Développer un contre-pouvoir efficace face aux - industriAll

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Madrid 7-9/06/2016
2nd Congress
industriAll Europe
Résolution Politique
Adoptée par le 2ème Congrès d’industriAll Europe le 8 juin 2016
Une grande partie de l’Europe continue de traverser une période de stagnation économique et de recul social : le
chômage (en particulier le chômage des jeunes) est beaucoup trop élevé, les inégalités de richesse se creusent au sein
des pays de l’UE et entre eux, les conditions de travail se détériorent et la pauvreté progresse. Près d’un Européen sur
quatre est menacé par la pauvreté ; les jeunes, les femmes, les migrants ainsi que les retraités sont touchés de façon
alarmante. Cela est inacceptable.
Les politiques d’austérité et les réformes structurelles mises en place pour lutter contre la crise et dans le but de
rétablir la « compétitivité » des Etats membres ont échoué et ont encore accentué les problèmes sociaux. Ces mesures
idéologiques et dictées par des intérêts particuliers mettent sous pression de nombreux Etats membres qui souffrent
d’attaques sans précédent sur les salaires, la protection sociale et les droits des travailleurs et des syndicats. Ces
attaques se sont traduites par une augmentation des emplois précaires, par une baisse des salaires, et par plus de
flexibilité et d’insécurité des travailleurs. Les plans d’austérité nationaux et européens diminuent le pouvoir d’achat
et ont une influence négative sur la consommation, l’emploi et la juste répartition des salaires et des richesses. Ces
mesures démantèlent fondamentalement le corps même du modèle social européen, y compris les systèmes de
négociation collective, les systèmes de sécurité sociale et les droits sociaux individuels et collectifs, au détriment des
travailleurs, des citoyens et de la cohésion sociale.
Ces politiques compliquent la relance économique basée sur une hausse du pouvoir d’achat, des investissements, une
augmentation de la productivité et une concurrence entre les entreprises induite par l’innovation technologique et
sociale. Elles mènent à une concurrence à la baisse entre les entreprises, basée sur le dumping social. L’impact social
des politiques actuelles est énorme. Elles génèrent du chômage de masse et conduisent à une détérioration des
conditions de vie, pas seulement au sein de la zone euro mais bien dans toute l’Europe. Ces politiques s’inscrivent
dans les objectifs du capitalisme : l’individualisation des relations industrielles via l’affaiblissement des
règlementations collectives et des syndicats dans la plupart des pays et pas seulement dans le sud de l’Europe.
En tant que fédération syndicale européenne, industriAll Europe doit se concentrer sur les intérêts essentiels
de ses membres.
Nos objectifs
Créer des emplois de meilleure qualité, plus sûrs et bien rémunérés dans l’industrie européenne ;
Promouvoir des systèmes de négociation collective avec une large couverture pour obtenir de bonnes
conditions de travail partout en Europe ;
Développer un contre-pouvoir efficace face aux entreprises multinationales ;
Renforcer les syndicats en Europe et au niveau national par un travail de syndicalisation ciblée.
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Les politiques d’austérité déchirent l’Europe et créent des divisions entre les pays prospères et les pays en stagnation
de l’UE. Elles contraignent les travailleurs, entre et au sein même des pays, à se faire concurrence, ce qui nuit à chacun
d’entre eux. Le désespoir de nombreux travailleurs dans les pays les plus gravement touchés les pousse à migrer, à la
recherche d’un emploi temporaire ou permanent dans d’autres pays de l’UE et en dehors du marché du travail
réglementé, les mettant dans une situation de mobilité forcée plutôt que de libre circulation souhaitée.
L’incapacité de la classe politique à faire face à l’instabilité sociale éloigne un grand nombre de citoyens européens
des valeurs essentielles de démocratie et de solidarité et du projet européen. IndustriAll Europe s’oppose résolument
à la montée en Europe des forces xénophobes, nationalistes et anti-européennes et de l’extrémisme de droite.
Les décideurs politiques de l’UE ne peuvent pas se permettre d’ignorer les risques et les dangers de leur politique.
