Mémoire BCD

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SOUCHE Frédérique
Mémoire BCD :
Théâtre,
langage écrit/langage oral
et différence
Année universitaire 2010/2011
Mme Voute
Université Lumière Lyon2
Table des matières
Introduction ................................................................................................................................................. 3
I.
La littérature de jeunesse ..................................................................................................................... 5
A.
B.
C.
II.
Historique de la littérature de jeunesse ........................................................................................... 5
Littérature de jeunesse et monde scolaire........................................................................................ 7
A propos des programmes du Ministère de l'Education Nationale ................................................. 8
Le théâtre ........................................................................................................................................... 11
A.
B.
C.
D.
E.
F.
1.
2.
3.
III.
A.
B.
Où en est le théâtre à l’école ?....................................................................................................... 11
Comment le théâtre est devenu une discipline éducative ? ........................................................... 11
Différentes approches du théâtre à l’école .................................................................................... 12
Les enjeux du théâtre pour l’enfant ............................................................................................... 13
Les dispositifs mis en place dans le premier degré ....................................................................... 14
Les textes officiels ......................................................................................................................... 15
Un enseignement obligatoire à l'école, au collège et au lycée ...................................................... 15
Les objectifs .................................................................................................................................. 15
Les modalités................................................................................................................................. 16
Mon projet ..................................................................................................................................... 18
La chaise bleue de Claude Boujon ................................................................................................ 18
Les séances .................................................................................................................................... 18
Bilan personnel .......................................................................................................................................... 27
Conclusion ................................................................................................................................................. 28
Remerciements .......................................................................................................................................... 29
Bibliographie ............................................................................................................................................. 30
1)
2)
Les livres ........................................................................................................................................... 30
Les sites Internet ................................................................................................................................ 30
2
Introduction
Depuis deux ans, je suis assistante BCD (Bibliothèque Centre de Documentation) à
l’école Saint-Michel située dans le 7ème arrondissement de Lyon. Cette école est composée de
huit classes allant de la Petite section au CM1. L’année dernière j’ai pu mener un projet sur le
théâtre avec la classe de CE1 et cela avait très bien fonctionné. Cette année, ayant une classe de
CE1 très hétérogène, c’est-à-dire avec des enfants perturbateurs, des enfants timides et une
enfant autiste, j’ai souhaité leur faire partager leurs différences et leur permettre de se
comprendre à travers le théâtre. Le projet que j’ai souhaité mené était de réaliser la mise en
scène d’un livre de jeunesse. De plus, ce projet leur permet de développer l’oral, en effet, à ce
stade, les enfants ont encore du mal à distinguer le langage oral et le langage écrit et c’est là
tout l’objectif de la classe de CE1. L’oral est très important au primaire et c’est à ce stade que
se met en place la différence entre graphie et phonie. De plus, j’aimerai leur faire différencier le
« je » du « tu ». Donc, je souhaite leur faire développer des compétences langagières et
modifier leur comportement pour que certains soit plus discipliné mais aussi pour qu’ils se
comprennent et s’entraident.
Ce qui m’a amené à émettre ce projet est le fait d’avoir été sensibilisé au théâtre quand
j’ai passé mon BAFA (Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur). En effet, ce fut pour
moi une révélation. Très timide de nature, j’ai toujours eu du mal à m’exprimer et je me sentais
mal à l’aise devant les autres. Par le théâtre, j’ai dû surmonter tout ça. Ça m’a permis de me
libérer et de ne pas me sentir juger par les autres lors d’une prestation. Je me suis même
surprise a trouver ça agréable. Le théâtre permet d’exprimer de nombreuses choses et d’aller
au-delà de soi-même. De plus, il s’agit d’un univers qui mêle à la fois réalité et imaginaire.
Lors de la mise en place de ce projet, je n’ai pas rencontré de difficultés spécifiques. En
effet, suite à la réussite du mini projet que j’avais monté l’année dernière, la maîtresse des CE1
a tout de suite été enchantée de renouveler l’opération. Cependant, cette année, nous sommes
allés plus loin dans le projet avec à la fois une présentation devant les autres élèves et une
devant les parents. Par contre, il m’a été difficile de trouver un livre accessible aux élèves que
je pouvais mettre en scène. Il fallait que je trouve un livre avec des dialogues simples, plusieurs
personnages pour que tout le monde puisse jouer et surtout un livre qui plaise aux enfants.
3
Pour cela, je me suis rendue au Centre de Ressources du SIMEF afin d’avoir des conseils pour
trouver un livre et mener au mieux ce projet. J’ai donc choisi de mener ce projet autour du livre
« La chaise bleue » de Claude BOUJON.
Je souhaite vous parler tout d’abord de la littérature de jeunesse et de son évolution,
ensuite du théâtre et de la manière dont cette discipline s’est intégrée au système scolaire et
enfin du déroulement de mon projet.
4
I. La littérature de jeunesse
A. Historique de la littérature de jeunesse
Les prémices d'un genre littéraire entièrement destinée à un jeune public sont apparus
tardivement à travers les contes de Charles Perrault au XVIIe siècle. Jusqu'au XIXeme siècle la
littérature de jeunesse demeure un genre confidentiel. Ce n'est qu'avec la vulgarisation de la
