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Les états mentaux et la psychologie populaire
Quelle théorie réduira la théorie neurobiologique ?
Le principal acquis de la section précédente est d'avoir montré que les questions traitant la réduction
des états mentaux aux états cérébraux servent de façade à la véritable question : est-ce qu'une théorie est
réductible à une autre théorie ? La première chose à faire est donc de définir quelles sont les théories
candidates à une réduction interthéorique appropriée. Cette première étape essentielle est souvent oubliée
dans le débat sur la réduction (voir par ex. Sperry, 1980 ; MacKay, 1978 ; Eccles, 1977), il en résulte une
fréquente difficulté à savoir quelles sont les conclusions à tirer et les indices à utiliser d'une façon ou
d'une autre. Dans ces conditions, le débat sur le réductionnisme menace de devenir un affrontement
inutile entre métaphores précaires et intuitions amorphes.
Dans cette situation quelle est la théorie candidate pour la réduction à la théorie neurobiologique ?
C'est le corps intégré de généralisations décrivant les états de haut niveau, les mécanismes et les
interconnexions causales qui sous-tendent le comportement. En gros, c'est le domaine de la psychologie
scientifique, qui a entrepris un très important effort de recherche, surtout au cours des cent dernières
années, pour couvrir des généralisations décisives à propos de fonctions comme la mémoire,
l'apprentissage, la perception, le développement de l'utilisation du langage, et d'autres encore. Pourtant,
malgré la découverte de certaines généralisations tout le monde reconnaît qu'un corps intégré de
généralisations n'existe pas encore - une Théorie d'ensemble qui délimiterait les états psychologiques et
les traitements intervenant dans la perception, l'apprentissage et la mémoire, la résolution de problème, le
repérage cognitif d'un environnement, et ainsi de suite. En ce qui concerne les capacités cognitives et
sensori-motrices des organismes, il en existe encore un nombre considérable que nous ne comprenons
tout simplement pas au niveau psychologique. Par conséquent, la masse de recherches à faire est
importante et la candidate évidente pour la réduction à la théorie neurobiologique ne peut qu'être une
théorie à venir. L'explication intégrée des connexions
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causales entre les états psychologiques et le comportement reste encore à inventer.
Une fois admis le statut inachevé de la psychologie scientifique il est clair néanmoins que les
psychologues ont fait beaucoup de généralisations et de découvertes pour lesquelles la question d'une
réduction future à des généralisations neurobiologiques n'est pas tendancieuse. Examinons par exemple
les généralisations suivantes :
1 / L'extinction d'une réponse apprise R est plus lente si pendant les essais le stimulus conditionné a été
lié à un stimulus inconditionné selon une probabilité inférieure à 1.
2 / Un organisme n'apprendra pas la réponse R à un stimulus conditionné K, si K est présenté en même
temps ou après le stimulus inconditionné L.
3 / Si deux stimuli, comme deux barres ou deux cercles de lumière sont présentés en fonction d'une
alternance correctement calculée, l'ensemble sera perçu comme un objet se déplaçant dans l'espace.
4 / A un stade prélinguistique les enfants sont capables de fournir les réponses discriminatives pour
tous les phonèmes de toutes les langues naturelles, mais les enfants qui ont appris une langue sont
seulement capables de discriminer les phonèmes de la langue apprise.
5 / Si un rectangle de lumière colorée est placé tout contre un rectangle coloré en noir on verra sur la
limite une ombre de la couleur la plus claire des bandes de Mach présentées au chap. II).
La liste peut facilement s'allonger jusquatteindre une longueur encyclopédique, mais l'important est
que l'éventualité d'une réduction neurobiologique de ces généralisations ne choque personne. Dans
l'ensemble on s'attend à la possibilité de disposer bientôt d'explications fondées sur la structure du
cerveau, pour justifier la véracité de ces généralisations, et d'autres semblables. On s'attend, par exemple,
à ce que la courbe d'apprentissage des rats, placés dans un labyrinthe en T, reçoive une explication
neurobiologique, les recherches sur l'hippocampe et le cervelet des noyaux interposés) corroborent déjà
cette attente (Olton, Becker et Handelmann, 1979 ; McCormick, 1984).
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Même ainsi, certaines craintes subsisteraient sur la possibilité de la réduction : doit-on soutenir qu'une
stratégie réductrice signifie une stratégie exclusivement ascendante ou que les conséquences de la
réduction interthéorique font de la théorie de haut niveau une théorie défraîchie, inutile ou périmée ? En
fait ces craintes sont seulement des épouvantails, elles n'ont pas de place dans ma définition de la
réduction.