Nous avons d’urgence besoin d’une Europe basée sur les valeurs fondamentales de l’Europe telles que le progrès
démocratique, économique et social, la durabilité environnementale, la solidarité et l’égalité.
Les murs érigés à l’intérieur même de l’Europe sont une attaque au droit à la libre-circulation et au traité de Schengen,
sapant le fondement même de l’UE. La liberté de mouvement doit être garantie pour tous les hommes et toutes les
femmes au sein de l’UE.
Les terribles souffrances de ceux qui veulent échapper à la pauvreté, à la guerre et aux persécutions requièrent une
réponse européenne basée sur l’humanité, la solidarité et l’intégration. IndustriAll Europe exhorte l’Europe et les Etats
Membres de l’UE à surmonter leurs divisions et leur nationalisme et à apporter une réponse commune à cette urgence
humanitaire, au lieu de transformer l’Europe en une forteresse. Tous les pays d’Europe doivent endosser la même
responsabilité dans l’accueil des réfugiés. L’Europe doit aussi aider les pays en développement à résoudre des conflits
qu’elle a elle-même contribués à créer et soutenir leur développement économique afin d’améliorer la qualité de vie
des populations et leur capacité à subvenir à leurs besoins. Cela signifie aussi que l’Europe doit enfin supprimer les
causes de l’exode des réfugiés, y compris les accords commerciaux inéquitables. Les syndicats ont un rôle à jouer dans
l’intégration des réfugiés dans la société et ils ont une responsabilité particulière en s’assurant que les réfugiés ont
des conditions équitables sur le marché du travail. L’accès à l’apprentissage de la langue, à la formation et l’éducation,
aux soins de sanet à l’emploi est indispensable à une intégration juste dans la société. IndustriAll Europe refuse que
les réfugiés servent de main d’œuvre bon marché dans des emplois précaires.
Les droits sociaux, la protection sociale et les droits du travail doivent être au centre de l’ordre économique mondial.
Les gouvernements et les entreprises multinationales ne peuvent utiliser la mondialisation pour miner les droits des
travailleurs et des syndicats ni pour contourner les règlementations sociales. L’Europe doit prôner une mondialisation
équitable et durable, basée sur la reconnaissance de normes sociales, environnementales et fiscales fortes et efficaces,
en imposant notamment le respect des droits fondamentaux du travail lors de négociations de l’Organisation mondiale
du commerce (OMC) et de négociations d’accords de libre-échange.
IndustriAll Europe réclame que la nouvelle génération d’accords commerciaux tels que l’Accord économique et
commercial global (AECG) avec le Canada et le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP)
avec les Etats-Unis soit impérativement négociée avec l’objectif de servir l’intérêt public et pas les inrêts particuliers
de quelques investisseurs privés. Il faut à cet effet une politique commerciale qui repose sur un commerce équitable,
sur des normes élevées pour les salariés et en matière de santé et d’environnement au niveau mondial ainsi que sur
la démocratie et la transparence. IndustriAll Europe appelle à une politique commerciale et à des accords
commerciaux qui profitent aux travailleurs dans les secteurs industriels européens. Les accords commerciaux et les
accords en matière d’investissements ne doivent entrainer ni l’affaiblissement des normes sociales et
environnementales, ni la mise en place d’un système de règlement des litiges. Les salariés et leurs syndicats
s’opposeront fermement à tout accord n’apportant pas ces garanties.
