sur les paramètres ventilatoires chez le tétraplé-
gique. L’hypertonie et les spasmes des autres
muscles périphériques interfèrent avec une bonne
gestion de l’hygiène périnéale, de la réalisation
des sondages, voire les possibilités de déclen-
chement du réflexe mictionnel en cas de contrac-
tures abdominales.
Déficiences génito-sexuelles
Les tableaux rencontrés diffèrent suivant le
niveau lésionnel. Le centre parasympathique de la
colonne intermédio-latérale de la moelle sacrée
(S2-S3-S4) est le centre principal contrôlant
l’érection réflexe. Les centres sympathiques de la
moelle dorso-lombaire et leurs fibres empruntant
le plexus pelvien, via les nerfs hypogastriques,
ont un rôle dans la médiation des érections psy-
chogènes, dans la phase d’émission de l’éjacula-
tion et dans la fermeture du col vésical pendant
la phase d’expulsion du sperme. L’intervention
des boucles réflexes somatiques sacrées permet
l’auto-entretien de l’érection ainsi que la contrac-
tion des muscles striés péniens lors de la phase
d’expulsion. Lorsque la lésion laisse persister un
automatisme médullaire sous-lésionnel au niveau
des centres parasympathiques sacrés et des
centres dorso-lombaires, l’érection et les rapports
sexuels restent possibles. Il s’agit d’érections
réflexes obtenues par stimulation directe de la
région génitale. Ces érections sont déconnectées
de tout contrôle central et sont donc générale-
ment faciles à obtenir. Chez 529 patients blessés
médullaires, Bors et Comarr (8) observent que 63
à 94 % d’entre eux conservent des érections, que
les rapports sont possibles pour 23 à 34 % des
cas. La fréquence des érections est plus impor-
tante en cas de lésion incomplète que complète et
lors des lésions médullaires de niveau supérieur.
Les érections réflexes sont ainsi observées dans
tous les cas lors d’une lésion haute (9). Cette
érection peut toutefois être insuffisante en qualité
et en durée pour permettre une pénétration. Les
érections psychogènes peuvent être de même
obtenues dans les lésions basses. Cette dernière
s’observe lorsque la sensibilité testiculaire (D10)
reste présente, associée à un syndrome lésionnel
situé sous la charnière dorso-lombaire. Les érec-
tions mixtes répondent à un niveau lésionnel situé
entre les centres parasympathiques sacrés et les
centres dorso-lombaires en les épargnant. Tous
niveaux confondus, l’éjaculation est rare, entre
3 et 19,7 % des cas. Celle-ci s’effectue de façon
clonique dès qu’il existe une épargne dorso-lom-
baire lors d’une lésion suprasacrée (19).
Chez la femme, les mêmes centres médullaires
contribuent à la fonction génito-sexuelle. L’érec-
tion clitoridienne et la lubrification vaginale
réflexe sont sous contrôle du centre parasympa-
thique sacré. La lubrification vaginale psycho-
gène dépend des centres dorso-lombaires. En
fonction du niveau de l’atteinte suprasacrée, une
sensibilité des organes génitaux internes peut être
présente, en particulier le col de l’utérus dont
l’intégration est de niveau D10 L1. La stimula-
tion du périnée peut être à l’origine de fuites
d’urines, toujours très mal vécues (la vidange
vésicale avant toute rapport est une bonne pré-
caution). Des contractures importantes peuvent
être parfois un obstacle à la pénétration. Un équi-
valent d’orgasme peut être obtenu par stimulation
des zones érogènes secondaires.
D’une manière générale, la préservation ou
non d’une sensation orgasmique ne semble pas
corrélée de façon constante ni au niveau, ni à
l’étendue de l’atteinte médullaire (10). Lors-
qu’elle est présente, celle-ci peut s’accompagner
de manifestations satellites, telles qu’une sédation
des contractures, des manifestations d’hyperré-
flexie autonome, voire de douleurs.
Déficiences cutanées
et cutanéo-muqueuses
Les escarres constituent une source fréquente de
complication chez le blessé médullaire et déter-
minent pour leur propre compte une cause de
déséquilibre des fonctions neuropérinéales. Elles
intéressent en premier lieu la région périnéale
(sacrum et région ischiatique) avec une incidence
annuelle jusqu’à 30 % chez le tétraplégique. Les
facteurs corrélés à l’apparition des escarres sont
l’âge, le sexe masculin, la durée de rééducation
(supérieure à 1 an), l’atteinte motrice complète
(doublement du risque), l’atteinte sensitive com-
plète (risque augmenté d’un facteur 1,5) (12). Les
complications proctologiques (anites, hémor-
roïdes et fissures anales) sont une conséquence
des modifications trophiques, circulatoires et de
la physiologie anorectale. L’absence de message
sensitif douloureux contribue au développement
d’abcès de la marge anale. La dérégulation du
tonus musculaire en secteur sous- lésionnel asso-
ciée aux poussées défécatoires favorise la sur-
512 Pelvi-périnéologie