Les concepts introduits en Première S
Le J.E : Le programme de Seconde met en place quelques outils d’analyse et de mesure des
systèmes. Comment poursuivez-vous cette approche en classe de première S ?
Le formateur : Par l’introduction d’une technique de mesure adaptée aux solutions ioniques : la
conductimétrie. Cette technique est reprise en Terminale dans l’enseignement obligatoire et en
spécialité. Elle repose sur le fait que les solutions ioniques sont conductrices et que la conductance
d’une portion de solution dépend à la fois de la nature des espèces ioniques présentes et de leurs
concentrations molaires effectives.
Le J.E : Cela mène à des situations compliquées !
Le formateur : Non si les problèmes sont sériés. Il est essentiel de ne faire varier qu’un des facteurs à
la fois. Par exemple, si nous observons l’évolution de la conductance G d’une solution donnée, une
solution de chlorure de sodium par exemple, en fonction de sa concentration molaire c, une relation
simple (étalonnage) peut être établie entre G et c, qui conduit à la possibilité de déterminer la
concentration molaire de n’importe quelle autre solution de chlorure de sodium par exploitation de la
relation ou de la courbe d’étalonnage.
Le J.E : C’est un peu ce qui est fait avec un thermomètre que l’on a étalonné entre 0 °C et 100 °C et
qui permet ensuite de repérer toute température comprise dans l’intervalle !
Le formateur : Tout à fait. On peut aussi travailler à volume quasiment constant dans un système en
solution qui est le siège d’une réaction chimique. Dans ce cas, c’est le remplacement progressif de
certaines espèces ioniques réactives par d'autres espèces (ajoutées ou produites), qui conduit à la
variation de la conductance. Un raisonnement sur l’évolution des quantités de matière ionique au sein
de la solution permet de définir la notion d’équivalence et de réaliser des dosages par titrage.
Le J.E : Quelles sont les réactions chimiques mises en jeu dans ces titrages ?
Le formateur : Les réactions acido-basiques et d’oxydoréduction servent de support à ces titrages. On
introduit expérimentalement et sans développement quantitatif à ce niveau, la notion de couple
acide/base et de couple oxydant/réducteur associés à des transferts de particules (protons et
électrons).
Le J.E : Y a t-il d’autres nouveautés en Première S ?
Le formateur : Pas vraiment, mais une distinction est faite entre les différents niveaux de cohésion de
la matière. Le rôle des interactions est abordé en Première S à plusieurs occasions et illustré par
l’expérience. Les entités de la matière, les molécules, sont construites en respectant des règles
d’association entre atomes. L’interaction fondamentale qui intervient dans ces entités est l’interaction
électromagnétique (sous forme de la liaison covalente). La réaction chimique fait intervenir de fortes
énergies pour redistribuer les électrons entre les atomes. Ces entités peuvent se lier avec une énergie
plus faible dans les liquides et les solides.
La molécule d’eau, dipôle électrique, peut se lier à des ions (solvatation), à d’autres molécules d’eau
(constitution des phases condensées liquides et solides), à d’autres molécules polaires (solubilité des
alcools et des amines). Les liens établis entre molécules expliquent les différences de température de
changement d’état, de solubilité, le comportement hydrophile ou hydrophobe, la structure des
protéines et au-delà leur synthèse (dont les biologistes ont besoin). Un deuxième niveau de
structuration de la matière apparaît donc, gouverné par des interactions moins énergétiques.
La fin du programme de Première S suggère d’ailleurs de comparer les ordres de grandeur des
énergies de cohésion dans les molécules (liaisons covalentes) et entre les molécules. Autrement dit
d’expliquer pourquoi il est possible de faire bouillir de l’eau sans en briser les molécules et de séparer
les deux brins de l’ADN sans en briser la chaîne de nucléotides !
Le J.E : Et tout ce qui concerne la prévision des réactions ?
Le formateur : En classe de première, on analyse les comportements des systèmes sans préjuger de
leur évolution. Le vaste problème de l’évolution des systèmes chimiques fait l’objet du programme de
Terminale S. L’approche est différente de celle que tu as connue mais ne déroutera pas l’élève qui va
la découvrir très progressivement.
Le J.E : Et comment est abordée la chimie organique ? Les familles de composés, alcanes, alcènes,
alcools sont-elles étudiées en classe de première ?
Le formateur : Comme cela était déjà dans le programme de la classe de seconde, la chimie
organique n’apparaît pas explicitement dans le programme pas plus que la chimie inorganique, mais
elle y est bien présente et ce, chaque année, avec une approche différente. Pour ce qui concerne les
familles de composés, elles ne sont pas introduites par une approche systématique de type
monographie. Dans la partie intitulée « la chimie créatrice », le vaste champ de la chimie organique
est défini à partir de l’extraordinaire capacité de l’atome de carbone à s’entourer d’atomes
d’hydrogène, d’oxygène et d’azote pour constituer des milliards de molécules jusqu’aux êtres vivants.
Le J.E : Mais comment donner un peu d’ordre à cette complexité ?