Croissance économique
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LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET SES IRREGULARITES
La croissance est l’augmentation de la production d’un pays sur une longue période.
L’indicateur de mesure de la croissance est le PIB (somme des valeurs ajoutées des entreprises
françaises et étrangères qui sont installées dans le pays). Le taux de croissance {([PIB année nPIB
année n-1]/PIB année n-1)*100} mesure l’évolution de la croissance et permet de faire des
comparaisons dans le temps et dans l’espace. La croissance est généralement considérée comme
un indicateur de développement économique, mais il n’est pas suffisant. Quant aux effets de la
croissance, ils ne sont pas seulement positifs. D'autre part, la croissance économique n'est pas un
phénomène régulier dans le temps. Elle connaît de nombreuses fluctuations.
I.- CROISSANCE DEVELOPPEMENT ET EFFETS DE LA CROISSANCE :
L'estimation de la croissance par le PIB est imparfaite, car elle ne tient pas compte de
certains facteurs quantitatifs et qualitatifs. Mais auparavant certaines définitions s'imposent:
A) Définitions :
Croissance extensive:
Croissance obtenue uniquement par l'augmentation des facteurs de production utilisés (capital,
travail)
Croissance intensive:
Croissance obtenue par une meilleure utilisation et efficacité des facteurs de production. Ce type de
croissance résulte pour l'essentiel :
d'une meilleure organisation du travail et de la production ;
d'une meilleure qualification de la main d'œuvre ;
de dépenses publiques plus efficaces qui créent des externalités positives (meilleure politique
de formation, meilleures infrastructures, meilleur état de santé).
Croissance équilibrée:
Croissance qui respecte les grands équilibres macroéconomiques (production, consommation,
emploi, budget de l'Etat, importations, exportations, balance des paiements).
Croissance déséquilibrée.: Type de croissance qui, généralement, privilégie un secteur de
l'économie dont on attend qu'il ait un effet d'entraînement.(exemple: chemin de fer, industrie textile).
B) Croissance et Développement :
Augmentation du PIB ne signifie pas toujours développement économique. Il faut que cette
augmentation présente une certaine durée pour que l'on puisse vraiment parler de croissance
économique.
D'autre part une véritable croissance s'accompagne également d'éléments qualitatifs tel
que l'espérance de vie, le taux d'alphabétisation, le niveau d'instruction. C'est la raison pour laquelle
les économistes des Nations Unies ont créé "l'indicateur de développement humain" (IDH)qui
prend en compte, outre le revenu, ces éléments qualitatifs.
C) Les effets de la croissance :
a)effets positifs :
Les effets positifs de la croissance sont bien connus :
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amélioration du revenu par tête ;
augmentation du niveau de vie ;
augmentation de la consommation ;
augmentation de l'investissement ;
Embauches, donc baisse du chômage.
Grâce aux recettes fiscales supplémentaires qu'elle engendre, elle permet une meilleure
redistribution des revenus.
Pour toutes ces raisons, la croissance reste l'objectif principal de tous les gouvernements.
Cependant, on attribue également des effets négatifs à la croissance économique.
b) effets négatifs :
La PIB ne tient pas compte de la dégradation de l'environnement : réchauffement climatique, trou
dans la couche d'ozone, pollution des eaux, disparition de certaines espèces animales.
Il ne tient pas compte des inégalités sociales et de la qualité de vie.
Il ne comptabilise pas l'économie souterraine ni l'autoconsommation.
La croissance engendre de nouvelles inégalités de revenu et de patrimoine
La croissance est liée à la naissance d'une nouvelle pauvreté, car elle privilégie le producteur actif
et le consommateur solvable au détriment des autres catégories.
Remplacement de l'homme par la machine, donc coûts sociaux engendrés par le chômage. La
croissance n'est donc pas toujours créatrice d'emplois.
II.- LES FACTEURS ECONOMIQUES ET LES FLUCTUATIONS DE LA CROISSANCE:
A) Les facteurs économiques de la croissance:
Ces facteurs peuvent se décomposer en facteurs structurels (à long terme) et facteurs
conjoncturels (à court terme).
A long terme la croissance économique dépend :
o De la démographie :une population peu nombreuse et vieille est défavorable à la
croissance, car l'esprit d'entreprise et le dynamisme font défaut. De plus, en système de répartition
des retraites une faible proportion d'actifs a à sa charge un nombre importants de retraités, ce qui
entraîne une hausse des charges des entreprises, donc une bisse de leur compétitivité. Mais une
population trop nombreuse, comme dans les PVD est également un handicap. Il faut donc trouver un
juste équilibre.
o De la qualité de la population. Une population bien formée, est plus créative et
favorise le développement économique et vice versa.
o De la productivité du travail. Elle rend le travail moins cher. Les entreprises partagent
généralement les gains de productivité entre les actionnaires, les salariés et le consommateur, en
baissant le prix des produits. Cette baisse des prix va rendre l'entreprise plus compétitive. De plus la
hausse des salaires va entraîner une hausse de la demande. Tous ces facteurs sont favorables à
l'embauche, donc à la croissance.
o De l'internationalisation des économies qui favorise les échanges internationaux,
élargit les marchés et permet la division internationale du travail (voir Ricardo), ce qui est bénéfique
au consommateur et oblige les entreprises à devenir plus compétitives pour faire face à la
concurrence internationale. Mais cette internationalisation favorise également le "dumping social" et
les "délocalisations, ce qui est un éléments défavorable à la croissance, et rend inefficaces les
politiques de relance.