scolarisation obligatoire et le développement des techniques d'impression dans la seconde
moitié du XIXe siècle que naît une véritable littérature de jeunesse promue par des éditeurs tels
que Hetzel qui publie les œuvres de Jules Verne et Hachette, éditeur de la Comtesse de Ségur.
Cependant jusqu'aux années 1930 cette littérature est invariablement présentée sous la forme de
volumes reliés très encombrants, argumentés d'illustrations non intégrées dans le récit dont le
seul but est d'agrémenter.
La création des " Albums du Père Castor " dans les années 1930 va apporter une véritable
révolution dans la manière de présenter la littérature de jeunesse. La maison Flammarion
innove en proposant un nouveau concept moderne d'albums pour enfants à la fois maniables,
peu onéreux et dont les sujets sont proches des centres d'intérêt des enfants (vie animale,
contes, activités manuelles, découverte du monde…). Jusque dans les années 1970 les "
Albums du Père Castor " ont pignon sur rue dans le domaine de la littérature de jeunesse. Les
qualités des textes, de la graphie et des illustrations qui sont en parfaite adéquation avec le texte
permettent
enfin
aux
enfants
de
mener
une
lecture
autonome.
L'album de jeunesse tel que nous le connaissons actuellement est né dans les années 1960.
Dès 1965 les éditions scolaires de " L'Ecole " proposent une nouvelle collection " L'Ecole des
Loisirs " se présentant sous la forme d'albums permettant une lecture ouverte et imaginative à
l'opposé de la lecture fermée et rationnelle des manuels scolaires.
La lecture de ces albums sollicite désormais les qualités personnelles et des jeunes lecteurs.
Pour garder sa place dans notre société de consommation et ne pas succomber aux diktats de la
mode les éditeurs d'albums de jeunesse doivent sans cesse se remettre en cause pour proposer
aux enfants des produits à la fois beaux, interactifs et étonnants pour susciter leur curiosité.
5
Dans les années 1960 apparaissent une génération d'auteurs illustrateurs, véritables
créateurs qui bousculent toutes les conventions de la littérature de jeunesse et s'adressent
directement aux attentes des enfants.
Dans le courant des années 1970, la littérature de jeunesse ose aborder à des fins pédagogiques
des thèmes jusqu'alors tabous comme l'identité sexuelle, la mésentente parentale, la sensualité
enfantine.
Les styles et les thèmes se sont encore diversifiés depuis les années 1970.
Avec le temps sont apparus les albums animés (albums d'image pourvus de petites
animations: dessins qui bougent lorsque l'on tourne les pages ou que l'enfant peut faire
apparaître). Et plus récemment ces histoires ont été portées à l'écran : télévision ou ordinateur,
les nouveaux albums animés sont virtuels. Ceux-ci tentent de répondre aux études prouvant
que, depuis les années 80 les enfants se désintéressent de plus en plus des livres pour leur
préférer la télévision. Pour inverser ce mouvement, il suffisait d'intéresser les enfants à une
histoire en la faisant découvrir à la télévision pour les amener à lire sa version papier. De là, les
enfants pourraient s'intéresser à d'autres albums, et peu à peu s'initier à la lecture de livres...
Cette nouvelle forme d'album met le doigt sur un détail important de l'acquisition de la Culture
par enfants : la télévision ! Loin des préjugés, la télévision est porteuse de culture tout autant
que le sont les livres. Si l'on choisit avec discernement ce qu'on regarde et lit, la télévision et
les livres peuvent complémentaires. En effet, les albums animés vus à la télévision sont plus
compréhensibles et surtout plus habituels aux enfants, qui, sans le "blocage" suscité par
l'évocation des livres, y sont plus réceptifs (même si l'histoire est plus compliquée). L'album,
vu à la télévision aura pour effet de piquer la curiosité des enfants qui voudront alors lire le
livre, connaissant déjà l'histoire, ils la comprendront plus aisément. La lecture étant facilitée, ils
ne verront plus cet exercice comme une corvée et pourront s'ouvrir à des œuvres plus difficiles.
Finalement, les enfants découvriront que les deux versions des albums animés, en livre
et à la télévision, sont deux aspects différents mais complémentaires d'une même histoire : l'un
est attrayant et accessible simplement, l'autre est plus intime (car lu seul, aux lieux et moments
choisis par l'enfant), et de plus les enfants sont un peu les maîtres de l'histoire (ils peuvent lire à
leur propre rythme et sauter les passages qui ne les intéressent pas ou bien faire des retours en
arrière...).1
1
http://crdp.ac-clermont.fr/crdp/Ressources/DossierPeda/AlbumsAnimes
6
B. Littérature de jeunesse et monde scolaire
La littérature pour enfant a longtemps été sujette à controverse. Son utilisation étant
plus ou moins recommandée, selon que l'on considérait les enfants comme dotés ou non de
raison (au sens ou les adultes la comprennent). Ainsi en 1923 les instructions officielles
considéraient que les enfants de moins de six ans n'avaient pas besoin d'autre livre que d'un
syllabaire !
La littérature de jeunesse s'est, depuis, développée, à tel point même, que le 16 juillet
1949 une loi de censure a dût être votée pour lutter contre la violence de plus en plus
importante dans le genre. Les livres pour enfant devaient être porteurs de valeurs morales. Pour
adapter la lecture au niveau de lecteurs qui en maîtrisaient mal les subtilités, sont alors apparut
les premiers albums : livres composés d'au moins 50% d'image (dont le premier fut peut-être
une version dessinée de l'Odyssée d'Ulysse parut en 1947).
L'utilisation des albums s'est rapidement répandue, comme en témoigne cette citation de
Christian Bruel (1975) :
" Lire c'est lire l'image comme partie prenante de la narration, lire entre les images, lire les
couleurs au delà d'une joliesse et d'un esthétisme niais de coloriage, lire le noir et le blanc, lire
les ruptures de pages, lire la maquette, lire le rythme, l'articulation du texte et de l'image, leur
disposition relative sur la double page, unité de base du livre."
Le succès de cette littérature de jeunesse faisant une large place aux représentations
imagées est longtemps demeuré l'apanage de la sphère éducative privée. L'utilisation en classe
à des fins pédagogique de ces albums de jeunesse est restée confidentielle jusque dans les
années 1970.
Pourtant dès son plus jeune âge l'enfant a d'abord accès à un monde d'images et de sons
avant d'intégrer les notions de la lecture de texte écrit. La reconnaissance de l'image comme
représentation et par là comme objet de lecture et d'apprentissage a eu du mal à s'imposer dans
la sphère éducative et rares sont encore les véritables formations dans ce domaines qui sont
proposées dans les IUFM. Ce dossier a d'abord pour objectif de pallier ce manque en proposant
aux enseignants des clefs pour mener en classe des activités autour de l'éducation à l'image en
général et à la lecture d'albums animés en particulier. L'image étant enfin reconnue comme
partie intégrante de la maîtrise des langages prend donc toute sa place au sein des
apprentissages fondamentaux.
7
Les priorités de l'éducation à l'image en classe de primaire sont de l'ordre de :

