Russo Claudia Comment donner envie aux enfants de venir à l’école grâce à un projet I. Narration du projet Contexte Connaissant le parcours universitaire, une enseignante m’a demandé au mois de mai, alors que j’étais en stage pour les Approches Transversales, si je voulais participer à un projet avec elle et une autre de ses collègues en début de l’année scolaire suivante. Elles voulaient faire un projet de quatre mois autour de l’image. L’idée m’a beaucoup plu. Elles m’ont donc proposé de participer à cette grande aventure en me laissant choisir un chapitre qui pourrait faire partie de ce grand thème et ainsi organiser, réaliser et gérer moi-même mon propre projet. J’ai donc travaillé en collaboration avec deux enseignantes, mais mon intervention s’est déroulée tout d’abord dans une des deux classes, puis en petit groupe dans lequel on a mélangé les élèves des deux classes. J’ai choisi de me concentrer sur le thème de la publicité parce que c’est un sujet qui concerne tout le monde et plus particulièrement les enfants. Il est important selon moi, de sensibiliser les élèves à l’image publicitaire et à les aider à avoir un sens critique pour qu’ils puissent se poser des questions devant une image. Or, je ne voulais pas que les élèves se sentent imposé ce projet. C’est pourquoi, j’ai voulu tout d’abord susciter leur curiosité, afin qu’ils soient motivés, intéressés et qu’ils se sentent complètement impliqués dans ce travail. Le stage que j’ai effectué s’est donc déroulé du 6 au 17 septembre, c’est-à-dire deux semaines après la rentrée scolaire, dans une classe de 2P. Je connaissais déjà les élèves étant donné que l’enseignante m’avait accueillie dans sa classe l’année passée pendant deux jours. La classe compte 22 élèves, dont un qui est arrivé cette année. La deuxième classe est aussi une classe 2P dont je connaissais les élèves grâce à divers remplacements. Ceci a certainement facilité mon intervention. Le projet Le projet consiste à ce que les élèves réalisent une affiche publicitaire pour donner envie aux enfants de venir à l’école. Pour ce projet, les élèves ont d’abord dû acquérir un certain nombre de connaissances. C’est pour cette raison, que la première semaine, s’est beaucoup concentrée sur des moments de discussion où les élèves participaient collectivement. Je proposais ainsi des activités au tableau noir afin qu’ils puissent échanger leurs idées, leurs points de vue et profiter des commentaires de tout le monde. Après chaque activité collective, les élèves devaient remplir un bilan individuellement, d’une part pour garder une trace du travail effectué, mais aussi pour me rendre compte de leurs acquisitions. Dans un premier temps, les deux classes ont travaillé séparément, mais lors de la réalisation du projet, les élèves ont été mélangé et divisé en trois groupes. Ainsi, il y aurait eu à la fin trois grandes affiches publicitaires différentes. Activité 1 Titre : Le chemin de l’image (le jeu du domino) Objectif : Distinguer les différents styles d’images (photo = réelle, dessin = imaginaire…) De façon collective les élèves ont dû construire un mur en posant les images les unes à côtés des autres en indiquant les liens entre elles (couleur, sentiment qu’elles dégagent, figure…). Après avoir donné les consignes, j’ai posé la première image et les élèves ont continué le chemin. J’ai profité du beau temps pour organiser cette activité dehors avec toute la classe. Les élèves étaient enthousiastes de travailler de faire une activité originale dans un lieu dans lequel ils n’avaient pas l’habitude de travailler. Lorsque tous les élèves ont posés leurs images, et que le chemin a été terminé, on est tous retourné en classe et j’ai demandé aux élèves de se mettre par groupes de proximité. Ils avaient à disposition 12 images différentes (6 photos + 6 dessins). Le but était de distinguer et coller sur une grande feuille les deux catégories d’image. Aucune indication ne leur a été donnée si ce n’est le fait de regrouper les images en deux grandes catégories. Un seul groupe a deviné que les images étaient soit des dessins, soit des photos. Activité 2 Titre : Création de collection Objectif : Distinguer les différentes catégories d’images selon l’intention de son auteur (publicité, photo souvenir, informatif, documentaire, esthétique (carte postale)…) J’ai regroupé les images sur cinq panneaux différents représentant cinq grandes collections. Les élèves ont été amenés à distinguer que les images pouvaient servir à plusieurs choses : à se souvenir, à faire joli, à apprendre, à informer, à donner envie, à faire rire. Les élèves ont pris conscience après un moment de discussion que les images n’ont pas toutes le même but. L’intention peut être différente selon la catégorie à laquelle appartient l’image. Activité 3 Titre : L’image publicitaire Objectif : Avoir un sens critique en se posant des questions A partir de ce moment, les activités se sont focalisées sur la publicité. Toujours de façon collective, j’ai essayé de mener une discussion