Transplantation de cellules souches hématopoïétiques

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C U R R I C U LU M
Forum Med Suisse No 25 19 juin 2002
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Transplantation de cellules souches
hématopoïétiques
A. Gratwohl, J. Passweg, T. Kühne, A. Tyndall, W. Holzgreve, R. Skoda, G. Marbet, A. Tichelli
La transplantation de cellules souches hématopoïétiques est aujourd’hui un traitement
reconnu pour les patients atteints de maladie sévère, héréditaire ou acquise, du système
hématopoïétique. De nouveaux procédés permettent également le traitement de patients âgés
et de patients atteints de maladies d’accompagnement. En dépit de grands progrès, la transplantation de cellules souches est toujours liée à de lourdes contraintes pour le patient et son
entourage. Une prise en charge en réseau est nécessaire. Le médecin de premier recours est
un important élément de liaison entre le patient, le centre de soins ayant adressé le patient
et le team de transplantation. Dans ce sens, il devrait connaître les principaux éléments de
la transplantation de cellules souches et être informé sur les indications, complications
et possibilités de traiter ces dernières.
Introduction
TCSH = transplantation de cellules
souches hématopoïétiques
Zentrum für Stammzelltransplantation und Stammzelltechnologie,
Universitätskliniken Basel
(Therapeutische Hämatologie,
Departement Innere Medizin;
Diagnostische Hämatologie,
Departement Zentrallaboratorium;
Experimentelle Hämatologie,
Departement Forschung;
Hämato-Onkologische Abteilung
der Universitäts-Kinderklinik
Beider Basel; Departement
Rheumatologie, Felix Platter-Spital;
Universitäts-Frauenklinik)
Korrespondenz:
Prof. Dr. med. Alois Gratwohl
Abteilung für Hämatologie
Departement Innere Medizin
Kantonsspital Basel
CH-4031 Basel
[email protected]
Les cellules souches, leurs possibilités et limites, leurs dangers et leur énorme potentiel
remplissent les colonnes des journaux et émeuvent non seulement le président Bush et le
pape, mais aussi tous les laïcs intéressés et
proches des patients concernés. Les cellules
souches embryonnaires sont au centre de l’intérêt, faisant souvent ignorer le fait que pour
une forme particulière de cellules souches, à
savoir les cellules souches hématopoïétiques,
la transplantation est depuis longtemps réalité.
La transplantation de cellules souches hématopoïétiques (TCSH) fait aujourd’hui partie
du paysage médical quotidien. Les cellules
souches autologues ou allogéniques provenant
de la moelle osseuse, du sang périphérique ou
du sang du cordon ombilical sont utilisées pour
de nombreuses maladies. La TCSH est souvent
intégrée dès le début dans un plan thérapeutique. On choisit le procédé approprié en fonction de la disponibilité des dons, du degré d’urgence de la maladie et des dangers liés à la
transplantation. Les possibilités et les limites
sont aujourd’hui bien connues et les facteurs
de risque définis. L’information est aujourd’hui
directement accessible aux patients concernés
à travers divers médias. En raison de son étendue même donnant lieu à interprétation, cette
information peut être un fardeau autant qu’une
aide pour les patients et leur entourage. Il est
d’autant plus important que le médecin de famille soit lui-même bien informé. L’information
de base sur l’état actuel de cette technologie que
nous nous proposons de donner dans cet article
a pour but principal de préciser le rôle du
médecin de famille. A dessein, nous mettons
entre parenthèses certains aspects tels que la
physiopathologie, les questions éthiques et de
portée politique.
Concepts et techniques
La TCSH en tant que concept a aujourd’hui
remplacé l’ancienne transplantation de moelle
osseuse. Jusqu’au début des années 90, on utilisait uniquement la moelle osseuse comme
produit de cellules souches pour la TCSH. Chez
l’adulte, la moelle osseuse est riche en cellules
souches. L’aspiration au niveau de la crête
iliaque permet de récolter 500 à 1500 mL de
sang de moelle osseuse. Le but est d’obtenir un
nombre >2108 cellules nucléées, respectivement >2106 cellules CD34+ par kg de poids
corporel du receveur. L’intervention est lourde
pour le donneur, car liée à une hospitalisation
et à une anesthésie locale, voire une narcose.
Une anémie passagère, de la fatigue, des douleurs au lieu d’intervention et une incapacité
de travail de 3 jours en moyenne sont la règle,
mais les complications sévères sont exceptionnelles. Le sang périphérique a aujourd’hui
remplacé la moelle osseuse comme source de
cellules souches pour la TCSH autologue. On
utilise de plus en plus les cellules souches périphériques pour la TCSH allogénique également.
