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Revue Marocaine de Rhumatologie
Infections au cours des maladies systémiques : sclérodermie systémique et lupus érythémateux disséminé
9. Infections après gree de cellules souches
hématopoïétiques
L’intensification thérapeutique avec autogreffe de cellules
souches hématopoïétiques (auto-CSH), développée depuis
15 ans pour des formes sévères de maladies auto-immunes
(MAI) constitue une alternative thérapeutique aujourd’hui
validée avec un niveau de preuve de III pour les formes
sévères de sclérodermie systémique.
Compte tenu du degré d’immunosuppression lié à la
MAI et à ses traitements antérieurs (durée et intensité
des traitements antérieurs sont les principaux facteurs
de risque), les complications infectieuses sont fréquentes
après autogreffe de CSH pour MAI. Les infections virales,
bactériennes et fongiques peuvent survenir quelques
mois après la greffe et doivent être systématiquement
dépistées dans la 1èreannée et jusqu’à 2 ans après la
greffe. Les complications les plus fréquentes sont les primo-
infections ou les réactivations à EBV, HSV, VZV, CMV et la
pneumocystose. Le risque d’une infection à pneumocystis
est plus important dans les 6 mois suivant la greffe surtout
si une corticothérapie est maintenue.
10. Infections après transplantation pulmonaire
Chez les patients dont la pneumopathie infiltrante diffuse
progresse sous cyclophosphamide, une greffe pulmonaire
peut être proposée chez les patients n’ayant pas d’autres
atteintes viscérales et n’ayant pas d’ulcères digitaux. La
survie à 2 ans des malades sclérodermiques ayant subi une
greffe pulmonaire est identique à celle des patients ayant
reçu une greffe pulmonaire pour une fibrose pulmonaire
idiopathique. Dans l’étude de Massad et al. [39], 47
patients avaient eu une transplantation pulmonaire. 7 décès
précoces sont survenus (≤ 30 jours) dont un par infection
bactérienne, et 17 décès tardifs (> 30 jours) dont 7 par
complication infectieuse (4 pneumopathies bactériennes,
2 infections virales et une aspergillose disséminée). Dans
une étude monocentrique, Shitrit et al.[40]ont repris 174
cas de patients ayant bénéficié d’une transplantation
pulmonaire parmi eux 7 (4%) avaient une SSc. Tous les
patients avaient eu une greffe mono-pulmonaire. Après
un suivi médian de 12 mois, le taux de survie chez les
patients atteints de SSc (88%) était similaire à celui des
autres patients transplantés. Les taux d’infection et de rejet
étaient également comparables.
11. Prévention des infections dans la sclérodermie
systémique
Il existe une fréquence accrue d’infections au cours des
affections rhumatologiquesinflammatoires chroniques et
certaines thérapeutiques notamment immunomodulatrices
et biologiques peuvent accroître ce risque, d’où
l’importance des règles préventives dont le recours à
certaines vaccinations. Toutefois, de nombreuses questions
restent régulièrement soulevées et notamment leur niveau
d’efficacité au cours des infections dysimmunitaires et la
tolérance même de ces vaccinations.
a. Vaccinations
La vaccination par les vaccins vivants atténués est
contre indiquée chez les patients recevant un traitement
immunosuppresseur (IS) au long cours e. En revanche,
tous les vaccins inactivés ou à base d’antigènes
recombinants sont autorisés. La vaccination antigrippale
et anti-pneumococcique chez les patients atteints d’une
pneumopathie infiltrante diffuse et chez les patients
candidats à un traitement immunosuppresseur, est
recommandée. La vaccination des professionnels de
santé et de l’entourage du patient permettrait également
de limiter la transmission de certaines affections (grippe,
rougeole, oreillons, rubéole, varicelle). En dehors du
traitement immunosuppresseur, la vaccination antigrippale
est également intéressante chez les patients atteints de
SSc et présentant une atteinte viscérale sévère (HTAP,
PID, dysfonction ventriculaire gauche et/ou insuffisance
rénale).Au cours de la sclérodermie systémique, Setti
et al.[41] ont décrit des taux de séroprotection contre
la grippesaisonnière de l’ordre de 67 à 80 %. La
vaccination antigrippale était bien tolérée et n’affectait
pas le cours de la maladie dysimmunitaire.La vaccination
anti-pneumococcique pratiquée chez 18 patients atteints
de SSc montrait une bonne réponse vaccinale de l’ordre
de 83%. Le traitement IS n’avait pas influencé l’efficacité
du vaccin [42].
b. Prévention de l’infection à pneumocys tisjiroveci
Le triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP/SMX) est
un inhibiteur d’un enzyme de la voie des folates de
Pneumocystisjiroveci : la dihydro-folate-réductase (DHFR).
Il reste la base de la prophylaxie primaire et secondaire
au cours du SIDA et a également fait la preuve de son
efficacité hors infection VIH (TMP400 mg/SMX 80 mg ou
cotrimoxazole, 1cp/j ou TMP800 mg/SMX 160 mg, 1 cp
trois fois par semaine). L’association de TMP/SMX avec le
méthotrexate ou l’azathioprine peut augmenter le risque
de neutropénie, elle est évitée par la plupart des équipes
[43]. Les alternatives au TMP/SMX (en cas d’allergie
surtout) reposent essentiellement sur l’atovaquone à la