COMPTE-RENDU DE LA RENCONTRE PEDAGOGIQUE DE MICROECONOMIE VENDREDI 29 MAI Deux questions ont été principalement abordées : - la représentation graphique des effets revenu et substitution - le diagramme d’Edgeworth, avec la représentation graphique de l’ensemble des optima de Pareto. Par ailleurs, quelques précisions ont été faites sur les notions de sélection adverse et hasard moral figurant dans le texte 2. Les étudiants ont demandé qu’une liste des définitions susceptibles d’être demandées en examen apparaisse sur le site. 1. Effet-substitution et effet-revenu On avait déjà vu (voir CR du 11 mai) que la variation du prix d’un bien (par exemple l’augmentation du prix du bien 1) entraîne sur deux effets sur les demandes de chacun des biens : un effet-subsitution, qui exprime le fait que le consommateur, du fait du renchérissement du bien 1 relativement au bien 2, souhaite consommer moins de bien 1 et davantage de bien 2 qu’auparavant ; un effet-revenu qui exprime le fait que l’augmentation du prix d’un bien, pour un revenu nominal constant, diminue le pouvoir d’achat du consommateur et le conduit à réduire sa consommation des deux biens. Les effets revenu et substitution vont dans le même sens pour la demande de bien 1, mais en sens contraire pour la demande de bien 2. L’effet global est donc indéterminé pour le bien 2. Pour représenter graphiquement les deux effets, il faut représenter trois paniers optimaux (i.e. trois choix qui maximisent la satisfaction du consommateur, en fonction de contraintes différentes). - Le premier panier, qu’on appelle Q*=(q*1,q*2) représente le choix optimal du consommateur avant l’augmentation de prix, i.e. pour les prix (p1, p2). Ce panier est R p1 q1 , en noir sur situé sur la droite de budget du consommateur (d’équation q2 p2 p2 le graphique), au point où elle est tangente avec une courbe d’indifférence du consommateur). Ce panier en effet est celui qui, parmi tous ceux que le consommateur peut acheter (i.e. parmi tous ceux dont la valeur, égale à p1q1 + p2q2, est inférieure ou égale à son revenu, R), lui permet d’atteindre la courbe d’indifférence la plus éloignée de l’origine, i.e. associée à la satisfaction la plus grande. - Le second panier, qu’on appelle Q’*=(q’*1,q’*2) représente le choix optimal du consommateur après l’augmentation de prix, i.e. pour les prix (p’1, p2) avec p’1 > p1. Ce panier est situé sur la nouvelle droite de budget du consommateur (d’équation R p '1 q2 q1 , en rouge sur le graphique), au point où elle est tangente avec une p2 p2 courbe d’indifférence du consommateur). On remarque que la pente de la nouvelle droite de budget est, en valeur absolue, plus élevée que celle de l’ancienne, et que des paniers de biens que le consommateur pouvait auparavant acheter ne lui sont plus accessibles maintenant. Le passage de Q* à Q’* représente les modifications de la demande de chacun des biens du fait des deux effets : substitution et revenu. afin de distinguer les deux effets, on neutralise l’effet-revenu en représentant le panier ~ R ' p '1 Q (q~1 , q~2 ) , situé sur une troisième droite de budget, d’équation q2 q1 (en p2 p2 bleu sur le graphique). Cette droite est parallèle à la droite de budget après l’augmentation du prix (puisque sa pente est elle aussi égale à -p1/p2) mais elle supprime l’effet « baisse de pouvoir d’achat », en supposant que le revenu a été accru (est passé de R à R’) afin de compenser cette baisse de pouvoir d’achat. Cette compensation par hausse du revenu doit être suffisante pour permettre au consommateur d’atteindre exactement la même courbe d’indifférence qu’avant la hausse du prix (courbe noire sur le graphique ci-dessous. ~ - Le passage de Q* à Q représente l’effet-substitution : baisse de q1 et hausse de q2. Le ~ passage de Q à Q’* représente l’effet-revenu : baisse de q1 et de q2. Le passage de q* à Q’* représente la somme des deux effets. Remarque : sur le graphique ci-dessous, l’effet-substitution est plus important en valeur absolue que l’effet revenu, puisque q’2 > q2, alors que dans lors de l’exemple pris en séance, l’effet-revenu l’emportait sur l’effet-substitution. Les deux cas sont possibles, ainsi qu’un troisième, dans lequel les deux effets seraient exactement de même ampleur, se compenseraient, et où l’on obtiendrait donc q’2 = q2 - q2 q~2 q'*2 q2* ~ Q Q'* q '1* Q* q~1 q1* q1 x1 2. Le diagramme d’Edgeworth et l’ensemble des optima de Pareto Le diagramme d’Edgeworth est un rectangle dont la longueur des côtés représente la quantité totale de chaque bien disponible dans l’économie. Chaque point (à l’intérieur et aux frontières du diagramme) représente l’ensemble des répartitions des biens possibles dans une économie composée de deux biens et deux agents. La construction du diagramme a été rappelée, avec notamment l’inversion de la représentation du consommateur B, et la lecture de chaque point dans le système d’axe de chaque agent. Partant d’une situation initiale (notée I), on dessine les courbes d’indifférence de chaque agent (décroissante et convexe par rapport à son système d’axes) dans cette situation, et l’on observe