Elles peuvent être obtenues en grand nombre
avec de faibles contraintes aussi bien pour le
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donneur que pour l’équipe de transplantation
et permettent une prise plus rapide du transplant. Au besoin, une répétition du prélèvement
est facilement réalisable. Les facteurs de croissance hématopoïétique, le facteur de stimulation des colonies granulocytaires (G-CSF; Neupogen®, Granocyte®) mobilisent les cellules
souches de la moelle osseuse, qui peuvent
après 4–5 jours être récoltées à partir du sang
périphérique au moyen de séparateurs de cellules. On peut traiter 15 à 30 L de sang (chez
l’adulte; chez l’enfant proportionnellement
moins) par séance, avec pour but l’obtention de
>2106 cellules CD34+. Les symptômes grippaux et les douleurs osseuses sont les symptômes les plus fréquents au cours du don G-CSF
et les risques du prélèvement sont ceux liés à
Tableau 1. Terminologie.
Origine des cellules souches
Moelle osseuse
transplantation de moelle osseuse
Sang périphérique
transplantation de cellules souches
périphériques
Sang de cordon ombilical
transplantation de sang de cordon
ombilical
Type de donneur
Patient lui-même
autologue
Donneur sain
Jumeau univitellin
syngénique
Frère ou sœur HLA-identique
allogénique
Autre membre de la famille
Père ou mère, enfant
Donneur étranger sain
Figure 1.
Les cellules souches telles
que nous nous les représentons
aujourd’hui.
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la circulation extracorporelle. Contrairement
au prélèvement de moelle osseuse, une hospitalisation n’est ici pas nécessaire et la durée de
l’incapacité de travail est courte. Les complications sévères telles que rupture de rate (stimulation de l’hématopoïèse), précipitation d’une
maladie auto-immune ou complications cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) sont rares mais possibles. Reste ouverte la question si l’effet des
facteurs de croissance augmente le risque
d’une dégénérescence maligne tardive des cellules hématopoïétiques. La TCSH périphérique
se prête également à la TCSH allogénique. Les
avantages pour le donneur prédominent. C’est
vraisemblablement aussi le cas pour le receveur. Le plus grand nombre de cellules souches
permet une prise plus rapide du transplant,
diminue les risques précoces et réduit vraisemblablement le taux de récidives chez le
receveur. Le plus grand nombre de cellules
souches permet aussi une manipulation du produit de cellules souches, par exemple une déplétion en cellules T. A ces avantages s’oppose
le risque de maladie graft-versus-host (GvHD)
aiguë ou chronique plus sévère en cas de manipulation du transplant. En cas de maladie
avancée avec risque lié à la transplantation
élevé, les avantages pour le receveur prédominent; en cas de leucémie à risque faible, une appréciation définitive ne pourra se faire qu’après
une période d’observation prolongée.
En l’absence d’un donneur adéquat dans la
famille, il est possible de confier au centre
de transplantation une recherche par l’intermédiaire du Registre suisse des donneurs de
moelle osseuse à Berne, qui est en liaison avec
plus de 100 registres répartis dans le monde
entier, représentant l’enregistrement de plus
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de 7 millions de donneurs typisés, ainsi qu’avec
les banques de sang de cordon ombilical associées, possédant plus de 200 000 préparations
typisées. Les techniques de TCSH sont les
mêmes pour les transplantations parentes que
pour les non-parentes. En règle générale, les
cellules souches sont prélevées fraîchement au
lieu où se trouve le donneur, transportées par
courrier au lieu où se trouve le receveur et
où elles seront directement transplantées.
L’organisation complexe est coordonnée par
le registre et les procédures sont réglées par
la World Marrow Donor Association (WMDA),
l’organisation faîtière des registres de donneurs. Si on ne parvient pas à trouver un donneur identique dans la famille ou en-dehors, il
existe aujourd’hui, surtout pour les enfants, la
possibilité d’une TCSH haplo-identique du père
ou de la mère. Grâce à une dose très élevée de
cellules souches (cellules souches périphériques), le risque de rejet peut être diminué, et
grâce à une déplétion intensive de cellules T,
la GvHD peut être souvent évitée.
Le sang de cordon ombilical peut faire office de
source de cellules souches dans trois situations
différentes. Le procédé d’obtention des cellules
souches est identique dans ces trois situations.
Avec l’accord des parents, une équipe bien formée procède après la naissance à la ponction
de la veine du cordon ombilical; le sang placentaire disponible est récolté et anticoagulé
stérilement, examiné selon des critères standardisés, traité, cryogénisé et mis en conserve.
Le prélèvement dans une famille avec un enfant
déjà malade est désigné comme «prélèvement
ciblé» (targeted banking). Si le sang de cordon
ombilical nouvellement prélevé est HLA-identique à celui de l’enfant malade, la transplantation de sang de cordon ombilical représente
le procédé de choix. De nos jours, on organise
des banques de sang de cordon ombilical
comme don anonyme pour un receveur potentiel compatible. En Suisse, ce «public banking»
se fait auprès de la banque de sang de cordon
ombilical publique Swisscord. La Swisscord est
un groupe de travail de la STABMT qui règle le
public banking (jusqu’à maintenant à Bâle et
Genève) en collaboration avec le Registre des
donneurs de moelle osseuse. On examine en
détail si un prélèvement en vue d’un éventuel
besoin personnel ultérieur est pertinent et économique. Des entrepreneurs commerciaux offrent cette possibilité (private banking). Les
questions éthiques, juridiques et médicales qui
se posent en relation avec le private banking
font l’objet d’un projet de recherche dans le
cadre du projet NFP 46 du Fonds national. La
problématique de la transplantation de sang
de cordon ombilical illustre l’interdisciplinarité
avec laquelle un centre de transplantation de
cellules souches doit travailler.