Rappelons que dans mon exposé sur la réduction interthéorique, une théorie est réduite à une autre si
elle (ou son analogue exact) est expliquée par l'autre. Cela n'implique pas que la théorie réduite doive
cesser d'exister, ou que le phénomène qu'elle décrit n'existe plus. Au contraire, si la théorie réduite est
harmonieuse, sa réduction lui fournit - ainsi qu'à ses phénomènes - une place plus solide dans l'ordre de la
théorie biologique. Si la réduction entraîne une correction très importante, la théorie corrigée et réduite
continuera à jouer un rôle prédictif et explicatif, elle aussi aura sa place dans l'ordre plus vaste des choses.
C'est seulement si une théorie est éliminée par une autre qu'elle tombe dans l'ornière.
On doit souligner que la réduction interthéorique n'implique pas une stratégie de recherche
essentiellement composite ”. Par recherche composite on entend habituellement la nécessité de
commencer par tout savoir sur les micropropriétés des parties) avant de s'intéresser aux macropropriétés
de tout). Il est assez vrai que les capacités de haut niveau peuvent s'expliquer en fonction des capacités de
bas niveau, ou des structures, mais l'ordre de la découverte n'est pas identique à l'ordre de l'explication.
Nous sommes sûrs que la coévolution des théories de haut (1) niveau et de bas niveau est plus productive
pour la découverte qu'une stratégie ascendante isolée.
Mais qu'elle est la solution si on envisage comme possible, ou même discutable, un avenir
réductionniste pour les généralisations de la psychologie scientifique, comme celles décrites de (1) à (5) ?
Est-ce qu'il reste une source d'objections à la réduction interthéorique, même après que l'évocation du
caractère de la réduction interthéorique ait écarté certains des épouvantails de l'antiréductionnisme ?
(1) Ce vocabulaire renvoie, comme on l'a vu plus haut pour la typologie des recherches, au type de traitement qui porterait
soit sur l'interprétation (haut) soit sur les données en entrée (bas). (N. d. T. )
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La réponse est un oui net. Les problèmes résiduels sont assez complexes, ils se condensent autour de
deux points essentiels. Le premier point, simplifié, peut s'exposer ainsi :
“Notre compréhension habituelle de nos états mentaux fournit une base d'observation contre laquelle on doit tester
l'adéquation de toute théorie psychologique et cela, argumente-t-on de diverses façons, n'est pas réductible à la neurobiologie.
Les caractéristiques de référence de la compréhension de sens commun sont immuables et inaliénables. ”
Les raisons de cette conclusion sont très variées, et les arguments en faveur de ce sentiment répandu de
l'exactitude de la référence de sens commun seront au centre du chapitre VIII.
Le second point (de condensation) intéresse les représentations et la nature des calculs faits sur les
représentations. Pour simplifier cela donne :
“ Les théories de la cognition humaine resteront radicalement incomplètes à moins de trouver une description des
représentations et des transitions entre les représentations. Si la cognition inclut la computation, elle inclut donc des opérations
et des représentations. Jusqu'ici la seule information sur une telle description de la représentation dépend d'une conception des
représentations incarnée dans notre compréhension ordinaire des états mentaux. Mais c'est une conception qui résiste à la
réduction et les généralisations concernant les représentations ne devront pas être réductibles aux généralisations
neurobiologiques. ”
On trouve en psychologie sociale, en linguistique, en psychologie de la perception et en psychologie
cognitive des exemples de généralisations qui renvoient aux représentations. Prenons comme exemple les
généralisations suivantes, tirées de Nisbett et Ross, 1980 :
6 / Les inférences que les gens font à propos de la cause d'un événement, ou d'une action, sont
fortement influencées par la concrétude et la figurabilité des informations disponibles.
7 / Lorsque quelqu'un a une opinion sur un sujet émotionnellement significatif, les indices
contradictoires sont traités comme s'ils étaient congruents, les impressions formées sur la base des
premiers indices résistent à la confrontation aux indices contradictoires présentés ensuite, et les croyances
survivent au discrédit total de leurs éléments fondateurs.
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Ou bien prenons une généralisation d'un autre type provenant de la linguistique développementale :
8 / Il existe dans le développement du langage une étape pendant laquelle l'enfant régularise les
verbes irréguliers courants, même s'il n'a jamais entendu d'exemples d'une telle gularisation*. Ainsi il
peut dire camed au lieu de came, gived au lieu de gave, supposen't au lieu de isn't supposed to et ainsi de
suite.
