banquier, rejoint ce comité. Certes, il ne se réunit qu'une fois par mois, mais il nous semble doté
de responsabilités importantes, car on lui demande de proposer une réorganisation complète du
fonctionnement des finances, gravement en péril en 1951-1952, et de suivre avec vigilance, au
sein de chaque service du parti, l'établissement d'un véritable budget prévisionnel pour l'année
1952. Et surtout, en son sein, l'influence de Georges Pompidou nous semble déterminante, car
nombre de petites notes manuscrites traitant de questions budgétaires sont signées par lui-
même. Cela n'empêche pas un recours incessant à Claude Guy, chargé de solliciter l'avis de De
Gaulle, ce qui confirmerait une fois plus qu'il ne se serait nullement désintéressé de
"l'intendance" : ainsi, le 15 mai 1952, ce comité financier se réunit sous la présidence de De
Gaulle lui-même et dans le cabinet de celui-ci. Ce comité est accompagné d'une "commission
administrative"
, qui se réunit pour la première fois le 30 octobre 1952, chargée de superviser le
fonctionnement des divers services, de coordonner les fichiers des membres et donc de suivre le
bon fonctionnement du service des adhésions et cotisations.
Tout paraît clair : des comptes en banque, fermés en octobre 1952 - l'un au Crédit industriel &
commercial (CIC) et l'autre au Crédit lyonnais -, et des comptes CCP (comptes chèques postaux)
accueillent en toute transparence les flux d'argent, et leurs relevés sont conservés sereinement.
Cependant, des structures autonomes au sein du RPF, l'Action agricole et l'Action ouvrière,
disposent de leur propre CCP ; des associations d'appui au RPF, l'UPANG et l'ADETS - dont nous
parlerons plus bas -, sont quant à elles dotées d'un compte bancaire, la première au Crédit
foncier colonial & de banque. Enfin, de Gaulle lui-même est muni d'un compte au Crédit
lyonnais, qui recueille les dons adressés personnellement au général, et d'un compte CCP, lui
aussi destiné à cette collecte personnalisée, notamment celle de la "campagne de la carte".
B. L'enjeu de la collecte d'argent : financer la propagande à fonds perdus
Plus le RPF dispose d'argent, plus il peut déployer sa propagande et conquérir des "parts de
marché". Dans notre logique analytique, la "firme RPF" doit pouvoir développer au maximum
son métier de base, la propagande - ce qu'on pourrait appeler sa "stratégie commerciale".
L'enjeu est de financer cette politique de communication citoyenne, car le dévouement de petits
noyaux de militants résolus ne suffit plus : à l'enthousiasme des prosélytes doit s'ajouter la
"vente" des idées et du message gaullien grâce à un savoir-faire plus "professionnel". « Les sept
mois écoulés ont montré ce que nos compagnons étaient capables de réaliser avec des moyens
financiers souvent inexistants. Nous avons le droit d'en être fiers. Il faudra améliorer dans
chaque détail notre organisation souvent embryonnaire, développer partout notre propagande,
multiplier les services à rendre et les études à faire, grouper professionnellement de plus en plus
de sympathisants, bref charpenter de plus en plus cette ossature vivante [...]. Tous ces travaux
capitaux [...] exigeront des moyens considérables. Or nous avons tous cruellement ressenti
combien nos efforts ont jusqu'ici été freinés par l'insuffisance de nos ressources financières. Il
est donc de toute nécessité de récolter maintenant tous les fonds susceptibles de nous venir en
aide »
, écrit-on en octobre 1947. Cela confirme bien l'inflexion décisive : après les
balbutiements des ralliements spontanés dus à la sympathie envers de Gaulle est venu le temps
du professionnalisme politique et donc d'une "politique commerciale" !
Toute l'histoire de la "firme RPF" est celle du rassemblement d'argent pour soutenir l'activité clé,
la propagande. Cette véritable "entreprise de communication" ne peut vivre que tant qu'elle
trouve de l'argent pour sa propagande, malgré les dénégations - « Le choix de la politique du
Rassemblement ne doit pas dépendre de ses finances_ ». Un témoignage périgourdin est
révélateur de cette réalité matérielle : « Notre trésorerie se débat depuis un an avec un déficit, à
l'origine de 179 000 francs, pour lequel nous n'avons, malgré notre SOS reçu aucune aide du