Psychothérapie
Présentation
L'effet dodo : toutes les psychothérapies fonctionnent
Pourquoi ça marche?
Pourquoi et quand, une thérapie?
Choisir son psy
En pratique
Livres, etc.
Références
Présentation
Pour quiconque se sent psychologiquement vulnérable ou fragile, se lancer à la recherche
d'une psychothérapie ou d'un psychothérapeute peut paraître une entreprise particulièrement
éprouvante. Parmi toutes les psychothérapies (plus de 200 officiellement répertoriées), y en a-
t-il de plus efficaces que d'autres? Est-ce que certains problèmes s'y prêtent mieux? Quand et
comment devrait-on y avoir recours?
C'est à ces questions que cette fiche tentera de répondre, même si les réponses ne seront ni
définitives, ni absolues. Le domaine est encore jeune, en constante évolution, et beaucoup de
controverses subsistent1,2,28. Plusieurs écoles de pensée s'affrontent. D'ailleurs, les chercheurs
ne s'entendent pas sur la notion même d'efficacité; que signifie précisément s'améliorer, être
guéri, rechuter?
Heureusement, on retrouve aussi de très nombreux points d'accord. Dans l'état actuel des
connaissances, trois conclusions principales semblent s'imposer :
La majorité des psychothérapies bien menées donnent de bons résultats.
La réussite de la thérapie dépendrait d'abord et avant tout de la motivation et de
l'engagement du sujet.
L'alliance thérapeutique qui s'établit entre le patient et son thérapeute serait beaucoup
plus déterminante pour prédire l'issue du traitement que la technique particulière
utilisée par l'intervenant.
L'effet dodo : toutes les psychothérapies fonctionnent
Des centaines de recherches menées depuis quelques dizaines d'années, et
regroupées en synthèses d'études et en méta-analyses, ont démontré sans équivoque que la
psychothérapie peut contribuer à traiter efficacement plusieurs problèmes psychologiques
comme la dépression, le trouble panique, l'anxiété, les troubles de l'alimentation et divers
troubles de la personnalité1,3-7,20,27.
Qui plus est, le recoupement de ces études a permis de conclure que toute psychothérapie bien
menée, peu importe la technique particulière utilisée, a de fortes chances de donner de bons
sultats. Cette hypothèse a été présentée pour la première fois en 1976 dans une étude
intitulée Comparative studies of psychotherapies : is it true that "everybody has won and all
must have prizes"? (Études comparatives des psychothérapies : est-ce vrai que « tout le
monde a gagné et que chacun doit recevoir un prix »?)8. Le sous-titre de l'étude provient du
livre Alice au pays des merveilles, de Lewis Caroll, dans lequel le dodo, l'oiseau-juge, déclare
que tous ceux qui ont participé à la course ont gagné.
Cliquez ici pour connaître l'histoire originale.
L'étude concluait que toutes sortes de thérapies, très différentes les unes des autres,
démontraient pourtant une efficacité comparable face à des problèmes semblables; on a alors
émis l'hypothèse que des « facteurs communs » présents dans la majorité des psychothérapies
pouvaient être à l'origine de ce qu'on appelle désormais « l'effet dodo ».
Depuis, plusieurs synthèses d'études, méta-analyses et ouvrages scientifiques se sont penchées
sur le phénomène, et bien qu'il reste certaines dissensions, la plupart des chercheurs
conviennent aujourd'hui de la validité de l'effet dodo. On a toutefois remarqué que les
diverses approches pouvaient effectivement s'équivaloir à condition qu'elles soient bona fide,
une expression latine qui signifie littéralement « de bonne foi ». Pour qu'une thérapie soit
bona fide, il faudrait que le thérapeute détienne au moins une maîtrise universitaire ou une
formation équivalente, que le traitement repose sur des principes psychologiques valables et
que le problème du client puisse raisonnablement être traité par une approche
psychothérapeutique9.
Pourquoi ça marche?
Que la majorité des psychothérapies bien menées puissent être efficaces ne signifie pas pour
autant que toutes les psychothérapies soient équivalentes pour tout le monde. On a effectué
beaucoup de recherches pour savoir quels pourraient être les fameux « facteurs communs »
présents dans l'ensemble des psychothérapies, et dans quelle mesure ils en déterminaient le
succès. La plupart des experts s'entendent aujourd'hui sur les quatre éléments qui seraient
primordiaux pour prédire l'issue d'une thérapie, et sur leur importance relative10-15 :
L'implication et la détermination du patient : dans une proportion de 40 %.
La qualité de l'alliance thérapeutique entre le patient et le thérapeute : 30 %.
La confiance en l'efficacité du traitement (incluant l'effet placebo) : 15 %.
La spécificité de l'approche thérapeutique privilégiée : 15 %.
