apporté un soutien efficace avec la couverture des risques de change. Selon Philipp
Lüscher, la raison pour laquelle la BNS a franchi le pas précisément maintenant s’explique
par le cours actuel du dollar ainsi que par le faible prix du pétrole combiné aux taux
d’intérêt négatifs qui ont été relevés. Cela a offert à la BNS une occasion unique
d’abandonner le cours plancher d’une façon encore relativement «maîtrisée». Mais les
perspectives dans la zone euro et leurs effets futurs sur le taux de change laissent
présager de gros soucis: «C’est la raison pour laquelle les opérations de couverture seront
une nécessité absolue à l’avenir».
Une chaîne de valeur ajoutée sous pression
Pour les scieries, les usines à papier ainsi que pour les producteurs de matériaux tirés du
bois et de granulés de bois suisses, qui avaient déjà dû, à cause du franc fort, supporter
un recul spectaculaire de leur volume de production au cours des années 2010 à 2013, la
décision de la BNS constitue maintenant une très mauvaise nouvelle supplémentaire. En
effet, non seulement leur très forte proportion de coûts de matières premières s’exprime en
francs suisses, mais cela est également vrai pour les coûts salariaux, les coûts d’électricité
et de transport. Avec l’abandon du cours plancher, les coûts d’exportation sont devenus
nettement plus élevés pour les clients étrangers. Selon l’association Economie forestière
Suisse, différentes scieries ont, en plus des premières commandes destinées à l’export,
déjà perdu des commandes en provenance de Suisse ou bien ont suspendu des
commandes au motif que les recettes ne couvraient plus les coûts. «Si le franc ne
retombe pas, il n’y aura plus d’industrie suisse du bois d’ici un à deux ans», craint
Markus Lädrach, patron de l’entreprise OLWO.
La forêt souffre aussi
Parallèlement au recul de la production dans l’industrie du bois lié à la monnaie, la récolte
de grumes a également diminué d’environ 12% entre 2009 et 2013. Cette sous-exploitation
croissante de la forêt suisse aggrave le problème du vieillissement dont pâtissent la forêt
protectrice ainsi que la résistance et la stabilité de la forêt, comme l’écrit le groupe de
travail Bois + forêt + énergie dans son communiqué: «C’est précisément au moment où il
faudrait investir beaucoup plus dans le rajeunissement de la forêt que les vendeurs de bois
sont obligés de baisser les prix du bois». De ce fait, l’abattage du bois qui rajeunirait
notre forêt et la préparerait mieux aux changements climatiques devient toujours moins
lucratif pour les entreprises forestières. Par la suite, un recul supplémentaire de la récolte
de bois ne menacerait pas seulement l’approvisionnement de l’industrie de transformation du
bois mais remettrait en question l’importante contribution de l’énergie-bois à la stratégie
énergétique 2050.