rôles dans ses relations intimes ( relation de couple fusionnelle où agression prédomine) b) Hommes Tolérer alternances entre investissement émotionnel et érotique Quitter une femme après satisfaction sexuelle (affirmation d'autonomie) Relation sexuelle avec une femme et engagement émotionnel avec une autre (clivage maman-putain) c) Femmes Alternance des rôles dans leurs interactions avec leurs enfants (transmission) et leurs compagnons/maris (sentiment d’abandon chez ceux-ci) Relation de dépendance à un homme (alternance avec d'autres rôles) 7 - - - - - - - - - Liberté sexuelle plus difficilement acceptée que les hommes : retrouvée une sexualité inhibée par relation mère-fille ( hommes : relation mère-fils inconsciemment érotisée) Projection des aspects sadiques du surmoi sur le partenaire alternance soumission masochiste / rébellion associée à séparations temporaires (discontinuités pour se libérer du surmoi sadique projeté suivies de réapparition de l'amour) 15. Les triangulations Détruisent ou renforcent le couple (fantasmatiquement 6 personnes dans le lit!) Triangulation directe : fantasme de la présence d'une 3ème personne de même sexe (rival oedipien) pourrait mieux satisfaire le partenaire insécurité émotionnelle et jalousie Triangulation inversée : fantasme vengeur par un engagement auprès d'un autre que son partenaire (objet oedipien désiré du sexe opposé) courtisé par deux personnes du sexe opposé Intimité sexuelle normale : alternance rapports sexuels avec identification complète entre partenaires et avec scénarios de triangulations secrètement fantasmés Infidélité maritale : collusion inconsciente au sein du couple de la recherche d'une 3ème personne (idéal pour l'un et rival pour l'autre) Triangulations < souvent dissociation amour érotique et tendre : crainte inconsciente d'un aspect de la relation (intimité), intolérance à l'ambivalence normale de toute relation amoureuse (agression et trahison du "petit maso") Peur < pas de pardon de l'infidélité passée renforce le surmoi impitoyable et plein de ressentiment de l'autre lésé, trahi et abandonné. Capacité de pardonner surmoi mature (reconnaître sa propre agressivité et sa présence dans les relations intimes). 16. Les perversions Utilisation de l’amour au service de l’agression destruction de la relation si éléments agressifs dominent et contrôlent l’excitation sexuelle Dépassement de certaines limites et destruction de l’autre en tant que personne par une utilisation de ses organes génitaux assimilés à des « dispositifs mécaniques » Equilibre pervers : longues relations sadomasochistes (tendances sadiques d'un surmoi perfectionniste et cruel et masochisme expiant une culpabilité oedipienne et préœdipienne), scénarios sadomasochistes plus primitifs (vie en danger, mutilations) Perversions réactions circulaires bien établies, pas de discontinuités normales des relations de couple 17. Relations sociales a) Isolement social Equilibre du couple < clivage couple-environnement social Normal : protection de l'intimité du couple contre "invasion triangulaire" Pathologique : aggravation de la relation destructrice des couples avec perversions sexuelles ou émotionnelles, danger pour le partenaire masochiste b) Vie sociale Relations avec autres couples teintées d'érotisme, besoin du groupe pour décharger agressivité, apaiser les envieux en se disputant en public, afficher un comportement d'harmonie totale Restriction de la vie sociale : empêcher une prise de conscience de la possibilité de vivre des relations plus satisfaisantes, partager les mêmes valeurs dans une alliance contre le monde extérieur (projection commune du caractère sadique de leur surmoi sur l'environnement), force pour survivre (sociétés totalitaires) 8 - - - - - - - - - - Idéalisations et prohibitions de l'environnement : consolidation du couple par libération des idéologies et stéréotypes sexuels (dépassement des demandes d'un surmoi infantile), possibilité de s'isoler socialement pour se protéger des conflits entre environnement et valeurs passées internalisées mais intégration nécessaire quand enfants (couple issu d'une autre culture). 18. Gestion du vieillissement Peur de vieillir, de ne plus attirer son partenaire, d'être abandonné pour un autre. Sensibilité des hommes au vieillissement des femmes ( inhibition sexuelle des deux). Rejet de la vie sexuelle au moment de la vieillesse < nier la sexualité de ses parents. Impact positif du temps : persistance de l'amour malgré agression mutuelle et attaques sadiques, croissance émotionnelle (intégration des expériences de la vie partagée, deuils, futur limité), prise de conscience d'une fin à la vie commune limitant le déni de sa propre mort et initiant un processus de deuil (enrichissement de la vie commune et de la vie après la mort du conjoint). 19. Anticipation de la mort Perspective effrayante de la mort de l’autre : menace d'abandon et de solitude (perte de la mère) croissance de l'amour de l'autre et souhait inconscient de son immortalité Perspective effrayante de sa propre mort : triomphe final du rival oedipien confiance en l'amour du partenaire 20. Fixation pathologique sur un rôle Normalité : alternances de complémentarités entre partenaires offrant une satisfaction mutuelle. Fixation sur un mode unique de relation d'objet = forme de perversité. Fixation inconsciente de chaque partenaire à un rôle particulier risque de conflits maritaux chroniques. Incapacité à accepter alternances de rôle < culpabilité oedipienne ou fixations narcissiques préœdipiennes. Désaccords malentendu : connaissance inconsciente des dispositions de l'autre. Néanmoins défauts de communication peuvent accentuer les conflits. 21. Mensonges Protection contre l'agression (réelle ou fantasmée) de l'autre ou protéger le partenaire de sa propre agressivité (surmoi infantile du partenaire ou surmoi infantile du sujet projeté sur l'autre), d'une blessure narcissique, d'une jalousie ou d'une déception. Au mieux perçu comme une erreur, au pire comme une attaque déguisée (alimente les réactions paranoïdes du partenaire) 22. Hypothèses psychodynamiques a) Surmoi commun au couple Développement normal : précurseurs préœdipiens du surmoi (aspects immatures du surmoi : idéalisation primitive et fantasmes de persécution) graduellement neutralisés, internalisation ultérieure d'idéaux et des censures d'un surmoi oedipien (Jacobson, 1964) Surmoi commun : structure commune de valeurs à partir des fonctions surmoïques de chaque partenaire. Inclut des limites (leur dépassement signale un danger, une trahison). Impact du surmoi commun sur le couple maturité du surmoi de chaque partenaire : Surmoi immature (préœdipien) : précurseurs sadiques du surmoi destruction du couple ou relations sadomasochistes 9 Surmoi mature (oedipien) : intérêt porté au partenaire, responsable de l'autre et de la relation. Vestige des conflits oedipiens difficulté d'exprimer tendresse et attirance sexuelle pour une même personne. Couple normal : présence des 2 types de surmoi. Immaturité du surmoi d'un des partenaires : projection des aspects du surmoi infantile critique excessive de l'objet d'amour (si surmoi mature, peut se rebeller en dépassant les attaques et maintenir l'équilibre du couple) Immaturité sévère du surmoi d’un des partenaires : simple projection (empathie) identification projective (pas de distance relationnelle) rébellion difficile, fréquentes ruptures. Remarque : projection du surmoi l'autre incarne le surmoi sadique persécuteur ou l'autre est l'objet mauvais critiqué par le surmoi sadique. b) Idéal du moi Sous-structure du surmoi essentielle pour tomber amoureux : idéalisation de l'autre < projection de l'idéal du moi Freud (1914) : projection de l'idéal du moi sur la personne aimée réduit l'estime de soi Chasseguet-Smirgel (1985) : accroît l'estime de soi < réalise les aspirations de l'idéal du moi et satisfaction d'aimer et d'être aimé (fusion de l'amour de soi et de l'objet) c) Culpabilité, idéalisation et satisfaction Culpabilité inconsciente < satisfaction obtenue par une relation amoureuse (surtout dans le contexte du mariage) : Liée à une pathologie du surmoi Capacité à la ressentir favorisée par une intégration du surmoi Stimule l'idéalisation comme formation réactionnelle (idéalisation surmoïque = renforçateur puissant de la satisfaction) : capacité prolongée à idéaliser l'autre capacité à vivre de manière satisfaisante l'amour reçu et à désirer donner en retour. Satisfaction suite à idéalisation <> idéal du moi (étapes oedipiennes du développement : relation idéalisée avec les parents associée à une renonciation aux aspects génitaux/érotiques de cette relation) Idéalisation mutuelle chez un jeune couple en conflit avec la résurgence de problématiques issues des relations objectales passées (conflits oedipiens, prohibitions issues du surmoi) réduction graduelle de ces premières idéalisations dans un travail d'intégration de l'érotisme et de la tendresse (Dicks, 1967) Voir schéma p.86 (+notes l'or) Exemple : patiente, vie sexuelle se détériore depuis son mariage : reproche à son mari de s'intéresser exclusivement au sexe, victime culpabilité du mari, mêmes interactions que sa mère avec son père. Relation avec son ex-petit ami satisfaisante sexuellement et amour pour son mari renouvelé coupable de son histoire extramaritale et heureuse des aspects positifs de sa vie maritale conflit, psychothérapie analytique : prend conscience de son incapacité à vivre une relation pleinement satisfaisante sexuellement et émotionnellement avec le même homme. d) Pathologies modérées du surmoi Structure surmoïque commune modérément restrictive sensibilité du couple aux censures/restrictions de la culture environnante Illustration (Kernberg) : Couple marié, communauté religieuse, difficultés interpersonnelles et sexuelles, femme d'intérieur dévouée, homme très occupé par son métier. Elle pense que son mari prend de la distance et la néglige, lui la trouve intolérante et agaçante. 1 0 - - - - Entretiens individuels avec la femme : personnalité hystérique et traits masochistes à un niveau névrotique, parents puritains. Intérêt trop important de son mari pour le sexe. Aime son mari, problème juste sexuel, déçue de son éloignement. Impression de ressembler à sa mère soumise et culpabilisante, réduit son mari à un rôle de partenaire sexuel agressif (culpabilité oedipienne, met en scène comportements frustrants, culpabilisants et contrôlants de sa mère en évitant relations sexuelles avec un homme associé à l'image d'un père dominant). Entretiens individuels avec le mari : traits obsessionnels-compulsifs avec une capacité de relations objectales profondes. Père homme d'affaires admiré puis décevant à l'adolescence, curiosité précoce pour la sexualité des ses sœurs plus âgées réprimée par sa mère (femme apparemment soumise mais manipulatrice), parents heureux de son mariage avec une femme timide de même religion. Manque de réponses sexuelles de sa femme = source d'insatisfaction et de culpabilité secondaire à son incapacité à la satisfaire sa femme, réincarnation de sa mère contrôlante et manipulatrice, lui, rôle de son père défaillant. Entretien commun : réticents à évoquer leurs problèmes sexuels, réaffirmation de l'image d'une relation idéale (surmoi commun, élimination des sentiments agressifs présents dans leur relation par une collusion inconsciente). Femme arrête traitement (prise de parti et exagération des problèmes sexuels par le thérapeute masculin). Traitement individuel du mari pendant 6 ans : femme = femme idéalisée qui lui rappelait sa mère, inhibition sexuelle < culpabilité liée à sa curiosité pour la sexualité de ses sœurs, culpabilité inconsciente concernant son succès professionnel (triomphe sur son père, compensé par un mauvais mariage). Relation satisfaisante avec une autre femme, réaction rageuse et indignée de sa femme (victime), divorce et remariage, résolution de ses inhibitions sexuelles. = Illustration de plusieurs aspects d’une pathologie du surmoi : renforcement mutuel d'une idéalisation rigide des attentes du mariage et des rôles maritaux liés à l'identification du couple avec les