
L’ESS appelle à une pluralité d’indicateurs
de richesse
Publié le 24 novembre 2016
Les insuffisances et les limites du Produit Intérieur Brut, mesure unique de la richesse, sont
désormais argumentées par un nombre croissant d’experts (économistes, comptables,
sociologues, environnementalistes, etc.). Se doter d’indicateurs complémentaires nécessite de
poursuivre le large débat de société entamé ces dernières décennies, en impliquant davantage
les citoyens. L’économie sociale et solidaire est une partie prenante essentielle de cet enjeu
décisif.
La question a commencé à être soulevée au cours des années 1970, avec notamment le premier rapport
du Club de Rome sur les limites de la croissance . [1] En France, on cherchait à mieux mesurer la
qualité de vie au-delà des questions économiques, notamment grâce aux propositions de Jacques
Delors sur les "indicateurs sociaux". Mais la crise qui a suivi a focalisé à nouveau l’attention sur la
croissance, l’inflation, le chômage et les comptes extérieurs, « le "carré magique" censé mesurer la
santé d’un pays ». [2] Dans les années 80, il n’y a toujours pas d’indicateur alternatif macro-socio-
économique dans le débat public ; dix ans plus tard, leur nombre est passé à deux, puis à une quinzaine
dans le courant des années 1990 et à une trentaine aujourd’hui. L’objectif n’est pas ici d’en rendre
compte de façon exhaustive.
Le Programme des Nations unies de développement (PNUD) a construit un indicateur qui a participé à
ouvrir le débat internationalement à des dimensions plus qualitatives : l’Indice de développement
humain (IDH). Pour cela, le PNUD s’est appuyé sur les travaux d’économistes, en particulier ceux
d’Amartya Sen, Prix Nobel en 1998. Il a pris le parti de proposer un indicateur reposant sur : « la
capacité de bénéficier d’une vie longue et saine » (santé et espérance de vie), « la capacité d’accès à
l’éducation et aux connaissances » (taux d’alphabétisation des adultes et taux de scolarisation) et « la
capacité d’accéder aux ressources matérielles indispensables pour accéder à un niveau de vie décent »
(sur la base du revenu national brut par habitant). L’IDH est une mesure du niveau moyen atteint dans
ces trois dimensions. Imparfait, il a le mérite d’avoir permis de modifier la hiérarchie des nations en
matière de développement.
S’inspirer de l’ESS pour piloter l’action publique
Patrick Viveret, économiste, professeur de philosophie, cofondateur du collectif Roosevelt et
administrateur du Labo de l’ESS, a participé à différentes missions en France visant à redéfinir
les indicateurs de richesse. En 2002, alors conseiller référendaire à la Cour des Comptes, il rédige
un rapport intitulé « Reconsidérer la richesse ». [3] Il y propose notamment au Parlement et à la
Commission européenne d’élaborer un rapport européen sur les indicateurs de développement humain,
couplée avec « une initiative spécifique concernant l’élaboration d’indicateurs de destruction pour
permettre d’envisager une activation massive de dépenses de réparation vers le soutien à une économie
de la prévention et du recyclage ».
De plus, les associations et ONG subissent la comptabilisation actuelle de la richesse, dans le sens
qu’elle ignore les activités bénévoles. Il préconise également à la recherche publique de se nourrir de