II – Qu`est ce que la nouvelle macro économie classique

Théories et politiques économiques :
De Keynes à la nouvelle économie classique
1er chapitre : Keynes et la théorie générale
I L’émergence des idées keynésiennes
A Le contexte des idées
Au début du siècle, la pensée économique est structurée autour de 2 grands courants :
- le courant socialiste
- le courant « libéral », une vision microéconomique qui s’intéresse aux comportements
humains. Avec 2 sous courants : le courant marginaliste avec WALRAS, il s’agit d’un
marché d’enchère sans interaction mais avec rationalité des agents économiques qui ne
sont informé que des prix, et le courant de l’école autrichienne qui critique la vision
normative, l’individu n’est pas rationnel mais il est parfaitement informé et il existe
des interactions.
Dans ce contexte, les idées keynésiennes remettent en cause la vision orthodoxe qui consiste à
partir des individus pour aboutir à la société.
B KEYNES
Il naît dans une famille d’économiste en 1883 à Cambridge, dans un contexte politique et
familial plutôt conservateur et marqué par les idées victoriennes. Il fréquente le lycée d’Eton
et l’université de Cambridge. Grande ouverture sur les milieux artistiques, et influence de
Freud : ses lois sont des lois psychologiques.
A Cambridge, il fait partie de la société de conversation des apôtres qui dénoncent
l’utilitarisme et la morale victorienne qui va à l’encontre de la liberté. Ce cercle se dit non
conformiste et immoraliste, il ne prétend pas prendre position, ne pas fournir un jugement.
Recherche de l’harmonie , tolérance, ils tentent de comprendre les comportements humains.
En 1906, travaux sur les fondements des probabilités. Il a la volonté de reconstruire la pensée
économique en la fondant sur le fait que l’individu a des motivations complexes, il évolue
dans un monde complexe, face à une incertitude radicale. Face à l’incertitude, on ne peut
s’appuyer que sur l’éthique.
En 1907, départ pour l’office des Indes.
En 1909, retour à l’université de Cambridge où il écrit sa thèse.
Keynes est découvert lors de la 1ère guerre mondiale où il travaille sur la fluctuation des
monnaies au niveau européen. Lors de la conférence de Versailles, il démissionne du fait de
son désaccord avec la volonté de faire payer l’Allemagne.
Positionnement politique de Keynes méconnu : conservateur, membre du parti libéral
britannique, anoblissement à la chambre des lords., proche du travaillisme qu’il cherche à
rapprocher de libéraux.
Il meurt en 1946.
II le positionnement économique de Keynes
A Critique de lois
- le principe de diffusion de JB SAY
selon lequel tout s’équilibre naturellement, idée de circuit. KEYNES ne pense pas à
l’équilibre, il réfléchit dans une politique de déséquilibre.
- la loi de détermination de l’investissement par l’épargne
Traditionnellement, raisonnement à l’équilibre : le demande est fonction de l’investissement,
et l’offre de monnaie de l’épargne, l’équilibre offre/demande aboutit au prix des produits.
Pour KEYNES, il faut raisonner en terme de dynamique, car l’investissement génère de
l’épargne, le rôle du système financier est donc d’injecter des liquidités. Les investisseurs
veulent investir même s’ils n’ont pas d’argent disponible. Ce n’est pas l’épargne qui sert de
base à la société mais l’investissement.
- dichotomie entre secteur monétaire et secteur réel
Selon la théorie économique, il existe un secteur réel où se fixent les prix des biens et un
secteur monétaire où on échange de la monnaie. Mais les taux d’intérêt ne concerne pas la
question de l’offre et de la demande. Les marchés ne sont pas séparés car il y a un
arbitrage des individus entre consommer et épargner.
- théorie quantitative de la monnaie
Selon les théories économiques, la masse de monnaie en circulation détermine la valeur de la
monnaie : la valeur de la monnaie augmente quand les stocks d’or diminuent.
Mais KEYNES n’admet pas cette théorie. Pour lui, il existe un lien entre la masse
monétaire et le niveau des transactions du fait de l’arbitrage des individus entre épargne
et consommation.
Pour les individus orthodoxes, la théorie économique pense qu’il y a un ajustement automati-
que et qu’il ne peut y avoir de chômage involontaire et de crise de surproduction grâce au
rééquilibrage du système par la disparition de producteurs.
Mais KEYNES insiste sur l’existence d’un déséquilibre car il existe une différence
effective entre offre et demande d’où la crise de surproduction. La théorie économique
doit décrire une réalité et non pas des normes. Il réintroduit le rôle du temps dans l’économie
en montrant que le futur n’est pas prévisible et en faisant de l’incertitude radicale l’élément
central de sa théorie. Pour lui il faut agir à court terme et sur la monnaie car il pense que la
monnaie est au centre du système, elle joue un rôle primordial dans l’anticipation des acteurs
de l’économie.
