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CONVAINCRE ET/OU PERSUADER
Introduction
1) Ne pas confondre "démontrer" et "argumenter".
Même si une argumentation est conduite avec la plus grande rigueur et se présente sous la forme d’une série de
raisonnements bien enchaînés, ainsi que procèdent la logique et les mathématiques, on devra comprendre qu’il s’agit là
d’une apparence et non d’une réalité. Car la démonstration d’un théorème de géométrie, par exemple, est opérée à partir
de vérités intangibles, les axiomes, et, si elle est menée correctement, elle possède une force contraignante : elle ne peut
être contestée, et donne une réelle satisfaction, car on parvient à une certitude absolue. Mais cela n’est vrai que des
systèmes fermés ; dès que nous raisonnons sur une question politique, sociale, économique, juridique, etc., nous nous
trouvons dans des systèmes ouverts et nous quittons le domaine de la démonstration pure pour entrer dans celui, beaucoup
plus vaste, de l’argumentation.
Une démonstration est souvent mécanisable. Une argumentation, en revanche, même quand elle englobe une
démonstration, part d’une conclusion (l’opinion, la thèse à faire passer) et en cherche les raisons, les justifications, les
prémisses. Elle n’est pas mécanisable, la thèse dépendant des valeurs (morales, esthétiques, religieuses) adoptées,
variables selon le temps et le lieu.
Dans l'argumentation rhétorique, les arguments se fondent sur des vérités d'opinion, admises par la plupart des
hommes et le plus souvent : on comprend alors qu' une dimension relative apparaît qui laisse une part parfois non
négligeable au subjectif et à l'affectif. C'est ce qui fait que tout peut être discuté, plaidé, défendu, attaqué.
2) Ne pas confondre "convaincre" et "persuader".
Un argument est un raisonnement plus ou moins explicité, par lequel nous nous efforçons de persuader (ou
convaincre ?) quelqu’un, c’est-à-dire de lui faire acquérir ou modifier une opinion, de lui faire entreprendre ou infléchir une
action.
On différencie d’ordinaire l’art de convaincre et celui de persuader : on se fonde pour cela soit sur les moyens
utilisés, soit sur les « facultés » auxquelles on s’adresse (intelligence, sensibilité, imagination), soit sur le résultat cherché.
Mais ces distinctions sont fragiles : en particulier, l’homme ne doit pas être conçu comme coupé en deux (intelligence,
affectivité) et tout discours, qu’il ait une dominante intellectuelle ou affective, s’adresse à l’homme tout entier. (Denis Baril
et al., op. cit.)
Néanmoins voici une manière de distinguer ces deux opérations, proposée par Claude Peyroutet :
CONVAINCRE, c’est justifier la thèse qu’on a choisie pour la faire adopter par autrui ; les arguments utilisés
sont d’ordre rationnels et logiques.
PERSUADER, c’est s’adresser davantage aux désirs inconscients et irrationnels de l’individu qu’à sa raison et
à ses intérêts bien compris.
En résumé, dans l’âme humaine, les convictions peuvent se former de deux manières : par la compréhension et
par la volonté de croire ce qui nous plaît. Si , d’une part, les faits paraissent être une conséquence nécessaire de principes
généraux, si, d’autre part, ils correspondent aux désirs de notre coeur, ils sont aussitôt acceptés sans répugnance. Au
contraire, un conflit intérieur naît lorsque les vérités reconnues s’opposent à nos désirs : conflit dont la solution est
incertaine. Il faut tenir compte de ce fait lorsqu’on veut convaincre quelqu’un. Il faut savoir à quels principes adhère le sujet
en question, et ce qu’il désire. (extrait du Dictionnaire des oeuvres de Laffont-Bompiani, art. « De l’esprit géométrique »)
Chap. 1 CONVAINCRE ... par des arguments d’ordre rationnel et logique
Introduction : Du CONTENU au TYPE D'ARGUMENT
On peut classer les arguments d'après leur contenu, leur appartenance à des catégories ; on parle ainsi d'arguments
matériels, techniques, économiques, esthétiques, psychologiques... Exemple : "Votre allusion au coût de l'opération m'a
convaincu ; je ne vais pas me décider tout de suite."
Mais on peut aussi distinguer les arguments en fonction de leur structure logique. On parle alors de "type
d'argument".
I° PARTIE LES TYPES D’ARGUMENTS ( souvent combinables entre eux )
§ 1 L’argument d’autorité :
On se réfère à une autorité religieuse, politique, morale, littéraire, un expert...etc ; on invoque, à l’appui de sa
propre thèse, ce qu’ont dit ou fait des gens qui jouissent d’un certain prestige. Ce prestige vient de l'âge, de l'expérience, de
la compétence, des fonctions exercées, de la valeur morale, etc.