la reconnaissance et l'identification par les élèves des différents types de discours
iconique (distinction de la fiction d'un message d'informations…).

La lecture à proprement dite c'est à dire l'analyse de l'image (observations, hypothèses,
construction de sens et donc de compréhension d'un message).

Acquisition d'une banque de références, de connaissances, de repères et de stratégies
d'apprentissage par les jeunes élèves.2
C. A propos des programmes du Ministère de l'Education Nationale
Force est de constater à travers les maigres recommandations à ce sujet dans les
programmes scolaires que la lecture d'images est encore peu considérée dans les apprentissages
scolaires des cycles I et II. Pourtant un texte d'instruction du 8 octobre 1999 de Ségolène Royal
ex ministre de l'Education Nationale, précise que l'école maternelle doit se donner pour mission
d'éduquer les enfants aux images même si les modalités de cet enseignement demeurent
expérimentales.
Longtemps considérées dans leurs relations avec le texte qu'elles illustrent et prolongent les
images doivent être intégrées comme support auxiliaire d'apprentissage et comme objet à
explorer pour construire du sens. A ce sujet il est d'ailleurs rappelé que les jeunes enfants font
souvent preuve d'une grande acuité et d'un regard pertinent. Il est rappelé qu'il est important de
diversifier les images proposées aux élèves afin de leur donner quelques clefs pour savoir
reconnaître, trier, catégoriser la quantité d'images auxquels les jeunes enfants sont
quotidiennement confrontés.
Au niveau du cycle I :
L'image est bien entendu un outil au service de l'apprentissage de la maîtrise des langages mais
aussi d'activités liées à la découverte du monde notamment sensoriel (exploration des
caractéristiques visuelles, observation des effets de la lumière…).
2
http://crdp.ac-clermont.fr/crdp/Ressources/DossierPeda/AlbumsAnimes
8
A la maternelle les enfants doivent savoir :

Identifier les différents modes de production des images (images fixes ou animées,
dessins, photos, peintures, vidéos…)

Repérer la fonction sociale de l'image et de son statut dans la communication (publicité,
information, divertissement…)