Les cellules souches pour la transplantation
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sont perfusées au receveur par voie intraveineuse. Chez le receveur, elles trouvent leur
chemin vers la moelle osseuse grâce à des
«homing receptors». Une fois ce site atteint,
elles commencent à se répartir et se diviser. La
reconstitution numérique du sang périphérique
requiert environ 2 à 4 semaines pour les érythrocytes, les thrombocytes et les granulocytes.
Le délai de restauration fonctionnelle des érythrocytes est le même que celui de la reconstitution numérique. Mais la reconstitution immunitaire demande du temps. Une maladie
graft-versus-host peut retarder la récupération
immunitaire pendant des années. L’administration traditionnelle intraveineuse pourrait
être complétée dans un proche avenir par
d’autres techniques. Grâce à une administration intra-utérine aux stades précoces de la
grossesse et sous conditions appropriées, l’hématopoïèse peut déjà être normalisée avant la
naissance dans certains cas de maladies congénitales sévères (p.ex. déficits immunitaires
combinés sévères, maladies métaboliques sévères). On espère induire la tolérance et réduire
les taux de rejet et le risque de maladie graftversus-host par l’administration intraporte.
Indications
Le but de la TCSH est le remplacement transitoire ou permanent, partiel ou complet, d’un
système hématopoïétique primairement ou secondairement sévèrement malade. Le trouble
peut être héréditaire ou acquis et il peut s’agir
d’une maladie maligne ou non. Le nouveau système hématopoïétique peut exercer la fonction
manquante jusqu’ici, mettre à disposition un
produit du métabolisme manquant (maladies
du métabolisme) ou amener sous contrôle une
maladie maligne grâce à sa nouvelle compétence immunitaire. Les schémas modernes de
conditionnement de basse intensité («minitransplants») comportent de grands espoirs
quant à cet effet immunologique anti-tumeur,
l’effet graft-versus-tumor/graft-versus-leucémie. Le rôle principal de la TCSH autologue est
le remplacement transitoire après chimiothérapie ou radiothérapie intensives; tandis que
l’intérêt principal de la TCSH allogénique est
l’effet immunologique des nouvelles cellules
souches saines. Mais les différences ne sont ici
pas absolues.
La TCSH représente le traitement approprié
pour de nombreuses maladies. Les principales
indications sont les maladies congénitales,
l’anémie aplastique, les leucémies, les maladies
lympho-prolifératives, les tumeurs solides et
les maladies auto-immunes sévères réfractaires au traitement. Aucune de ces indications
n’est absolue. La décision doit satisfaire plusieurs critères et le processus décisionnel tient
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Tableau 2. Indications reconnues selon le catalogue de prestations
de l’Office fédéral des Assurances sociales sans restrictions.
Leucémies
Leucémie myéloïde aiguë
autologue/allogénique
Leucémie lymphatique aiguë
autologue/allogénique
Leucémie myéloïde chronique
autologue*/allogénique
Leucémie lymphatique chronique
autologue*/allogénique*
Syndrome myélodysplasique
autologue*/allogénique
Maladies lymphoprolifératives
Lymphome
autologue/allogénique*
Myélome multiple
autologue/allogénique*
Tumeurs solides
Carcinome mammaire
autologue*
Carcinome bronchique à petites cellules
autologue*
Neuroblastome
autologue*
Sarcome d’Ewing
autologue*
Tumeurs à cellules germinales
autologue*
«rare tumours of childhood»
autologue*
Néphrocarcinome
allogénique*
Mélanome malin
allogénique*
Anémie aplastique
allogénique
Maladies congénitales
Maladies immunitaires combinées sévères
allogénique
Thésaurismoses
allogénique
Hémoglobinopathies sévères
allogénique
Maladies auto-immunes
Sclérose systémique
autologue**
Sclérose en plaques
autologue**
Arthrite rhumatoïde
autologue**
Arthrite idiopathique juvénile
autologue**
Lupus érythémateux systémique
Cytopénies auto-immunes sévères
autologue**
autologue**
Restrictions:
