Étudier et valoriser le patrimoine Les documents du service éducatif des Archives du Calvados - second degré « ENQUETE D’ARCHIVES » La culture de guerre Une publicité pour le médicament Jubol Le niveau concerné Troisièmes pour la Partie I « Guerres mondiales et régimes totalitaires 1914 – 1945 », thème 1 « La Première Guerre mondiale : vers une guerre totale » Premières générales pour le Thème II « La guerre au XXe siècle », Question 1 « Guerres mondiales et espoirs de paix », Support d’étude 1 « La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre totale » Premières technologiques pour le Thème « Guerres et paix 1914 – 1945 » ou bien à travers un sujet d’étude « Vivre et mourir en temps de guerre » Pour les CAP, pour la partie « Guerres et conflits en Europe au XXe siècle ». Intérêt du document Description des deux soldats, de leur attitude, de leurs actions, du vocabulaire utilisé pour les nommer. Il permet d’aborder les notions suivantes : culture de guerre animalisation de l’ennemi guerre d’anéantissement banalisation de la violence 2014 Le service éducatif des Archives départementales du Calvados 61 rue de Lion-sur-mer 14000 CAEN Tél : 02 31 47 18 50 - Mél : [email protected] Le document Une simple publicité pour le médicament Jubol tirée de la revue Les Annales, 17 décembre 1916, 13T VII/628 2014 Le service éducatif des Archives départementales du Calvados 61 rue de Lion-sur-mer 14000 CAEN Tél : 02 31 47 18 50 - Mél : [email protected] Pistes pédagogiques Contexte Contexte du développement de la presse qui devient un media de masse au début du XXe siècle, avec la loi sur la liberté de la presse en 1881, les innovations techniques et le progrès des transports. Contexte culturel : depuis la défaite de 1870, une culture collective française s’est peu à peu construite, en particulier dans les ouvrages scolaires d’Ernest Lavisse, autour d’une haine héréditaire contre les Allemands. Des stéréotypes se développent autour de la cruauté des Allemands. La Première Guerre mondiale serait donc une lutte de la civilisation française contre la barbarie allemande. Contexte 1915 : stabilisation du front dans des tranchées et développement d’une animalisation, d’une déshumanisation de l’ennemi. Les Allemands sont souvent assimilés à des singes ou des cochons. Les ennemis ne sont plus vus que comme des animaux, que l’on peut donc tuer, anéantir plus facilement. L’animalisation entraîne le développement de pratiques particulièrement violentes comme des tortures, des massacres de prisonniers ou des profanations de cadavres. Description Le slogan « De même que le poilu chasse les Boches des boyaux, de même JUBOL chasse les mauvais microbes de l’intestin ». Le Jubol était un médicament contre la constipation et les hémorroïdes. L’ennemi allemand est montré comme un danger pour l’humanité entière, dont il faut se débarrasser à tout prix. Les boyaux font référence aux tranchées. Et l’on voit un soldat français en uniforme, chassant visiblement avec fermeté un Allemand, sur lequel il est inscrit « Microbe », et qui tente de s’enfuir, apeuré, devant l’ennemi. Ce sont des images simplistes et violentes, reprenant des thèmes scatologiques déjà utilisés dans l’affaire Dreyfus par les antidreyfusards comme le caricaturiste Caran d’Ache. 2014 Le service éducatif des Archives départementales du Calvados 61 rue de Lion-sur-mer 14000 CAEN Tél : 02 31 47 18 50 - Mél : [email protected] Analyse Le terme de « Boche » viendrait d’« alboche », un Allemand qui a la tête dure. Ce terme connaît un grand succès à partir de 1910. Il est devenu un terme péjoratif pour signifier que les Allemands seraient des brutes. L’utilisation du terme « chasse » est intéressant parce qu’il est fréquent. A l’arrière, on compare la guerre à la chasse, et l’on retrouve cette comparaison dans les actions et les écrits des soldats. La comparaison avec la chasse civile permet de banaliser le meurtre des ennemis, comparés à des gibiers comme dans cette publicité. L’animalisation permet de lever l’interdit sur le meurtre. Il y a une continuité entre les pratiques et les gestes de la chasse et ceux de la guerre, en particulier dans cette guerre de tranchées : l’attente, l’affût, le silence et bien sûr la mise à mort. La violence répétée, régulière et structurée du langage contre l’ennemi peut entraîner à banaliser la violence guerrière. Depuis la fin du XIXe siècle et Pasteur, on sait que les microbes sont responsables de la diffusion des maladies. Les Allemands sont donc considérés comme des dangers à éradiquer. On s’appuie en particulier sur la violation de la neutralité de la Belgique en 1914 pour « prouver » cette dangerosité et sur les exactions prussiennes en remontant à la guerre de 1870. On peut ajouter que dans cette caricature, le soldat français est courageux et déterminé, tandis que le soldat allemand fuit et semble apeuré. Un trait négatif supplémentaire de l’ennemi. 2014 Le service éducatif des Archives départementales du Calvados 61 rue de Lion-sur-mer 14000 CAEN Tél : 02 31 47 18 50 - Mél : [email protected]