mouvementée et l’île subit de nombreuses tutelles : hellénistique, romaine, byzantine,
arabe, franque, vénitienne, ottomane et enfin britannique.
La république de Chypre actuelle obtient son indépendance du Royaume-Uni le 16 août
1960, celle-ci est garantie par un traité qui réunit la Turquie, la Grèce et le Royaume-Uni. Ce
dernier conserve deux bases souveraines dans le Sud et l'Est de l'île où sont stationnés près
de 4 200 soldats britanniques.
Malgré cette paix fugace, les problèmes ne tardent pas à se manifester. Pour les milieux
nationalistes grecs, la réunion de l’île à la Grèce (Enosis) est la dernière étape de la
"libération" des pays grecs, mais la minorité turque (18 % de la population) ne l’entend pas
de cette oreille et les affrontements se multiplient pendant la décennie de 1960, surtout en
1964 et 1967, et plusieurs dizaines de personnes trouvent la mort, tant côté turc que grec.
Le gouvernement du président MAKARIOS, où les deux communautés sont représentées,
peine à maintenir un équilibre. Lorsque la dictature des colonels se met en place en Grèce,
de nombreux opposants grecs se réfugient à Chypre.
Le 15 juillet 1974, la garde nationale dirigée par des officiers grecs acquis aux colonels lance
une tentative de coup d’État contre le président MAKARIOS avec l'aide du groupe armé de
l'EOKA B (branche armée et dissidente du mouvement « EOKA » qui souhaitait réaliser
l’Enosis par des voies politiques). Le 20 juillet, la Turquie intervient militairement arguant la
protection des intérêts de la minorité turque, en lançant l'opération Attila, et occupe le Nord
de l’île en deux jours (s’assurant le contrôle de 38 % du territoire). En Grèce, le refus de
l’armée de s’impliquer plus avant dans ce conflit provoque la chute de la dictature des
colonels. Malgré la restauration de la république chypriote, la Turquie refuse de se retirer et
impose la partition du pays de part et d’autre de la « ligne verte » (appelée « ligne Attila »
par les Turcs). 200 000 Chypriotes grecs sont contraints à l’exode entre 1974 et 1975,
chassés du territoire occupé par la Turquie ; les Chypriotes turcs sont forcés de s’installer au
Nord en 1975 à la demande de leur chef Rauf Raif DENKTAS, lors de pourparlers à Vienne
(Autriche). Le 13 février 1975, se met en place l'« État fédéré turc de Chypre » qui n'est
reconnu que par la Turquie. En 1983, il devient la « République turque de Chypre du Nord ».
L'ONU désapprouve cette occupation dans sa résolution 541 du 18 novembre 1983.
L’UNFICYP prend le contrôle de la ligne verte et fait respecter le cessez-le-feu. De nombreux
Chypriotes grecs et turcs, chassés de leurs terres, s’exilent en Grande-Bretagne. La
« République turque de Chypre du Nord » s’appauvrit en raison de l’embargo international,
tandis que la Turquie mène une politique de colonisation de turcs d’Anatolie vers la partie
nord de Chypre (politique condamnée par des résolutions de l'ONU), ce qui fait passer le
pourcentage de turcophones dans l’île de 18 % en 1970 à 22 % en 1997.
Depuis la partition, il ne reste en tout que deux villages mixtes dans toute l’île : Pyla dans
l’enceinte de la base britannique de Dhekelia, et Agios Androlikos/Yesilköy dans la
« République turque de Chypre du Nord ».
En 2003, la perspective de l’entrée de Chypre dans l’Union européenne permet un premier
dégel, avec l’ouverture de points de passage sur la ligne verte, et une mission de bons offices
du secrétaire des Nations unies, Kofi Annan. Le plan Annan, intervenant après trente ans de
négociations infructueuses, propose d’instaurer un État confédéral, chaque État confédéré
devant permettre l’installation (ou le retour) de 33 % au plus de résidents de l’autre