* indication en cours d’évaluation. La prestation est prise en charge
** indication en cours d’évaluation. La prestation n’est pas prise en charge.
compte des risques du point de vue de la maladie, des risques liés à la transplantation, de la
disponibilité de cellules souches et des alternatives thérapeutiques à disposition. Les critères
sont différents d’une maladie à l’autre et peuvent d’ailleurs changer au cours du temps et
en fonction de l’évolution de la maladie. Ainsi,
en cas de leucémie répondant mal à une chimiothérapie conventionnelle (p.ex. leucémie
comportant des aberrations chromosomiques
complexes), on planifiera une TCSH le plus tôt
possible dans l’évolution, alors que pour les
leucémies avec des chances de réponse plutôt
bonnes (p.ex. leucémie lymphatique aiguë chez
l’enfant), on prévoira une chimiothérapie primaire seule, gardant la TCSH en réserve en
cas de récidive. De plus, le procédé est aussi
influencé par la qualité des cellules souches à
disposition. Les lignes directrices du Groupe
européen pour la transplantation de cellules
souches (EBMT) distinguent entre a) indication
établie, b) indication sur protocole d’étude, c)
indication expérimentale, d) indication non
recommandée. Par exemple, chez un patient
atteint de leucémie myéloïde aiguë avec risque
élevé, dans la première rémission, une TCSH
provenant d’un frère HLA-identique peut appartenir à la catégorie a); une TCSH provenant
d’un donneur non apparenté, à la catégorie b);
en cas de récidive massive pour un frère HLAidentique à la catégorie c) et pour une TCSH autologue à la catégorie d). Fondamentalement,
pour les maladies indiquées au tableau 2, il faudrait aujourd’hui, dès que le diagnostic est
posé, inclure dans le plan de traitement la
recherche d’un donneur disponible et la possi-
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Tableau 3.
Contre-indications à la TCSH.
Contre-indications absolues
Manque d’accord
Seconde maladie prohibitive
Positivité HIV (donneur ou receveur)
Seconde tumeur maligne réfractaire au
traitement
Maladie irréversible d’un second organe
Manque de compliance
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traitement, lorsqu’il y a des signes de manque
de compliance ou lorsque le financement n’est
pas assuré. Une TCSH ne peut pas être entreprise au cours d’une grossesse. Aujourd’hui, on
a abandonné une limite d’âge supérieur comme
critère d’exclusion. Les facteurs de risque tels
que l’âge, le sexe, l’histo-compatibilité, le stade
de la maladie, les maladies d’accompagnement
ou atteinte(s) pré-existante(s) d’organe(s) sont
certes considérés, mais ne sont pas décisifs
pris isolément. La somme des facteurs de
risque est plus importante qu’un critère isolé en
lui-même.
Manque de financement
Grossesse
En présence d’une meilleure alternative de
traitement
Contre-indications relatives
Somme des facteurs de risque trop grande
Etat général trop déficient
Manque de réseau psycho-social adéquat
Possibilité d’alternative thérapeutique aussi
bonne mais plus aisée
bilité d’une TCSH. Ceci est en principe le cas
dans la majorité des concepts modernes
d’étude. Grâce à la coopération nationale/internationale, les concepts sont expertisés,
documentés, surveillés, adaptés et optimisés.
Autant que possible, les patients devraient
aujourd’hui être traités dans le cadre de tels
protocoles d’études coopératives.
Contre-indications
Fondamentalement, une TCSH est refusée
lorsque l’accord du patient ou du donneur n’a
pas été donné, lorsque de sévères maladies
d’accompagnement du patient ou du donneur
rendent impossibles les chances de succès,
lorsqu’on dispose de meilleures alternatives de
Figure 2.
Maladie cutanée graft-versus-host
aiguë.
Critères de pronostic
Les principaux critères pronostiques de succès
d’une TCSH sont bien connus. On distingue
entre facteurs de risque pré-transplantation,
qui sont donnés au moment de la transplantation et ne peuvent pas être modifiés, et les facteurs de risque péri-, respectivement posttransplantation. Il faut considérer que deux
points différents déterminent finalement le
succès de la transplantation, à savoir les complications liées à la transplantation et la récidive de la maladie. Certains facteurs de risque
ont une influence concordante sur les deux
points et sont dans chaque cas défavorables,
par exemple le stade de la maladie: une maladie avancée comporte un risque majoré de
mourir de complications liées à la TCSH mais
aussi un risque majoré de récidive. D’autres
facteurs de risque n’ont d’influence que sur un
point, par exemple l’âge: indépendamment de
la maladie et du type de TCSH, les personnes
âgées courent un risque plus élevé de mourir
des complications du traitement. D’autres
facteurs de risque encore ont une influence
discordante: l’histocompatibilité est liée à un
risque majoré de GvHD et de complications en
relation avec la transplantation; en échange,
le risque de récidive est plus petit en raison de
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l’effet graft-versus-leucémie. C’est pourquoi
selon les circonstances on pourrait, en présence d’une leucémie avec un pronostic défavorable, préférer un donneur étranger à un
frère HLA-identique. Les facteurs péri-transplantation se comportent de manière semblablement discordante. Plus le conditionnement
est intensif, moindre est le risque de récidive
mais plus élevé est le risque de complications
liées à la transplantation, et vice versa. Plus intense sont la prophylaxie et le traitement d’une
maladie graft-versus-host, plus faible est le
taux de complications, mais plus élevé le risque
de récidive et inversement. Eu égard à ces connaissances, ce sont de nos jours les facteurs de
risque pré-transplantation qui décident du procédé et du moment de la transplantation, de la
manière de conditionner et de l’intensité de
la prévention de la GvHD. La procédure est différenciée selon les groupes d’âge. Les patients
avec un risque élevé quant à la maladie et un
risque faible du point de vue de la transplantation sont préparés différemment et proposés à
la transplantation à un autre moment que les
patients avec un risque faible quant à la maladie et un risque élevé du point de vue de la
transplantation.
