
message publicitaire est susceptible d‘être compris de tous.
D’une manière générale, les mots constituent le côté rationnel de la publicité, d’ailleurs Hugo
Léger déclare lors d’un débat sur Radio-Canada que le langage verbal invite l’individu à
poser le geste d’achat, le jargon publicitaire désigne ce processus par l’expression anglaise :
call to action.
En revanche, dans un deuxième temps, nous assistons, dans notre société, à une
désacralisation de l’image dans la mesure où d’une part le consommateur est sans cesse
entouré d’écrans (télévision, ordinateur, portable) et d’autre part sublimer une photo en la
retouchant est à la portée de tous (Smartphone). Ainsi, dans un tel contexte l’aspect étonnant
de la publicité résultera, selon les propos d’Elie Sic-Sic dans une interview publiée dans Le
Figaro hors série sur la langue française, des mots utilisés et du ton associé à l’image. Et le
mot pour capter notre attention doit être mémorisable et intelligible d’où le retour en force des
accroches mécaniques que l’on croyait dépassées telles que « Pas d’erreur, c’est Lesieur! »
ou « Quand je fais de la purée Mousline... ». Aujourd’hui, les concepteurs publicitaires
réalisent que les slogans sont restés ancrés dans les consciences, et dans la culture populaire
d’où le célèbre « Carglass répare, Carglass remplace » qui, facile à mémoriser, parvient à
expliquer en seulement quatre mots sa mission. De surcroît, le slogan offre une personnalité à
la marque c’est le cas par exemple de Virgin Mobile qui pour se démarquer des opérateurs
comme Orange ou SFR a choisi de casser les code en dédramatisant par le slogan « Détendu
du mobile ».
Par conséquent, nous sommes confrontés à deux visions contradictoires et
l’ambivalence du langage publicitaire résulte de l’impossibilité d’affirmer avec certitude la
supériorité de la communication visuelle sur la communication verbale et inversement :
probablement parce que cette hiérarchie dépend de la particularité de chaque consommateur,
certains étant plus sensibles au message visuel et d’autres étant plus réceptifs au langage
verbal.
1.2. Individualisme ou Uniformisation ?
Néanmoins, les médias qui unissent par définition les individus entre eux, deviennent par la
publicité et son langage le facteur de dissolution de la communauté. En effet, selon
Baudrillard rien n’unit entre eux les spectateurs devant leur télévision dans la mesure où ils
sont avant tout des consommateurs et non une collectivité soudée. D’ailleurs Baudrillard
signale dans son ouvrage que le langage publicitaire accentue la différenciation individuelle,
la nouvelle publicité télévisuelle Lancôme illustre à la perfection cette idée et présente « la vie
est belle », nouveau parfum commercialisé par la marque, comme étant un symbole
d’émancipation. Julia Roberts parvient à briser les chaînes « des diktats et des conventions »
qui l’entravaient en exprimant sa véritable personnalité grâce à son nouveau parfum
Lancôme.
[http://www.youtube.com/watch?v=FEFOtBtUKos]
Néanmoins, Jean Baudrillard nous affirme que la notion de personnalité est factice, en effet il
considère que la personne avec ses passions, sa volonté, son caractère n’a pas sa place dans
notre univers devenu fonctionnel. Le langage publicitaire nous dit en vérité « qu’il n’y a
personne » pour reprendre les propos de l‘auteur et que le seul moyen de remodeler cet être
perdu est de piocher dans ce catalogue de différences que nous propose la publicité pour se
façonner une individualité de synthèse. Ainsi se différencier revient à se définir par rapport à
un modèle abstrait et à s’éloigner de la différence réelle qui naît de la confrontation au monde
et aux autres. Et ces différences factices marquent en réalité l’obéissance de l’individu au
code de la consommation : il est impossible de déterminer en quoi fondamentalement un
individu A se parfumant avec Lancôme se distingue d’un individu B se parfumant avec
Chanel, en réalité ces deux individus sont rendus semblables dans la mesure où ils sont avant
tout consommateurs et se plient au code de la consommation. Ainsi le langage publicitaire est
ambigu dans la mesure où d’une part il valorise en apparence l‘exception, l’individualité
tandis que d’autre part il rend les consommateurs semblables les uns aux autres.