avec les élèves autour de quelques affiches publicitaires. A travers cette activité, les élèves se sont posés des questions comme : - qu’est-ce que l’image publicitaire ? - quel est le produit que l’on veut vendre ? - pour qui est cette publicité ?, à qui est-elle destinée ? - pourquoi fait-on des publicités ? - où peut-on voir ce genre de publicité ? La suite de l’activité consistait à montrer aux élèves dix affiches publicitaires et dix images correspondant aux produits de ces affiches, le tout mélangé au tableau. Ils élèves se sont rendus compte qu’il y avait deux fois le même produit. Le but de l’exercice était faire en sorte qu’ils réalisent que l’affiche publicitaire est faite pour attirer le public et leur donner envie. On n’a pas envie d’acheter lorsque l’on voit une simple photo d’un produit, mais on a envie page 2 d’acheter un produit dont la publicité nous attire. Les élèves ont ainsi remarqué que les images qui donnaient le plus envie étaient les affiches publicitaires. Pendant ces premières activités, les élèves ont donc reçu quelques indications sur l’image publicitaire. Avec ces éléments, ils ont produit une publicité à partir d’une image d’un produit que je leur avais distribué (production initiale). Ils ont crée leur publicité de façon très imaginaire en mettant en pratique ce que l’on avait vu ensemble. Activité 4 Titre : Je reconnais une publicité Objectif : Réaliser que dans une publicité, certains éléments sont indispensables. A partir de quelques affiches publicitaires, j’ai répété les questions qu’ils fallait se poser en regardant une de ces images, soit : qu’est-ce que c’est ?, qu’est-ce que l’on cherche à vendre ?, pour qui est cette publicité ? J’ai demandé aux élèves le point commun entre toutes les affiches publicitaires exposées au tableau. Par quoi peut-on reconnaître la plupart des affiches publicitaires ? Activité 5 Titre : Le slogan Objectif : comprendre l’importance du slogan dans la publicité et la façon dont il est fait. Qu’est-ce que le slogan ? A quoi ça sert ? Un texte pas trop long qui fait réagir. Le slogan doit donner envie d’acheter. Le slogan s’adresse à quelqu’un directement Avec le slogan, on cherche à faire envie. Les élèves ont travaillé en petit groupe pour réaliser cet exercice. Ils avaient à disposition une affiche publicitaire et différents slogans. Ils devaient réfléchir ensemble pour trouver le meilleur slogan pour vendre le produit et le défendre ensuite devant toute la classe. il y a eu ensuite une discussion autour des particularités du slogan, comme la taille, le genre d’écriture, la place, le sens, la couleur, l’effet, la longueur… Activité 6 Titre : Les comparaisons Objectif : réaliser que souvent on utilise la comparaison pour vendre un produit. De façon collective, les élèves ont dû trouver à quoi le produit que l’on voulait vendre était comparé et pourquoi. Par exemple, le parfum est souvent comparé à une fleur car c’est un symbole de fraîcheur, ça sens bon… Activité 7 Titre : Les couleurs Objectif : prendre conscience que les couleurs ont un sens page 3 Les élèves ont réalisé que souvent les couleurs sont associées à certains produits. Les publicités pour les maquillages, ont souvent un fond rose, les publicités pour les produits vaisselles sont souvent associés au jaune et au vert, les produit pour le bain sont liés la plupart du temps au bleu. En effet, lorsque j’ai demandé aux élèves à quoi leur faisait penser chaque couleur. Ils ont donc compris que derrière les publicitaires utilisent la couleur pour associé le produit à différentes sensations comme l’odeur (jaune = citron), la fraîcheur (bleu = eau), l’élégance (argent, doré = diamants, or). La réalisation du projet Après tous ces éléments théoriques, les élèves des deux classes ont été mélangés et divisés en trois groupes. Même si le projet leur a été imposé, ils ont tous été motivés de rentrer dans la peau de publicitaires afin de réaliser une immense affiche pour donner aux autres enfants l’envie de venir à l’école. Chaque groupe a eu un adulte pour les diriger et les aider. Les élèves ont été amenés tout d’abord à choisir ensemble à quoi comparer l’école (à la plage, à un géant, à un parc d’attraction). Une fois que la maquette a été réalisée, chaque groupe a été subdivisé en trois sous-groupes, un qui s’occupe de la peinture, un deuxième du slogan et un dernier des éléments en relief. A partir de là, je me suis occupée du groupe peinture. J’avais donc à gérer trois projets différents. Il a été de même pour ma formatrice et la deuxième enseignante qui s’occupaient l’une du groupe du slogan et l’autre des éléments en relief. Tout au long de ce projet, les élèves ont dû travailler collectivement, individuellement, en groupes, ils ont dû collaborer, se partager les tâches, discuter… Ils ont apprécié les différents rôles adoptés au cours du projet. Ils étaient toujours curieux de savoir de quelle façon ils auraient travaillé. Cette diversité dans la manière de travailler les a vraiment motivé. J’ai beaucoup