Traitement avant
la transplantation
On souhaiterait que pour chaque patient, la
TCSH puisse se faire au moment le plus favorable, lorsque l’activité de la maladie est la plus
faible, avec le produit de cellules souches optimal et le conditionnement le plus restreint
possible. Le patient et sa famille sont informés,
le financement est assuré et la prise en charge
ultérieure par les proches, le médecin de famille
et le team de transplantation est préparée. Les
examens préalables établissent avec sûreté
qu’il n’y a pas de contre-indication prohibant
ou rendant impossible la transplantation. Ils
établissent aussi avec certitude que les éventuels
dommages organiques existants ou circonstances psychosociales sont bien antérieurs et
n’ont pas été nouvellement acquis. Une coordination sans faille est nécessaire à une préparation différenciée et conforme aux objectifs. Il
est fréquent que la maladie évolue autrement
que prévu. Dans cette phase, l’implication du
médecin de famille est importante et précieuse.
Il connaît au mieux l’histoire et l’environnement du patient. Il peut formuler les besoins
du patient et rendre attentif à des déficits. Il est
le mieux placé pour soutenir les proches dans
les moments difficiles. Il peut maintenir et
promouvoir les contacts utiles avec l’école
(pour les enfants) ou le lieu de travail (pour les
adultes).
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Déroulement de la
transplantation
La transplantation se déroule en plusieurs
phases. La première commence avec ce qu’on
appelle le conditionnement. Elle sert à la préparation à la transplantation et poursuit trois
objectifs: réduction ou élimination de la maladie de base, ménagement de l’espace nécessaire au nouveau transplant et immunosuppression pour permettre la prise du transplant.
L’intensité du conditionnement est réglée selon
la nature et le stade de la maladie, les facteurs
de risque et le degré d’histocompatibilité. Un
conditionnement n’est pas nécessaire en cas
de déficit immunitaire sévère combiné ou de
transplant identique, tandis qu’un conditionnement hautement intensif est nécessaire en cas
de leucémie avancée ou de transplant histoincompatible.
On a adopté un choix limité de schémas de conditionnement. Pour les leucémies, ils consistent
en cyclophosphamide et irradiation de tout
le corps (12 Gy) ou en cyclophosphamide et
busulfan; pour les lymphomes et les tumeurs
solides, ils consistent en chimiothérapies combinées (p.ex. BEAM); pour les myélomes, en
melphalan; pour les anémies aplastiques et les
maladies auto-immunes, en cyclophosphamide
et globuline anti-thymocytes (ATG). Un conditionnement de basse intensité est le plus souvent basé sur une combinaison de fludarabine
avec ou sans ATG et irradiation de basse intensité de tout le corps (2 Gy) ou chimiothérapie
faiblement dosée.
Au «jour 0» après le conditionnement, les cellules souches sont administrées par voie intraveineuse. Il est rare qu’une surcharge volumétrique, des réactions transfusionnelles fébriles,
des complications sur différence de groupe
sanguin ou des réactions sur le diméthylsulfoxyde cryoprotecteur occasionnent de véritables problèmes.
La phase suivante dure jusqu’à la prise du transplant. Son déroulement est déterminé au jour le
jour selon la maladie de base, le conditionnement et l’aplasie, l’anémie, la diathèse hémorragique, la susceptibilité aux infections et les
atteintes d’organe dans le cadre du conditionnement (mucosite!). La phase successive est
celle du rétablissement de l’hématopoïèse. Elle
peut tourner à une convalescence sans problème, mais elle peut aussi marquer le début
d’une longue et difficile phase post-transplantation avec GvHD et complications d’organes et infectieuses multiples. Elle débouche toujours sur
une prise en charge ultérieure qui va durer toute
la vie. Les contrôles annuels servent à la reconnaissance précoce des complications tardives.
Ils font aussi partie d’une assurance de qualité
en cas de forme de traitement à coûts élevés.