valeurs de son groupe social; projection mutuelle et adhérence rigide à un idéal du moi (permettant une stabilité au prix d'un sacrifice des besoins sexuels). e) Pathologies sévères du surmoi Pathologies sévères du surmoi imposition de restrictions par le couple sur ce qu'il trouve intolérable, rationalisations rigides (issues d'une identification avec un surmoi primitif), comportements hostiles exprimant des niveaux primitifs d'agression ( souvent rupture du couple) Prospérité paradoxale de la vie sexuelle < déni des censures oedipiennes et expiation de la faute par problèmes de couple (interaction sexuelle agréable peut masquer détérioration des relations émotionnelles) Projection du surmoi sur le partenaire (des précurseurs du surmoi idéalisants et persécuteurs difficiles à intégrer au surmoi) : critique du partenaire et induction inconsciente de ces comportements (par identification projective); distanciation émotionnelle défensive entre les partenaires; un partenaire ressent l'autre comme autorité morale persécutrice prendant un plaisir sadique à induire une culpabilité et l'autre ressent le premier comme irresponsable, décevant, traître (rôles interchangeables et renforcement des caractéristiques haïes par identifications projectives mutuelles); relations persistantes sadomasochistes (relations sexuelles satisfaisantes, détérioration). Illustration : consultation d’un couple pour altercations constantes et violentes (Kernberg) : 1 1 - Mari : traits narcissiques, obsessionnels et infantiles, insécurisé, attentionné et soumis à sa femme, peur de l'approcher sexuellement. Femme : traits hystériques et paranoïdes, personnalité infantile, rejette la sexualité. Histoire passionnée du mari avec une collègue impression de prouesses sexuelles, culpabilité envers sa femme (associée à sa mère dominatrice, sadique et culpabilisante, ayant alterné soumission et rage violente dans son mariage), alternance de soumission et de violence envers sa femme. Femme : sentiment d'être maltraitée et abusée, répétition du comportement de sa mère soumise protestation violente pour tenter d'éliminer ce vécu escalade de violence : dépréciation des performances sexuelles du mari, il la frappe, dénonciation à la police traitement. Ce cas illustre : identifications inconscientes, projections d'images parentales sur le partenaire, comportements fortement rationalisés permettant de justifier la persécution mutuelle et le passage à l'acte (issus d'une culpabilité inconsciente réactivée par une relation maritale considérée par chacun comme intolérable) IV. Dysfonctionnements sexuels - - - 23. Généralités Dans différentes circonstances biologiques, psychologiques et sociales, dans le contexte de problèmes psychologiques ou de troubles psychiatriques (n'indiquent pas une gravité des problèmes) évaluation précise de la dysfonction et du contexte (évaluation du fonctionnement cognitif, émotionnel et comportemental de chaque partenaire, des relations actuelles et passées, de dimensions comme le narcissisme, le masochisme, les triangulations, les agressions) , interventions diverses (y compris simples et ponctuelles). Variété de dysfonctionnements, étiologies et traitements. Exemples : Jeune femme mariée, hystérectomie après endométriose. Sexe synonyme de souffrance mais apprécié grâce à amour et désir d'enfant. Depuis hystérectomie, plus de désir, refus d'assister à réceptions avec enfants, refus de rapports sexuels. Récemment divorcé, rancœur envers les infidélités de son ex-femme, nombreuses partenaires sexuelles. Incapacité d'éjaculer durant les rapports sexuels : ne plus se donner aussi complètement à une femme. 24. Classifications Dysfonctionnements primaires : problèmes existant depuis toujours Dysfonctionnements secondaires : problèmes apparaissant plus tard au cours de la vie Dysfonctionnements globaux : problèmes présents dans toutes les situations Dysfonctionnements situationnels : problèmes n’apparaissant que dans certaines situations Exemples : Homme marié de 60 ans, difficultés à maintenir de bonnes érections quand il fait l'amour avec sa femme. Plus d'érections matinales, érections faibles et éphémères quand se stimule lui-même Secondaire, perte globale de la capacité érectile Femme célibataire de 25 ans. N'a jamais eu d'orgasme avec un partenaire, capable d'atteindre l'orgasme quand se masturbe seule, incapable d'obtenir les mêmes sensations quand son partenaire tente de la stimuler durant leurs rapports sexuels. Tous les deux frustrés. Primaire, anorgasmie situationnelle 1 2 - - - - - 25. Etiologie a) Considérations générales Primaires : troubles du développement d’un bon moi sexuel (investiguer l’enfance et les attitudes/croyances sexuelles familiales) Secondaires : changements dans la vie physique, psychologique ou interpersonnelle (maladie, médication, perte du métier, perte du partenaire, mésentente familiale ou de couple,…) b) Catégorisation selon les phases sexuelles Désir sexuel : désir sexuel hypoactif, aversion sexuelle, désir sexuel excessif Excitation : trouble de l'excitation sexuelle féminine, trouble de l'érection Orgasme : orgasme féminin inhibé, anéjaculation masculine, éjaculation prématurée ou rapide Douleur : dyspareunie, vaginisme c) Catégorisation selon les genres Hommes : impuissance, priapisme (érection persistante), éjaculation prématurée, douloureuse, retardée, rétrograde, absence d'éjaculation Femmes : érection clitoridienne faible, priapisme clitoridien, lubrification vaginale faible, incontinence coïtale, vaginisme Hommes et femmes : anorgasmie, orgasme non provoqué, dyspareunie, hypersexualité, céphalée orgasmique, aversion sexuelle, perte de libido, hyposexualité d) Types de facteurs étiologiques Facteur prédisposant : facteurs psychiques préexistants Facteur précipitant : déclencheur d’un dysfonctionnement sexuel Facteur consolidant : facteur externe perpétuant le problème e) Principales causes étiologiques des dysfonctionnements sexuels psychogènes Causes individuelles : Troubles psychiatriques : trouble dépressif, trouble anxieux, trouble obsessionnelcompulsif, trouble bipolaire, abus de substances Traits de personnalité Troubles de la personnalité Causes d’origine familiale Causes situationnelles et développementales : facteurs socio-économiques, facteurs de stress professionnel, expériences traumatiques, rôle parental/familial, vieillissement, maladie du conjoint Causes liées aux relations de couple : relation fusionnelle ou engrenée, relation de distance, relation de pouvoir/dépendance, relation de contrôle/non contrôle, relation homéostasique, difficultés au niveau de l'intimité relationnelle (attentes/frustration, demandes de performances, découverte de liaison(s) extérieure(s), signification d'une liaison extérieure) - 26. Evaluation Voir schéma p.110 - 27. Traitements a) Techniques comportementales et cognitives Restructuration cognitive : redonner du sens, rectification de certaines attributions Utilisation des fantasmes, modification des scripts sexuels Etablissement d’une liste des désirs, des attentes Exercices de relaxation, contrôle des stimuli 1 3 - - - - - - Exercices de masturbation : « Squeeze technique » : pour retarder l'éjaculation (éjaculation précoce). Exercices masturbatoires permettant de reconnaître les perceptions au niveau du pénis aux différents stades d'excitation et de modifier les stimulations de manière à apprendre à réduire le niveau d'excitation. Exercices comportementaux : dilatation vaginale progressive, guidance manuelle, techniques d'étreinte ou de pauses. Exercices de communication Accroissement du niveau d’intimité physique (focalisations sur les sensations) : Etape 1 : exploration de l'autre, développement d'une intimité physique (évitement de la relation sexuelle, caresses évitant seins et organes génitaux), divers types de caresses (seins après 15 jours), demandes de caresses particulières et guidage de la main du partenaire Etape 2 : caresses sexuelles, masturbation réciproque éventuelle jusqu'à l'orgasme Etape 3 : interdiction de relations sexuelles complètes (introduction vaginale du pénis, mouvements lents, focalisation sur les sensations) puis autorisation de relations sexuelles complètes avec orgasme Coït non-réclamé Education sexuelle Hypnothérapie b) Thérapies systémiques Causalité circulaire, rôles, triangles et détriangulation, individuation et séparation, liens et collusion 28. Principaux dysfonctionnements féminins a) Considérations générales Phases sexuelles chez les femmes : Excitation : érection des mamelons, rougeurs de la peau, secrétions vaginales, rétraction des grandes lèvres, engorgement des petites lèvres, érection clitoridienne, transformation du conduit vaginal Plateau : extension des rougeurs de la peau, augmentation de la tension des muscles striés, tachycardie, hyperventilation, augmentation des sécrétions vaginales et périnéales Orgasme : persistance de l’hyperventilation, accroissement de la tachycardie, contraction utérine, contractions rythmées de la musculature pelvienne Résolution : diminution de la tachycardie, diminution de l’hyperventilation, atténuation des rougeurs, diminution de l’érection des mamelons, engorgement des petites lèvres, disparition des changements labiaux et vaginaux, arrêt des sécrétions vaginales et périnéales Fonctions autonomiques : Sympathique : Hommes : engorgement du corps spongieux, éjaculation, détumescence des corps caverneux. Femmes : engorgement du vestibule vaginal, contraction du muscle génital lisse, détumescence clitoridienne. Parasympathique : érection du pénis/clitoris, sécrétions glandulaires Facteurs influençant l’excitation sexuelle : cognitions (fantasmes, expériences, inhibition par la distraction et l'auto-observation), émotions (amour, confiance, intimité, inhibition par peur de l'échec, anxiété, souhait de performance et ressentiment), corps (plaisir érotique, inhibition par stimulation inappropriée et par la douleur) b) Perte du désir 1 4 - - - - - - - - - - Définition : dysfonction sexuelle la plus fréquente chez la femme, "désir sexuel hypoactif" et "aversion sexuelle" dans le DSM IV, bon fonctionnement sexuel mais pas d'initiation des rapports sexuels. Causes : toxiques (alcool, tabac), médicamenteuses, organiques (endocriniennes, gynécologiques), psychologiques (compétition entre les nombreux rôles des femmes, accroissement des charges liées aux autres rôles, rôle maternel impliquant une mise entre parenthèse de la sexualité) Intervention psychologique : faire prendre conscience de ce que le partenaire ressent et des différences de besoins de chaque partenaire, encourager une certaine acceptation des différences c) Anorgasmie Primaire (aucune expérience d'orgasme), secondaire (expérience antérieure), absolu (impossible dans toutes situations), situationnel (dans certaines seulement) Importance de l'orgasme variable d'une femme à l'autre et d'une phase de vie à l'autre, pression masculine (un orgasme pour qui?) Traitement : exploration des organes sexuels, focalisation sur les sensations, masturbation du tiers inférieur du vagin et du clitoris, utilisation de vibrateurs, clarification des peurs conscientes et inconscientes associées à l'orgasme (perte de contrôle, inhibition), distraction, exercices d'accroissement de l'excitation (pour être proche de l'orgasme avant pénétration), transfert de ces aptitudes dans une relation sexuelle en maximalisant la stimulation clitoridienne. d) Vaginisme Définition : phobie de la pénétration, spasme involontaire des muscles pubococcygiens entourant le tiers inférieur du vagin (déclenché par tentative de pénétration ou par anticipation d'une pénétration), réponse conditionnée (<activité sexuelle associée à peur ou douleur), primaire (jamais de pénétration) ou secondaire, évitement de tous contacts sexuels et même affectifs ou rapports sexuels avec orgasme sans pénétration. Causes : causes des dyspareunies (peut entraîner le vaginisme), abus sexuels/viols, croyance d'avoir un vagin trop petit, première relation sexuelle douloureuse, peur d'une intimité, d'une grossesse, orthodoxie religieuse, conflits de couple. Cycle du vaginisme : voir schéma