aimé le fait de mener ce projet à travers ces différentes facettes. J’ai pu d’une part m’occuper d’une classe entière, en essayant d’intéresser les élèves lorsque je donnais les explications pour tout le monde, et d’autre part, j’ai dû gérer trois groupes d’élèves différents sur trois projets différents. Ces activités ont demandé une intense collaboration avec les deux enseignantes. En effet, ils fallait être d’accord sur les activités, sur la gestion du temps, sur le matériel, sur toute l’organisation et à trois, ce n’était pas toujours facile. Ce projet a présenté un chalenge pour tous les acteurs qui y ont participé. II. Réflexion 1. La répartition des tâches : qui profite du projet ? Un projet ne peut se mener tout seul. Les élèves ont dû se répartir les tâches lors de ce travail, ils ont été amenés à collaborer et à coopérer. La coopération met l’accent sur le travail d’équipe. Des élèves de capacités et de talents différents y ont chacun une tâche précise et travaillent ensemble pour atteindre un but commun, dans ce cas, celui de réaliser une affiche publicitaire. Chaque grand groupe a dû se mettre d’accord pour se partager en trois et désigner des élèves qui se seraient occupés de la peinture, d’autres qui auraient bricolé pendant que les derniers se concentraient sur le slogan. Déjà lors de cette première séparation, ils se sont page 4 rendus compte qu’ils allaient tous travailler sur quelque chose de différent mais que lorsque les pièces de chacun auraient été assemblées, elles se seraient complétées en harmonie. Le travail d’équipe exige de ses membres l’utilisation de comportements sociaux et scolaires appropriés. Il est nécessaire pour cela un certain temps d’enseignement à l’enseignant et un temps d’apprentissage aux élèves. Il est important de leur faire comprendre combien la contribution de chaque élève peut apporter dans le groupe, et que d’écouter de façon active et d’exprimer son désaccord de façon polie permettent d’avancer rapidement et dans de bonnes conditions. Il est essentiel que chaque enfant trouve sa place dans le groupe. Je pense que la confrontation de différents points de vue est source d’enrichissement. En effet, les élèves complétaient leurs idées. Si nous étions tous pareil, avions tous les mêmes pensées et les mêmes idées, cela ne serait d’aucun intérêt et les échanges, la communication ne servirait pratiquement à rien. Cela n’a pas empêché cependant certaines difficultés. En effet, dans certains groupes, des élèves, n’étaient pas d’accord, voulaient tous faire la même chose, se plaignaient de pertes de temps et d’un travail non soigné de la part de certains. Par contre, dans d’autres équipes où chaque élève était accepté, écouté et valorisé, tout le monde était prêt à s’engager, car les enfants entre eux avaient acquis une certaine confiance et une grande solidarité entre eux. 2. La situation d’intégration Je ne m’étais jamais vraiment posée de questions sur la publicité avant la réalisation de ce projet. J’ai dû réfléchir sur la façon dont les publicitaires utilisent l’image, la couleur, l’espace, le slogan pour attirer le public. Des recherches dans plusieurs livres m’ont été utiles, mais l’aide de ma formatrice a été essentielle. Chaque soir on réservait une à deux heures pour discuter et analyser les publicités, pour faire des liens entre les produits et les couleurs, les choix des images… Il a été nécessaire que j’intègre certains savoirs avant de présenter le projet aux élèves, car c’est ce que j’ai appris pendant ces deux semaines au sujet de la publicité, que je leur ai transmis. Ce projet m’a mise au même niveau que les élèves. J’ai intégré des savoirs tout au long du projet au fur et à mesure qu’il avançait. Je ne m’étais jamais posée la question de l’influence des couleurs dans la publicité. Ma formatrice avait suivi plusieurs formations à ce sujet. Elle m’a fait constaté que les couleurs nous faisaient ressentir des sensations et qu’elles étaient très utilisées par les publicitaires. On a fait un tri sur environ trois cent publicités et j’ai pu remarqué que les produits sont souvent associés à une certaine couleur. Mon processus d’intégration se manifestait souvent lors des discussions et des réflexions eues avec ma formatrice de terrain et je les mettais à l’épreuve sans perdre de temps lors des leçons que je donnais aux élèves. Après chaque activité, les élèves devaient remplir un bilan (annexe 3). Malgré les explications que je donnais au tableau, ces bilans leur permettaient d’intégrer correctement les savoirs ou de corriger ce qu’ils avaient peut-être mal compris lors des explications. Tout au long de la première semaine les élèves ont intégré des savoirs. Ils ont dû mettre à l’épreuve tout ce savoir construit lors de la réalisation du projet. En effet, ils n’auraient pas pu réaliser l’affiche publicitaire s’ils n’avaient pas écouté et intégré la façon dont il fallait la faire. Ils devaient mettre en pratique tout ce qu’ils avaient appris lors de la première semaine. page 5 page 6