Par conséquent, la résistance opposée à l'objectif d'une théorie unifiée n'incombe pas aux
généralisations de contenu similaire aux types (1) à (5) mais à des généralisations qui se rapportent aux
repré sentations. Si une partie importante du traitement humain des informations inclut des opérations qui
portent sur des représentations, j'accepte que ce soit le cas, alors la querelle est une querelle d'importance
parce qu'elle concerne le développement futur de ce domaine de la psychologie scientifique consacré aux
capacités cognitives des humains et des autres organismes. En outre, cet argument antiréductionniste est
non seulement applicable à la question plus générale de l'unité psychologie-neuroscience de la théorie
mais aussi à la question d'une théorie unifiée au niveau psychologique. En voici la raison : si les
généralisations de (1) à (5) et leurs semblables sont réductibles à la théorie neurobiologique mais si celles
de (6) à (8) et leurs semblables ne le sont pas, ceci laisse prévoir une fragmentation de la théorie au
niveau des états et des processus psychologiques.
Il est important de découvrir si, oui ou non, les arguments opposés à la conception unifiée sont exacts
parce que la façon dont nous décidons de mener la recherche dépendra de cette réponse. Si nous sommes
persuadés qu'une théorie unifiée est impossible et que l'on ne pourra jamais formuler d'explication de la
cognition, de la perception, et ainsi de suite, en fonction d'une théorie neurobiologique, alors cela affecte
lourdement la façon de concevoir nos objectifs de recherche à long terme comme notre stratégie de
recherche la plus immédiate. La façon dont nous solvons la question de la duction interthéorique
affecte de façon subtile et substantielle les
Un équivalent en français serait l'accord des pluriels irréguliers : les chevals (chevaux) ou “ les travails ” (travaux).
(N. d. T.)
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intuitions de recherche à éliminer et celles que nous cultivons, les intuitions de recherche à abandonner et
celles que nous nourrissons. Si les arguments antiréductionnistes sont correctes il est alors possible que la
recherche neurobiologique soit tout à fait inappropriée à la recherche sur la cognition, la perception,
l'apprentissage, etc. Comme ces deux lignes de résistance à la réduction interthéorique de la psychologie à
la neurobiologie ont des conséquences méthodologiques, elles méritent d'être examinées soigneusement.
Je ne suis convaincue par aucune des lignes de résistance contre la stratégie réductionniste et j'essaierai
d'expliquer pourquoi aux chapitres VIII et IX.
En principe tous les arguments contre le réductionnisme, s'il ne s'agit pas simplement de confusions
sur ce qu'est la réduction interthéorique, reposent sur un aspect de notre cadre de référence de sens
commun, désigné comme exact et irréductible. Par conséquent, le débat sur la solidité de ces arguments
doit se focaliser sur cette référence de sens commun, à sa relation à la psychologie scientifique, à son
statut épistémologique. Dans cette section je veux établir quelque chose qui a une signification de pour les
arguments ultérieurs - à savoir, l'exactitude de la compréhension selon le sens commun des états mentaux
et des processus. Dans les chapitres VIII et IX j'étendrai plus largement cette affirmation en soutenant que
les catégories de définition et les généralisations fondamentales de notre référence de sens commun
méritent toutes les deux d'être améliorées ; selon toute probabilité il faudra les réviser. Le thème de la
coévolution des théories scientifiques constituera l'arrière-plan unificateur de tous mes arguments.
Qu'est-ce que la psychologie populaire ?
Jusqu'ici je me suis référée à notre référence de sens commun pour comprendre les états mentaux et
les processus sans être très précise sur ce que cela signifie. Pour plus de brièveté je remplacerai cette
formulation interminable par une étiquette plus courte, à savoir “ la psychologie populaire ”. Dès
maintenant j'utiliserai ce terme (psychologie populaire) pour indiquer cet ensemble mal taillé de concepts,
généralisations, et règles approximatives que nous avons tous l'habitude d'utiliser pour expliquer et
prévoir le comportement humain. La psychologie populaire est la psychologie du sens
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commun - les coutumes psychologiques en vertu desquelles nous expliquons le comportement comme le
résultat de croyances, de désirs, de perceptions, d'aspirations, de buts, de sensations et ainsi de suite. Les
généralisations de cette théorie rattachent les états mentaux à d'autres états mentaux, aux perceptions et
aux actions. Ces généralisations familières fournissent la caractérisation des états mentaux et les
processus qui s'y réfèrent, ce sont elles qui délimitent les “ faits ” de la vie mentale et définissent
l'explananda. La psychologie populaire est la psychologie intuitive et elle forme notre conception de
nous-mêmes. Comme les philosophes l'ont fait ressortir, les éléments saillants des explications du
comportement incluent, pour la psychologie populaire, les concepts de croyance et de désir. D'autres
éléments y figurent bien sûr, mais ces deux-là sont cruciaux et indispensables.