p.122 Traitements : relaxation spécifique des muscles du périnée, désensibilisation par rapport aux peurs (relaxation + imagerie), introduction de dilatateurs de tailles croissantes, introduction de dilatateurs par le partenaire. e) Dyspareunie Définition : douleurs sexuelles récurrentes survenant à l'occasion des rapports sexuels, primaire (toujours associée aux rapports sexuels) ou secondaire. Douleurs sexuelles récurrentes survenant à l’occasion des rapports sexuels Définie comme primaire si la douleur a toujours été associée aux rapports sexuels Définie comme secondaire si la douleur n’a pas toujours été associée aux rapports sexuels Causes : douleurs vulvaires (infections : herpes 2 simplex, lubrification inadéquate, irritations < spermicides, latex), douleurs vaginales superficielles (infections, lubrification inadéquate, irritations, traumatisation sexuelle, interventions gynécologiques ou obstétriques), douleurs vaginales profondes (infections pelviennes, interventions chirurgicales, rapports sexuels profonds < contact avec ovaires) Cycle des douleurs sexuelles et de l’évitement de l’activité sexuelle : douleur peur de la douleur évitement partiel des relations sexuelles trouble de l’excitation trouble de l’orgasme perte du désir évitement total des relations sexuelles difficultés relationnelles 1 5 - - - 29. Dysfonction érectile a) Définition (troubles de l'érection ou dysfonction érectile DE) Incapacité à obtenir et/ou maintenir une érection pour des rapports sexuels satisfaisants Meilleur terme que "impuissance" b) Causes Organiques (affections vasculaires, neurologiques ou hormonales, anomalies au niveau du corps caverneux), psychogènes (inhibition centrale de la stimulation sexuelle sans problème organique démontrable), mixte organique et psychogène. c) Prévalence Augmentation de la proportion de DE modérée et complète avec l'âge : 40 % à 40 ans, 70 % à 70 ans (10 % des DE consultent) Hommes de 40 à 70 ans : 52 % DE (17 % légère, 25 % modérée, 10 % complète) d) Traitement Viagra (sildénafil) : action périphérique (érection) et non centrale (désir) Etude sur l’efficacité du Viagra : Amélioration des érections : 78 % (placebo : 20 %) Amélioration de la fonction érectile, la fonction orgasmique, la satisfaction apportée par les rapports sexuels et la satisfaction sexuelle globale mais pas d'amélioration du désir sexuel Autres types de traitement V. Masochisme 30. Généralités Masochisme et narcissisme : fonctionnements psychologiques à la base de toutes les perversions sexuelles Masochisme : large champ de phénomènes (normaux et pathologiques), motivation de se détruire et plaisir conscient ou inconscient ressenti dans la souffrance, élément de la sexualité infantile perverse polymorphe (réponse érotique obtenue suite à une douleur physique, douleur intégrée au plaisir) Large spectre (conflits inconscients concernant la sexualité et le surmoi) : Normalité : capacité extrême à se mettre au service ou se sacrifier pour un idéal Psychopathologique masochiste : destruction de soi si importante que l’élimination de soi devient une préoccupation essentielle Masochisme moral : incorporation de l'agressivité dans l'amour (transformation de la douleur en un plaisir érotique, intégration de l'agression pour retrouver l'amour de l'objet et l'union avec celui-ci) < payer le prix du plaisir (sentiments inconscients de culpabilité) Masochisme sexuel (perversion) : obligation de passer par douleur, soumission et humiliation pour obtenir gratification sexuelle (punition pour interdits oedipiens qu'implique la sexualité génitale) Masochisme érotique : élément sadomasochiste de l'excitation érotique < intégration d'une agression primitive limitée (mère sensuellement stimulante, frustrante, taquinante) incorporation dans l'appareil psychique d'une agression primitive sévère au sein de trois types d'organisations (perversion masochiste, masochisme moral et destruction primitive de soi), élaborations narcissiques secondaires à la base des cognitions et comportements Le masochiste s'auto-inflige ce qu'il a subi (mécanisme d'adaptation de la prime enfance) et cherche à posséder ce qu'il n'a pas eu (aime mal car mal aimé, cherche l'admiration, précurseur archaïque de l'amour). - 1 6 - - - - - - - - - - Voir schéma p.142 31. Hypothèses psychodynamiques a) Le masochisme érotique Aspects douloureux de l'excitation transformés en plaisir (excitation sexuelle , sentiment de proximité avec l'objet érotique), contraintes imposées par l'objet érotique pour garder son amour (devenir comme toi en appréciant la douleur qui m'est infligée, code moral inconscient : punition venant de toi doit être juste, en souffrant je te retiens) Si fonction contenante insuffisante masochisme moral (intégré dans un surmoi très sévère, peut limiter la tendance primitive à la destruction de soi) b) La perversion masochiste Abus sexuel ou physique limité, inceste dans le contexte d'autres relations objectales normales ou avec érotisation de la punition Absorption de l'agression par le surmoi : internalisation d'un objet de désir punissant mais dont on a besoin masochisme érotique Contention de l'agression par condensation de l'excitation sexuelle avec soumission totale à l'objet désiré et souhait d'être humilié par cet objet masochisme en tant que pratique sexuelle obligatoire, perversion pure (internalisation de l'objet sadique protégeant le développement psychique d'une infiltration générale du surmoi par l'agression) Renforcement de la perversion sexuelle primitive par défenses contre l'angoisse de castration et une culpabilité inconsciente dérivée de conflits oedipiens évolués (renforcement des agressions primitives pré-génitales, ex: opération chirurgicale au moment de l'œdipe) c) Le masochisme moral Intégration de la moralité sexuelle répressive dans le surmoi remplacement de la douleur sexuelle (soumission-humiliation) par une souffrance psychique et mise en acte de la culpabilité inconsciente par des comportements humiliants ou défaitistes. d) La destruction de soi ou le syndrome narcissique malin Grossman (1986, 1991) : interactions avec la mère chroniquement agressives et frustrantes, douleur physique et psychique trop intense pour être absorbée au sein d'une réponse érotique normale ou par des précurseurs sadiques du surmoi entrave le développement psychique et l'élaboration fantasmatique de l'agressivité expression directe de l'agression dans les comportements Kernberg (1992) : circonstances extrêmes (maladies précoces, abus sexuels, agressions physiques) destruction de soi, syndrome narcissique malin : soi pathologique infiltré par l'agression (fusion du soi avec l'objet sadique) + sentiment de puissance restaurant transitoirement l'estime de soi (en s'infligeant douleur ou mort, supérieur à ceux qui les induisent ou les craignent) (sadisme pris en charge par le soi) Moins extrême : internalisation et intégration de l'objet sadique dans le surmoi, fusion avec lui désir de se détruire (dépression psychotique, détruire le mauvais soi fantasmé, fantasme d'être réuni avec objet aimé via le sacrifice de soi). Encore moins sévère : souffrance masochiste sensation de supériorité morale. 32. Masochisme sexuel féminin et masculin (Baumeister, 1989) a) Considérations générales Plus fréquent chez les hommes (comme toutes les perversions sexuelles) Hommes : être dominés, forcés à se soumettre à une femme dominante et cruelle pour atteindre l'orgasme; douleur, importance accordée à l'humiliation, à l'infidélité du 1 7 - - - - - - - - - - - partenaire sexuel; participation d'une audience, travestisme; orgasme sans rapports génitaux. Femmes : humiliées en s'exhibant aux autres, violées par un homme fort, dangereux et inconnu; douleur d'une intensité plus faible, punition dans le contexte d'une relation intime; absence d'audience; rapport génital sans nécessairement d'orgasme. b) Explications des différences entre hommes et femmes Masochisme sexuel et perversions en général impliquent intense angoisse de castration (plus intense chez les hommes, plus primitive et diffuse chez les femmes, peur inconsciente d'une destruction corporelle générale). Hommes : fantasmes du petit garçon dominé par une mère puissante et écrasante, imagine narcissiquement que son pénis est aussi satisfaisant que celui de son père. Expiation de la culpabilité oedipienne. Négation de l'angoisse de castration par fantasmes de travestisme. Femmes : fantasme d'être l'objet sexuel préféré du père puissant, distant, menaçant et séduisant. Expiation de la culpabilité dans la soumission, l'humiliation et le rejet sexuel. Culture paternaliste : masochisme moral chez les femmes et sexualité sadique chez les hommes ( sexualisation du masochisme chez les hommes). Deutsch (1944-45) : plus grande disposition des femmes au masochisme. Traits masochistes : relations amoureuses masochistes des femmes, soumission masochiste des hommes sur leur lieu de travail. 33. Relations amoureuses masochistes a) Femmes Adolescence : tomber amoureuse d'un homme idéalisé, non disponible, frustrant, décevant < réactivation normale des conflits oedipiens psychopathologie masochiste : fixation sur le traumatisme et répétition de l'expérience. Alternance d'inhibition, craintes et d'impulsivité sexuelle dans circonstances frustrantes ou dangereuses (passage à l'acte masochiste) Femmes avec fonctions surmoïques bien intégrées et personnalité névrotique : au départ inhibition sexuelle, puis cristallisation d'une perversion masochiste dans leurs interactions sexuelles à partir d'un aspect particulièrement douloureux ou humiliant b) Hommes « Amour impossible » impliquant une idéalisation extrême d’une femme aimée, libre ou non avec inhibition, manque d'assurance et tendance inconsciente d'assurer voie libre ou rivaux ou de provoquer un échec inévitable c) Hommes et femmes Intensification de l'amour si non partagé tendance à tomber amoureux d'individus inaccessibles, à se soumettre excessivement à un partenaire idéalisé, à abandonner la possibilité d'accéder à des relations plus gratifiantes Nombreuses histoires d'amour malheureuses chez les femmes : pressions culturelles (exploitation économique, grossesses non-désirées, comportements sadiques des hommes), capacité plus précoce à développer une relation d'objet profonde dans le contexte d'une relation sexuelle (hommes : ambivalence intense envers l'objet primaire), intégration des menstruations et de la possibilité d'une grossesse à la fin de l'adolescence Distinction personnalités masochistes/personnalités narcissiques (vie amoureuse chaotique ayant certaines caractéristiques masochistes) : idéalisation du partenaire dans les deux cas : 1 8 - - - - - - - - Personnalités narcissiques : dévaluation quand partenaire disponible, difficulté à tolérer les frustrations ordinaires et l'ambivalence de toute relation amoureuse, incapable d'aimer (besoin de posséder, idéalise et détruit, angoisse d'être exploité) Personnalités masochistes : pas angoissés par l'idéalisation, capables de développer des relations objectales en profondeur (particulièrement avec objets frustrants et sadiques) d) Relations de couple Collusion inconsciente du couple (identification avec les introjects sadiques du surmoi): projection mutuelle des demandes et prohibitions du surmoi sadique, comportement mutuel d'augmentation de la culpabilité, tendance à se soumettre aux demandes impossibles puis à se rebeller contre ces demandes Jeux sadisme-masochisme : culpabilisation de l'autre, libération temporaire par projection de ses sentiments inconscients de culpabilité, confirmation du préjudice reproduction de la soumission oedipienne à une mère sadique, espoir inconscient d'être sauvée par un père fort (mais image maternelle du mari conciliant renforce soumission) « Marchandage masochiste » : jouer à la roulette russe avec sa destinée, sacrifier inconsciemment une bonne relation (s'auto-inflige les attaques primitives subies) Rationalisations masochistes perpétuant les relations sadomasochistes : considérer un partenaire sadique comme inférieur (alcoolique), pour le bien des enfants, grossesse sans cesse postposée pour justifier