Pendant les périodes d’incertitude, l’épargne est favorisée ainsi que le chômage, l’épargne est
un moyen de faire face à l’incertitude. La thésaurisation joue donc un rôle essentiel dans le
système.
B Quelques théories économiques de KEYNES
- Théorie du taux d’intérêt de KEYNES
le taux d’intérêt mesure la prime qu ‘il faut offrir aux acteurs économiques afin
d’inciter les gens à conserver leur richesse sous une autre forme que la thésaurisation.
Les taux d’intérêt trop élevés empêchent l’investissement et génère le chômage, les taux
d’intérêt trop faibles peuvent avoir des effets positifs mais aussi décourager l’épargne. Pour
Keynes, l’investissement n’est pas limité par l’épargne préalable, il est le moteur de l’activité
économique et la décision d’investir est le principal déterminant du niveau de la production,
de l’emploi et du revenu. Les entrepreneurs sont poussés par un dynamisme naturel qu’est
l’esprit animal, la volonté de s’enrichir.
L’investissement suscite une épargne qui lui est égale. Le système crée l’épargne car il
existe un effet multiplicateur lié à la circulation de la monnaie. Dans ce système, rôle central
de la confiance des entrepreneurs.
- Loi entre revenu, consommation et épargne
Plus le revenu augmente, plus la brèche entre revenu et consommation s’accroît : la
propension à consommer baisse quand le système s’enrichit, c’est l’épargne qui est
favorisée.
- le problème de la redistribution des revenus
Deux vices du système économique : plein emploi non assuré et répartition de la fortune et
des revenus arbitraire et manque d’équité. Le système génère des inégalités qui proviennent
de la mauvaise répartition entre épargne et consommation.
C Synthèse de la pensée économique de KEYNES
Le contexte de raisonnement :
- incertitude
- individus non rationnels
- rôle des anticipations , c’est la vision propre à chaque individu qui importe, mais
cette vision ne correspond pas à la réalité. Le futur est déterminé par cette vision.
- rôle essentiel de la monnaie « pont entre le passé et l’avenir »
- préférence des individus pour la liquidité
- pour se dessaisir de la monnaie, nécessité que l’individu y trouve un intérêt, d’où
l’existence du taux d’intérêt
III la révolution keynésienne
Mises en oeuvre pratique de la vision théorique de KEYNES mais mises en oeuvre sur la base
d’interprétation de sa théorie.
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie en 1936
Conclusion alarmante : la machine économique peut rester immobilisée indéfiniment.
Idée d’irréversibilité du système, pas de sécurité automatique qui ramènerait à l’équilibre.
KEYNES justifie l’intervention de l’Etat.
Analyse de la spirale de la crise : revenus se contractent, l’épargne disparaît puis la monnaie
disparaît. Toute crise économique est une crise de liquidité, la crise entraîne un
assèchement de l’épargne.
L’Etat est garant de l’intérêt général, il doit permettre de lutter contre le déséquilibre du
système économique qui est, par nature, déstabilisé.
Anti- révolution keynésienne symbolisée par HAYEK, La présomption fatale
Courant néo-autrichien : courant central des idées ultra-libérales avec raisonnement
individuel. Pour eux, l’individu est mal informé, ils peuvent se tromper et être l’objet
d’illusion comme l’illusion monétaire. L’Etat ne doit pas intervenir car il va tromper les
individus.
Le processus de production demande du temps qui peut être économisé par le détour de
production, le risque est la crise de surproduction. Si les entrepreneurs investissent
massivement, ils vont augmenter le détour de production, mais les clients ne suivent pas et il
y a crise du fait de la faible rentabilité.
Les Autrichiens critiquent la vision de KEYNES, HAYEK ne croit pas à la vision de
l’équilibre général, il lui reproche de négliger le temps dans l’analyse mathématique et il est
contre l’intervention de l’Etat. Chez HAYEK, les individus ont une rationalité limitée dans
un monde complexe où ils ne peuvent obtenir une information parfaite. Pour HAYEK, la
société est un ordre spontané, à l’inverse de l’intervention de l’Etat qui suppose que la société
peut être organisée rationnellement. La société serait donc le fruit d’une longue évolution qui
va vers une amélioration constante de la société.
Affrontement de 2 visions du droit : le droit comme ordre spontané et la vision rationnelle du
droit.
D’après HAYEK, la crise est due à l’insuffisance de l’épargne. Il existe 2 taux d’intérêt
différents : le taux naturel de l’intérêt lié à la productivité du capital et aux préférences inter-
temporelles des agents et le taux monétaire déterminé par le système bancaire. HAYEK dit
qu’il y a un déséquilibre entre le taux naturel et le taux monétaire.
Il considère que le système économique ne s’ajuste pas automatiquement, il faut du
temps, les crises s’expliquent par des déséquilibres entre les différents taux d’intérêt.