Les politiques de l’Union européenne doivent être recentrées sur la promotion de politiques monétaires et
budgétaires axées sur la croissance durable et sur la justice sociale. L’UE mais aussi chaque Etat membre doit enfin
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prendre des mesures pour combattre le travail précaire, la pauvreté et le chômage des jeunes ainsi que pour assurer
l’avenir de l’industrie manufacturière et la création d’emplois industriels en Europe. Nous réclamons des emplois
durables et de qualité, qui assurent une rémunération juste et des conditions de vie et de travail décentes. Le
renforcement du dialogue social et des systèmes de négociation collective est à cet effet absolument nécessaire. Une
Europe plus sociale implique également la promotion de droits sociaux et de droits du travail décents, droits syndicaux
et droit de grève y compris. De plus, une Europe sociale est impossible sans une fiscalité juste, qui ne met pas en
concurrence les pays et leurs industries. Face aux stratégies des entreprises multinationales qui utilisent de manière
générale la mondialisation, et plus particulièrement les restructurations, pour opposer les travailleurs les uns aux
autres souvent avec l’aide des gouvernements les organisations affiliées à industriAll Europe s’engagent à renforcer
leur coopération pour défendre les intérêts des travailleurs à travers toute l’Europe. Afin d’empêcher un nouveau
nivellement vers le bas, en particulier dans les régions et les secteurs européens, le marché unique de l’UE doit être
un outil de progrès social pour tous et non un outil encourageant les profits privés. Il faut s’opposer activement à
toutes les formes de déréglementation inéquitable et de dumping social afin d’empêcher une pression à la baisse sur
les salaires et les conditions de travail ainsi que sur les structures de négociation collective.
IndustriAll Europe insiste également sur l’importance d’un dialogue social de qualité face à ces enjeux. Le dialogue
social est un instrument qui doit être utilisé pleinement et être reconnu par la Commission européenne, les
interlocuteurs sociaux et les autres acteurs européens pour répondre aux enjeux industriels et sociaux. En ce sens,
industriAll Europe condamne toute tentative de la Commission européenne de réduire les moyens et le rôle du
dialogue social européen.
Assurer l’avenir de l’industrie manufacturière & créer des emplois
industriels durables en Europe
Une base manufacturière forte et durable est essentielle pour la prospérité économique durable et la stabilité en
Europe. L’Europe a enfin abouti à un consensus sur le fait que les économies ne peuvent prospérer qu’en maintenant
une base industrielle forte et qu’un seuil critique d’industrie doit être assuré pour préserver la durabilité du modèle
économique et social européen. Toutefois, la crise, qui a été exacerbée par les mesures d’austérité récessives, a
enclenché un processus de désindustrialisation marqué par de nombreuses faillites d’entreprises et des pertes
massives d’emplois industriels, en particulier dans les pays les plus durement frappés par ces politiques.
Les travailleurs de l’industrie ont été les premières victimes de la crise financière, avec 3,8 millions de personnes ayant
perdu leur emploi. L’érosion de notre tissu industriel et la création d’une « désertification industrielle » dans certaines
régions doivent d’urgence être inversées pour stimuler l’activité économique et l’emploi, en mettant en place des
politiques de relance industrielle approuvées et coordonnées conjointement par les interlocuteurs sociaux à tous les
niveaux décisionnels politiques. Nous avons besoin de stratégies quant à la manière de reconstruire le tissu industriel
dans les pays en crise et à la manière de développer l’industrie dans les pays de l’UE les moins touchés.
L’Europe doit mettre un terme aux conséquences désastreuses de la crise financière et des politiques d’austérité sur
l’économie réelle et relancer l’économie en poursuivant des politiques macroéconomiques coordonnées fondées sur
la demande, combinant des augmentations de salaires destinées à augmenter le pouvoir d’achat à des dépenses
publiques massives. L’Europe a besoin d’investissements. Le plan Juncker est un petit pas en avant, mais il ne suffira
pas à compenser les investissements qui ont été perdus depuis 2008, et il est peu probable qu’il conduira à des
investissements importants dans les pays qui en ont le plus besoin. IndustriAll Europe soutient le plan « Une nouvelle
voie pour l’Europe » de la Confédération européenne des syndicats (CES) visant à investir 2 % du produit intérieur brut
(PIB) de l’UE par an pour les dix années à venir. Des politiques monétaires, fiscales et budgétaires axées sur la
croissance durable doivent être encouragées par les décideurs politiques et les banques centrales de l’UE.
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Il faut combattre la concurrence fiscale et le dumping fiscal dans l’UE. A cette fin, l’harmonisation de la fiscalides
entreprises doit être encouragée tout en prenant des mesures contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale.
