Os et sénescence
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Les études du remodelage osseux au cours du vieillissement s’accordent sur l’installation d’une hyperparathyroïdie
secondaire. Cette dernière semble être le fait d’une hyperplasie parathyroïdienne plutôt que d’une atteinte du set-
point parathyroïdien (Ledger et al 1994). En dépit de l’effet des oestrogènes sur le contrôle de la sécrétion de
parathormone observé in vitro (Duarte et al 1988, Greenberg et al 1987), les données in vivo ne sont pas concluantes.
Les rôles anaboliques et cataboliques de la parathormone dans la sénescence osseuse doivent encore être étudiés.
Les données cliniques concernant la formation osseuse sont plus controversées et pêchent par le manque d’études
longitudinales (Delmas et al 1985, Kelly et al 1989, Vanderschueren et al 1990). Orwol et al (1990) observent une
augmentation du taux de Bone Gla Protéine (BGP) dans une étude longitudinale chez l’homme de sexe masculin. De
manière p)lus générale, les études épidémiologiques mettent en évidence une tendance à la chute du taux de BGP
après 80 ans, suggérant ainsi la possibilité d’un “ découplage ” dans le remodelage osseux. Les rôles respectifs de la
parathormone, de la vitamine D et de l’axe somatotrope dans le remodelage osseux restent controversés : rôle de
l’hyperparathyroïdie (Epstein et al 1984, Dandonna et al 1986), de la 1,25(OH)2D (Duda et al 1987), de l’IGF-I (Pun
et al 1990, Nicolas et al 1994).
Si la sécrétion de calcitonine diminue avec l’âge (Deftos et al 1980, Lore et al 1984, Morimoto et al 1989, Reginster
et al 1989), son rôle dans la déperdition osseuse n’est pas établit (Tiegs et al 1985).
Le rôle des prostaglandines reste difficile à interpréter : dans une étude épidémiologique, une élévation légère de la
masse osseuse est observée parmi des sujets âgés prenant habituellement de l’aspirine ou d’autres anti-inflammatoire
non stéroïdiens (AINS) (Bauer et al 1996). Toutefois, la recherche de marqueurs de résorption ne met pas en
évidence d’augmentation de ceux-ci (N-telopeptides cross-link) parmi des sujets sous AINS comparés au groupe
contrôle (Lane et al 1997). L’interprétation des études utilisant des AINS est complexe dans la mesure où les
prostaglandines stimulent à la fois la formation et la résorption osseuse, rendant ainsi difficile la prédiction de l’effet
sur les altérations osseuses globales. En effet, sur des modèles animaux d’ostéo-arthrite ou d’immobilisation, les
AINS sont capables d’inhiber le composante résorptive mais on peu d’effet sur la formation diminuée (Boiskin et al
1988, Aota et al 1996).
SENESCENCE CELLULAIRE
L’ostéoblaste
Les ostéoblastes présentent les même caractéristiques liées à l’âge que les fibroblastes cutanés en culture du même
sujet (Fedarko et al, 1995). Une étude de 87 sujets entre 2 et 88 ans ne met pas en évidence de différence liée à l’âge
pour ce qui concerne la prolifération cellulaire, la production de protéine, de phopshatase alcaline, et d’ostéocalcine
mais met en évidence une diminution liée à l’âge du nombre de cellules à confluence (Evans et al, 1990). La réponse
mitogénique d’ostéoblastes induite par des agents variés (parathormone, hormone de croissance, calcitonine,
transforming growth factor B, IGF-I, et PDGF) présente un déclin lié à l’âge (Pfeilschifter et al, 1993). Si l’activité
phosphatase alcaline ne diffère pas avec l’âge ou le sexe, la production d’ostéocalcine diminue avec l’âge du donneur
dans des cultures ostéoblastiques (Chavassieux et al, 1990). Des cultures issues de cellules d’os endostéal présentent
une production de protéine et une croissance moindre si le donneur dépasse 50 ans, il en est de même pour la
production d’ostéocalcine stimulée par le calcitriol dans ces cultures (Battmann et al, 1997). Des différences
histologiques liées à l’âge consistent à une diminution de la moelle rouge au profit de la moelle blanche et de la
graisse qui s’accumule dans la moelle osseuse et peut expliquer un potentiel ostéogénique moindre de la moelle
vieillissante (Friedenstein et al 1982, Ashton et al 1980, Meunier et al, 1971). Des altérations fonctionnelles liées à
l’âge consistent en un moindre potentiel prolifératif des cellules stromales de la moelle osseuse (associé à un nombre
de progéniteurs ostéoclastiques) chez l’animal (Kahn et al 1982 et 1995, Bergman et al 1996 , Perkins et al 1994,
Frenkel et al 1997, Roholl et al 1994). Il restent de nombreuses questions en suspens à propos des mécanismes
associés à ces observations (liées à la perte de progéniteurs, de précurseurs, à une diminution de la fonction
ostéoblastique, à un trouble de l’adipogénèse, etc.). Plusieurs études utilisant des cellules isolées de moelle suggèrent
que l’âge du donneur influence plusieurs propriétés impliquées dans le métabolisme de l’os, par exemple, les cellules
médullaires sécrètent de l’IGF-I, de l’IGFBP, de l’IGFBP protéase et l’on observe une augmentation de la production
de l’IGFBP-3 avec l’âge (Rosen et al 1997).
L’ostéoclaste