J.M. Broglia
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2006 - vol.30 - n°3 179
Bilan
!Le bilan comporte une scintigra-
phie osseuse de moins de 2 mois,
un contrôle hématologique (plaquet-
tes, numération, formule sanguine),
une calcémie, et une évaluation de la
fonction rénale de moins d’une se-
maine. Le taux des plaquettes doit être
au moins égal à 100 000/µL, celui des
leucocytes supérieur à 3 000/µL et
l’hémoglobine supérieure à 10 g/dL.
Contre indications, précautions
!Les effets myélo-suppressifs font res-
pecter un délai de 4 à 8 semaines
après un traitement par chimiothéra-
pie et de deux à trois mois après une
radiothérapie hémicorporelle.
La myélo-suppression additionnelle
engendrée par la RTM doit être esti-
mée car elle peut générer des com-
plications délétères : saignements, in-
fections.
Les métastases compressives médul-
laires ne sont pas une indication et
doivent bénéficier d’un traitement
spécifique complémentaire.
Les biphosphonates, s’ils n’altèrent
pas les résultats de la scintigraphie
osseuse indiquant le traitement, peu-
vent être poursuivis. On respectera
un délai de 48 h après la RTM pour
une nouvelle injection.
Un rebond algique transitoire peut
être constaté ; il impose le renforce-
ment des traitements antalgiques.
La répétition des traitements est pos-
sible avec un espacement habituel
d’au moins 4 mois [10-14].
PRATIQUE CLINIQUE
ET EXPÉRIENCE
Indication
La sélection du patient est essentielle,
elle est la clef de la réussite thérapeu-
tique de la technique. La RTM est trop
souvent proposée chez des patients
en bout de course sujets à toutes les
complications, sans bénéfice visible
et donc avec un mauvais retour
auprès des cliniciens.
La scintigraphie osseuse initiale reste
la clef. On ne peut définir des sché-
mas types d’infiltrats métastatiques
multiples bons répondeurs, mais une
atteinte trop diffuse, trop intense, est
plutôt le gage de moins bonne ré-
ponse et de complications dans no-
tre expérience personnelle.
Evaluation
!L’évaluation de la douleur est fon-
damentale et doit permettre d’appré-
cier les composantes multiples de la
douleur, retentissement physique,
psychologique, sur la qualité de vie
et la vie sociale. Il est important que
le médecin nucléaire puisse évaluer
ses pratiques et estimer l’efficacité du
traitement. Ceci afin de parfaire les
indications et orienter les indications
de retraitement. Le recours à un ou
plusieurs questionnaires simples est
souhaitable. Nous faisons remplir par
le patient le questionnaire concis sur
la douleur [15] (Annexe 1Annexe 1
Annexe 1Annexe 1
Annexe 1) à J0, J15,
J30, et J60. C’est un test simple, aisé-
ment compréhensible et peu fasti-
dieux pour un patient fragile. Une
quantification en score est possible.
Un retour par courrier autorise une
gestion simple des dossiers et un
suivi en parallèle des patients avec
leur clinicien par le médecin nu-
cléaire.
Résultats
!Ils restent conforme aux rares pu-
blications existantes et sont principa-
lement des impressions cliniques
des praticiens réalisant ces traite-
ments.
Sous couvert de bonne indication les
effets indésirables sont rares, essen-
tiellement une baisse transitoire de
la lignée plaquettaire de 30% en
moyenne.
La technique est facilement mise en
place ; elle est bien supportée par le
patient, ne nécessite qu'une seule
journée d’immobilisation et une sim-
ple injection IV lente.
Le rebond douloureux répond habi-
tuellement bien aux traitements
usuels.
L’efficacité est plus difficile à appré-
cier, essentiellement par le caractère
complexe de l’évaluation d’un traite-
ment pour la douleur chez un patient
en fin de vie. Dans notre expérience
on peut considérer que 30 à 60 % des
patients bénéficient du traitement
selon le niveau d’efficacité que l’on
définit (amélioration partielle ou com-
plète de score OMS, Karnofsky, résul-
tats des QCD).
Cette amélioration porte autant sur la
diminution du score douloureux que
sur la reprise d’une autonomie du
patient malgré un fond douloureux
résiduel qui devient supportable et
n’entache plus la vie quotidienne.
CONCLUSION
!Si l’impression clinique d’efficacité
pour nombre de praticiens de Méde-
cine Nucléaire est bien réelle, l’ab-
sence de développement de la tech-
nique de RTM de la douleur métasta-
tique impose un constat. Le faible
nombre de centres de Médecine Nu-
cléaire, l’historique appréhension de
la radioactivité et surtout la mécon-
naissance par les cliniciens semblent
en grande partie responsables de cet
état des lieux.
En pratique clinique la place du Mé-
decin Nucléaire dans l’indication de
ces traitements est centrale. C’est lui
qui a le moyen, au moment de la scin-
tigraphie osseuse d’un patient algi-
que avec une scintigraphie "positive",
d’orienter vers la RTM. La contre-par-
tie de cette nouvelle responsabilité
est la nécessaire authentification de
résultats validés par des études clini-
ques. Résultats qui, sur bien des plans,
sont encore à évaluer ou à confirmer,
notamment dans le champ de l’antal-
gie et d’un potentiel rôle adjuvant à
d’autres thérapeutiques.