Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI
Explication Qui dit « bilinéarité » dit « identités remarquables ». En l’occurrence, pour tous x,y∈E:
kx+yk2=kxk2+2x,y+kyk2et x+y,x−y=kxk2−kyk2.
On peut aussi « inverser » ces relations et récupérer le produit scalaire en fonction de la norme. On obtient alors ce qu’on
appelle des identités de polarisation. Par exemple : x,y=1
2kx+yk2−kxk2−kyk2=1
4kx+yk2−kx−yk2.
Théorème (Inégalité de Cauchy-Schwarz, inégalité triangulaire) Soient Eun espace préhilbertien réel et x,y,z∈E.
(i) Inégalité de Cauchy-Schwarz : x,y¶kxk.kyk, avec égalité si et seulement si xet ysont colinéaires.
(ii) Inégalité triangulaire, version norme : kxk − kyk¶kx+yk¶kxk+kyk.
L’inégalité de droite est une égalité si et seulement si xet ysont colinéaires DE MÊME SENS.
Inégalité triangulaire, version distance : d(x,y)−d(y,z)¶d(x,z)¶d(x,y) + d(y,z).
Explication Si nous avions une définition propre du produit scalaire en termes de normes et d’angles, l’inégalité
de Cauchy-Schwarz serait une pure trivialité : −→
u·−→
v=
−→
u
.
−→
v
cos−→
u,−→
v¶
−→
u
.
−→
v
. Dans notre contexte,
cette inégalité est justement remarquable parce que nous n’avons pas encore de définition propre des angles orientés.
Démonstration
(i) Si y=0E:x,y=0¶0=kxk.kyket dans ce cas d’égalité, xet ysont clairement colinéaires.
Supposons à présent y6=0E. La fonction t7−→
x+t y
2=kxk2+2tx,y+t2kyk2est alors poly-
nomiale de degré EXACTEMENT 2, et comme elle est positive ou nulle sur tout R, son discriminant est
négatif ou nul : 4x,y2−4kxk2kyk2¶0, d’où le résultat : x,y¶kxk.kyk.
À quelle condition a-t-on en fait une égalité ? L’inégalité est une égalité si et seulement si le discriminant
calculé est nul, i.e. si et seulement si la fonction t7−→
x+t y
2s’annule. Cela revient à dire que :
x+t0y=0Epour un certain t0∈R, i.e. que xet ysont colinéaires.
(ii) D’abord : kx+yk2=kxk2+2x,y+kyk2(i)
¶kxk2+2kxk.kyk+kyk2=kxk+kyk2, ensuite
on passe à la racine carrée.
À quelle condition a-t-on en fait une égalité ? Si et seulement si : x,y=kxk.kyk. Les vecteurs x
et ysont alors colinéaires d’après (i), et quitte à les permuter, on peut supposer que : y=λxpour
un certain λ∈R. Aussitôt : λkxk2=x,λx=x,y=kxk.kyk=kxk.kλxk=|λ|.kxk2, donc soit
xest nul, soit : λ=|λ|, i.e. : λ¾0. Dans les deux cas, xet ysont colinéaires DE MÊME SENS.
Réciproque immédiate.
Pour l’inégalité généralisée : kxk=
(x+y) + (−y)
¶kx+yk+k− yk=kx+yk+kyk, donc :
kxk−kyk¶kx+yk, et de même : kyk−kxk¶kx+yk.
Exemple Pour tous x1,...,xn∈R:n
X
k=1
xk2
¶n
n
X
k=1
x2
k, avec égalité si et seulement si : x1=...=xn.
En effet Simple application de l’inégalité de Cauchy-Schwarz aux vecteurs (x1,...,xn)et (1, .. . , 1)de Rn
pour le produit scalaire canonique.
Exemple Soient a,b∈Ravec : a<b. Pour tout f∈ C1[a,b],R:f(b)2−f(a)2¶2v
u
tZb
a
f(t)2dtv
u
tZb
a
f′(t)2dt.
En effet Appliquons l’inégalité de Cauchy-Schwarz à fet f′dans l’espace préhilbertien réel C[a,b],R
muni du produit scalaire (u,v)7−→ Zb
a
u(t)v(t)dt:Zb
a
f(t)f′(t)dt¶v
u
tZb
a
f(t)2dtv
u
tZb
a
f′(t)2dt.
On conclut en calculant simplement l’intégrale de gauche.
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