Allongement du processus de production par le surinvestissement et déséquilibre entre
investissements et épargne souhaités par les agents. Les agents veulent à tout prix investir ce
qui amène un épuisement de l’épargne. Situation de surinvestissement d’où l’absence
d’épargne. Les entrepreneurs vont chercher à se financer autrement que par l’épargne, c’est à
dire par l’augmentation des prix, c’est l’épargne forcée. Surinvestissement découlant d’une
politique monétaire laxiste fondée sur l’illusion de la stimulation de l’économie par
l’inflation.
Au point de vue politique, la vision de Hayek est opposée à celle de KEYNES. Pour
KEYNES, la baisse de l’investissement est la cause de la grande dépression de 1929. Il
faut donc relancer l’activité économique par la consommation et l’investissement.
Pour Hayek, c’est la politique monétaire qui est responsable, il faut baisser les salaires.
IV Les politiques de la théorie générales
Pour KEYNES, les rapports entre théorie et politique économiques sont complexes. La
théorie n’implique pas obligatoirement la politique, tout dépend des circonstances . Il a ouvert
plusieurs perspectives qui tiennent d’abord du diagnostic puisque le capitalisme est une
« maladie chronique » avec 2 symptômes : le chômage involontaire et la répartition
inégale des revenus. Les phénomènes cycliques ne sont pas des phénomènes
conjoncturels mais des conséquences inévitable du capitalisme.
- la propension marginale à consommer est trop faible du fait de l’inégalité des revenus
- l’instabilité de l’investissement du fait du contexte d’incertitude
Différentes cures proposées, d’où différentes interprétations de la théorie de KEYNES.
Position conservatrice de KEYNES, il préconise le maintien d’entreprises privées qui vont de
pair avec l’inégalité des revenus. Position anti-socialiste. Il peut être très radical : l’Etat peut
être le seul en mesure de prendre en charge l’investissement nécessaire pour stimuler la
demande effective et l’utilité sociale > justification de l’intervention de l’Etat pour les grandes
infrastructures. A côté d’une socialisation de l’investissement ou d’une planification,
KEYNES va parfois jusqu’à appeler à une transformation radicale de la société avec
l’euthanasie des rentiers, car ce qui va à l’épargne ne va pas à le demande.
mais jusqu’à quel niveau faut-il poursuivre une politique de plein emploi selon KEYNES ?
Si le taux de chômage est trop faible, des tensions apparaissent sur le marché avec
l’augmentation des salaires pour recruter et débaucher, ce qui provoque de l’inflation. Keynes
fixe le niveau à 4,5% au dessus duquel l’inflation est relancée. KEYNES accepte le
chômage, nécessaire à l’équilibre, ce qu’il critique c’est trop de chômage.
Certains auteurs distinguent le chômage keynésien qui peut être réduit par les politiques
keynésiennes, et les chômage classique.
A partir des années 1940, la question du chômage est au centre des politiques économiques
avec une vision tournée vers une politique de plein emploi. Vision du plein emploi s’impose :
- rapport de la SDN en 1945 avec les concepts de droit au travail et de plein emploi
- en Grande Bretagne, Beveridge écrit 2 rapports sur les assurances sociales avec l’idée
de redistribution et sur le plein emploi
- USA : loi sur l’emploi d’inspiration keynésienne en 1947
- La Havane en 1948 ; conférence de l’ONU sur le commerce et l’emploi qui se donne
comme objectif le plein emploi
Tous ces travaux négligent les problèmes qui vont se poser si on atteint le plein emploi. Car
d’après Johan ROBINSON, le chômage permet un équilibre automatique du système.
Deux optiques d’applications de la théorie keynésienne :
socialisation de la demande : redistribution des revenus
socialisation de la production : nationalisations
A partir de 1945, d’autres objectifs viennent s’ajouter au plein emploi : élargissement de la
protection sociale, politique du logement, de santé, d’éducation.
Cet ensemble est appelé politique keynésienne mais il ne reflète pas la théorie de KEYNES.
Exemples de politiques dîtes « keynésiennes »
- Allemagne fédérale
Economie sociale de marché, surtout socialisation de la demande avec l’association des
syndicats aux conseils d’administration. Fédéralisme interventionniste.
- Grande Bretagne
Positionnement politique libéral tourné vers le travail.
- France
Intervention de l’Etat accentuée par la tradition colbertiste, nationalisations massives : anciens
services publics, banques, Renault, planification indicative par le commissariat général au
plan. Politique de socialisation de la demande, protection sociale, régime de retraite par
répartition.
- pays scandinaves
Socialisation très forte de la demande
- Hollande
Objectifs nouveaux fixés par l’Etat : favoriser l’émancipation de certains groupes, paix
internationale. Elargissement de la politique keynésienne.
- USA
Volonté de soutenir la demande politique de redistribution, discrimination positive.
Les Etats mettent en place un système de statistique, de comptabilité nationale pour mesurer
l’activité économique sur des bases keynésiennes : revenu national, consommation des
ménages et investissement. A partir de ces agrégats, on fixe le budget de l’Etat.
Mais problème de calcul avec le travail informel, le travail au noir, l’auto production et le
travail des femmes.
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