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La phase centrale de la TCSH, couplée à la préparation et à la prise en charge ultérieure, se
déroule dans un centre de transplantation de
cellules souches. Ceci constitue aussi un changement et l’époque des «unités stériles» est révolue. L’accent est désormais placé sur la compétence d’un centre spécialisé, capable à toute
heure de pressentir, détecter et traiter efficacement et à temps tous les problèmes qui surgissent. Ce centre est le répondant pour le patient,
la famille, le centre qui a adressé le patient et
le médecin de famille. Pourtant, la prévention
et le traitement des infections restent importantes. En effet, l’accès contrôlé au centre limite
les possibilités de contamination. L’air filtré
et surveillé empêche les infections «airborne»,
surtout les infections à aspergillus. L’eau
contrôlée et filtrée protège contre les germes
spécifiques au milieu aqueux tels que pseudomonas ou légionelles. Un système compétent
de surveillance de l’hygiène a pour objectif
de réduire les infections nosocomiales et les
contaminations de patient à patient, de personnel à patient et de patient à personnel, ou
en tous cas de les identifier à temps. Les phases
ambulatoires et stationnaires peuvent s’interchanger sans rupture de continuité.
Complications précoces
de la transplantation
Les complications de la TCSH sont fréquentes
et souvent sévères. Elles peuvent être groupées
de diverses manières. Nous distinguons les
complications précoces (dans les 100 premiers
jours) et les complication tardives (des mois à
des années après la TCSH). On peut les diviser
en complications de la maladie de base, de
l’aplasie, du conditionnement et en problèmes
immunologiques tels que rejet, maladie graftversus-host et défaut ou retard de la reconstitution immunitaire.
Les problèmes de la maladie de base peuvent
concerner tous les organes et sont spécifiques
de l’indication respective. Dans la phase précoce, ils sont en relation avant tout avec la toxicité du traitement pour les organes et, dans les
suites tardives, avec la récidive. La plupart des
récidives se manifestent dans les deux premières années suivant la transplantation, mais
il n’existe aucune limite de temps certaine. Les
récidives sont en effet possibles des années
après la TCSH. La mise en évidence précoce des
récidives grâce aux technologies modernes a de
nos jours une grande importance. En effet, une
retransplantation ou l’administration de lymphocytes de donneurs pour renforcer l’effet
graft-versus-leucémie peuvent rendre possible
une deuxième rémission de longue durée.
Les problèmes d’aplasie peuvent être abordés
de diverses manières. La production déficiente
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d’érythrocytes est compensée par transfusions.
Une récupération retardée peut souvent être
corrigée par l’érythropoïétine. Une production
de thrombocytes déficitaire est surmontée par
des transfusions de thrombocytes. La palliation
de la «host defence» durant l’aplasie est toujours encore complexe. Les mesures préventives architecturales et organisationnelles protègent contre les infections nosocomiales et
exogènes durant l’hospitalisation. Une antibiothérapie précoce ciblée en cas de fièvre en période d’aplasie est la base d’un «supportive
care» optimal. Le choix des antibiotiques est
guidé par la situation des résistances dans
l’hôpital considéré. Les bactéries Gram-positives (streptococcus viridans, staphylocoques
coagulase-négatifs, entérocoques) sont aujourd’hui presque plus fréquentes que les Gramnégatives (E. Coli, pseudomonas). Parmi les
mycoses, Candida species et Aspergillus sont
au premier plan; les Herpes-virus (H. simplex,
H. genitalis et cytomégalovirus) sont les plus
fréquemment responsables d’infection virale.
Les complications du conditionnement sont
l’aplasie, la mucosite, la stérilité et les dégâts
aux organes. L’intensité de la toxicité est parallèle à l’intensité du conditionnement, avec de
grandes variations individuelles. Les critères
d’adaptation individuelle des doses sont encore
insuffisants. La mucosite est souvent sévère,
requérant des opiacés, et rend l’alimentation
per os passagèrement impossible. Elle est renforcée par les nausées et vomissements d’accompagnement. Les dégâts organiques les plus
fréquents sont co-conditionnés par d’éventuelles atteintes endothéliales supplémentaires:
maladie veineuse occlusive du foie, une occlusion des veinules hépatiques intra-hépatiques,
hémorragie alvéolaire diffuse des poumons,
cystite hémorragique, pneumonie interstitielle
idiopathique et purpura thrombotique-thrombocytopénique avec ses lésions vasculaires
micro-angiopathiques. La fréquence et la sévérité des symptômes sont plus grandes après
TCSH allogénique qu’après TCSH autologue et
sont renforcées par la maladie graft-versushost ou les infections virales, bactériennes ou
fongiques concomitantes. Les médicaments
immunosuppresseurs, anti-infectieux et de
support renforcent les (et peut-être souvent
concourent aux) lésions d’organes (surtout insuffisance rénale, toxicité hépatique). La gravité des symptômes n’affecte pas seulement
le patient, mais son entourage souffre aussi du
fait de la thérapie, en particulier de ses implications pour la personnalité.
Parmi les réactions immunologiques, le rejet
est un relativement petit problème. Il est plus
fréquent après un conditionnement de basse
intensité et en cas de transplantation non identique. Dans le premier cas, le rejet est peu problématique: on retourne simplement au status
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604
Figure 3.