une vie malheureuse, sentiment d'être en droit suite à maltraitance physique ou abus sexuels (identification à l'agresseur internalisé dans le surmoi, répétition du traumatisme) 34. Thérapie et transfert Première idéalisation du thérapeute < focalisation sur un objet mauvais et persécuteur externe à la relation (même si plainte de l'incapacité du thérapeute à l'aider) transformation du thérapeute idéalisé en objet persécuteur par incapacité à quitter ce mauvais objet (relation au mauvais objet soudainement décrite comme bonne) Culpabilité inconsciente ne peut être aidé : transforme une relation potentiellement aidante en mauvaise relation (pas d'interprétation possible des processus de destruction de soi : bon thérapeute = thérapeute à l'écoute et qui n'interprète pas ou interprétations qui peuvent être décrétées mauvaises = thérapeute qui ne puisse pas l'aider), refus de fournir informations concernant ses difficultés (ennemi si tente d'évaluer objectivement, sympathique sans jamais connaître les éléments objectifs de son histoire) Réaction thérapeutique négative : fixation sur l'expérience thérapeutique jugée préjudiciable (fixation sur un mauvais objet interne projeté sur le thérapeute). Contretransfert : se rappeler que l'envie d'arrêter est le but recherché par le transfert. Perversion masochiste organisée : analyse des mécanismes de défense impliqués dans l'idéalisation de leur masochisme sexuel, pseudo-idéalisation dans le transfert du masochisme sexuel et du thérapeute (régression à un niveau prégénital). Transferts sadomasochistes avec très peu d'érotisation : fusion avec un objet dangereux et sadique, fixation à un objet indispensable mais traumatisant traumatismes préœdipiens précoces (transfert difficile à travailler car pas de distance pour le patient). Erotisation intense du transfert : réactivation inconsciente d'une scène oedipienne primitive évoluée par des fantasmes sadomasochistes (possibilité d'évolution du transfert). VI. Le Narcissisme 35. Généralités 1 9 - - - - - Pathologie narcissique au sein des couples très fréquente et polymorphe. Difficultés d'évaluation : échange de traits de personnalités entre partenaires par collusion inconsciente dans une relation d'exploitation et d'agression mutuelles (ex: femme provoque mari en projetant sur lui son surmoi sadique et lui donnant les traits d'une personnalité narcissique). 36. Hypothèses psychodynamiques a) Considérations générales Conflits inconscients < relation mère-enfant précocement pathologique, agressions primitives (agression orale en réaction à mères froides, rejetantes ou sur-stimulantes, à des négligences sévères et chroniques), renforcement secondaire par rivalités avec le père ou absence de disponibilité de celui-ci envie et haine envers la mère Destruction contre le propre fonctionnement de l'individu comme faisant partie d'un couple < haine et envie de la bonne relation au sein du couple parental Soi grandiose : projection de la partie dévalorisée de soi sur le partenaire (confirmée par l'admiration du partenaire) ou projection de son soi grandiose (relation entre son soi grandiose et l'image de soi résultant de la projection) Recherche l'admiration (préœdipien) plutôt que l'amour (oedipien) pour renforcer soi grandiose et estime de soi (cassée par agressions primitives). Admiration = défense contre l'envie (peur de la dépendance du partenaire, peur d'être exploité, réciprocité ordinaire des relations humaines vue comme exploitante et envahissante, pas de gratitude) Envie préœdipienne : rage et ressentiment envers un objet nécessaire vécu comme frustrant recherche de la personne parfaite, ce qui est désiré est source de souffrance s'approprier par la force ce qui est refusé, souhait de destruction (pas de satisfaction possible car haine inconsciente de ce dont il a besoin, sujet vide et frustré) Développement inadéquat du surmoi manque d'intérêt pour les relations de couple. Fonctionnement du surmoi : culpabilité < incapacité à rendre l'amour reçu sentiment d'infériorité, recherche d'imperfections chez le partenaire ou projection de la culpabilité sur le partenaire (aspect paranoïde de la relation) b) Hommes Excitation sexuelle associée à un ressentiment profond (satisfactions refusées antérieurement) et espoir de s'approprier ce qui a été refusé par le passé afin d'éliminer l'envie. Intensification des conflits oedipiens par haine/envie des femmes : transformation des frustrations orales précoces en agression sexuelle (intensification des composantes agressives de l'excitation sexuelle et de la dissociation érotisme/tendresse) Inhibition sexuelle : désir sexuel pour une femme vécue comme une menace, haine inconsciente de la femme désirée (peur du rejet et d'être ridiculisé par les femmes) Promiscuité sexuelle : idéalisation défensive de la femme (attirances obsessionnelles brèves et intenses), recherche sans fin de nouvelles stimulations sexuelles, puis dévalorisation de la femme en objet sexuel purement génital (liberté et plaisir sexuel sans tendresse ou romantisme) détérioration graduelle de la vie sexuelle lorsque idéalisation défensive des femmes disparaît répétition et déceptions ( consultent vers 40-50 ans) Fantasme d'appartenir aux deux sexes « jumeau hétérosexuel » (femme qui leur ressemble, fantasme de toute puissance, pas d'autre différent et autonome). 2 0 - - - - - - - - - - - Homosexualité narcissiquement déterminée « jumeau homosexuel » (< haine des femmes, pas de dépendance d'une génitalité féminine). Malgré ennui narcissique, utilisation des relations sexuelles pour exprimer ambivalence envers les femmes (recherche de gratification sexuelle, de revanche sadique et de répétition masochiste de la frustration causée par la mère). Culture : renforce pathologies narcissique masculine et masochiste féminine dans les relations amoureuses. Idéalisation défensive des femmes bien accueillie par femmes à tendance masochiste ou sûres de leur potentiel d'attraction. « Don Juanisme » : séduction presque consciemment agressive (besoin désespéré de séduire les femmes et relations sexuelles qui frustrent ou humilient la femme choisie) ou homme-enfant (mélange de traits narcissiques et infantiles, séduit par son manque de masculinité menaçante les femmes ayant une haine inconsciente d'un père puissant, fantasme d'être le préféré de leur mère) c) Femmes Idéalisation transitoire et rapide dévaluation des hommes promiscuité sexuelle (répudiée par la culture, stimulée par le féminisme via identification avec sexualité masculine perçue agressivement) ou haine des hommes au sein du foyer (par la domination et l'exploitation) Homosexualité narcissique : recherche d'une mère de substitution idéalisée (si déplacement de l'agression de la mère vers le père insuffisant pour contenir l'ambivalence envers sa mère), identification inconsciente avec les hommes (identification à l'agresseur, projection de ses besoins sur la partenaire), fantasme de toute puissance (négation de la dépendance au père haï et envié, renversement de la dépendance dangereuse à la mère) Identification inconsciente avec une mère narcissique, froide, rejetante séduction contrôlée envers les hommes (effort pour les dominer et les exploiter) « Jumeau hétérosexuel » : hommes ayant un sentiment de supériorité/grandiosité, génitalité sans paternité (menace inconsciente de l'enfant et des fonctions parentales, renvoyant aux relations précoces insatisfaisantes). Relation stable avec hommes narcissiques idéalisés : identification avec cette image masculine idéale, peuvent se considérer comme la véritable inspiration de ces hommes. Tendance à dévaluer un homme ou focalisation sur hommes inaccessibles (empêchant la remise en question de leur idéalisation) proches des relations sadomasochistes. Peuvent combiner recherche d'un homme idéal avec dévaluation de leur partenaire (gravitent autour d'hommes célèbres). Promiscuité sexuelle : narcissique chez les hommes, narcissique ou masochiste chez les femmes. 37. Caractéristiques des relations amoureuses Aspect narcissique normal de la relation amoureuse : partenaire choisi reflète idéaux complémentarité et reconnaissance, alternance des rôles (sacrifices de soi et focalisations sur soi) Narcissisme et relation objectale : aiment les autres aussi mal qu'ils s'aiment euxmêmes. Narcissisme sévère : incapacité à tomber amoureux. Narcissisme peu sévère : amoureux pendant de courtes périodes en idéalisant l'objet aimé (dont les attributs sont incorporés inconsciemment comme faisant partie de soi), incapacité à évaluer l'objet aimé en profondeur. Recherche inconsciente d'une relation dominée par l'amour mais aussi par l'agressivité (issues des importantes frustrations vécues antérieurement). Rivalité oedipienne, jalousie et insécurité < agression préœdipienne déplacée au niveau oedipien 2 1 - - - - - - - - - projection de l'agression et peur de l'objet aimé. Le partenaire doit être exactement comme le patient le veut (ni trop bien pour ne pas déclencher l'envie, ni trop mal pour éviter la dévaluation de la relation). Absence de curiosité et d'empathie pour l'autre. Ennui des relations sexuelles : contamination par la frustration et l'agression (sentiment d'emprisonnement quand disparition des sources de plaisir). Crainte de la dépendance vis-à-vis de l'autre (risque de reconnaissance de l'envie et de la satisfaction associée à la dépendance, développement du ressentiment, refus de l'intimité). Narcissisme pathologique sévère : aspects intolérables de soi projetés sur le partenaire sentiment d'emprisonnement et de persécution 38. Relations avec les enfants Narcissisme pathologique de certaines femmes : refus d'enfants (peur des restrictions dues à la dépendance de l'enfant), aiment les enfants si totalement dépendants (extension narcissique de soi) ou si suscitent l'admiration des autres (pas d'intérêt pour la vie intérieure de l'enfant). Hommes narcissiques : refus d'avoir des enfants, incapacité à s'investir pour eux, grande indifférence sauf quand l'enfant gratifient leurs propres besoins (pathologie masquée par la société traditionnelle patriarcale) 39. La jalousie Absence de jalousie incapacité à s'engager, fantasme inconscient d'être supérieur à tous les rivaux (infidélité du partenaire impensable) Associée à une importante détresse narcissique. Provenant d'une trahison réelle ou fantasmée souhait de vengeance, de triangulation inversée. Signe d'une capacité de s'investir avec quelqu'un (issue de l'agression oedipienne, contrairement à l'envie qui est typique d'une agression préœdipienne). 