Comprendre les notions de point de vue et de locuteur,

Construire des critères de jugements.
Toute activité de lecture d'image doit tendre vers un enrichissement du lexique et de la syntaxe
adaptée à la description des relations spatiales, temporelles et de causalité afin que l'enfant
apprenne à se représenter le monde et à construire des connaissances. L'enseignant doit
développer, lors de véritables ateliers de lecture d'images, une pédagogie du regard propre à
apprendre aux élèves à bâtir des significations à partir d'indices repérés et mis en relation pour
proposer une lecture ouverte. La séance s'organise alors autour de débats et d'expérimentations
sur
des
hypothèses
et
des
argumentations
que
les
enfants
proposent.
L'éducation à l'image est en outre une activité propice à l'acquisition de compétences
transférables, en particulier pour ce qui concerne la maîtrise de l'oral et par la suite de l'écrit.
Dès la maternelle bien des réflexes adoptés par les jeunes élèves à l'occasion d'activités liées à
l'image s'apparentent à ceux requis pour une première approche de la lecture de textes.
Au niveau du cycle II :
Savoir parler sur des images est considéré comme une activité prépondérante au moment de
l'apprentissage de la lecture. Les images sont considérées en général comme équivalent du
message écrit que l'enfant ne sait pas encore lire. La leçon de lecture devrait toujours
commencer par l'exploration d'une image. Malheureusement l'idée prévaut dans cette utilisation
que le message délivré par l'image est une évidence et que les enfants n'ont pas besoin de clefs
pour décoder celle-ci. L'image, support auxiliaire de l'apprentissage de la lecture est aussi un
objet à explorer pour construire du sens.
Les programme du BO hors série 14 février 2002 précisent qu'à chaque utilisation d'une image
en classe le document doit faire l'objet d'une discussion afin que le message contenu soit
verbalement élaboré.
9
Ce sera l'occasion d'identifier des mots qui les désignent, d'expliciter les actions suggérées par
les rapprochements des objets ou personnages représentés, de retrouver si possible la
correspondance avec les images déjà rencontrées, d'engager une interprétation simple du point
de vue adopté par le photographe, dessinateur, cinéaste… Au terme il convient de s'assurer que
les élèves sont susceptibles de passer sans difficultés de l'élaboration de cette signification à la
verbalisation.
10
II. Le théâtre
Je souhaiterai commencer par cette citation de Peter Brook : « Si le théâtre c’est la vie, alors
l’apprentissage du théâtre peut devenir l’apprentissage de la vie. ». Cette phrase évoque toute
l’importance de l’enseignement du théâtre que se soit à l’école primaire, au collège ou au lycée.
A. Où en est le théâtre à l’école ?
Depuis plus de vingt ans, les pratiques théâtrales à l’école se sont développées, les
démarches se sont affinées grâce à l’intervention
de comédiens, metteurs en scène,
enseignants, animateurs d’associations…
Aujourd’hui, le théâtre est en train de conquérir une place spécifique dans les cursus
d’enseignement, au même titre que les arts plastiques et la musique. Les initiatives en la
matière sont maintenant suffisamment inscrites dans le fonctionnement normal de beaucoup
d’écoles, de collèges, de lycées, pour faire l’objet de descriptions, d’imitation…3
B. Comment le théâtre est devenu une discipline éducative ?
Certaines compagnies de théâtre se sont intéressées au jeune public et ont proposé, dès
la fin des années 60, des spectacles destinés aux enfants et joués soit dans les écoles, soit en
temps scolaire dans d’autres lieux, théâtraux ou non.
En parallèle, la formation aux pratiques théâtrales s’est développée elle aussi par l’Education
populaire (dépendant de la Jeunesse et des Sports) à travers des stages pendant les vacances ou
les week-ends, des formations conduites soit par des intervenants de la >Jeunesse et des Sports,
soit par des associations agrées. Beaucoup d’enseignants, volontaires pour ces formations
personnelles, ont trouvé là leur première expérience du théâtre. Souvent, ces expériences ont
été à l’origine de la création de clubs « théâtre » au sein des collèges et des lycées. Il faut
souligner que l’expérience théâtrale suppose un engagement de la personne et que sans cet
engagement d’enseignants, il n’y aurait pas eu de développement du théâtre à l’école.
3
Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, p 13
11
Au niveau de l’institution scolaire, avant les années 70, une Commission nationale du
théâtre scolaire établissait chaque année une liste de spectacles habilités à tourner dans les
établissements scolaires. Il s’agissait pour la plupart de spectacles classiques et les compagnies
étaient parisiennes.
A partir des années 1979-80, avec les premiers Projets d’activités éducatives et
culturelles, et jusqu’en 1988, le théâtre a pu se développer en milieu scolaire à travers plusieurs
axes. L’information des enseignants a été accrue. Dans le même temps, les Commissions
académiques d’action culturelle sont devenues des lieux de réflexion sur la place du théâtre à
l’école. Les Projets d’action éducative « théâtre » dans les établissements ont donné une
nouvelle dimension à l’animation et surtout ont intégré l’activité aux cours. Apparaît alors
une nouvelle façon d’aborder la littérature théâtrale non comme des textes à lire, mais
comme une parole à décoder en la mettant en acte. Ces formations au théâtre réside dans
l’organisation d’un partenariat unique et cela à deux niveaux. D’une part, au niveau
institutionnel entre les deux ministères de l’Education nationale et de la >Culture qui ont mis
en place une commission mixte de suivi de cet enseignement. D’autre part, aux niveaux
pédagogique et artistique, puisqu’une option et un atelier ne peuvent exister que s’il existe une
collaboration étroite entre une équipe d’enseignants et une équipe de création validée par le
ministère de la Culture. Donc la formation des jeunes au théâtre doit se faire selon une double
démarche : une démarche pédagogique avec l’acquisition de savoir-faire, de références, de
techniques et une démarche artistique avec l’expérience de la création, de l’aventure et de la
recherche.4
C. Différentes approches du théâtre à l’école
-
Une approche par le texte
En classe, particulièrement au collège et au lycée, le théâtre est abordé essentiellement sous la