que ces courbes se croisent et que leurs intersections forment la « lentille ». On détermine l’ensemble des répartitions des ressources qui sont préférées par chaque agent à la situation I : ce sont, pour chacun, celles qui sont représentées « au-dessus » de la courbe d’indifférence passant par I (donc « en-dessous » pour B, dont les axes sont inversés). Les points intérieurs à la lentille sont donc tels que les deux agents seraient plus satisfaits s’ils les atteignaient. La situation I n’est donc pas un optimum de Pareto, puisque, si l’on allait dans la lentille, la situation d’un agent pourrait être améliorée sans que celle de l’autre en soit détériorée. Ce raisonnement peut être tenu pour tous les points tels que les courbes d’indifférence passant par ces points se coupent et forment une lentille. Tous ces points ne peuvent donc pas être des optima de Pareto. Or, par tout point passe une courbe d’indifférence de chaque agent. Le seul cas dans lequel il n’y a pas de lentille est celui où les courbes d’indifférences ne se coupent pas, c’est-à-dire sont tangentes entre elles. L’ensemble des optima se caractérise donc graphiquement pas la tangence des courbes d’indifférence des agents. On remarque que les origines de chaque système d’axes est un optimum de Pareto : dans ces cas là, un agent possède la totalité des ressources de l’économie ; il n’est pas possible d’améliorer sa situation, ni d’améliorer celle de celui qui n’a rien sans réduire la satisfaction de celui qui possède tout. On distingue les notions d’efficacité et de justice. On signale, sans démonstration, que l’ensemble des optima de Pareto est représenté par une courbe allant d’une origine à l’autre. 3. Définitions Des étudiants ont demandé à ce que la liste des définitions à connaître apparaisse sur l’epi. Les notions suivantes ont été indiquées : - - - courbe d’indifférence : dans une économie à deux biens, une courbe d’indifférence relie l’ensemble des paniers de biens qui procurent la même satisfaction au consommateur. Il a été démontré que, si les agents préfèrent consommer toujours davantage de chacun des biens, les courbes d’indifférence ne peuvent pas être croissantes (démonstration par l’absurde : une courbe d’indifférence est telle que deux paniers situés sur cette courbe procurent au consommateur la même satisfaction ; si une courbe est croissante, alors elle relie deux paniers dont l’un comporte une plus grande quantité des deux biens que l’autre ; cela implique donc qu’un panier qui comporte plus de tous les biens n’est pas préféré à celui qui en possède moins, ce qui suppose que le consommateur ne préfère pas consommer toujours davantage). On a rappelé que, même si l’on ne représente souvent qu’une ou deux courbes d’indifférence, les préférences d’un consommateur se représentent à travers une infinité de courbes d’indifférence (par chaque panier de bien passe une courbe d’indifférence), ces courbes formant une carte d’indifférence. Taux marginal de substitution : vu en cours, non revu ici. Le TMS d’un bien 1 en bien 2, pour un agent, est la quantité maximale de bien 2 que l’agent accepte de céder pour obtenir une unité supplémentaire de bien 1 (il est aussi la quantité minimale de bien 2 que l’agent exige pour céder une unité de bien 1). Droite de budget : c’est la droite représentant l’ensemble des paniers de biens dont la valeur est égale au revenu de l’agent. Son équation est p1q1+ p2q2 = R. Dans le plan R p1 q1 . L’ensemble des points situés « en (q1,q2), l’équation s’écrit : q2 p2 p2 - - - dessous » de cette droite représente l’ensemble des paniers dont la valeur est inférieure au revenu du consommateur. Savoir expliquer le choix optimal du consommateur : vu en cours avec André Hervier, non revu ici, sauf en signalant que le choix optimal se représente comme un point de la droite de revenu tel que la courbe d’indifférence passant par ce point est tangente à la droite de budget. Diagramme d’Edgeworth et lentille Inputs (vu en cours). Sélection adverse : situation d’asymétrie d’information (tous les contractants ne disposent pas de la même information). On considère l’exemple traditionnel du marché des voitures d’occasion sur lequel les acheteurs ignorent la qualité des biens offerts, qui peut être bonne ou mauvaise. Alors, les voitures d’occasion de bonne qualité ne pourront pas s’échanger car les acheteurs ne voudront pas en payer le prix, craignant que les vendeurs ne leur vendent des voitures de mauvaise qualité. L’imperfection de l’information dont disposent les acheteurs empêche des échanges qui auraient été avantageux pour tous. Hasard moral : situation d’asymétrie d’information, lorsque certains éléments dans un contrat concernent le comportement d’un des contractants, dont l’autre ne peut être informé : dans un contrat d’assurance notamment, la survenue d’un dommage dépend en partie du comportement de l’assuré. La difficulté apparaît lorsque l’existence même du contrat modifie le comportement de l’assuré dans un sens défavorable à l’assureur, par exemple lorsque le fait d’avoir assuré son bien rend le propriétaire plus négligent.