40. Relations prolongées entre partenaires narcissiques Relation émotionnellement vide, stabilisée par soutiens et exploitations réciproques Réactivation de relations objectales passées : mère froide, rejetante, frustrante et enfant plein d'amertume, anxieux et vengeur. Dangers : identification projective mutuelle pouvant détruire la vie sexuelle et mener à des triangulations, compétition inconsciente entre les partenaires (destruction de la relation si succès inhabituel ou échec de l'un ou l'autre) Entrée dans la situation oedipienne : envie inconsciente préœdipienne de la mère devient envie inconsciente du couple oedipien destruction du mariage comme réplique du couple oedipien (analisation de la relation oedipienne visant à détruire tout ce qui est ton chez l'autre, chez soi et dans la relation) Conflit entre forces narcissiques de destruction de la relation et recherche désespérée du couple : faible probabilité de trouver un partenaire érotiquement séduisant (< dévaluation narcissique), possibilité d'avoir des rapports sexuels mais prise de conscience possible par le couple de la distance qui les sépare, espoir de consolidation si idéalisation suffisante pour rechercher fusion, expression d'amour et de gratitude dans l'excitation sexuelle et l'orgasme. Syndrome narcissique malin, avec tendances destructrices/autodestructrices et comportements paranoïdes et antisociaux : exploitation de l'autre et de soi-même par chaque partenaire Triangulation inversée comme condensation des conflits oedipiens et préœdipiens dans les relations amoureuses : réussite professionnelle du narcissique, mariée à une femme appréciée de tous et de lui, maîtresse dont l'existence est connue amour 2 2 prédomine mais agression subtilement exprimée dans l'abandon sadique des deux femmes (dissimulée par culpabilité prétendue ou intensément vécue). Clivage mère/maîtresse pas purement oedipien : relation subtilement exploitante aux deux femmes imprégnée de déterminants préœdipiens (idem pour femme courtisée par plusieurs hommes). - - - - - - - - - 41. Traitement a) Considérations générales Pronostic déterminé par la motivation pour un traitement : alibi inconscient ou effort pour échapper à une impasse (si coupable de frustrer deux femmes qui l'aiment ou après répétition d'échecs amoureux vers 40-50 ans) Evolution lente de la thérapie, différentes phases du narcissisme dans le transfert (atténuation du sadisme avec l'âge, acceptation d'entrer en relation avec gens différents ou soumission dans une relation) Narcissisme sévère : nécessité d'un traitement précoce pour prévenir la destruction de leur vie professionnelle et sentimentale Choix d'un partenaire parfois sous-tendu par un désir de changer : partenaire fortement engagé envers des valeurs méprisées cyniquement par le soi grandiose du narcissique (souhait inconscient que le partenaire triomphe et le guérisse de son cynisme) b) Illustration d’une psychothérapie Patient architecte de 40 ans, narcissique sévère, divorcé trois fois et sans enfants (pour ne pas interférer avec son style de vie et sa liberté) Plainte : incapable de maintenir relation avec une femme, recherche sans cesse de nouvelles expériences (sexuelles intenses mais brèves / platoniques avec amies confidentes), perte totale d'intérêt sexuel après mariage, évolution vers amitié frère/sœur insatisfaisante pour chacun des partenaires. Relation de transfert : (1) envie inconsciente envers le thérapeute marié et capable d'apprécier une relation émotionnellement et sexuellement épanouissante, ridiculise amis mariés, se vante de ses exploits sexuels déprimé par son incapacité à préserver une relation avec une femme, (2) relation similaire qu'avec ses amis masculins (fantasmes homosexuels reflétant que seuls les hommes sont dignes de confiance), prise de conscience des frustrations vécue dans son enfance à cause de conflits réguliers entre ses parents. Relation satisfaisante avec une architecte (décrite comme agressive, arbitraire dans ses demandes, contrôlante et manipulatrice). Nouveau fantasme : mariage et enfants = vieillesse et mort, avoir des enfants avec femmes mariées ou contacts occasionnels avec enfants. Se marie et a un enfant. Relation de couple tumultueuse et chaotique mais sans rapports sexuels avec d'autres femmes. Prêt à faire confiance et à s'engager s'il pensait réellement que sa femme l'aimait. De plus en plus soumis à sa femme. Passage de la promiscuité sexuelle à une relation sadomasochiste émotionnellement et sexuellement investie : attitude narcissique distante remplacée par une régression à un autre état infantile. Suite de la thérapie : dépasser la soumission masochiste à sa femme, en surmontant sa peur de s'affirmer comme homme adulte. VII. Identités et orientations sexuelles atypiques 42. Généralités 2 3 - - - - - - - - - - Intérêt de la discussion : problématiques mal évaluées et traitées, dysfonctions sexuelles peu considérées en tant que telles, prévention des MST et prise en charge des patients séropositifs ou ayant le sida, éviter la perpétuation de certains mythes, discussion de l'homosexualité comme préalable à une approche globale des sexualités humaines. Mythe : l’homosexualité : accroît le sentiment d'appartenance à un groupe, accroît l'estime de soi, réduit les capacités d'empathie. Identité sexuelle : terme faisant référence au type sexuel, au genre sexuel, au rôle sexuel et à l'orientation sexuelle. Type sexuel : distinction biologique, différence des organes génitaux, différences chromosomiques, hormonales, différences des caractéristiques sexuelles secondaires (NB : continuum biologique, hermaphrodite, productions hormonales variables : androgènes et oestrogènes) Genre sexuel : caractéristiques psychologiques et sociales associées aux types sexuels masculin et féminin (dichotomie versus continuum, controverses sur le caractère inné et acquis) Identité de genre : état psychologique déterminant la perception d'être un garçon ou une fille et plus tard un homme ou une femme, généralement socialement déterminé (NB : transsexuels ont une identité de genre différente de leur type sexuel) Orientation sexuelle : type d'attirance déterminée par l'identité sexuelle, les sentiments, pensées pour les personnes du même sexe, du sexe opposé (continuum fluide, variable au cours de la vie, pas toujours correspondant au comportement sexuel) 43. Orientation sexuelle a) Comportement homosexuel : chiffres Kinsey (1930-1940) : 3-8 % femmes non mariées, 1% femmes mariées, 13% hommes ayant plus d'expériences homos que hétéros durant 3 ans Kinsey (1972) : 4 % hommes blancs USA (éducation secondaire), 1-2 % femmes Remafedi et al (1992) : 5 % étudiants rapportant attirances principalement homosexuelles b) Idées actuelles Reconnaissance de son orientation sexuelle : à un âge précoce, reconnaissance de la stabilité de cette orientation : pré-adolescence et adolescence (plus tôt chez les garçons que chez les filles). Identité sexuelle établie très précocement dans la petite enfance : conformité comportementale ou non au type sexuel (vêtements, jeux, compagnons), consolidation à l'adolescence et au début de la vie adulte avec peu de modifications ultérieures, rarement expliquée par événements survenus. Souvenir des homosexuels surtout masculins d'une non-conformité comportementale à leur sexe. Trouble de l'identité sexuelle (APA) : détresse intense et persistante, sentiment persistant d'inconfort par rapport à son sexe ou sentiment d'inadéquation par rapport à l'identité de rôle correspondant c) Croyances 90 % homosexuels hommes orientation sexuelle présente dès leur naissance, 4 % attribuée à leur environnement Grand public : l'homosexualité est une question de choix d) Essentialisme versus socio-constructionisme Essentialisme : identité de genre sous-tendue par forces biologiques (critiques : homosexuel non responsable, homosexualité innée et fixée) Socio-constructionisme (Foucault) : identité de genre sous-tendue par forces sociales (critiques : homosexualité construite, peut être choisie et traitée) 2 4 - - - - - - - - e) Echelle d’orientation sexuelle (Kinsey) 1) Exclusivement hétérosexuel, aucun fantasme ou comportement homosexuel 2) Principalement hétérosexuel, mais homosexuel occasionnellement 3) Principalement hétérosexuel, mais homosexuel plus qu’occasionnellement 4) Autant hétérosexuel qu’homosexuel 5) Principalement homosexuel, mais hétérosexuel plus qu’occasionnellement 6) Principalement homosexuel, mais hétérosexuel occasionnellement 7) Exclusivement homosexuel, aucun fantasme ou comportement hétérosexuel 44. Hypothèses psychodynamiques : rappel des notions de base a) Notion de la différenciation sexuelle Découverte de la différence sexuelle lutte traumatique < découverte de l'altérité et de l'inéluctabilité de la mort (<>omnipotent, bisexuel et immortel) b) Notion de la scène originaire / primitive Savoir inconscient des enfants, mythologie personnelle autour de la représentation des relations sexuelles des parents (liée aux agressions primitives) Aspects génitaux des scènes originaires : conflits phalliques oedipiens Aspects pré-génitaux des scènes originaires : échanges érotiques anaux et sadiquesanaux, fantasmes de dévoration, de vampirisation, craintes de perte du sens de l'identité, craintes de pertes de la représentation de ses limites corporelles c) Notion de répression psychologique L’homosexualité peut être : réprimée, sublimée, fantasmée, manifestée Répression cause d'impuissance et de frigidité, répression excessive sublimation impossible, répression inefficace jalousie pathologique ou souhait de partager/échanger son partenaire d) Critique des théories psychodynamiques Critique sociale : psychopathologisation (théorie normative), dérive vers prévention de l'homosexualité, hétérosexiste Critique méthodologique : nombre limité de sujets étudiés, eurocentrique 45. Homosexualité masculine a) Hypothèses psychodynamiques Homosexualité masculine : horreur par rapport au vagin, déni de la différence des sexes (homosexualité féminine : dégoût et hostilité par rapport au pénis, rôle de la relation primitive à la mère) Principales formes (adapté de Green, 1997) (théorie préœdipienne): Ressentiment à l’égard de la mère (dû aux agressions primitives) et tentative de rencontre avec le père exclu : expulsion de toute trace de féminité lors du rapport sexuel (luttes contre les séquelles d'un envahissement maternel dans l'enfance) Identification à la mère et projection sur le partenaire de son moi infantile : amant gâté comme un enfant qu'on espère s'attacher par ses dons Ressentiment à l’égard des images parentales (traitement fantasmatique très sadique de la mère, agression vengeresse contre le père pour son manque d'intérêt et d'amour) : désir de domination, indifférence relative du partenaire, recherche d'un partenaire pour être aimé (narcissisme), culte du pénis Identification du sujet à une mère phallique castratrice Influence des interactions sexuelles (théories sociales) : accessibilité à des partenaires sexuels, expériences sexuelles précoces, renforcements sexuels Influence des relations parents-enfants (théories pré-œdipiennes) : 2 5 - - - - - - - - - Mère hyperprotectrice relations fusionnelles sentiments sexuels de l’enfant pour sa mère censure maternelle et sociale peur des femmes Père distant ou absent développement identificatoire limité identité masculine peu développée Théories prénatales < critiques des théories préœdipiennes : niveau mature d'organisation psychologique de certaines homosexualités, distance du père pouvant venir du fils ou du père pour éviter attachement érotique du fils Influence des rôles sexuels : incorporation par les homosexuels hommes et femmes des idées en rapport avec l'homosexualité (stigmatisation de cette identité), choix du comportement < tempérament attraction pour caractéristiques différentes des siennes b) Hypothèses génétiques Transmission par la mère (chromosome)? Noyaux interstitiels de l'hypothalamus antérieur plus petits chez les homosexuels hommes, noyau suprachiasmatique plus grand? Commissure antérieure plus grande chez les homosexuels hommes et femmes? Exemple d’une théorie biologique : facteurs génétiques modification du développement de la structure cérébrale de la neurorégulation (cerveau, hypophyse, surrénales, gonades) de la production hormonale du développement de la structure cérébrale … Etudes familiales : 22 % homosexuels masculins dans fratrie d'homosexuels, 4 % dans fratrie d'hétéros, pas plus de lesbiennes; 15.4 % d'homosexualité féminine et de bisexualité dans fratrie de lesbiennes, 3.5 % dans fratries d'hétéros Etudes de jumeaux : concordance : femmes (monozygote : 48 %, dizygote : 16 %, adoption : 6 %), hommes (monozygote : 52 %, dizygote : 22 %, adoption : 11 %), biais de sélection et impact de l'environnement. c) Hypothèses hormonales Grande variabilité inter- et intra-individuelle (taux de testostérone abaissé chez homosexuels hommes et plus élevé, mais moins que hommes, chez lesbiennes?) Rappel : la testostérone influence la libido, pas de traitement modifiant l'orientation sexuelle. Théories hormonales périnatales : influence durant grossesse ou toute petite enfance 46. Homosexualité féminine Lesbianisme primaire : jamais eu de doutes sur orientation homosexuelle et identité Lesbianisme électif ou bisexuel : nombreuses expériences hétérosexuelles avant de se découvrir lesbienne Hypothèses psychodynamiques : identification avec le père, désir de posséder la mère sexuellement, désir de fusion avec la mère, rejet de la mère en raison de l'inexistence de pénis 47. Psychopathologie et homosexualité Homosexualité trouble mental (APA, 1974). Homosexualité égo-dystonique : détresse liée à l'homosexualité abandonné (< réprobation sociale de l'homosexualité) Conditions à discuter : défense secondaire contre l'hétérosexualité, absence de culpabilité, défense contre l'anxiété de séparation et l'anxiété psychotique (conséquence d'une autre pathologie?) 