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o Du progrès technique. Kondratieff a mis en évidence l'existence de cycles longs
d'une durée totale de 50 ans que Schumpeter attribue aux phases d'innovation majeure (voir ci-
dessus, grappes d'innovations).
o La révolution informatique et les biotechnologies devraient être le point de départ d'un
cycle Kondratieff. Solow estime que l'informatique n'a pas été une innovation porteuse de croissance
comme l'automobile ou l'électricité car elle ne concerne qu'un faible pourcentage des services (les
banques, la SNCF, les assurances, mais pas les commerces, les coiffeurs etc.)
A court terme la croissance économique dépend :
o De la consommation des ménages. C'est le point central de la théorie keynésienne
(cercle vertueux de la consommation). Il faut donc tout faire pour soutenir la demande (grands
travaux, dépenses publiques).
Les politiques économiques doivent s'attacher à maintenir des revenus relativement élevés dans les
couches sociales à revenus faibles et moyens, car ce sont elles qui ont la propension à consommer
la plus importante (redistribution, augmentation du SMIC, baisse des impôts, embauches de
fonctionnaires). Mais ces politiques créent un déficit budgétaire qui n'est pas totalement comblé par
un supplément de rentrées fiscales étant donné qu'une partie de la demande va se diriger vers les
produits étrangers.
o Du volume des exportations.
o De l'investissement des entreprises. Keynes a mis en évidence l'effet
multiplicateur de l'investissement. A un investissement I correspond une hausse des revenus I qui
va entraîner une augmentation de la consommation de (I x c
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) et ainsi de suite. A terme le revenu
aura augmenté de [I/(1-c)]. A ce propos il faut souligner que les libéraux et les keynésiens sont
d'accord sur l'effet bénéfique de l'investissement, mais les keynésiens attribuent la hausse de
l'investissement à la demande (les entreprises investissent en fonction de la "demande effective")
alors que les libéraux attribuent cette hausse à l'augmentation des profits, d'où la célèbre phrase du
chancelier allemand Schmidt "Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et
les emplois d'après demain".
o Des politiques gouvernementales. Pour cela, citons quelques exemples:
*Une politique de lutte contre l'inflation se fait par une restriction de la masse monétaire,
une compression des salaires et des dépenses publiques, ce qui a un effet dépressif, donc
défavorable à la croissance. (voir courbes de Philips)
*Maintenir élevés les taux d'intérêts pour attirer les capitaux et éviter la dépréciation de la
monnaie va freiner les investissements (car l'argent coûte cher) et donc défavoriser la croissance
économique.
*Augmenter le Smic, distribuer ses revenus supplémentaires (embaucher plus de
fonctionnaires par exemple) créer des emplois sociaux, peut favoriser la croissance, mais risque
aussi, si la demande se dirige vers les produits étrangers, de créer un déficit budgétaire trop
important qui entraînera un "effet d'éviction".
B) Les fluctuations de la croissance :
L’étude de la croissance économique permet de constater qu’elle n’est pas uniforme. Il existe des
fluctuations, des cycles d’une plus ou moins grande amplitude. Aux périodes d’expansion succèdent
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c = propension à consommer
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des périodes Les économistes ont observé depuis longtemps des mouvements de duré variée :
Les cycles saisonniers, d’une durée de deux ans (cycle Kitchin)
Les cycles majeurs, d’un durée de 8 à 10 ans, ou cycles Juglar ;
Les cycles longs, d’une durée de 50 ans, ou cycle Kondratieff.
un cycle comprend :
une phase d’expansion pendant la quelle tous les indicateurs sont à la hausse ;
un point de retournement, parfois appelée crise au sens étroit ;
une phase de dépression qui correspond au ralentissement de l’activité( pas de demande
d’investissement, chômage)
Une phase de reprise de l’activité économique
Remarque : un cycle Kondratieff et un cycle Juglar peuvent se cumuler
explications des cycles Juglar :
La vague d’expansion, correspond à une demande supplémentaire, quelle que soit l’origine de
cette demande. Cette hausse de la demande entraîne une hausse des investissements et se crée un
processus cumulatif d’expansion : C’est le cercle vertueux de la demande.
