Espaces vectoriels S2 Mathématiques Générales 1 11MM21 Les notes qui suivent sont très largement inspirées du site : http://uel.unisciel.fr/mathematiques/espacevect1/espacevect1/co/espacevect1.html et du cours de E. Royer consultable à l’adresse : http://math.univ-bpclermont.fr/∼royer/enseignement.html S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 1 / 24 0. Vocabulaire 0.1. Notion de groupe commutatif L’ensemble E est muni d’une loi de groupe commutatif s’il existe une application + : E × E → E , (u, v ) 7→ u + v , appelée addition, vérifiant : 1 La loi est associative : pour tous éléments u, v et w de E on a (u + v ) + w = u + (v + w ). 2 La loi est commutative : pour tous éléments u et v de E on a u + v = v + u. 3 4 La loi admet un élément neutre noté 0 ou 0E : c’est un élément de E tel que, pour tout élément u de E on a u + 0E = u. Tout élément de E admet un opposé ou symétrique pour la loi + : pour tout élément u de E , il existe un élément v de E tel que u + v = 0E . On note −u l’élément v . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 2 / 24 0.2. Loi externe Dans tout ce cours on fixe un corps K : soit R, soit C. On appelle scalaires les éléments de ce corps. On dit qu’un ensemble E est muni d’une loi de composition externe de domaine K, s’il existe une application K × E → E , (α, u) 7→ α · u vérifiant les propriétés suivantes : 1 Pour tous éléments λ et α de K, pour tout élément u de E : (λα) · u = λ · (α · u) 2 Pour tout élément u de E : 1 · u = u. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 3 / 24 1. Espace vectoriel 1.1. Définition Définition Un groupe commutatif (E , +) muni d’une loi externe de domaine K est un espace vectoriel sur K lorsque les conditions de compatibilités suivantes entre les deux lois sont satisfaites: 1 Le produit externe est distributif par rapport à l’addition de E : pour tout scalaire λ et tous éléments u et v de E , on a λ · (u + v ) = λ · u + λ · v . Le produit externe est distributif par rapport à l’addition de K : pour tous scalaires λ et µ et pour tout élément u de E , on a (λ + µ) · u = λ · u + µ · u. Les éléments d’un espace vectoriel sont appelés vecteurs de cet espace. 2 S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 4 / 24 1.2. Règles de calcul dans un espace vectoriel E Dorénavant, E désigne un espace vectoriel sur K (appelé aussi K-espace vectoriel). Soit u, v et w des vecteurs de E et λ et µ des scalaires. Par convention, l’écriture u − v désigne le vecteur u + (−v ). Les règles suivantes sont satisfaites et résultent de la définition d’un espace vectoriel. 1 λ · (u − v ) = λ · u − λ · v . 2 (λ − µ) · u = λ · u − µ · u. 3 λ · 0 E = 0E . 4 0 · u = 0 . E 5 Si λ · u = 0 , alors soit λ = 0 soit u = 0 . E E 6 Si u + v = u + w alors v = w . 7 Si λ · u = µ · u et si u 6= 0 E alors λ = µ 8 (−λ) · u = λ · (−u) = −(λ · u) et (−λ) · (−u) = λ · u . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 5 / 24 2. Sous-espaces vectoriels 2.1. Généralités Définitions 1 2 Une partie A d’un espace vectoriel E est dite stable par addition de E si pour tous éléments x et y de A on a x + y ∈ A. Elle est dite stable par produit externe de E si pour tout λ ∈ K et tout élément x ∈ A, on a λ · x ∈ A. Une partie A d’un espace vectoriel E contenant l’élément nul 0E de E , stable par addition et produit externe de E est appelée sous-espace vectoriel de E . Théorème Un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel E muni des opérations de E est un espace vectoriel. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 6 / 24 2.2. Sous-espaces vectoriels et systèmes linéaires Proposition L’ensemble des solutions d’un système linéaire homogène à n équations et p inconnues à coefficients dans K : a x + · · · + a1p xp = 0 11 1 .. .. . . an1 x1 + · · · + anp xp = 0 est un sous-espace vectoriel de Kp . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 7 / 24 2.3. Sous-espaces vectoriels engendrés par une famille de vecteurs Combinaisons linéaires Dans un K-espace vectoriel E , une combinaison linéaire est un vecteur u s’exprimant sous la forme u = α1 · u1 + · · · + αn · un où u1 , u2 , . . . , un sont des vecteurs de E , n étant un entier supérieur ou égal à 1 et α1 , α2 , . . . , αn sont des éléments de K. On dira aussi que u est combinaison linéaire des vecteurs u1 , u2 , . . . , un . Les scalaires α1 , α2 , . . . , αn sont appelés coefficients de la combinaison linéaire. Dans le cas n = 1, on dira aussi que α1 · u1 est colinéaire à u1 . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 8 / 24 Proposition L’ensemble des combinaisons linéaires des vecteurs d’une partie U d’un espace vectoriel E est un sous-espace vectoriel de E . On l’appelle le sous-espace vectoriel engendré par U et on le note Vect(U). Cas particulier Lorsque U = {u1 , u2 , . . . , un } est une famille finie de vecteurs, on a : Vect(u1 , · · · , un ) = {α1 · u1 + α2 · u2 + · · · + αn · un | (α1 , α2 , . . . , αn ) ∈ Kn } . Proposition L’espace Vect(U) est le plus petit sous-espace vectoriel de E au sens de l’inclusion contenant la partie U de E . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 9 / 24 2.4. Intersection Théorème L’intersection de deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E est un sous-espace vectoriel de E . Cas particulier : L’ensemble des solutions d’un système linéaire homogène à n équations et p inconnues est l’intersection des sous-espaces déterminés par chacune des équations du système. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 10 / 24 2.5. Réunion et somme Attention !!! La réunion de deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E peut ne pas être un sous-espace vectoriel de E . Définition Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels de l’espace vectoriel E , on appelle somme de F et G et on note F + G l’ensemble F + G = {v + w | v ∈ F , w ∈ G }. On définit de façon analogue la notion de somme d’un nombre fini de sous-espaces vectoriels. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 11 / 24 Proposition Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E alors F + G est un sous-espace vectoriel de E . La somme F + G est le plus petit sous-espace vectoriel de E qui contient à la fois F et G . Cas particulier : Lorsque u1 , u2 , . . . , un sont n vecteurs de E : Vect(u1 , . . . , un ) = Vect(u1 ) + · · · + Vect(un ). S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 12 / 24 2.6. Supplémentaires Définition Deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel sont dit en somme directe s’ils ont le minimum d’éléments en commun, c’est-à-dire si leur intersection est {0E }. Définition Si F1 et F2 sont deux sous-espaces vectoriels de E , on dit que F1 est supplémentaire de F2 si les deux conditions suivantes sont satisfaites : 1 F + F = E ; 1 2 2 F ∩ F = {0 }. 1 2 E Dans ce cas F2 est aussi supplémentaire de F1 . On dit aussi que F1 et F2 sont supplémentaires ou que E est somme directe de F1 et F2 . On note E = F1 ⊕ F2 . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 13 / 24 Proposition Si F1 et F2 sont deux sous-espaces vectoriels de E , ils sont supplémentaires si et seulement si tout vecteur de E s’écrit de façon unique comme somme d’un vecteur de F1 et d’un vecteur de F2 . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 14 / 24 3. Espaces vectoriels de type fini 3.1. Générateurs Définition On dit qu’une famille de vecteurs U de E engendre E si tout élément de E est combinaison linéaire de vecteurs de U. On dit encore que U est une famille génératrice de E . La famille de vecteurs U engendre E si et seulement si : E = Vect(U) = {α1 u1 + · · · + αn un | n ∈ N∗ , α1 , · · · , αn ∈ K, u1 , . . . , un ∈ U}. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 15 / 24 Propriétés Soit E un K-espace vectoriel admettant une famille de générateurs U. 1 Toute partie A de E contenant U est encore une partie génératrice de E . 2 Si u ∈ U est combinaison linéaire d’un nombre fini de vecteurs de 0 U \ {u0 } alors la partie U \ {u0 } est encore une partie génératrice de E . Définition Un espace vectoriel qui admet une famille finie de générateurs est dit de type fini. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 16 / 24 3.2. Famille libre, famille liée Définition Une famille de vecteurs de E est liée si l’un d’eux est combinaison linéaire des autres. Une famille de vecteurs de E est libre si elle n’est pas liée, autrement dit si aucun de ses vecteurs n’est combinaison linéaire des autres. Pour dire qu’une famille de vecteurs est libre, on dit aussi que ses vecteurs sont linéairement indépendants. Théorème 1 2 Une famille est libre si et seulement si la seule combinaison linéaire de cette famille valant 0E est celle dont tous les coefficients sont nuls. Une famille est liée si et seulement s’il existe une combinaison linéaire à coefficients non tous nuls qui vaut 0E . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 17 / 24 Propriétés 1 2 3 4 Si l’on retire un vecteur à une famille libre, on garde une famille libre. Toute famille de vecteurs contenant une famille liée est liée. Une famille de vecteurs contenant 0E ou deux vecteurs égaux est liée. Si une famille est libre, tous ses éléments sont distincts et elle ne contient pas 0E . Sous-famille libre maximale Soit U = {u1 , . . . , un } une famille finie de vecteurs de E où n ∈ N∗ . Si un est combinaison linéaire des vecteurs u1 , . . . , un−1 alors Vect(u1 , . . . , un ) = Vect(u1 , . . . , un−1 ) . On peut toujours trouver une famille extraite U 0 ⊂ U qui est libre et telle que Vect(U 0 ) = Vect(U). On dira que U 0 est une sous-famille libre maximale de U. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 18 / 24 3.3. Dimension et bases Définition On dit qu’une famille (ordonnée) de vecteurs de E est une base de E si elle est à la fois libre et génératrice de E . Écriture dans une base Théorème Soit E un espace vectoriel et E = (e1 , . . . , en ) une base de E . Tout vecteur de E s’écrit de façon unique comme combinaison linéaire de vecteurs de E. Les coefficients de cette combinaison linéaire s’appellent les coordonnées du vecteur dans la base E. L’unicité de l’écriture traduit la liberté de E et l’existence le fait que E est génératrice. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 19 / 24 Théorème de la base incomplète et de la base extraite La proposition qui fait tout marcher. Soit E un espace vectoriel de type fini admettant une famille génératrice de cardinal m, m ∈ N∗ . Toute famille de cardinal p > m est liée. Théorème 1 2 De toute famille génératrice de E on peut extraire une base. Toute famille libre de E peut être complétée en une base. Théorème Tout espace vectoriel de type fini admet une base. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 20 / 24 Théorèmes de dimension La proposition précédente assure que si p + 1 vecteurs sont combinaison linéaire de p vecteurs, où p ∈ N∗ , ils sont liés. Théorème Soit E un K-espace vectoriel et B une base de E ayant n éléments. Alors : 1 Toute famille libre de E a au plus n éléments. 2 Toute famille génératrice de E a au moins n éléments. 3 Toute base de E a exactement n éléments. 4 Une famille libre ayant n éléments est une base. 5 Une famille génératrice ayant n éléments est une base. Le nombre n est la dimension de E , notée dimE . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 21 / 24 Attention !!! À part l’espace vectoriel {0E } qui n’admet que l’ensemble vide ∅ comme base, les espaces vectoriels qui admettent au moins une base admettent une infinité de bases. Certains espaces vectoriels n’admettent pas de base finie. S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 22 / 24 3.4. Sous-espaces vectoriels Proposition Un sous-espace vectoriel F d’un espace vectoriel E de type fini est de type fini et dim(F ) ≤ dim(E ). Si de plus dim(F ) = dim(E ) alors F = E . Proposition Soit E un espace vectoriel de type fini et F et G deux sous-espaces vectoriels de E . On se donne BF une base de F et BG une base de G . Alors : 1 F ∩ G = {0 } ⇐⇒ B E F ∪ BG est une famille libre. 2 F + G = E ⇐⇒ B F ∪ BG est une famille génératrice de E . 3 F ⊕ G = E ⇐⇒ B F ∪ BG est une base de E . S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 23 / 24 Somme de sous-espaces vectoriels Proposition Soit E un espace vectoriel de type fini et F et G deux sous-espaces vectoriels de E . Alors : dim(F + G ) = dim(F ) + dim(G ) − dim(F ∩ G ) . Corollaire Soit E un espace vectoriel de type fini et F et G deux sous-espaces vectoriels de E . Alors les assertions suivantes sont équivalentes : 1 F ⊕ G = E, 2 dim(F ) + dim(G ) = dim(E ) et F + G = E , 3 dim(F ) + dim(G ) = dim(E ) et F ∩ G = {0 }. E S2 Mathématiques Générales 1 (11MM21) Espaces vectoriels 24 / 24