48. Dysfonctions sexuelles et homosexualité a) Généralités Type de problèmes et compétences thérapeutiques similaires à ceux des hétérosexuels 2 6 - - - - - - - - - - - Eviter idées préconçues : 30 % pas régulièrement pénétration anale, division homosexualité active/passive, pas la règle, mythe du partenaire passif moins mâle b) Homosexualité masculine Dysfonction érectile : phase avancée du SIDA (<virus, drogues antivirales?) Ejaculation retardée : fréquente chez homos, peur de la contagion (campagnes safe sex) c) Homosexualité féminine Vaginisme primaire et secondaire, anorgasmie, perte du désir sexuel 49. Famille et homosexualité a) Généralités « Libération » de l’homosexualité ne se cachent plus, plus de peur, honte Annonce à la famille : processus comportant des risques psychologiques et sociaux, questionnements douloureux pour la famille, acceptation/rejet (souvent annonce au moment de la découverte de la séropositivité) Interventions psychologiques : aider l'homosexuel et sa famille à faire face aux idées stéréotypées, à l'homophobie et à l'annonce d'une orientation atypique. b) Idées stéréotypées et attitudes anti-homosexuelles « Mon fils n’est pas efféminé, il n’est peut être pas homosexuels! » : 50-70 % homosexuels hommes avec comportements discordant avec leur type sexuel dans leur enfance, 25 % comportements "féminins" dans leur vie adulte « Ma fille a eu bcp de petits amis! » : homosexualité féminine haine des hommes Attitudes anti-homosexuelles : homophobie (évitement des homosexuels et de toute manifestation non conforme aux stéréotypes masculins), hostilité culturelle, religieuse, exclusion socio-familiale et auto-exclusion c) Annonce de l’homosexualité Découverte de son/de l'homosexualité, annonce aux autres/famille, socialisation avec autres homo- et hétérosexuels, acceptation, intégration d) Interventions psychologiques Préparation, information/éducation, soutien famille/conjoint, travail des idées stéréotypées, de l'homophobie, de l'hostilité, des craintes d'éventuelle infection HIV e) Contre transfert Travail de sa propre homophobie, acceptation d'une possibilité d'épanouissement chez les homosexuels, renoncement au fantasme de réparation et de changement de l'orientation sexuelle de l'homosexuel, reconnaissance de la diversité psychologique et sociale des homosexualités 50. Conclusions Assignation sexuelle d'un enfant dès le plus jeune âge < idéalisation et identification à la masculinité et à la féminité (imprégnations maternelles et sociales) 2 trajectoires de l'homosexualité : déconstruction d'une trajectoire hétérosexuelle et construction d'une trajectoire homosexuelle structuration identitaire (coup de foudre disqualifiant relations hétérosexuelles précédentes, annonce de l'homosexualité par le séropositif) Faille des messages préventifs : fausses croyances et croyances utilisant ces failles : dimensions symboliques des sécrétions sexuelles (le reçu et le donné, le tout de l'autre), perception subjective du préservatif (un jeu, un bal costumé pour le séronégatif, une réalité pour le séropositif) VIII. Transsexualité 2 7 - - - - - - - - - 51. Généralités Concerne l’identité sexuelle et non l’orientation Réassignation sexuelle médicalement et chirurgicalement assistée aujourd’hui possible (psychochirurgie?), différentes motivations (changements physiques ou psychologiques), recherche constante de modifier le corps = tentative de changer le monde (être en congruence avec le monde externe, évitement d'affects dépressifs ou de sentiments de persécution), ne change pas le vécu subjectif (recherche de perfection, d'idéal) Différenciation des représentations liées au soi et à l’objet mais pas celles liées aux régions génitales (représentations fusionnées aux représentations qu'ont leurs mères déprimées de leurs régions génitales) 1 / 50 000 individus de plus de 15 ans, 2-3 fois plus d'hommes, 10 % troubles psychiatriques ( population générale) Voir schéma p. 222 52. Définitions Traitement médico-chirurgical : différents profils de personnalité et de psychopathologie, transsexualité peut être associée à travestissement et homosexualité Transsexualité caractérisée par désir de réassignation sexuelle, sentiment d'être piégé par son corps (apparence des organes génitaux), imitation des comportements de l'autre sexe, recherche de traitements destinés à une réassignation sexuelle (ou désir et recherche d'un corps parfait et idéalisé) 53. Modèles théoriques a) Modèles s’étayant sur des hypothèses biologiques Animal : administration d'hormones sexuelle dvlpt de caractéristiques sexuelles Homme : influence modeste (sauf fœtus) et pas de troubles de l'identité sexuelle Transsexuels : pas d'anomalies génétiques, anatomiques, physiologiques mesurées Voir schéma p. 225 b) Hypothèse de l’identification non conflictuelle (Stoller) Identification non conflictuelle à la mère (dépressive et bisexuelle, utilisant son enfant comme extension phallique pour échapper à un désespoir chronique), symbiose mère-enfant non contaminée par pulsions agressives Père distant/absent, ne constituant pas un rempart contre symbiose mère-enfant, absence d'identification masculine pas de phase oedipienne Expérience de séparation et d’individuation normale sauf pour la formation de l'identité sexuelle (féminine et donc non conflictuelle), affects anxieux et dépressifs secondaires aux réactions sociales Traitement psychodynamique non recommandé (absence de conflits intra-psychiques), traitements comportementaux plus efficaces, thérapeute homme (modèle d'identification), thérapie familiale (si absence d'un changement de l'identité sexuelle congruente avec le sexe biologique vers six ans) c) Hypothèse de conflits préoedipiens (Person, Oversey, Meyer) Enfant = extension phallique d'une mère dépressive anxiété de séparation (traumas au niveau des relations précoces) et difficultés de développement et d'individuation régression vers une position symbiotique (fantasme de fusion avec la mère s'exprimant par un désir d'altération de ses organes génitaux) Anxiété de dissolution et de désintégration, incapacité à symboliser les conflits et les fantasmes de réparation maternelle concrétisation de cette réparation, recherche 2 8 - - - d'une castration effective ( castration symbolique recherchée par homosexuel ou travesti) Voir schéma p. 222 et 225 d) Hypothèse de Volkan Voir schéma p. 229 54. Traitements Approches psychanalytiques efficaces chez l'enfant, pas efficaces chez l'adulte (pas de recherche spontanée d'aide) Chirurgie vécue comme thérapeutique : obstruction = menace, alliance thérapeutique difficile à établir, accepte psychothérapie pour accéder à la chirurgie Nécessité d’une approche interdisciplinaire (éviter clivage et conflits entre intervenants) 55. Cas particulier des travestis Maquillages/vêtements à des fins érotiques, pas de souhait de changer de sexe Orientation sexuelle souvent congruente avec le sexe biologique (67 % hétérosexuels, 11 % bisexuels, 2 % homosexuels, 22 % pas de sexe) IX. Comportements sexuels compulsifs - - - - 56. Généralités a) Etiologie Théories psychodynamiques : régression à une phase prégénitale, utilisation de défenses (formation réactionnelle, clivage, déplacement) pour contrôler l'anxiété Théories de l’apprentissage / conditionnement Théories médicales : encéphalites, troubles hypothalamus, tumeur cérébrale b) Modèles théoriques Symptôme d’un trouble obsessionnel compulsif, d'un trouble affectif, d'une addiction sexuelle, d'un trouble des impulsions c) Notions de paraphilie et de non paraphilie Comportement sexuel compulsif (CSC) paraphilique : excitation se développant en réaction à des stimulations provenant d’objets et de situations qui ne font pas partie des patterns normaux d’excitation ou d’activité sexuelle CSC non paraphilique : comportements normaux amplifiés à l’extrême 57. Modèles théoriques a) Modèle des troubles affectifs Prévalence importante d’une symptomatologie dépressive Parfois trouble de la régulation sexuelle associé à un trouble affectif b) Modèle de l’addiction sexuelle Processus d’addiction : amplification du désir et du besoin pour une substance, une action, une interaction, un fantasme produisant une réaction psychophysiologique, « fix » ou « shoot » (limitation de l'environnement à cet attachement et dépendance de cette expérience principale source de gratification) expériences associées permettant soulagement temporaire d'états émotionnels négatifs, sentiment transitoire d'avoir résolu un conflit ou de s'être adapté à un facteur de stress (accroissement de l'estime de soi, sentiments de contrôle et de puissance) recherche répétitive et compulsive de ces expériences ( compulsions névrotiques, pas associées à du plaisir) 2 9 - - - - - - - - - - « Complément » addictif : personne, groupe ou environnement permettant ou soutenant le développement du processus d’addiction. « Trigger mechanisms » : stimuli spécifiques, conflits, facteurs de stress déclenchement le comportement addictif Croyances fausses intensifiant le clivage entre monde interne (fait de douleur et de honte) et image extérieure façonnée pour garder secrets ou justifier comportements Escalade comportementale pour accroître l'excitation, difficulté distinguer normal/anormal. Carnes (1989) : trois niveaux de comportements d'addiction sexuelle : comportements compulsifs relativement acceptables (masturbation, prostitution), comportements qui victimisent ou sont illégaux (exhibitionnisme, voyeurisme), qui victimisent gravement ou conséquences légales significatives (viol, abus d'enfants) Voir schéma p. 8-9 c) Modèle de l’impulsivité sexuelle Préoccupation en rapport avec des désirs sexuels importants et sentiment d’être incapable de les contrôler, incapacité de résister aux pulsions et tentations pouvant faire du tort (au sujet ou à d'autres) Sentiment de tension accru avant le passage à l’acte, expérience de plaisir, gratification ou détente au moment du passage à l'acte, regret et culpabilité ou non ensuite. Motivation de l'impulsion : recherche de plaisir, motivation de la compulsion : réduire un état émotionnel négatif passage de l'une à l'autre? d) Modèle des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) CSC plus liés à une réduction de l'anxiété qu'au désir sexuel TOC : 2-3 % population, caractérisés par évitement de comportements aversifs et/ou impulsifs, obsessions (cognitions) et rituels (comportements), doutes obsessionnels et/ou pensées surinvesties et/ou pensées délirantes 58. Modèles théoriques intégratifs a) Modèle de Mc Conagly "Behavior completion mechanism" : accroissement du niveau d'excitation générale (vs sexuelle) augmentation de la tension et de l'anxiété si pas de comportements exposant à des stimulis correspondant à des représentations neuronales précises b) Modèle de Salomon "Opponent process theory of acquired motivation" (acquisition d'addiction au décours d'expériences positives) : stimuli inconditionnels à la base de phénomènes affectifs qui se développeraient à la disparition de ces stimulis (effet de contraste, d'habituation, de sevrage) c) Modèle de Money "Lovemap pathology theory" : exposition prématurée à sexualité et/ou jeux érotiques et/ou abus-maltraitance clivage amour/désir hypo-, hyper- ou paraphilie d) Hypothèses concernant les facteurs favorisants Trouble au niveau de l’intimité familiale (abus sexuel, maltraitance, traumatisme) honte, responsabilité sentiments d’inadéquation, dépression, solitude recherche de "fix" pour réduire l’inconfort psychologique répétition car résultat limité dans le temps 59. Considérations thérapeutiques a) Généralités Fonctions de la gravité, du caractère paraphilique ou non et du danger potentiel du CSC b) Objectifs 3 0 - - - - Elimination des comportements sexuels déviants (ou intégration dans le répertoire sexuel si comportement ne portant pas préjudice et acceptable par le partenaire) Acquisition