Ce cercle vertueux de la demande amène l’économie à une situation de plein emploi.
Les salariés deviennent plus exigeants et les salaires augmentent. D’autre part comme les
entreprises investissent plus la demande, donc les prix des matières premières et des biens
de production augmentent . Le coût de production augmente et les entreprises réalisent
moins de profit. Elles arrêtent donc d’investir et d’embaucher. d’où baisse des revenus,
baisse de la demande. Ainsi s’installe le cercle vicieux de la baisse de la demande :
Explications des cycles kondratieff
L'économiste Schumpeter pense que les cycle longs sont liés aux inventions majeures. La durée de
ces cycles serait donc le temps de diffusion d'un progrès technique majeur. Lorsque des inventions
majeures ont lieu, apparaissent de nouveaux secteurs économiques moteurs. Exemple l'invention de
l'automobile qui a créé le développement de nombreux secteurs (sidérurgie etc..). La prospérité
correspond à la phases de diffusion massive d'une technologie nouvelle. L'achèvement de
cette diffusion marque le début de la phase de récession. D'autre part Schumpeter a constaté, en
analysant les cycles, qu'il existait des périodes prospères à l'innovation où l'on observe des "grappes
d'invention", comme si tous les scientifiques s'étaient donné le mot et des périodes comme celle que
nous vivons actuellement pauvres en inventions majeures. Ce serait une des raisons de la crise
actuelle.
Peut-on alors affirmer qu'une invention permettra une remontée du cycle? Certains
économistes estiment que l'informatique ou les biotechnologies pourraient dynamiser le processus
d'innovation.
crise
reprise
expansion
récession
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III.- LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE ET SES ANALYSES:
A) Comment se manifeste la crise?
baisse du taux de croissance (de 5 à 2%)
Baisse de la compétitivité des entreprises car il y, a une diminution de la productivité du capital. Le
fordisme (travail à la chaîne ne fonctionne plus, mais rien n'a été trouvé pour le remplacer).
Chômage
Faillites d'entreprises
Déséquilibre de la balance commerciale.
Baisse de la consommation.
En ce qui concerne les prix la crise des années 1970 a eu une certaine originalité. En effet,
autrefois, en période de récession, les prix baissaient. Ceci paraît logique car si la demande baisse,
les entreprises pour vendre vont être amenées à baisser leurs prix et les salaires en me temps
qu'elles vont licencier.
Or entre 1974 et 1982 la crise économique coïncidait avec l'inflation, ce qui était un
phénomène tout à fait nouveau (en 1930, les prix avaient baissé de moitié). On l'a appelé stagflation
(stagnation + inflation). L'explication qui en a été donnée est que les grands groupes se sont mis
d'accord pour ne pas se concurrencer par les prix. Ils ont donc cherché à compenser la baisse de la
demande par une hausse des prix.
Remarque: Depuis 1983, le phénomène de l'inflation a été enrayé. L'a hausse des prix est
aujourd'hui si faible (voire nulle) qu'on ne peut plus parler d'inflation. La politique économique suivie
depuis une dizaine d'années est la "désinflation compétitive". C'est une politique qui vise à limiter
la hausse des prix pour rendre les produits nationaux plus compétitifs, car ils seront moins chers que
les produit étrangers. Cette politique s'est appuyée sur une désindexation des salaires.
B) Les explications de la crise:
Les explications de la crise sont diverses selon l'idéologie que l'on a:
Pour les libéraux La crise est due à une trop grande intervention de l'Etat dans l'Economie. Cette
intervention empêche les mécanismes du marché de fonctionner (on ne laisse pas jouer les lois de
l'offre et la demande qui ramènent le retour automatique à l'équilibre). Les syndicats empêchent
les salaires de varier en fonction de l'offre et la demande de travail, l'Etat par le biais du budget et
de la fiscalité fausse également les lois du marché.
Pour les Keynésiens: La crise est due à des politiques économiques trop libérales (contraction
de la masse monétaire et des salaires ce qui réduit la demande). Elle est due également à la
mondialisation de l'économie.
Pour les Scumpétériens: La crise est due aux manque d'innovations majeures. Il faudrait donc
une troisième révolution industrielle pour sortir de la crise.
Remarque : Cette opinion s'oppose à ceux qui attribuent la crise économique au progrès technique
qui serait la cause du remplacement de l'homme par la machine.
Pour le marxistes: La crise est la conséquence inéluctable des contradictions du système
capitaliste (voir cours de 1ère année).
C) Les politiques de lutte contre la crise:
Jusqu'à présent deux politiques étaient principalement mises en oeuvre: la politique keynésienne et
la politique libérale. Mais toutes les deux ont échoué. L'échec de ces politiques a conduit à penser
que de nouvelles stratégies de lutte contre la crise étaient nécessaires
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