forme de textes littéraires, au même titre que la poésie et le roman. Il est traité comme un genre
dont les règles ont évoluées selon les époques et dont l’expression peut varier selon les styles
ou les modes recherchés : tragique, comique, réaliste, burlesque…
4
Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, p 18
12
-
Une approche par le spectacle
Dès l’école maternelle, des enfants peuvent être invités à entrer dans le monde du spectacle
théâtral. On peut définir cela comme une ouverture à l’imaginaire à travers un spectacle total :
parole, espace, objets, décor, lumières, personnages. Tout se conjugue pour entraîner le
spectateur dans un univers qui exprime quelque chose pour chacun des spectateurs.
-
Une approche par la pratique
Cette approche ce fait essentiellement dans des clubs « théâtre », des collèges et lycées ; Des
élèves désireux de faire du théâtre, avec un ou des adultes passionnés, décident de monter une
pièce. Le texte choisi devient alors « prétexte » à une mise en situation. Les rôles se cherchent,
se distribuent, les scènes se répètent, s’améliorent, puis un spectacle est organisé. Ces clubs ont
donné lieux à des réalisations intéressantes. Ainsi, des enseignants se sont formés pour les
animer. Cependant, un club correspond à un temps de loisir.
-
Un moyen d’expression
Dans le théâtre, l’individu s’expose totalement. En effet, passer de l’anonymat du groupe à
l’exposition devant les autres nécessite à la fois un effort, une évolution psychologique et un
apprentissage. Le théâtre peut être un moyen de déblocage, il permet d’oser dire certaines
choses, un moyen de paraître, de montrer. Il s’agit d’une mise en situation pas tout a fait réelle
mais pas seulement imaginaire qui facilite le dépassement des limites psychologiques et
sociales.5
D. Les enjeux du théâtre pour l’enfant
A l’école, les activités théâtrales nécessitent une certaine forme d’engagement de la
personne particulièrement favorable au développement psychologique de l’enfant tant du point
de vue cognitif que du point de vue clinique.
Du point de vue cognitif, l’école reçoit les enfants au moment où ils sont en train
d’élaborer leur pensée symbolique.
5
Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, p20
13
En effet, le mime permet à l’individu de pouvoir représenter quelque chose au moyen d’un
signifiant différencié comme le langage, l’image ou le geste symbolique. Le jeu symbolique
favorise le développement de l’enfant.
Il occupe donc une place particulière au sein de l’école, où l’enfant y a naturellement recours
dans ses moments libres. De plus, le travail autour du jeu dramatique comporte des échanges
verbaux. Ces moments d’échanges vont contribuer au développement du langage, à al prise de
conscience de soi, à l’élaboration de la pensée symbolique. Le jeu dramatique va être
l’occasion pour l’enfant de structurer l’espace et le temps : en mettant en scène des histoires
inventées ou adaptées, l’enfant prend conscience de l’enchaînement et de la durée des
évènements. La présence des autres va également l’obliger à gérer l’effet de son jeu sur ceux
qui écoutent. Grâce à ces mises en espace, l’enfant est également confronté à un espace
scénique qui aura été délimité. En effet, son corps est face à un public, sa gauche et sa droite ne
sont pas celles de ses camarades spectateurs. Enfin, le mime aide l’enfant à prendre conscience
de ses sensations. Cela lui permet de mettre son corps en éveil et d’être particulièrement
attentif à tout ce qu’il va ressentir au moment où il est en action.
Du point de vue de la psychologie clinique, le jeu dramatique est le lieu de l’expression
des sentiments et des émotions de l’enfant. Cependant, l’enseignant doit comprendre que ces
émotions sont à prendre en compte uniquement dans le temps et l’espace du jeu dramatique.6
E. Les dispositifs mis en place dans le premier degré
Tout d’abord, il convient de donner les objectifs du théâtre pour l’élémentaire. Il permet
un éveil esthétique, une formation à l’expression corporelle, gestuelle et orale, une rencontre
avec des œuvres et une ouverture à des lieux de théâtre. En effet, le théâtre et l’expression
dramatique ont pour but de développer chez les enfants leur disposition au jeu de fiction, leur
imagination, leur sensibilité, leur désir d’expression et de production à travers de courts essais
de réalisations dramatiques. A l’école maternelle, les enfants explorent leurs capacités
sensorielles, corporelles, relationnelles, verbales et imaginatives au sein d’un groupe. De plus,
ils peuvent approcher la notion de personnage, de petites histoires structurées et faire le partage
entre le réel et le fictif.
Depuis plusieurs années, des initiatives ont été prises pour offrir aux enseignants et aux
élèves des possibilités de formation dans le domaine des arts.
6
Les pratiques théâtrales a l’école, Jean-Claude Lallias, Rectorat de Créteil, 1993, p 19
14
Outre les démarches qui peuvent se mettre en place parmi les actions pédagogiques d’ouverture
culturelle dans le cadre des projets d’école, deux grands dispositifs sont proposés aux
enseignants :
-
les ateliers de pratique artistique
-
les classes culturelles
Leur objectif est de permettre aux élèves d’être sensibilisés au théâtre de façon forte et durable
et d’expérimenter concrètement, en faisant et jouant, la situation de création théâtrale.
Pour les ateliers, cela peut se faire pour une classe sur un créneau de trois heures par semaine
en collaboration avec une compagnie de théâtre intervenant régulièrement.
Pour les classes culturelles, il s’agit d’offrir à une classe la possibilité de vivre une semaine
dans un lieu théâtral, avec une compagnie de théâtre professionnelle, et de baigner à la fois
dans un projet de création et de découverte.7
F. Les textes officiels
1. Un enseignement obligatoire à l'école, au collège et au lycée
« L'enseignement de l'histoire des arts est obligatoire pour tous les élèves de l'école primaire,
du collège et du lycée (voies générale, technologique et professionnelle). C'est un enseignement
fondé sur une approche pluridisciplinaire des œuvres d'art qui permet aux élèves de maîtriser
les repères historiques et culturels indispensables pour comprendre les œuvres et enrichir leur
pratique artistique.
2. Les objectifs
Cet enseignement a pour objectif d'offrir à tous les élèves :