Pour prendre un exemple du mode de travail de cette théorie nous pouvons commencer par le cas très
simple dans lequel nous devons expliquer pourquoi John a appuyé sur l'interrupteur :
(1) Il voulait voir si sa copie sur le Middlemarch se trouvait sur son bureau, il a cru que le meilleur
moyen de la trouver était d'allumer et de regarder, il croyait que pour faire fonctionner la lumière il
devait appuyer sur l'interrupteur, c'est pourquoi il a appuyé sur l'interrupteur. ”
Habituellement il n'est pas nécessaire d'être aussi explicite - en effet il serait ridiculement pédant de le
faire - et une explication efficace peut être très elliptique. Suivant la situation, la formulation : “ Il voulait
voir si sa copie sur la Middlemarch* se trouvait sur son bureau ”, sera le plus souvent suffisante, car on
peut supposer que tout le reste a été compris. Le remplissage n'est pas superflu ; il est seulement si
évident que nous pouvons le tenir pour acquis. Deux personnes qui se connaissent très bien peuvent
utiliser tellement de sous-entendus qu'il sera très difficile à quelqu'un d'autre de les suivre (voir par ex. le
dialogue du Daniel Martin de John Fowle). Cependant un plus haut degré d'explication est parfois
nécessaire avec des enfants petits ou avec quelqu'un d'étranger à une culture. Même l'explication (1) n'est
pas la plus explicite, néanmoins,
* Il s'agit d'un roman de G. Éliot. (N. d. T)
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comme les explications nécessitent des généralisations, leurs généralisations se tiennent en coulisses. Les
généralisations non formulées ( “ comprises ” ) servent donc ici en arrière-plan parce qu'elles sont
suffisamment familières et évidentes pour ne devenir explicites que dans des occasions particulières.
Voici une généralisation de ce type, bien que ce soit un exemplaire de bas niveau :
(2) Chaque fois qu'une personne veut provoquer un état e, et croit que faire p est une façon de
provoquer e, elle croit qu'elle peut faire p et elle peut faire p, alors, sauf désirs contradictoires ou
stratégies prioritaires, elle fera p. ”
Comme les généralisations affirmant une régularité entre l'échauffement du cuivre et sa dilatation, ou
entre une atteinte de la moelle épinière et l'hyperréflexivité, cette généralisation prétend décrire une
régularité dans la nature. Quelque chose du me ordre semble fonctionner dans le raisonnement de
routine qui concerne les raisons pour lesquelles les gens se comportent comme ils le font. Ici l'enjeu n'est
pas de savoir si la généralisation est exacte et si on peut s'y fier. Le point important c'est que ces
généralisations d'arrière-plan, quelquefois avec un manque tiédasse de subtilité, figurent dans nos
explications journalières du comportement humain. Dans la mesure la psychologie populaire nous
permet de donner du sens et d'expliquer un certain type de phénomènes, elle ressemble à la physique
populaire évoquée à la section précédente.
Le réseau de généralisations de la psychologie populaire semble être extrêmement riche et compliqué,
il y a sans doute des variations entre les réseaux théoriques d'individus différents. Henry James a
certainement utilisé une théorie psychologique plus sophistiquée que celle d'Ernest Hemingway, bien
qu'ils aient sûrement partagé beaucoup de croyances générales sur les raisons pour lesquelles les humains
se comportent comme ils le font. Une façon de commencer à dépeindre les généralisations qui figurent
dans la théorie de sens commun du comportement humain c'est d'imposer le développement des
explications de l'action pour divulguer (au grand jour) les présupposés de référence implicites et
comprises ”. C'est une méthode similaire à celle utilisée pour dépeindre la physique populaire. Beaucoup
de gens, par exemple, pensent que Richard Nixon connaissait la dissimulation de l'effraction du
Watergate. Pour-
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quoi ? Parce que, dira-t-on, il se trouvait dans la pièce quand on en a parlé. Pourquoi est-ce que cela est
intéressant ? Simplement parce que si quelqu'un, x, possède une audition normale, que quelqu'un d'autre,
y, dit p d'une voix normale à proximité de x, que x connaît la langue [parlée par y] alors x entend p.
De la même façon, nous pouvons conclure qu'une personne était couchée parce que nous avons vu le
corps (n'importe qui avec une vision normale, dans la lumière du jour, debout à une distance de 70 cm le
verrait), que quelqu'un croit qu'il y a de l'argent dans le coffre-fort (pourquoi sinon quelqu'un rentrerait
par effraction et ferait sauter la serrure), et ainsi de suite. Fodor (1981) suggère d'autres exemples :
Voir que a est F est la conséquence normale de la croyance que a est F , l'assertion : c'est p est
normalement causée par la croyance c'est p , la croyance qu'une chose est rouge est normalement causée
par l'inférence que la chose est colorée... ” (p. 25).
(Pour une discussion plus approfondie sur les généralisations de base voir Paul M. Churchland 1970,
1979.)
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