298 Diego Izquierdo
les tores, les variétés abéliennes. Rappelons brièvement les résultats portant
sur ces dernières.
Dans le cadre local, Tate montre en 1958, dans l’exposé [Tat58], qu’étant
donnée une variété abélienne Asur un corps p-adique kde variété abélienne
duale At, il existe un accouplement canonique H0(k, A)×H1(k, At)→
Br(k)∼
=Q/Zqui met en dualité parfaite le groupe profini H0(k, A)et le
groupe de torsion H1(k, At). Dans le cadre global, en généralisant des tra-
vaux de Cassels pour les courbes elliptiques, il construit pour chaque variété
abélienne Asur un corps de nombres Kde variété duale Atun accouplement
X1(K, A)×X1(K, At)→Q/Zpuis annonce au Congrès International des
Mathématiciens de 1962 ([Tat63]) la non-dégénérescence de ce dernier modulo
divisibles. Ici, X1(K, A)désigne le groupe de Tate-Shafarevich constitué des
classes d’isomorphismes de torseurs sous Atriviales dans tous les complétés
de K. Des résultats analogues ont aussi été établis pour les variétés abéliennes
sur Fp((u)) et sur Fp(u)(Remarque I.3.6 et Théorème I.6.13 de [Mil06]).
Par ailleurs, ces dernières années, nous avons été témoins d’un regain d’in-
térêt pour les théorèmes de dualité sur d’autres corps de caractéristique 0 que
les corps p-adiques et les corps de nombres. Citons par exemple les travaux
de Scheiderer et van Hamel ([SvH03]) et Harari et Szamuely ([HSz16]) pour
Qp((u)) et Qp(u), ceux de Colliot-Thélène et Harari ([CTH15]) pour C((t))((u))
et C((t))(u), et ceux de l’auteur ([Izq16a]) pour les corps de la forme k((u)) et
k(u)avec k=Qp((t1))...((td)) ou k=C((t1))...((td)). Cependant, aucun de ces
travaux ne porte sur les variétés abéliennes. En fait, à la connaissance de l’au-
teur, on ne dispose jusqu’à présent que de résultats pour les variétés abéliennes
sur C((u)) et C(u): cela remonte à des travaux de Ogg dans les années 1960
([Ogg62]). Le but du présent article est donc d’établir des théorèmes de dualité,
analogues à ceux de Tate rappelés ci-dessus, pour les variétés abéliennes sur les
corps de la forme k((u)) et k(u)avec k=Qpou k=C((t)).
Remarque 0.1.•Il est vrai qu’on peut déjà trouver des résultats similaires
pour les variétés abéliennes sur Qp((t1))...((td)) dans [Koy00], mais l’article
en question contient un grand nombre d’erreurs et soit le théorème principal
soit la principale proposition permettant de le prouver semble erroné (voir
la remarque 3.18).
•La plupart des résultats du présent article peuvent être généralisés aux corps
de la forme k((u)) et k(u)avec k=Qp((t1))...((td)) ou k=C((t1))...((td)) :
en effet, les idées sont les mêmes, mais les preuves sont beaucoup plus tech-
niques. On renvoie le lecteur au chapitre 3 de [Izq16b] pour retrouver lesdites
généralisations.
0.2 Organisation de l’article
Cet article est constitué de 5 sections.
Documenta Mathematica 22 (2017) 297–361