Les facteurs communs semblent donc plus importants que les facteurs propres à une approche
ou à une autre. Cela ne signifie pas que le choix de la technique soit secondaire. En effet, si
celle-ci ne correspond pas aux attentes du patient, cela pourra avoir une incidence négative sur
son implication personnelle, sur la qualité de l'alliance thérapeutique et sur la confiance
ressentie, réduisant d'autant les chances de succès.
Une étude étonnante
Trente personnes souffrant de dépression ont été traitées par une thérapie cognitive. Le taux
de succès de la thérapie a été évalué en fonction de trois variables, la première spécifique à
l'approche cognitive (l'accent mis sur les liens entre les modes de pensée et la dépression), et
les deux autres communes à toutes les psychothérapies : l'alliance thérapeutique et
l'implication du client. On a constaté une nette corrélation entre ces deux facteurs communs et
les chances de réussite de la thérapie, tandis que l'élément propre à la thérapie cognitive n'était
pas un bon prédicteur de succès. Les chercheurs ont même émis l'hypothèse que de trop
s'attacher à une technique particulière pouvait nuire à la qualité de l'alliance thérapeutique et à
l'issue de la thérapie16,17.
Le patient
L'implication et la détermination du patient : 40 %. Il semble que l'aspect le plus
important de « l'implication » du client (une notion qui englobe à la fois engagement et
action) soit son intention sincère de collaborer au processus thérapeutique. La bonne volonté,
les efforts consentis et l'ouverture d'esprit seraient déterminants. Une étude18 a d'ailleurs
démontré la forte corrélation entre « l'ouverture » initiale du patient et le succès à court et
long termes de la thérapie.
Dans une vaste synthèse d'études, publiée en 200319, on a constaté que le rôle du patient est
déterminant pour que se constitue une bonne alliance thérapeutique. On y faisait aussi
remarquer que la confiance et l'esprit de collaboration démontrés par le thérapeute peuvent
avoir une influence positive sur l'implication du client. De plus, si le thérapeute explique
clairement à son client que le processus exigera, de part et d'autre, de travailler avec vigueur
et détermination, cela peut influencer favorablement les résultats du traitement.
Parmi les responsabilités du patient, évoquées dans une publication de la Harvard Medical
School12, on mentionne qu'il doit être motivé, participer activement au traitement et être prêt à
faire face à d'intenses émotions.
Le lien patient/thérapeute
La qualité de l'alliance thérapeutique : 30 %. On décrit généralement l'indispensable
alliance thérapeutique de la façon suivante13,14,20-22 :
Dans un esprit de collaboration, le client et le thérapeute s'entendent sur leurs tâches
respectives, et les considèrent comme importantes et pertinentes.
Les objectifs de la thérapie sont clairs, bien compris et endossés par les deux parties.
Un lien affectif basé sur la confiance, l'implication, l'acceptation ainsi qu'une grande
empathie de la part du thérapeute relient les deux personnes.
Le Dr Michael Craig Miller, l'éditeur de la Harvard Mental Health Letter de septembre 2004,
a bien résumé l'importance de l'alliance thérapeutique12. Il affirme qu'elle est essentielle au
succès de toute psychothérapie et, comme l'ont démontré nombre de synthèses d'études11,13-15,
qu'elle serait plus déterminante que n'importe quel autre aspect spécifique du traitement. La
recherche démontre que plus l'alliance est forte, meilleurs seront les résultats. Toutefois, le
fait que l'intervenant soit amical, ouvert ou accueillant n'est pas suffisant; le patient doit
également sentir qu'il est vraiment compris et que le thérapeute est digne de confiance et tout
à fait compétent.
Dans une synthèse d'études19 portant sur les liens thérapeute-alliance thérapeutique, on a
constaté que les principales qualités que devrait démontrer un thérapeute pour susciter une
solide alliance sont d'être souple, honnête, respectueux, digne de confiance, chaleureux,
intéressé et ouvert. L'utilisation de diverses techniques comme le soutien à l'expression des
émotions, l'exploration et la réflexion sur le passé du patient ainsi que l'interprétation juste de
ces observations contribueraient également à l'alliance.
La confiance
La confiance en l'efficacité du traitement (incluant l'effet placebo) : 15 %. Ce facteur
dépend en partie de l'alliance thérapeutique - qui est entre autres basée sur la confiance -, mais
également d'une bonne compréhension de l'approche thérapeutique. En effet, si l'on connaît
bien la voie sur laquelle on s'engage, si des gens crédibles nous l'ont recommandée, si l'on
s'est assuré de la compétence du thérapeute, tous ces éléments contribueront à générer une
plus grande confiance. Et la recherche a démontré que cette confiance pouvait être, en elle-
même, une composante de la thérapie, au même titre que la technique privilégiée.