de comportements sexuels acceptables Evaluation et traitement d’éventuelles autres problématiques sexuelles c) Cas des troubles non paraphiliques Exemples : recherche compulsive de partenaires multiples, fixation obsessionnelle sur un partenaire inaccessible, autoérotisme compulsif, relations amoureuses multiples et compulsives, sexualité compulsive dans le contexte d'une seule relation (souvent découvert à l'occasion de consultations pour anxiété, dépression, alcoolisme, couple) Thérapie de type psychodynamique et cognitivo-comportementale, approches individuelle, de couple ou familiale, thérapie médicamenteuse d) Cas des troubles paraphiliques Evaluation approfondie (psychiatrique, cognitive, comportementale), degré de dangerosité (pour le patient ou pour les autres) Thérapies médicamenteuses (hormones, neuroleptiques, antidépresseurs) Technique cognitivo-comportementale de contrôle de soi Thérapie de type psychodynamique Hospitalisation psychiatrique (approches multimodales, individuelles et de groupe) e) Thérapies aversives Historiquement : chocs électriques à l’occasion de stimuli visuels (projection) Actuellement : sensibilisations : imagination de séquences d'événements incluant comportement déviant et imagination de scènes particulièrement aversives au moment crucial (prédéterminées avec le patient) f) Reconditionnement orgasmique Objectif : renforcer une excitation et des désirs conventionnels Remplacer leurs fantasmes habituels par des fantasmes conventionnels dans la masturbation juste avant l'orgasme, puis de plus en plus tôt X. Travestisme - - - 60. Définition Perversion fétichiste, excitation sexuelle provoquée par l'utilisation de vêtements du sexe opposé Débute fréquemment aux alentours de la puberté ou à l’adolescence Trois groupes de travestis : type particulier de vêtements (fétiche préféré), désir d'être totalement habillé en femme (se font passer momentanément pour une femme), tendances transsexuelles (vivre comme une femme, plus rare) 61. Comparaison avec le transsexualisme Transsexuel : pas fétichiste (pas d'excitation sexuelle provoquée par le fait de s'habiller en femme), souhaite être une femme (vêtements féminins constamment), vêtements féminins pas plus symboliquement significatifs que pour une femme, est féminin, excité sexuellement par gens du même sexe anatomique (hommes), parfois chirurgie, pénis = erreur cruciale qui assombrit sa vie. Travesti : fétichiste (vêtements féminins), porte des vêtements féminins momentanément et peut vouloir se faire passer pour une femme, puissante signification symbolique des vêtements féminins, est masculin (sauf quand habillé en femme), le plus souvent partenaires sexuels féminins, souhaite être un homme (pas de réassignation sexuelle médico-chirurgicalement assistée), vie focalisée sur le pénis. 3 1 - - - - - 62. Facteurs développementaux Conflit oedipien typique (avec sensibilité aux tentations et menaces de cette période) séparation d'avec la mère et individuation, se considère comme un homme au niveau du genre, de l'identité et du rôle Mise en place < attaque envers la masculinité induisant une angoisse de castration ou une menace pour son identité (femme connue du garçon lui fait porter des vêtements de fille pour l'humilier) 63. Hypothèses psychodynamiques : conflit central Rappel : toute perversion suppose un conflit, question de l'œdipe : comment préserver sa masculinité et devenir un homme qui aime les femmes Conflit spécifique aux travestis : peur et haine des femmes mais aussi envie suite à l'attaque envers la masculinité conflit entre désir de blesser les femmes et peur de leur puissance, entre vouloir les posséder (hétérosexualité) et leur ressembler (identification avec l'agresseur) résolution par la perversion (semblant de castration, triomphe secret du pénis excité et masculin caché) 64. Traitement Psychothérapie peu efficace à long terme (sauf si disparition des fantasmes liés au travestisme durant les rapports sexuels et la masturbation) Thérapie comportementale : plus efficace si fétichisme, moins si éléments transsexuels 65. Cas particulier du travestisme féminin En tant que fétichisme, pratiquement inexistant chez les femmes (ne se travestissent pas dans le but d'une excitation érotique, pas de fascination pour les vêtements masculins) XI. Fétichisme - - - - - 66. Généralités a) Généralités Perversion : construction des hypothèses psychodynamiques dans ce chapitre, déconstruction dans les chapitres sur exhibitionnisme et voyeurisme Développement du fétichisme : quels processus psychiques, quelles circonstances (accroissement de l'angoisse de castration par facteurs traumatiques et intensification de la relation symbiotique à la mère), objet transitionnel = précurseur du fétiche? b) Définition Utilisation d’un objet non-génital pendant l’acte sexuel pour atteindre l’orgasme (partie du corps, article vestimentaire, objet apparemment impersonnel représentant symboliquement une partie du corps) Fonction défensive quasiment réparatrice du fétiche, fonctionnement sexuel impossible sans cet objet < incorporation de son image par les sens (éveille souvenirs inconscients) renforce le sentiment de puissance phallique du sujet c) Manifestation Variabilité des manifestations fétichistes : objet clairement représentatif des organes génitaux (perversion fétichiste), objet impersonnel associé à un fantasme provenant d'un vieux souvenir, fantasmes uniquement (souvent stéréotypés) d) Moment d’apparition Variabilité : parfois dans la petite enfance, souvent à l'âge adulte e) Genre sexuel 3 2 - - - - - - - - - - - Hommes : véritable fétiche plutôt que fantasme visibilité de l'échec de l'excitation génitale (blessure narcissique nécessitant un remède drastique), anxiété de castration importante Femmes : symptomatologie rare (sérieux troubles du sens de la réalité), ensemble de facteurs peu étudiés 67. Hypothèses psychodynamiques a) Historique des hypothèses Premières hypothèses : trouble du développement libidinal normal du jeune garçon lors de la prise de conscience de l'absence de pénis de sa mère fixation inconsciente sur une partie du corps ou des vêtements de sa mère (représentant la structure génitale de la mère tout en dissimulant sa déficience inquiétante) Etudes ultérieures : l'événement traumatique implique un clivage du moi (deux perceptions opposées simultanées, conviction antérieure que sa mère détenait les mêmes organes génitaux que lui) Théories actuelles : observation traumatique de l'absence de pénis effet puissant sur l'apparition de l'angoisse de castration mais pas suffisant pour développer le fétichisme (nécessité d'une altération du sens des réalités par des circonstances pathogènes sévères et durables) b) Rappels concernant le Moi Anna Freud (1965) : Moi < relation mère-enfant (au départ unité narcissique sans distinction soi-environnement) et capacité de la mère de répondre à ses besoins Greenacre (1953, 1955, 1960, 1968) : pas d'unité narcissique impliquant une dépendance totale, éléments innés uniques à chaque enfant (influençant la relation à la mère et au monde), impact important du fonctionnement physiologique sur le développement psychique (moi corporel = précurseur du moi psychique) c) Rappels concernant l’agressivité Agression comme tendance instinctive = précurseurs de l'agressivité (phase précoce du développement), agressivité associée avec cruauté et destructivité relation objectale, moi psychique suffisamment développé Origine de l'agressivité dans les frustrations extrêmes, amplification avec les conflits inhérents aux différentes phases de développement Rôle de l'agressivité peu pris en compte dans les premières conceptualisations du fétichisme (même si associé à fantasmes sadomasochistes) 68. Développement du fétichisme a) Emergence Protection contre l'angoisse de castration, symbole concret du pénis (fétiche), besoin évident lors des premiers rapports sexuels (adolescence) b) Périodes critiques de l’enfance : 1ère année Dépendance de la mère pour besoins primaires, de lui-même pour se défendre contre stimulations douloureuses (cris, mécanisme d'introjection/projection) Premières réactions spécifiques à des conditions traumatiques (stimulations inappropriées à cause de perturbations chez la mère) affectent qualité d'organisation du moi naissant c) Périodes critiques de l’enfance : 2ème année Activités indépendantes et nouvelles perceptions (marche, parole), début de conscience des organes génitaux (angoisse de castration et envie de pénis), relation objectale (capacité d'attachement aimant et hostile, agressivité dirigée vers l'offenseur), diminution du mécanisme d'introjection-projection 3 3 - - - - - - - - - Développement du fétichisme : épisodes traumatiques augmentant l'angoisse de castration, situations chroniques ou prolongées donnant lieu à une confusion concernant les différences anatomiques génitales entre les sexes d) Causes d’accroissement de l’angoisse de castration Accidents ou interventions chirurgicales au niveau des organes génitaux, d’une autre partie du corps propre ou de celui d'un proche (sens de son propre corps mal établi, déplacement ou introjection sur ses propres organes génitaux) Exposition à la vue des organes génitaux du sexe opposé (augmentation de la confusion, impressions conflictuelles avec exploration manuelle) Prolongation et intensification de la relation symbiotique avec la mère Hypothèse psychodynamique : accroissement de l’angoisse de castration nécessité de défenses comme le clivage et le déni activation de fantasmes et de souvenirs écrans réification et fétichisation du fantasme e) Périodes critiques de l’enfance : 4ème année et période menant à la puberté Périodes particulièrement sensibles aux traumas castrateurs en raison de la capacité relationnelle à l'objet, l'augmentation de l'excitabilité génitale et de l'apparition de changements corporels. Transition vers une période d'intensification de sentiments sexuels (phase phallique et pré-puberté). Traumas (interventions chirurgicales au niveau des organes génitaux) réalisent angoisse de castration, déni (amnésie avec cauchemars ou passages à l'acte durant phase phallique, répression des émotions et déplacement vers d'autres aires à la pré-puberté) contribuent à l'émergence du fétichisme si autres expériences traumatiques plus précoces 69. Fétichisme et objet transitionnel a) Définitions et caractéristiques Objet transitionnel : objet inanimé lié au corps propre et à celui de la mère pour maintenir un équilibre psychophysique dans des conditions de tension réelle ou potentielle (abandon potentiel), universel et non prédicteur de développement anormal, généralement doux, chaud, imprégné d'odeurs corporelles, réassurance occasionnelle et sevrage spontané (parfois prolongé pendant la phase de latence, peut devenir un véritable fétiche à la puberté), représente relation à la mère pendant le processus de séparation (sentiment de familiarité) Fétiche : lié à des troubles précoces de l'enfance et de la puberté, d'aspect dur et concret, grande variabilité des objets choisis, besoin permanent et jamais abandonné spontanément, suggère les organes génitaux masculins et attributs féminins (< inquiétude générée par les organes génitaux) b) Rôle des traumatismes précoces chroniques Traumatismes sévères et répétés au cours des 18 premiers mois (enfant ou mère hospitalisés, violences à la maison, douleurs corporelles, absence d'une "mère suffisamment bonne") débordement d'excitation, de tension et de pulsions agressives devant être évacuée dans et sur le corps propre, entraînant une grande anxiété et un sentiment de morcellement besoin d'un fétiche infantile (objet transitionnel insuffisant, introjection d'un objet solide et indestructible) Winnicott (1953, 1971) : traumatisme précoce développement de l'objet transitionnel (dont le fétiche peut dériver) 3 4 - Greenacre (1967, 1969) : utilisation d'un fétiche dès le sevrage par les enfants victimes de traumatismes importants (plus investis oralement que les objets transitionnels), développement de l'autonomie entravé par traumatisme sévère et contribuant à l'adoption ultérieure d'un