FCC 18 - La gangrène de fournier
Circonstances de survenue
Globalement rares dans les pays développés, les fasciites périnéales apparaissent dans des circonstances bien
définies.
• Epidémiologie
L’incidence des gangrènes de Fournier est d’environ 0,3/100 000 habitant dans les pays occidentaux. Elles
surviennent à un âge moyen de 50 ans.
La situation socio-économique intervient par le biais d’une hygiène déficiente, du déficit de prise en charge des
pathologies chroniques (diabète, alcoolisme, HIV, obésité), d’une sous- médicalisation responsable de
gangrènes déjà évoluées au moment du diagnostic. La prévalence est bien plus importante dans les pays
africains et asiatiques pour ces mêmes raisons.
Le sex ratio est classiquement entre 10/1 et 8/1. La surreprésentation des hommes peut être expliquée par les
conditions anatomiques différentes chez la femme. La présence de la filière génitale et de ses insertions
particulièrement solides réalisent une barrière physique à la diffusion locale de la nécrose septique mais
favorise par contre son extension vers le rétropéritoine lorsqu’elle survient. La riche vascularisation du tractus
génital favorise également l’oxygénation de la région et est un frein théorique au développement des germes
anaérobies. Une troisième explication au déséquilibre de la répartition statistique des gangrènes entre les
sexes est un biais de recrutement et de diagnostic. Les lésions pelvi-périnéales féminines sont le plus souvent
prises en charge dans les services de gynécologie-obstétrique où cette pathologie n’est pas forcement
identifiée comme une gangrène de Fournier . R CZYMEK
[4]
a publié un sex ratio de 3/1 pour 38 patients en 12
ans en Allemagne en 2009 qui correspond probablement plus à la réalité.
• Etiologie
L’origine des gangrènes de Fournier est identifiée dans 64 % des cas de la plus grande série publiée
[3]
. Les
portes d’entrée sont par ordre de fréquence cutanées (24%), anorectales ou coliques (21%) et urogénitales
(19%). Les formes dites idiopathiques correspondent à l’absence d’étiologie retrouvée. La gangrène peut être la
complication d’une pathologie médicale (56%) mais elle est le plus souvent dans les pays développés iatrogène
(23%) ou post-traumatique (21%). Seule les fasciite scrotale sans lésion préexistante chez l’homme jeune
(14%), le plus souvent à Streptocoque A, sont d’authentiques Maladies de Fournier au sens premier.
Les radionécroses, les brûlures, les piqûres d’insectes et les lésions parasitaires, les chirurgie herniaires ou
pariétale, les adénolymphites suppurées, les furoncles et autres abcès cutanés, les intertrigos, les abords
chirurgicaux du Scarpa, les escarres sont les principales sources cutanées de gangrène.
Les circoncisons et les excisions sont des étiologies fréquentes chez l’enfant. Les autres étiologies urologiques
comprennent les urétrites, les prostatites, les orchi-épididymites, les tumeurs de vessie, les sondages urinaires
traumatiques et les cystocatheters, les sténoses urétrales, les biopsies de prostate, les endoscopies des voies
urinaires, les abcès rénaux , les abcès rétropéritonéaux de toutes natures, les calculs urinaires, les chirurgies de
l'incontinence (TVT, TOT), les cures d’hydrocèle.
Les lésions vénériennes, les bartholinites, les abcès vulvaires, les sepsis utérins et annexiels, les traumatismes
obstétricaux, les épisiotomies, les hystérectomies, les cures de prolapsus, les fausses couches et les