Nous avons l’immense tristesse de vous annoncer le décès du Pr Henri VIARD, survenu à l’âge de 88 ans le 13 septembre 2015.
Il avait été formé à la chirurgie thoracique et cardiovasculaire par les professeurs Santy et Michaud à Lyon. En 1967, il quitte Lyon pour
devenir professeur de clinique à la faculté de médecine de Dijon. Du 1er mars 1967 au 30 septembre 1993, il a été chef de service. Il a
créé une grande école de chirurgie où il a formé de nombreux élèves. Ses travaux sur la chirurgie œsophagienne et le reflux gastro-
œsophagien étaient reconnus. En 1992, il a présidé le 94e congrès français de chirurgie. L’année suivante, il accueillait à Dijon les
journées présidentielles de la Société de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire de langue française.
Nous venons de perdre un grand homme, qui nous avait impressionnés par son charisme. L’homme était d’une grande élégance et
doté d’une classe incomparable. Nos collègues nous enviaient de pouvoir travailler aux côtés d’un patron comme lui.
Tous ses élèves s’associent pour dire leur chagrin et leur tristesse d’avoir perdu leur patron.
Alain Bernard
Le Professeur Georges Morand, ancien chef du service de chirurgie thoracique au CHU de Strasbourg,
s’est éteint en cette fin de mois d’août 2015, entouré des siens, avec la discrétion qui le caractérisait.
Né à Belfort dans une famille modeste, il concluait avec brio ses études secondaires avant de « monter
» à Strasbourg pour des études de médecine. Il fut nommé externe des hôpitaux au concours 1953, puis
major au concours d’internat 1955. Sa formation initiale l’a conduit en obstétrique, en pneumologie et
en médecine interne. M. Morand en a gardé jusqu’en fin de carrière un goût prononcé pour le raisonne-
ment médical, et se sentait à l’aise pour gérer des situations de polypathologie fréquentes en chirurgie
thoracique. Il fut également un ardent défenseur des réunions de concertation médico-chirurgicales,
mises en place par le Pr Witz au début des années 1950, et anoblies au siècle suivant seulement en
obtenant le titre de RCP !
Son cursus d’internat fut interrompu de façon prolongée par un tournant dramatique de l’histoire de
France. Appelé au service national en 1957, il fut intégré au corps sanitaire et obligé de participer au «
maintien de l’ordre » en Algérie ; la durée de son service sous les drapeaux se trouvait prolongé à 27 mois. À son retour en métropole,
M Morand rejoignait l’école du Pr Alfred Weiss à la clinique chirurgicale B, et s’installait au pavillon de chirurgie thoracique avec les Pr
Witz et Reys en 1965.
M. Morand fut promu professeur de chirurgie générale en 1970, puis professeur de chirurgie thoracique et cardiovasculaire en 1971. Il
a accédé à la cheerie de service en 1989, au départ de M. Witz, et a fait valoir ses droits en 1996.
M. Morand était un opérateur prudent, quasi obsessionnel ; le déroulement de l’acte opératoire était réfléchi et enchaînait religieuse-
ment des étapes successives répétées jour après jour, en suivant une check-list invisible. Il savait ainsi prévenir et éviter des accidents
peropératoires (il en a eu remarquablement peu). Il avait un sens de l’innovation, s’étant impliqué dans les premières implantations
de stimulateurs cardiaques et la correction des thorax en entonnoir au cours des années 1960, le développement de la chirurgie
de l’œsophage au cours des années 1970, la chirurgie reconstructrice de la trachée et des voies aériennes centrales, la chirurgie de
l’emphysème, la prise en charge des traumatismes du thorax avec ostéosynthèse costale. Il a soutenu la transplantation pulmonaire
naissante pendant ses dernières années d’exercice.
La rigueur caractérisait également le médecin, qui attachait une importance particulière au détail dans l’évaluation préopératoire. Parti
en guerre contre ce qu’il appelait « la médecine en rondelles », il insistait auprès de ses jeunes collaborateurs sur la personnalisation
des relations professionnelles et la lutte contre l’anonymat entre collègues, et sur la nécessité d’une synthèse des examens complé-
mentaires accumulés ! Il donnait l’exemple avec accent tonique dans la prise en charge globale du patient dans toutes ses dimensions,
le respect de la personne humaine et la fidélité aux règles déontologiques.
M. Morand était un enseignant dans l’âme, et viscéralement attaché à la transmission des bonnes pratiques médicales sur le terrain. La
grande visite pédagogique du mardi matin a connu un succès itératif auprès de nombreuses générations d’étudiants. Son enseigne-
ment magistral en faculté et au DESC, ses formules aphorétiques restent inoubliables. Il fut un pilier de l’innovation pédagogique au
cours des années 1970-80 : il participait à la définition des modalités d’examen par QCM et QROC et fut un des artisans principaux
de la « check-list », qui formalisait l’enseignement de la séméiologie et de l’examen clinique au lit du patient pour les étudiants de
3eannée.
M. Morand n’a jamais renié ses origines modestes. Elles ont forgé son caractère dans le sens d’une modestie marquée et d’une pro-
fonde humilité, qui ont contribué à la noblesse de sa personne. Ne cherchant pas, fuyant même les honneurs, il a délibérément pris
le risque de ne pas être reconnu à sa juste valeur dans un monde factice qu’il détestait. Il a ainsi décliné la proposition de présidence
de notre société savante nationale en 1995, estimant qu’il y avait des personnalités plus méritantes pour occuper cette fonction. Il se
sentait plus à l’aise en cercle restreint et puisait sur une très vaste culture générale pour animer les discussions.
Bien que retiré des aaires depuis près de vingt ans, la disparition de M. Morand n’est pas passée inaperçue dans le monde profession-
nel. Sa noble personnalité a marqué des générations d’étudiants, d’internes, de collègues, et de soignants. Nos pensées vont à ceux à
qui il manquera le plus : son épouse, Jocelyne, ses enfants, Olivier, Lionel et Béatrice.
Gilbert Massard
Pour le service de chirurgie thoracique des hôpitaux universitaires de Strasbourg