La crise a également révélé les failles de l’Union économique et monétaire (UEM), qui a encore été fragilisée et
déstabilisée par la crise grecque. La crise de l’euro ne peut être résolue qu’en mettant l’accent sur une meilleure
coordination économique et fiscale, en renforçant les efforts de la Banque centrale européenne (BCE) en matière de
financement de la dette souveraine, en assurant une meilleure répartition des charges dans la lutte contre les
disparités économiques entre les pays et en encourageant la relance de l’économie européenne. Les efforts de la BCE
ne peuvent porter leurs fruits sur le long terme qu’en étant accompagnés d’un renforcement de la demande interne
et de la mise en œuvre d’un plan d’investissements ambitieux. La consolidation de l’UEM ne peut aller de pair qu’avec
un développement massif de la dimension sociale, autrement les forces anti-européennes seront renforcées.
La domination continuelle de la sphère financière sur l’économie réelle doit prendre fin. La re-réglementation du
secteur bancaire doit garantir que les marchés financiers encouragent la croissance de l’économie réelle plutôt que
de la menacer. La crise financière continue de miner l’accès au financement, ce qui touche en particulier les PME qui
dépendent le plus du crédit bancaire. La création d’une union bancaire robuste à laquelle industriAll Europe a appelé
à maintes reprises, est donc absolument nécessaire pour restaurer un système financier qui soutient et développe
l’économie réelle.
Une stratégie de politique industrielle cohérente et globale doit relever un certain nombre de défis essentiels, qui ont
des impacts différents dans nos secteurs. Elle doit soutenir la transformation du secteur manufacturier européen en
un nouveau modèle de croissance basé sur des technologies durables, l’efficience énergétique, l’utilisation efficace
des ressources et une production pauvre en carbone, et assurer un agenda concret en matière d’investissement
industriel, une politique énergétique européenne efficace et des règles équitables en Europe et au niveau mondial. En
matière de politique industrielle, industriAll Europe fend une approche qui repose sur un équilibre juste entre les
questions transversales et sectorielles.
IndustriAll Europe préconise une politique industrielle et sectorielle axée sur l’emploi, qui relève les différents défis
de la numérisation et de l’automatisation dans le contexte de la mondialisation et de l’évolution démographique, en
adoptant une stratégie paneuropéenne et spécifique aux secteurs, dans l’intérêt des travailleurs.
L’Europe a besoin que toutes les institutions européennes adoptent une approche commune ambitieuse en matière
de politique industrielle (accompagnée de politiques industrielles nationales fortes et coordonnées dans tous les Etats
membres de l’UE), une approche qui reconnaît aussi les syndicats comme acteur politique central et le rôle du dialogue
social. Toutefois, l’Europe doit débloquer les moyens financiers permettant de mettre en œuvre cette politique. La
coopération entre les Etats membres de l’UE est plus que jamais nécessaire pour mutualiser les ressources et mobiliser
d’importants moyens financiers permettant de financer de grands projets industriels, en particulier dans la R&D et les
technologies de pointe. Nous avons besoin d’une politique industrielle qui ne repose pas uniquement sur les forces
actuelles des secteurs. L’innovation doit être encouragée tant dans les technologies de pointe que dans les industries
traditionnelles. Renforcer la coopération entre les fournisseurs de technologies de pointe et de milieu de gamme est
un élément essentiel de la capacité à innover de l’Europe.
L’industrie européenne souffre aujourd’hui non seulement d’une baisse des investissements globaux dans les sites
industriels et les équipements mais également dans un atout essentiel de l’Europe : ses citoyens et leurs compétences.
Des systèmes d’éducation de grande qualité combinés à d’ambitieuses stratégies d’apprentissage tout au long de la
vie sont essentiels pour le succès de l’Europe dans la concurrence mondiale, la gestion de la transition vers une
économie bas carbone, efficiente en ressources et en énergie et dans l’amélioration de l’employabilité des travailleurs.
Ces systèmes d’enseignement doivent encourager et développer des compétences spécifiques telles que les
compétences dans le domaine des TIC, de la science, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques. Le
renforcement du dialogue social est essentiel pour encourager l’émergence d’une main-d’œuvre hautement qualifiée
avec des emplois stables, sûrs et de qualité.
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