Aspergillose pulmonaire.
quo ante. Mais le rejet après un conditionnement standard peut avoir des conséquences sévères: sans retransplantation, on court le risque
d’aplasie médullaire irréversible. La réaction
aiguë graft-versus-host après TCSH est beaucoup plus fréquente. Elle se manifeste par un
état fébrile, une éruption cutanée (localisée à
généralisée et prédominant aux mains, aux
plantes des pieds, au visage), des symptômes
gastro-intestinaux (diarrhée aqueuse à sanglante, nausées, vomissements, douleurs abdominales et éventuellement iléus) et un ictère
(élévation de la bilirubinémie, γ -GT). Pour la
prévention de la GvHD, on utilise des médicaments: inhibiteurs de la calcineurine (cyclosporine, tacrolimus), méthotrexate, globuline antithymocytes, anticorps anti-CD-52; ou la déplétion en cellules T. Le traitement de la GvHD
consiste en stéroïdes, renforcement de la suppression immunitaire et mesures de support.
Complications tardives et prise
en charge ultérieure
Une transplantation réussie ne vient pas à bout
des complications. Celles-ci peuvent survenir et
déployer des effets la vie durant, indépendamment de la situation de départ et de l’évolution.
Le but de la prise en charge au long cours est
d’empêcher si possible les complications tardives, de les réduire, de les détecter et les traiter
précocement. Ici, la mise en réseau du centre
de transplantation, des spécialistes ayant
adressé le patient et du médecin de famille est
essentielle, même s’il existe au début un certain
risque de redondance ou d’équivoques.
Pour la TCSH allogénique, les complications
immunologiques tardives sont au premier
plan, avant tout la GvHD chronique. Ses manifestations peuvent varier d’une forme très dis-
crète à une extension extrêmement massive et
sévère. Elles se concentrent sur la peau et les
muqueuses mais peuvent concerner tous les
organes. Les symptômes et signes cliniques
rappellent les maladies auto-immunes telles
que le syndrome de Sjögren avec symptomatologie de sécheresse, sclérodermie, lupus et
lichen plan ou lichen ruber. A cela peuvent
s’ajouter des symptômes non spécifiques telles
que fatigue, douleurs articulaires, douleurs
musculaires. Le foie est souvent concerné avec
toutes sortes d’atteintes possibles allant de
simples altérations de valeurs de laboratoire
jusqu’au «vanishing bile duct syndrom». La
bronchiolite oblitérante est la complication la
plus grave, avec une issue mortelle qui n’est
malheureusement pas rare.
La GvHD chronique est liée à un retard de la
reconstitution de l’immunité. Toutes deux se
renforcent mutuellement et l’immunosuppression supplémentaire effectuée en cas de GvHD
chronique retarde encore plus la récupération
d’une réponse immunitaire normale. Les complications infectieuses spécifiques sont connues; elles doivent être identifiées et traitées à
temps. La septicémie foudroyante à pneumocoques est la complication la plus redoutée dans
la GvHD chronique. Bien que l’administration
d’un vaccin polyvalent ne puisse l’empêcher
que partiellement, un plan de vaccination est
une condition à toute transplantation. La réactivation des Herpes-virus constitue une autre
source typique d’infections tardives: herpes
simplex, cytomégalovirus, virus Epstein-Barr
(surtout en cas de déplétion en cellules T intensive ou immunosuppression très sévère),
virus herpes zoster. La GvHD chronique prédispose également aux infections tardives à aspergillus.
Les atteintes d’organes tardives consécutives
au conditionnement sont la stérilité, la cata-
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Forum Med Suisse No 25 19 juin 2002
Aspects de réglementation
Tableau 4. Facteurs de risque.
Facteurs
605
Influence des facteurs sur
le taux de complications
récidive
Facteurs pré-transplantation
Age élevé
Maladie
Stade de la maladie
Intervalle de temps depuis
le diagnostic
()
()
Sexe
Histocompatibilité
Intensité de conditionnement
Prévention GvHD
GvHD
Reconstitution de l’immunité
Facteurs péri-transplantation
Facteurs post-transplantation
Tableau 5. Plan de vaccination.
Répétition de la revaccination
(6 mois à 2 ans après la TCSH)
diphtérie, tétanos, polio: 3 fois
rougeole (oreillons): 1 fois
Rappel/nouvelle vaccination
Pneumocoques, hémophilus: dépend de
la reconstitution de l’immunité, GvHD
Annuellement
Vaccination contre la grippe
racte, l’ostéoporose. Chez les enfants, il faut
surtout compter avec un retard de croissance,
l’absence de développement pubertaire et
d’autres troubles endocriniens. Certaines complications tardives telles que la stérilité ne peuvent souvent pas être évitées. L’important est
alors une bonne information et prise en charge
du patient, lui permettant de pouvoir vivre avec
ces handicaps. La substitution hormonale peut
aider à poursuivre une vie quasi normale. La
cataracte peut être opérée, l’ostéoporose reconnue en temps utile peut être combattue, les
caries peuvent être évitées par une prévention
adéquate permanente.