des occasions de découvrir directement et personnellement des œuvres de référence
relevant de différents domaines artistiques, de différentes époques et civilisations ;

la capacité de poser sur ces œuvres, grâce à la familiarité acquise avec elles, un regard
plus averti et plus sensible ;
7

la possibilité d'acquérir ainsi une culture personnelle à valeur universelle ;

les moyens de s'informer sur les métiers liés aux domaines des arts et de la culture.
Les pratiques théâtrales a l’école, Jean-Claude Lallias, Rectorat de Créteil, 1993, p 30
15
3. Les modalités
Cet enseignement, qui concerne toutes les disciplines, sollicite plus particulièrement les
enseignements artistiques et l'histoire. Il s'appuie sur les périodes historiques étudiées en cours
d'histoire à chacun des niveaux du cursus scolaire.
Les œuvres étudiées appartiennent à six grands domaines artistiques :

Arts de l'espace : architecture, arts des jardins ;

Arts du langage : littérature (récit, poésie) ;

Arts du quotidien : design, objets d'art ;

Arts du son : musique (instrumentale, vocale) ;

Arts du spectacle vivant : théâtre, danse, cirque, marionnettes ;

Arts du visuel : arts plastiques, cinéma, photographie.
Il s'agit d'œuvres d'art patrimoniales et contemporaines, savantes et populaires, nationales et
internationales. Elles sont choisies à partir d'une liste de référence pour l'école primaire et des
listes de thématiques pour le collège et le lycée. »8
 Extrait du Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008
« L’enseignement de l’histoire des arts est obligatoire pour tous les élèves de l’Ecole
primaire, du Collège et du Lycée (voies générale, technologique et professionnelle). C’est un
enseignement fondé sur une approche pluridisciplinaire et transversale des œuvres d’art.
L’enseignement de l’histoire des arts implique la conjonction de plusieurs champs de
connaissances. Il s’appuie sur trois piliers : les « périodes historiques », les six grands
«domaines artistiques » et la « liste de référence » pour l’Ecole primaire ou les « listes de
thématiques » pour le Collège et le Lycée.
Les six grands domaines artistiques
Définis comme « points de rencontres » des différentes formes d’art, ces domaines dépassent
les divisions disciplinaires et les classifications courantes. Non exclusifs les uns des autres, ils
offrent de multiples possibilités de croisements, de recoupements et de métissages. Leur
contenu s’enrichit progressivement de l’Ecole primaire au Lycée par l’ouverture à des champs
de plus en plus nombreux. Ils sont énoncés ci-après dans l’ordre alphabétique :
8
www.eduscol.education.fr, consulté le 9/04/2011
16
- Les « arts de l'espace » : architecture, urbanisme, arts des jardins, paysage aménagé, etc.
- Les « arts du langage » : littérature écrite et orale
(roman, nouvelle, fable, légende, conte, mythe, poésie, théâtre, essai, etc.), inscriptions
épigraphiques, calligraphies, typographies, etc.
- Les « arts du quotidien » : arts appliqués, design, métiers d'art ; arts populaires, etc.
- Les « arts du son » : musique vocale, musique instrumentale, musique de film et bruitage,
Technologies de création et de diffusion musicales, etc.
- Les « arts du spectacle vivant » : théâtre, musique, danse, mime, arts du cirque, arts de la
rue, marionnettes, art équestres, feux d’artifices, jeux d’eaux, etc.
- Les « arts du visuel » : Arts plastiques (architecture, peinture, sculpture, dessin et arts
graphiques, photographie, etc.) ; illustration, bande dessinée.
Cinéma, audiovisuel, vidéo, montages photographiques, dessins animés, et autres images.
Ces domaines artistiques sont explorés dans leurs manifestations patrimoniales et
contemporaines, populaires et savantes, nationales et internationales, occidentales et non
occidentales. Sur le plan technique, ils sont abordés dans leurs productions artisanales et
industrielles, traditionnelles et innovantes.
Dans le premier degré, les œuvres étudiées sont choisies par les professeurs à partir de
la « liste de référence » du programme de l’Ecole primaire.
Dans le second degré, la « liste de référence » est remplacée par des « listes de thématiques »
conçues pour assurer cohérence et sens à l’enseignement de l’histoire des arts. Quelques pistes
d’étude et repères sont proposés aux professeurs, à titre indicatif. Les professeurs puisent
librement dans ces listes qu’ils complètent éventuellement. Le choix des œuvres est laissé à
leur appréciation. »9
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media.education.gouv.fr, consulté le 9/04/2011
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III. Mon projet
A. La chaise bleue de Claude Boujon
Pour mon projet sur le théâtre, j’ai choisi de mettre en scène le livre « La chaise bleue »
de Claude BOUJON. Mon choix s’est porté sur ce livre pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, l’histoire est simple et rigolote et a plu autant aux enfants qu’à moi. Cela
était essentiel pour que chacun s’investisse au mieux.
Ensuite, le vocabulaire est relativement restreint, la syntaxe resserrée, avec sujet, verbe,
complément, il y a peu d’adjectifs et les phrases sont courtes de façon à ce que la lecture soit
très simple. Quant aux dialogues, les enfants peuvent identifier clairement qui parle grâce au
système suivant («Pierre dit : […] »).
Enfin, interviennent des caractéristiques de contenu. On commence au début de
l’histoire et on finit à la fin. Il y a seulement trois personnages, dont deux principaux :
Escarbille, le long loup maigre et Chaboudo, le chien à courtes pattes.
Ce livre raconte donc l’histoire d’un loup et d’un chien qui trouvent une chaise bleue
dans le désert. Ils en exploitent toutes les utilisations possibles et imaginables. Les deux amis
s’identifient tour à tour à des animaux sauvages, à des personnages différents. Ils s’inventent
d’autres lieux d’aventure. Finalement un dromadaire terre à terre leur rappelle la fonction
première d’une chaise.
B. Les séances
Pour l’organisation des séances, les élèves venaient par demi-groupe de 14 élèves.
Chaque séance durée 20 minutes.
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Séance 1 : 9/12/2010
Le théâtre : c’est quoi ?
Objectif de la séance : La découverte du théâtre et du projet.
Découverte du projet par les enfants, je leur ai expliqué que nous allions travailler sur le
théâtre, la mise en scène. Et c’est eux qui allaient jouer les personnages et vivre l’histoire.
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De plus, je voulais leur faire comprendre que l’on n’écrit pas comme on parle, ce qu’ils ont
tendance à faire et c’est là tout l’objectif de la classe de CE1: différencier langage oral et
langage écrit.
Cette séance a surtout servi à discuter de ce projet, puisqu’ils avaient beaucoup de questions sur
le théâtre en lui-même, comment se dérouler une représentation théâtrale, tous les codes du
théâtre et ils étaient surtout intrigués à l’idée de savoir si eux aussi pourraient jouer une pièce
devant leurs camarades.
Dès le début, j’ai vu l’enthousiasme des plus énergiques et créatifs et l’inquiétude des plus
timides.
L’objectif de ce projet est à la fois d’intégrer tous les caractères dans un objectif
commun puisque la classe est composée de timides, d’énergiques, d’enfants ne respectant pas
les règles, d’agressifs dans leurs actes et leur langage ainsi que d’une petite fille autiste et à la
fois de leur faire comprendre la différence entre langage oral et langage écrit, le tout par le
théâtre moyen d’expression, d’échange, d’imagination et de découverte. Par la suite, je
souhaiterai les amener à développer eux-mêmes leur créativité en inventant d’autres scénettes.
Cette première séance fut donc sous le signe de la découverte du théâtre et de la discussion
autour de cet univers, j’ai eu droit aux questions les plus diverses et variées.
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Voici des dessins que les enfants ont faits pour illustrer leur vision du théâtre :
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Séance 2 : 16/12/2010
« Ah ! voilà du nouveau ! »
Objectif de la séance : Découverte du livre « La chaise bleue » de Claude BOUJON.
Cette séance fut consacrée à la découverte du livre que les enfants allaient mettre en
scène, en l’occurrence : « La chaise bleue » de Claude BOUJON. J’ai donc commencé par leur
faire découvrir la couverture, les enfants ont exprimés ce qu’ils voyaient, ce qui pouvait se
passer dans l’histoire, ils ont émis de nombreuses hypothèses, puis je leur ai présenté les
personnages : Escarbille et Chaboudo.
Suite à la lecture, je leur ai posé des questions pour savoir comment eux avaient compris
l’histoire et les mots qu’ils employés.
Les enfants ont tout de suite étaient emballés par l’histoire et notamment par les dessins
très humoristique. Cependant, suite à la lecture, ils étaient tous étonnés de savoir comment ils
allaient pouvoir faire et si chacun allait pouvoir jouer.
Tel était l’objectif de la prochaine séance.
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Séance 3 : 6/01/2011
Tout commence avec une chaise…
Objectif de la séance : Comprendre comment faire du théâtre et mettre en scène un livre.
Arriver à transposer du langage écrit en langage oral.
Comment jouer ? Comment mettre en scène cette histoire ? Telles étaient les questions
que les enfants se posaient. Ils étaient tous intrigués voir même inquiets.
Pour commencer, j’ai relu l’histoire pour bien qu’ils se la remettent en mémoire après deux
semaines de vacances. Puis, je les ai invités à tous se mettre en cercle, au centre, j’ai disposé
une chaise identique à celle du livre. Je leur ai proposé, chacun à leur tour d’inventer quelque
chose avec la chaise : bureau, trompette, piano, trampoline, camion de pompier, voiture de
course, violon… Ils ont trouvés rapidement des idées et ont été enchantés. Les plus timides ont
eu du mal au début, puis se sont laissaient gagnés par l’entrain de leur camardes. Je leur ai
donc fait découvrir le théâtre par le jeu.
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Puis, à la fin de l’exercice, je leur ai dit : « Voilà, c’est ça faire du théâtre, c’est cela que vous
allez faire, mais en suivant l’histoire. ». Ils étaient ravis et trouvaient ça plus facile que prévu…
J’ai donc commencé à leur présenter le théâtre sous le signe de l’improvisation afin de
créer une atmosphère, de mettre tout le monde à l’aise. Au départ, les enfants cherchaient la
confiance dans mon regard pour surmonter leur peur. De plus, ce qui les bloque c’est la parole,
j’ai donc commencé par le corps. Comme le dit Peter Brook : « Le corps libre est le premier
pas » (extrait de Le diable, c’est l’ennui, Actes-Sud Papiers, Théâtre-Education, n°4, Paris,
1991, p76).