fétiche (si traumatismes ultérieurs dans les périodes phalliques ou de pré-puberté, intensifiant les peurs de castration établies dans les deux premières années de vie) c) Effet d’un épisode traumatique sévère précoce Winnicott : aucun souvenir de l'épisode traumatique pouvant donner une signification à un événement ultérieur pas de développement de symptômes Greenacre : impact important des traumatismes sévères précoces (impression submergée qui ne peut pas être totalement encapsulée et isolée), trace pouvant établir une connexion avec un événement ultérieur et favorise le développement de symptômes. Effet différé de ces traumatismes précoces : anxiété, cauchemars, passages à l'acte dans un état de panique, somnambulisme. Exemple : accidents et maladies pendant les premières années intégrité corporelle et autonomie affectées, augmentation de l'angoisse de castration efficacité temporaire d'un fantasme, nécessité d'une démonstration des capacités phalliques (masturbation compulsive, fantasmes sadomasochistes) réveil de l'incertitude concernant son équipement génital lors des premières relations sexuelles fétiche (substitut concret du phallus féminin, réification du fantasme inadéquat lors du test réel du rapport sexuel) - - - 70. Résumé Fétichisme en tant que perversion < angoisse de castration extrêmement sévère Lié à des traumatismes précoces prégénitaux Besoin du fétiche lors de la prise de conscience que la mère n'a pas d'organes génitaux masculins (objet habituellement associé aux femmes) Fonction analogue à l'objet transitionnel, n'en est pas forcément dérivé XII. - - - Exhibitionnisme 71. Généralités Exhibitionnisme : "misère" des choses exposées, voyeurisme : "misère" des choses vues Précurseurs de la phase phallique (exhibitionnisme et scopophilie), infiltrés par pulsion de vie constructions de soi, infiltrés par des pulsions de mort perversions Conditionnement par une première expérience d'exhibition donnant lieu à un schéma qui constituera un stimulus excitant pour l'exhibitionnisme (ex: obligé de s'exhiber à 8 ans par des écolières) Evénement précipitant : excitations sexuelles interne (survenant spontanément à l'adolescence ou secondaire à des visions sexuellement stimulantes) ou situation de tension non sexuelle (signification symbolique de perte de sécurité ou de castration) acte incontrôlable, sensation de tension interne projetée sur organes génitaux, intenses sensations génitales et plaisir interne (hyperlibidinisation, pas d'érection ni éjaculation) Suspension temporaire du contrôle du surmoi (moi forcé à participer directement à un acte organisé), en général retour d'autocritique Période de latence : fortes formations réactionnelles contre la sexualité infantile, parfois déjà certaines tendances exhibitionnistes Adolescence : exhibition en raison de l'intensité des sensations sexuelles, suite à une expérience sexuelle choquante et décevante (objectivation de la peur d'être inadéquat), pseudo-exhibitions (croit ne pas être vu mais se masturbe manifestement) 3 5 - - - - - - - - - 72. Définition Exposition des organes génitaux face à quelqu’un du sexe opposé, en dehors de tout contexte lié à un acte sexuel Une des déviations sexuelles les plus fréquentes chez les hommes, le plus haut taux de récidive, 4 niveaux d'intensité (Schorsch et al, 1985), perversion si source exclusive ou majeure de plaisir sexuel (compulsion répétitive) 73. Cas particulier de l’exhibitionnisme féminin Rare (vécu différent de l’angoisse de castration), trouble du narcissisme corporel (Eber) 74. Classification Rosen (1964) : Type simple ou régressif : conséquence d'un trauma sexuel ou social, d'une perte ou d'une maladie (physique ou psychique, y compris vieillissement et alcoolisme), personnes plutôt réservées et timides (inhibitions sociales et sexuelles mais capables de préserver des relations sociales et professionnelles), sensibles au choc causé par le tribunal ou l'emprisonnement Type phobique ou impulsif : perturbations intenses de la personnalité, s'exhibent régulièrement et deviennent récidivistes, peu sensibles au tribunal et à l'emprisonnement, association à d'autres perversions (travestisme, voyeurisme) et comportements psychopathiques quand l'impulsivité prédomine, troubles phobiques, obsessionnels et hystériques Van de Loo (1987) : exhibitionnistes habituels et non habituels Forgac et al (1982) : exhibitionnistes purs (type inhibé, conformiste, timide et névrosé) et présentant également des comportemnets criminels ou sociopathiques (type non confentionnel, désinhibé et antisocial) Forgac (1982) : subdivision du groupe phobique-compulsif en groupe avec traits névrotiques obsessionnels et groupe à tendances plus antisociales et/ou criminelles Degré de dangerosité des exhibitionnistes : corrélation avec des condamnations pour autres crimes 75. Hypothèses psychodynamiques Freud (1900, 1905) : mise en scène d'aspects du comportement instinctif normalement exprimé puis réprimé chez les enfants (processus de répression, soit exagéré, menant à de sévères inhibitions sociales et sexuelles, soit incomplet en relation avec une attention excessive portée par la mère au corps et aux fonctions génitales de l'enfant) pulsions exhibitionnistes non réprimées = tentative de contrôle des désirs sexuels infiltrés de pulsions agressives pour la mère Fenichel : exhibitionnisme = déni ou réassurance contre l'angoisse de castration (aspect négatif du complexe d'œdipe : prendre la place de la mère en s'identifiant à elle) Freud : développement libidinal de l'enfant passe par l'auto-érotisme, le narcissisme puis les véritables relations objectales. Perte objectale ou carences affectives régression à une position sadique (retrait de la libido attachée à l'objet, réinvestissement au niveau du corps propre, du pénis en particulier) Fixation au niveau de la position orale : hostilité associée à cette phase (mordre, dévorée) projetée sur le monde extérieur colpophobie (peur des organes génitaux féminins) à la base de l’exhibitionnisme (Christoffel, 1936) Winnicott (1958) : phase transitionnelle entre l’érotisme oral et la véritable relation objectale (pouce en bouche et caresse du nez) exhibitionnistes : introjection de l'image mentale de l'objet, identification avec l'objet perdu (vers 8-9 mois, analité et 3 6 - - - - morsures), difficultés à gérer l'objet introjecté (hostile ou menaçant) dépression ou hypertrophie du surmoi (exhibitionnisme pour se défendre contre les pertes et dépression associée) Relations avec les parents : relation ambivalente d'amour-haine, amour de la mère exprimé de manière préoedipienne par une forte identification féminine (oedipe négatif) exhibitionnisme comme défense contre cette composante homosexuelle Groupes thérapeutiques : silence < angoisse de castration, infériorité narcissique Edgcumbe et al (1975) : phase narcissique-phallique préoedipienne où gratification dépend de l'admiration de la mère développement d'un moi différencié et d'une identité sexuelle (facilité par une identification avec le père). Si échec, perturbations objectales (objet source d'admiration et de condamnation), cf. rapport des exhibitionnistes avec leurs victimes Sexualisation des sensations offertes par le regard (exhibitionnisme et se regarder s'exhiber) plaisir érogène augmentant l'estime de soi 76. Etudes comportementales Mesures phallométriques des réponses d’exhibitionnistes exposés à des stimuli Fedora et al (1986) : réponse sexuelle des exhibitionnistes à des scènes de femmes habillées et érotiquement neutres Langevin et al (1979) : plus grande excitation face à des images de femmes immatures, voyeurisme plus fréquent Smukler et al (1975) : seule façon d'exprimer des sentiments agressifs inconscients sans provoquer les représailles suivant une agression directe XIII. Voyeurisme - - - - - 77. Généralités Scopophilie (plaisir de regarder) voyeurisme (perversion) Perversion (Freud, 1905) si comportement focalisé sur les organes génitaux uniquement, si affaiblissement du sentiment de dégoût, si ce comportement prend une place prépondérante (non préparatoire à un but sexuel) 78. Hypothèses psychodynamiques Association exhibitionnisme/voyeurisme Scopophilie à la phase orale : prise et intégration d'impressions visuelles (lien regard/toucher). Incorporation orale non satisfaisantes fonctions visuelles ressenties comme dévorantes et hostiles (défenses : manque d'intérêt, difficultés d'apprentissage) Exhibitionnisme et scopophilie réactivés au stade phallique (curiosité pour les considérations sexuelles et de procréation), réactivation de la timidité comme formation réactionnelle contre la scopophilie (initialement perception de l'étranger à la phase sadique-orale) Difficultés liées aux relations objectales : gratification narcissique et protection de la castration = rôle de la femme dans l'exhibitionnisme ( personne entière), préférence de l'exposition à des étrangères, difficulté à s'exprimer dans des thérapies de groupe, timidité et inhibition comme formations réactionnelles contre la scopophilie (familles puritaines) 79. Cas particulier des appels téléphoniques obscènes Actes exhibitionnistes via un autre média, fuite du contact physique avec leurs victimes (plus d'agressivité et de menaces) 3 7 - - - - - - - - - augmentation des sentiments de grandiosité du sujet, négation de ses sentiments de néant, dépassement de ses difficultés à être proche des autres (appels précipités par événements qui diminuent l'estime de soi) Sentiments de rage et de peur des femmes sous-tendues par fantasmes de fusion avec les femmes (frustrants, émasculants et écrasants) Les événements qui diminuent l’estime de soi du sujet précipitent les appels téléphoniques 80. Traitements a) Thérapies individuelles Sur base d'une évaluation individuelle, indications de psychothérapies individuelles ou de groupe, entretiens de soutiens suffisants chez adolescents inhibés Traitements psychopharmacologiques (similarité avec les TOC) b) Thérapies de groupe Encourager relations sociales plutôt que gratifications narcissiques (s'adresser au groupe entier, interprétations générales valables pour l'ensemble du groupe) Premières sessions : chacun explique pourquoi il s'expose, ses difficultés de contrôle des pulsions sexuelles, discussion de l'impact des sanctions et de l'impact social de ses actes Phase suivante : relations entre membres, divisions entre sujets inhibés/réservés et sujets libérés/instinctifs exposition des objectifs thérapeutiques du groupe (inhibés plus libérés et impulsifs plus contrôlés) Verbaliser les expériences d'exhibition diminution des passages à l'acte si sentiment de sécurité dans la relation thérapeutique Plus tard : apparition fréquente de phénomènes de transfert et de réactions de chacun à la psychopathologie des autres (comportements agressifs contre l'identification féminine avec la mère et l'homosexualité), intense tension si discussion sur sentiments homosexuels Litman (1961) : traitement de déviants sexuels par participation à des groupes de névrosés (présence des femmes apaisant l'anxiété liéé à l'abord de l'homosexualité masculine) Adolescents : difficiles à intégrer dans les thérapies (manque de régularité, timidité extrême, inhibition, tendance au passage à l'acte), thérapie individuelle pour les plus inhibés c) Résultats Evaluation difficile à long terme car la plupart des patients, après traitement, veulent « tout » oublier Traitement de groupe : Exemple : phobiques-impulsifs passés devant le tribunal et récidivistes plus aucune condamnation après 20 mois Groupes de psychothérapie analytique peu efficaces pour exhibitionnistes adultes phobiques-compulsifs (plus de 6 mois nécessaires) Mathis et al (1970) : groupes de personnes ayant des problèmes similaires dilution des mécanismes de défense (rationalisations, clivage, déni) Groupe d’adolescents : présence irrégulière et résultats décevants, bénéfique pour les inhibés, psychothérapie analytique intensive et/ou comportementale pour les compulsifs-impulsifs Psychothérapie analytique individuelle : perte de tout besoin d'exhibition (sauf pour un patient) et absence de rechute après 2 ans 3 8