Le but de la prise en charge à long terme est
aussi de promouvoir et soutenir le patient dans
son intégration psycho-sociale professionnelle/scolaire et familiale. Des dispositions différenciées doivent être prises pour les enfants,
les adolescents et les adultes. Mais pour tous, il
faut du temps jusqu’au recouvrement de la
force vitale et de la joie de vivre.
En Suisse, les patients sont dans la situation
confortable de conditions organisationnelles et
légales favorables pour une bonne prise en
charge dans le domaine de la transplantation
de cellules souches. La fréquence des transplantations en Suisse est comparable avec la
situation prévalant dans les pays européens
voisins. La transplantation de cellules souches
est reconnue par l’Office fédéral des assurances
sociales comme une prestation à charge obligatoire des caisses maladie. Les conditions
d’acceptation sont la présence d’une indication
reconnue (cf. tableau 2) et le préavis d’admission par un centre reconnu par le groupe de
travail Swisstransplant «Blood and Marrow
Transplantation» (STABMT). Les centres sont
soumis à un management de la qualité selon
des règles internationales et liées à un registre
d’évaluation comportant un relevé des prestations et des coûts. Les caisses maladie répondent avec un forfait et par le biais de la ré-assurance des caisses maladie (Fédération suisse
pour tâches communes des assurances-maladie). Pour le patient comme pour son médecin
traitant, il est important de savoir que, à l’instar de toutes les transplantations, les prestations ne sont remboursées qu’en division
commune, indépendamment de la situation
assécurologique actuelle du patient. La transplantation de cellules souches sera ancrée dans
la future loi sur les transplantations et il est
prévu d’instituer un registre des donneurs de
cellules souches dont la responsabilité sera dévolue à la Confédération. Cependant, la situation du suivi à long terme et de la réhabilitation
reste insatisfaisante. En effet, ces dernières ne
font pas partie des tâches des caisses maladie;
elles ne sont pas institutionnalisées ni coordonnées et un soutien aux patients et à leurs
proches est souvent nécessaire.
Perspective
Les efforts de la recherche dans le cadre de la
TCSH se dirigent aujourd’hui dans plusieurs directions. On cherche de nouvelles sources de
cellules souches, y compris les cellules souches
embryonnaires. On évalue de nouveaux lieux
d’application, intra-utérin ou intra-porte. On
essaie de séparer l’effet graft-versus-host de
l’effet graft-versus-tumor par isolation de
clones lymphocytaires T ou par des vaccinations. Les modifications géniques thérapeutiques des cellules souches doivent remplacer
le produit génétique manquant dans le domaine
autologue ou déclencher l’effet graft-versustumor manquant. Tous ces efforts sont finalement axés sur le but d’une nouvelle diminution
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Quintessence
La TCSH est un traitement aujourd’hui bien établi. On utilise des cellules
souches allogéniques et autologues tirées de la moelle osseuse, du sang
périphérique et du sang de cordon ombilical.
Les principales indications à la TCSH sont les leucémies, les maladies
lympho-prolifératives, l’anémie aplastique, certaines tumeurs solides,
les déficits immunitaires congénitaux sévères et les maladies congénitales
sévères du métabolisme, les hémoglobinopathies congénitales graves,
certaines maladies auto-immunes graves.
606
de la morbidité et mortalité actuelles. Ils tendent donc à ce que, à l’avenir, la TCSH soit également accessible aux patients avec un état de
santé encore plus compromis, c’est-à-dire aux
patients âgés ou aux patients atteints de maladies a priori non mortelles mais à évolution invalidante. La TCSH représente un grand espoir
pour le grand groupe des maladies auto-immunes par exemple. Mais elle doit bénéficier
d’une sécurité encore plus grande en tant que
plan thérapeutique, ce qui devrait être atteint
dans un avenir relativement proche.
La TCSH doit être dès le début intégrée au concept de traitement.
Les facteurs de risque sont connus. Les facteurs de risque influençant la
transplantation et dépendants de la maladie sont décisifs pour la marche
à suivre. L’âge seul n’est pas décisif.
La prise en charge post TCSH du patient dure toute la vie. Elle doit être
coordonnée avec le médecin de famille et le centre. Elle a pour tâches
le traitement précoces des infections (pneumocoques, varicelles),
la prévention des infections (vaccinations), le traitement des complications
tardives (stérilité, cataracte, ostéoporose, complications endocriniennes),
la réhabilitation, la réintégration dans les milieux scolaire, professionnel et
familial, ainsi que la reconnaissance précoce d’une éventuelle récidive.
Les centres de transplantation de cellules souches sont en premier des
centres de compétence et non pas des centres d’isolement.
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