Séance 4 : 13/01/2011
Transformation écrit/oral
Objectif de la séance : Adapter le texte écrit à l’oral.
Je commence chaque séance par une relecture de l’histoire et je m’aperçois à chaque
fois que les enfants retiennent de mieux en mieux certaines phrases ou certaines scènes. De
plus, ils ont maintenant intégrés le nom des personnages, ce qui fut difficile au début car peu
commun.
Ensuite, nous avons discutés pour voir comment adapter ce texte écrit à l’oral. Par
exemple, quand il est écrit : « Chaboudo grognat : « c’est désertique. » », à l’oral va-t-on dire
« Chaboudo grognant » ? non, car il indique que c’est Chaboudo qui parle et la manière dont il
le fait. Les enfants m’ont donc dictés les phrases que j’ai écrites sur une feuille, puis nous
avons tout relu afin de voir si cela leur convenait et si c’était dans un langage correct. Cela m’a
permis de voir comment ils avaient compris l’histoire et les mots qu’ils employés.
Enfin, je les ai invité à se mettre deux par deux, de préférence avec un ami pour qu’ils
se sentent en confiance. L’élève le plus dissipé n’était pas d’accord et voulait être seul, il
cherche encore sa place et veut toujours s’imposer, je lui ai donc proposé de faire le narrateur
en lui expliquant que son rôle était important puisque c’est sur ces paroles qu’allaient se baser
ces camarades pour jouer au bon moment, il a tout de suite accepté et s’est senti responsable.
De mon côté, j’avais au préalable retapé le texte en séparant chaque scénette afin que chacun ai
le texte et puisse jouer.
Le premier groupe a donc commencé par jouer la première scénette : celle de la découverte de
la chaise.
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Préférant que les enfants jouent, se mettent à la place des personnages, ils n’avaient pas de
papier avec le texte, mais je leur disais la phrase qu’il devait prononcer avant de jouer et il la
répétait. Au début, ils me regardaient quand ils parlaient et c’était difficile de mettre
l’intonation et de faire des mouvements. Pour y remédier, je leur montrais comment jouer, je
les remettais dans le contexte, dans la situation, car il n’est pas toujours facile d’imaginer la
scène et ce que ressentent les personnages.

Voici la réécriture du texte « la chaise bleue » faite par les enfants :
« Ce jour là, Escarbille et Chaboudo se promenaient dans le désert.
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

Escarbille : « Il n’y a pas grand monde »
Chaboudo grognant : « C’est désertique »
Escarbille en montrant une tâche bleue au loin : « Ah ! Voilà du nouveau »
Tous deux s’approchèrent de la tâche bleue
 Escarbille : « c’est une chaise »
 Chaboudo : « C’est une chaise bleue »
Chaboudo se mit sous la chaise
 Chaboudo : « J’aime bien les chaises, on peut se cacher dessous. »

Escarbille : « c’est le minimum du minimum. Une chaise c’est magique. On peut la
transformer en traîneau à chiens, en voiture de pompiers, en ambulance, en voiture
de course, en hélicoptère, en avion, en tout ce qui roule et vole et tout ce qui flotte
aussi. »

Chaboudo : « Mais alors, gare aux requins qui rôdent aux alentours »

Escarbille : « Et ce n’est pas tout. En deux temps trois mouvements, elle devient un
bureau, un comptoir. Il n’y a rien de mieux pour jouer à la marchande. »

Chaboudo : « Oui. Une chaise, c’est vraiment magique, mais c’est aussi très
pratique. Si tu montes dessus, tu deviens aussi grand que le plus grand de tes
amis… »
« Tu peux également t’en servir pour te défendre contre les fauves. Il n’y a pas de
meilleur moyen pour empêcher l’animal sauvage de croquer le dompteur. On voit ça
dans tous les cirques. »
Non loin de là, un camélidé, il n’est pas rare de rencontrer une telle bête dans le désert,
observait avec sévérité les exercices des deux amis.
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
Le Camélidé s’exclamant : « Non, mais ça va pas la tête ! Qu’est-ce que c’est que ce
cirque ? »
« Une chaise est faite pour s’asseoir dessus. »
Et il s’installa sur la chaise bien décidé à ne plus bouger.
 Escarbille : « Partons, ce chameau n’a aucune imagination.
 Chaboudo : « Et en plus ce n’est même pas un chameau, il n’a qu’une bosse, c’est un
dromadaire ! ». »

Séance 5 : 20/01/2011
Premiers pas sur scène…
Objectif de la séance : Commencer à jouer la pièce comme un petit acteur. Savoir être expressif
et ne pas seulement réciter le texte.
J’ai commencé la séance comme toutes les autres en lisant l’histoire, même si à certains
moments je n’avais plus besoin de lire, car les enfants connaissaient déjà certaines paroles.
Puis, deux par deux, ils ont continués chacun leur tour de jouer leur scénette et qu’elle
ne fut pas mon étonnement devant certains élèves, notamment, Lucie la plus timide qui n’ayant
pas son binôme a voulu jouer avec moi sa scénette. Puis, Kimi, le plus expressif mais avec des
difficultés de lecture, qui a joué parfaitement en faisant de grands gestes et en mettant le ton, le
tout sans butter sur un seul mot !
Cependant, il faut parfois contrôler leur énergie afin que tout se déroule dans le calme pour que
chacun puisse se concentrer et que chacun écoute et observe ce que font les autres.
A la fin de la séance, j’ai voulu conclure par leur observations : ce qui va ou non quand
ils observent ceux qui sont sur scène, ce qui leur est difficile, ce qu’ils aimeraient qu’on
améliore pour continuer au mieux ce projet. Ils se sont rendu compte qu’il fallait parler assez
fort et articuler pour que tout le monde puisse entendre et comprendre, il faut regarder le public
(c’est-à-dire les autres camarades) et non moi quand ils sont sur scène, il faut aller loin dans
leurs mouvements et même ne pas hésiter à en faire un peu trop, il faut qu’ils laissent de côté le
fait que les autres ne les jugent pas, ne feront pas de commentaires désobligeant et que chaque
remarque et faite pour qu’ils s’améliorent.
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Séance 6 : 27/01/2011
La répétition
Objectif de la séance : Répétition de la pièce et derniers ajustements.
La séance a commencé par une petite lecture du livre "La chaise bleue" pour remettre
les élèves en contexte. Mais dès la lecture de la deuxième page, je m'aperçois qu'ils connaissent
déjà le texte, ils disent le texte avant moi! Comme quoi, quand les enfants aiment, ils retiennent
facilement! Ensuite, ils se sont mis avec leur binôme. Je leur distribue le scripte en ayant
répartie les rôles en avance selon ce que j'avais observé aux séances précédentes. Afin qu'ils
aient le rôle qui leur corresponde le mieux.
Une fois les rôles répartis, chacun est allé répéter dans un coin de la salle. Enfin, j’ai attribué à
chaque enfant un numéro correspondant à leur ordre de passage, la représentation pouvait
commencer ! C'est partie pour la mise en scène, en piste mes petits acteurs!!
Sans oublier d’établir auparavant quelques règles pour bien jouer:
- regarder le public
- se taire pendant que les camarades sont sur scène
- parler fort
- être expressif
- les trois coups de bâton annonçant le début de la pièce
- le salut final...
Je les reprends de temps en temps afin que tout soit parfait, et oui, c'est ça le travail d'acteur!
On se retrouve la semaine prochaine pour la dernière représentation...
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La répétition en images :
Figure 1: Le narrateur
Figure 2: Tiens, une chaise!
Figure 3: Je suis plus grand que le plus grand de mes amis!
Figure 4: la chaise- un moyen de défense
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Séance7 : 3/02/2010
Jour J ! Que de stress…
Objectif de la séance : Prendre du plaisir en jouant !
Jour-J pour la présentation de la pièce devant la maîtresse et les autres élèves, la pression est
à son comble...
Le jour de la représentation est enfin arrivé, je dois être sûrement plus stressé qu'eux. En
effet, c'est mon travail qui va être évaluée. Après avoir pris du temps pour se mettre en costume
et se maquiller, le grand moment est arrivé!
Trois coups de bâtons, le silence...
Verdict... Une magnifique représentation, je dois dire que mes petits CE1 m'ont étonnés, ils ont
pris du plaisir à jouer et se sont amusés, c'est l'essentiel, chacun maîtrisé très bien son texte, je
suis ravie!
Et ça ne s'arrête pas là, la maîtresse a tellement apprécié qu'elle souhaite faire une
représentation devant les parents et les autres classes pour le mois de juin!!!
Il ne reste plus qu'à faire un décor et les enfants pourront jouer sur une vraie scène cette foisci!!
Vivement la prochaine représentation !!
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Bilan personnel
Tout d’abord, j’ai énormément apprécié travailler sur ce projet. En effet, ce projet
me tenait à cœur et j’y songeais depuis l’année dernière déjà. Je n’ai pas rencontré de
difficultés particulières, hormis, au niveau des créneaux horaire, car je disposais seulement
de 20 minutes avec chaque demi-groupe, donc chaque séance était programmée à la minute
près. Puis, pour trouver le livre que j’allais mettre en scène, mais une fois le livre en main,
les idées sont venues très vite. Ensuite, les élèves ont été enchantés et enthousiaste de
travailler sur le théâtre. Pour la plupart, ils n’en avaient jamais fait et ne savaient pas en
quoi ça consistait. De plus, ils ont pu aller au-delà d’eux mêmes, ils se sont mis en scène et
pour certains ce fut une révélation, je ne les avais jamais vu aussi expressifs. Enfin, ce
projet a été très bien accueilli par l’enseignante qui m’a tout laissé mener comme je
l’entendais. Elle a été ravie du résultat, ainsi que la directrice, puisqu’une représentation est
prévue en juin devant les parents et les autres classes. Pour finir, s’il fallait changer
certaines choses, j’aurai aimé les emmener voir une pièce de théâtre ainsi que les coulisses
d’un théâtre. Puis, il aurait été plus facile d’avoir des séances plus longues d’au moins 30
minutes.
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Conclusion
Pour conclure, ce projet de mise en scène d’un album de jeunesse m’a vraiment tenu à
cœur et passionné. En effet, l’année dernière, j’avais posé les bases de ce projet en initiant
certaines classes (GS et CE1) au théâtre. Cela avait très bien fonctionné. Je souhaitais réitérer
cette expérience cette année avec les CE1. A travers ce projet, je souhaitais montrer également
aux enseignants les apports du théâtre à l’école. En effet, on peut travailler sur de multiples
notions à travers le théâtre. Avec ce projet, j’ai travaillé sur une notion essentielle au CE1 qui
est celle de l’alternance entre langage écrit et langage oral. Il s’agit d’une compétence que les
enfants doivent acquérir au cycle 2. De plus, sachant que cette classe était composée de
caractères multiples et d’une enfant handicapée, j’ai travaillé, en parallèle à ce projet, la notion
de différence.
Ce projet a été bénéfique sur plusieurs plans pour les enfants. D’une part, cela leur a
permis de développer leurs capacités langagières et de dépasser certaines difficultés. D’autre
part, ce projet leur a permis de voir que leurs différences pouvaient être une force, car ils se
sont complétés et aidés pour arriver au bout de cette pièce. De plus, grâce à ce projet, des
caractères se sont affirmés ou dévoilés, d’autres se sont modérés et chacun à trouvé sa place au
fil des séances. Les enfants ont appréciés travailler sur le théâtre et j’ai pu leur inculquer des
notions sans qu’ils ne s’en rendent compte. Comme quoi, c’est par le plaisir que l’on apprend.
J’espère pouvoir renouveler l’expérience l’année prochaine. J’aurai aimé aller plus loin
en mettant en scène avec les enfants d’autres livres de jeunesse. En attendant, l’histoire
continue puisqu’une représentation devant les parents est programmée pour le mois de juin. Il
nous reste encore à confectionner un décor, à améliorer les costumes et à répéter un peu…
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Remerciements
Je souhaiterai remercier tout d’abord, Mme Voute pour tout son investissement et son
dévouement dans ce TD. En effet, on peut y trouver des idées d’activités, des conseils, des
aides, elle arrive à nous transmettre toute sa passion. Grâce à elle, nous pouvons mener au
mieux notre rôle d’AT BCD.
Ensuite, je remercie la directrice et tous les enseignants de l’école Saint-Michel dans
laquelle je travail depuis deux ans. Depuis le début j’ai été bien accueilli par tous et nous
partageons d’agréables moments. