Habermas ne porte jamais atteinte au statut autonome et moral du sujet. Il accepte même le sujet "moral" comme un
préalable indispensable pour penser et construire la modernité juridique. Il ne critique certainement pas Kant
d'individualisme où d’égoïsme, ce qui serait un contre-sens puisque Kant est largement anti-individualiste. Il insiste par
contre sur le principe de subjectivité introduisant le sujet dans une position philosophiquement déficitaire pour aborder
des questions comme celle de droit.
Le principe de subjectivité, que critique Habermas, fait de l'individu le centre et le fond à partir duquel doit se construire
le droit. Que rencontrons-nous au début de la Doctrine du droit concernant le principe universel du droit? D'abord, un
parallélisme où le principe a priori du droit établit la liberté et l'autonomie d'un sujet en parallèle avec la liberté et
l'autonomie de tout autre sujet. Ce parallélisme se représente, comme le dit Kant, comme un "ensemble conceptuel des
conditions sous lesquelles l'arbitre de l'un peut être concilié avec l'arbitre de l'autre selon une loi universelle de la liberté"
.
Kant constitue en quelque sorte le projet juridique moderne sous la métaphysique d'une loi universelle qui arbitre,
au-dessus du parallélisme, entre les différents sujets de droit.
Pour sauvegarder le sujet autonome et moral, Habermas propose plutôt de le considérer comme constitué par le paradigme
inter subjectiviste, ce qui implique un recentrage vers la communication et sur le parler et sur l'agir.
En fait, Habermas retrouve le sujet autonome et moral dans le langage. Si la modernité juridique est construite sur le
paradigme du sujet comme auteur et destinataire de ses lois et ses droits, le langage représente l'archétype d'une
communication qui confirme ce sujet dans ce rôle avec les autres. Dans l'usage performatif du langage, le sujet construit
performativement une compréhension sur quelque chose, en l’occurrence le droit, de même qu'il se voit confirmé
réciproquement avec autrui comme l'auteur et le destinataire du droit.
Habermas retrouve également le sujet autonome et moral dans l'agir. Le droit est le système d'intégration sociale par
excellence où les individus, ayant fait le choix de vivre sous et par le droit, se confirment par des actes qui, dans