L'approche elle-même
La spécificité de l'approche thérapeutique privilégiée : 15 %. Dans l'état actuel des
recherches, il est difficile d'établir clairement si certaines approches thérapeutiques seraient
plus efficaces que d'autres face à des affections particulières. Il se peut qu'au lieu de choisir
une approche en fonction d'un problème spécifique, il soit préférable d'en rechercher une qui
correspond à qui on est, à nos attentes, et même à nos convictions et à nos valeurs. Par
exemple, pour un même problème de dépression, une personne désirant avant tout redevenir
rapidement fonctionnelle pourrait choisir une approche cognitivo-comportementale, tandis
qu'une autre de nature plus introspective, et qui voudrait en profiter pour envisager son
problème dans un contexte plus vaste, pourrait se tourner vers une approche analytique.
Pourquoi et quand, une thérapie?
Généralement, on entreprend une psychothérapie pour :
Cesser de souffrir psychologiquement (phobies, angoisses, anxiété, panique, déprimes
récurrentes...).
Régler des problèmes affectifs ou relationnels (obsessions, timidité, estime de soi,
échecs amoureux...).
Modifier des comportements qui nuisent au bien-être (stress post-traumatique,
dépendances diverses, maux imaginaires, dysfonctions sexuelles...).
Faire face à une crise existentielle (après quoi je cours?, réorientation de carrière...).
D'autres y ont également recours, non pas tant pour régler des problèmes spécifiques,
mais pour acquérir de nouveaux outils afin de se réaliser pleinement ou pour améliorer
l'adéquation entre leurs valeurs et la réalité de leur vie.
Dans l'ouvrage The Heart & Soul of Change - What Works in Therapy, publié par l'American
Psychological Association, on explique que les gens font surtout appel à la psychothérapie
quand ils n'arrivent plus à régler eux-mêmes des problèmes, apparemment solubles, qui leur
empoisonnent la vie. Cette difficulté serait attribuable, études à l'appui, à des facteurs comme
les « pensées ruminantes », le manque de perspective ou de vision d'ensemble, les habitudes
trop bien ancrées et la déficience du soutien social20.
De façon générale, on peut dire que les problèmes psychologiques (excluant les maladies
mentales) relèvent de la rencontre de facteurs personnels (bagage génétique, tempérament,
mode de vie, etc.) et sociaux (expériences affectives de la petite enfance, éducation, classe
sociale, culture, événements ponctuels, etc.).
Dans sa brochure intitulée La psychothérapie offre un regard nouveau sur la vie23, l'Ordre des
psychologues du Québec évoque plusieurs éléments qui peuvent engendrer des problèmes
psychologiques : avoir subi une épreuve ou un traumatisme (deuil, maladie, congédiement,
agression), avoir une vie de couple ou familiale insatisfaisante, éprouver une dépendance
(drogue, tabac, nourriture, alcool, jeu), se trouver dans un environnement de travail trop lourd
à porter, etc. Face à de telles situations, des personnes réagiront de façon efficace en puisant
dans leurs ressources intérieures, en prenant des vacances ou en se mettant au jogging;
d'autres trouveront du soutien chez leurs amis ou leurs proches; malheureusement, certaines
se sentiront complètement démolies malgré tous leurs efforts pour s'en sortir; elles n'arriveront
pas à s'activer et à mettre en branle des solutions qui - et elles ne le savent que trop bien -
s'avéreraient pourtant gagnantes.
On recommande de recourir à une aide professionnelle quand :
On n'est plus en mesure d'exécuter les tâches quotidiennes telles qu'aller travailler,
prendre soin de soi et des enfants ou s'occuper de la maison.
On a l'impression que plus personne ne nous comprend, que les gens nous évitent ou
que leurs conseils sont inutiles.
On ne réussit pas à surmonter une épreuve ou un traumatisme et on constate que les
solutions connues sont inefficaces.
On se sent constamment déprimé, angoissé, tendu, en colère ou irrité.
On a de plus en plus de difficulté à dormir.
On a peur d'affronter des situations qui semblent banales pour les autres.
On a une boule dans la gorge et on pleure plus souvent qu'à son tour.
On estime que la vie n'a plus de sens et on n'a pas d'espoir de changement.
Dans nos sociétés, la santé mentale est devenue un enjeu de santé publique. En France, 40 %
des affections de longue durée chez les enfants et les adolescents sont des troubles
psychiatriques. La première cause d'hospitalisation chez les adolescentes y est la tentative de
suicide24. Aux États-Unis, de 1967 à 1980, la proportion de la population ayant déclaré avoir
recours à la psychothérapie est passée de 1 % à 10 %25.
Par contre, certains auteurs se demandent si l'on n'assiste pas à une dérive exagérée. Le
psychiatre Jean Cottraux, auteur de Les Visiteurs du soi - À quoi servent les psy?29 croit que le
marché de la psychothérapie sans effet thérapeutique grandit de jour en jour. Il se demande s'il
faut simplement voir dans le triomphe actuel des psychothérapies le contrecoup d'une crise de
l'ego généralisée. Selon lui, non seulement on peut vivre sans psy, mais c'est parfois mieux.
Choisir son psy
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