CURRICULUM Forum Med Suisse No40 1er octobre 2003 950
Introduction
Les tumeurs testiculaires malignes ne totalisent
juste que 1% des cancers de l’homme. 95%
des néoplasies testiculaires sont des tumeurs
germinales. 5% seulement proviennent de cel-
lules du stroma du testicule. L’article ci-dessous
traite de l’épidémiologie, de la clinique, du diag-
nostic, du traitement et du suivi des tumeurs
germinales séminomateuses et non séminoma-
teuses du testicule.
La chimiothérapie des tumeurs germinales
est l’une des grandes réussites de l’oncologie
médicale. Avant l’introduction du cisplatine à la
fin des années 1970, les tumeurs germinales
étaient responsables de 11% des décès par
cancer chez l’homme de 25 à 34 ans, et 64%
seulement de ces patients étaient encore en vie
cinq ans après le traitement. Actuellement, plus
de 90% des patients sont encore en vie cinq ans
après le traitement et très probablement guéris
[1, 2].
Epidémiologie
Chaque année en Suisse, 300 hommes environ
sont atteints d’un cancer des testicules. Ce qui
fait 9 nouveaux diagnostics pour 100000
hommes et par an. A titre de comparaison, 80
hommes sur 100000 ont un nouveau diagnos-
tic de cancer de la prostate chaque année. Mais
le cancer des testicules est la tumeur solide la
plus fréquente chez les hommes de 25 à 35 ans.
Après 50 ans, il n’y a pratiquement plus que des
séminomes [3].
Présentation clinique
Le symptôme dominant le plus fréquent des
tumeurs testiculaires est une tuméfaction indo-
lore du testicule. 30–40% des patients se plai-
gnent d’une douleur sourde irradiant dans
l’aine, le périnée ou le scrotum. Les douleurs
aiguës sont rares dans les tumeurs testicu-
laires. En présence d’une épididymite/orchié-
pididymite, un contrôle rapproché est impéra-
tif. Il y a très rarement une hydrocèle, une
varicocèle, un hématome ou une spermatocèle.
Si l’examen est douteux, une ultrasonographie
des testicules est indispensable.
Un patient sur dix ayant une tumeur germinale
présente comme premier symptôme des dou-
leurs métastatiques. Il faut être attentif aux
symptômes suivants: tuméfaction indolore de
la région cervicale (métastases ganglionnaires
cervicales), toux et dyspnée (métastases mé-
diastinales ou pulmonaires), lombalgies (mé-
tastases dans les ganglions rétropéritonéaux
avec ou sans stase rénale), nausée et vomisse-
ment (volumineuses métastases ganglionnaires
abdominales hautes), douleurs osseuses (métas-
tases osseuses), symptômes SNC (métastases
cérébrales), inappétence et perte pondérale
(métastases hépatiques). Une gynécomastie
reflète une b-HCG augmentée [4].
Les facteurs de risque de tumeur germinale
maligne sont les suivants: cryptorchidie, cancer
testiculaire dans l’anamnèse personnelle ou
familiale, néoplasie germinale intratubulaire à
la biopsie du testicule controlatéral, infection
VIH, syndrome de Down ou de Klinefelter.
Environ 10% des tumeurs testiculaires sont
associées à une cryptorchidie. Une orchido-
pexie à 2 ans assure un développement testi-
culaire normal et diminue le risque de trans-
formation maligne. Après la puberté, il faut
extraire prophylactiquement un testicule crypt-
orchidique.
Diagnostic
Examen clinique: il faut comparer les deux tes-
ticules par la palpation bimanuelle. Un testicule
plus grand que l’autre, avec une surface bosse-
lée et de consistance variable, est suspect. Il
faut également palper tous les relais ganglion-
naires, les glandes mammaires et l’abdomen.
Ultrasonographie: l’examen aux ultrasons per-
met de visualiser des lésions testiculaires à
partir de 1–2 mm de diamètre.
Examens de laboratoire: voir plus bas, mar-
queurs tumoraux.
Orchidectomie radicale inguinale (ORI): l’étape
diagnostique la plus importante, et la première
étape thérapeutique, est l’orchidectomie radi-
cale inguinale, ou semicastration haute. Une
biopsie transscrotale du testicule controlatéral
est effectuée dans le même temps pour exclure
un carcinome in situ.
Staging radiologique: la tomographie computé-
risée de l’abdomen/bassin et du thorax re-
cherche les métastases ganglionnaires régio-
nales et à distance. Si le résultat de la TC est
normal dans le secteur pathologique, et si les
marqueurs tumoraux AFP ou b-HCG restent
Tumeurs testiculaires
Hubert Schefera, Alain Schöpferb, Walter Arnoldc, Susanna Mattmanna, Peter Thumd,
Patrick Michael Stuckie
aService d’Oncologie,
Département de Médecine;
bDépartement de Médecine;
cInstitut de Pathologie;
dInstitut de Radio-oncologie;
eService d’Urologie;
Hôpital cantonal Lucerne
Correspondance:
Dr Hubert Schefer
Service d’Oncologie
Hôpital cantonal
CH-6000 Lucerne
Abréviations
AFP a-fœtoprotéine
AJCC American Joint
Committee on Cancer
b-HCG b-humanchorion-
gonadotropin
ESMO European Society of
Medical Oncology
IGCCCG International Germ Cell
Cancer Collaborative
Group
LDH Lactate-déshydrogénase
ORI Orchidectomie radicale
inguinale
RPLND Lymphadénectomie
rétropéritonéale
UICC Union Internationale
Contre le Cancer