LES METROPOLES D’IMPORTANCE EUROPÉENNE DE L’Allemagne
Freund Bodo et Frédéric Dufaux
Contrairement à la France, la capitale et la métropole sont dissociées en Allemagne, la métropole
exerçant une fonction de commandement économique supra-national.
Le système polycentrique allemand est interrogé
- par la mondialisation depuis les années 70
- par l’accomplissement du marché commun et la perspective de la concurrence entre villes
européennes.
On peut énumérer un certain nombre de villes de commandement en Allemagne : Hambourg, Berlin,
Rhin-Ruhr, Rhin-Main, Stuttgart, Munich, Halle-Leipzig-Dresde (énumération topographique et non
hiérarchique)
Quels sont les facteurs de cette configuration ?
- fédéralisme en parallèle avec la structure actuelle de l’organisation politique. Cela n’est vrai que
pour la partie occidentale de l’Allemagne ; la structure est postérieure à 1945
- tradition plus large, avant même le XIXe siècle : la révolution industrielle atteint les capitales et
les résidences princières, les villes bourgeoises.
- Depuis la guerre, deux systèmes politico-économiques avec décapitation de la hiérarchie
traditionnelle existant de 1871 à 1945
- 13 millions de personnes fuient vers l’Allemagne occidentale ce qui provoque le renforcement
rapide des villes ; en quinze ans, la reconstruction est achevée.
Conséquences de la division en deux Etats pour le système des villes
A court terme : en 1952, la RDA supprime les Länder et crée des districts avec des villes industrielles ;
planification industrielle à base ouvrière tandis que les anciennes capitales des Länder connaissent une
évolution modérée à l’exception de Leipzig qui avait perdu 100 000 habitants (et continue à en perdre,
alors que Leipzig était la vitrine de la RDA)
A long terme, la réunification a provoqué le démantèlement des grands combinats et la subordination
de l’est à l’ouest.
Par ailleurs, en RDA, les services aux entreprises étaient sous-développés (publicité, sondages ou
études de marché, expertise, conseil juridique, immobilier, informatique). Et la fusion avec l’ouest en a
bloqué le développement local, notamment au niveau des fonctions dirigeantes (Karl Zeiss Iena qui est
la plus grande entreprise de l’est n’est qu’au 311ème rang des entreprises allemandes) : tout ce qui fait
une métropole est donc déficitaire.
La décapitation du système urbain : l’affaiblissement de Berlin
En 1948, la réforme monétaire provoque le départ vers l’ouest des entreprises berlinoises qui installent
leur siège social là où elles disposent des succursales les plus importantes. Les grandes banques
disséquées par les Américains puis reconstituées s’installent à Francfort, l’électrotechnique à Munich
(Siemens) : Berlin connaît donc une érosion de personnel qualifié et d’entrepreneurs. Il n’y reste que
les produits non sensibles dont la production diminue lorsque Berlin-ouest est débloquée et que
cessent les subventions : à Berlin-ouest, le secteur tertiaire a été gonflé et est devenu pléthorique par
l’effet des subventions tandis que Berlin-est avait un personne hautement qualifié sur le plan
intellectuel, mais la fin de la RDA et la fin des combinats ont fait perdre à Berlin-est sa fonction de
commandement politique et économique. La société berlinoise, qu’elle soit de l’est ou de l’ouest, est
inadaptée aux conditions de la vie économique.
Quelle est l’insertion des métropoles dans l’économie mondiale ?
Les outils pour répondre à la question sont constitués par le stock des investissements transfrontaliers
dans la région et des investissements de la région à l’étranger.
Francfort et la région Rhin-Main : beaucoup de firmes américaines, centre bancaire, boursier, trafic
aérien, portail de la mondialisation (communication, investissements internationaux).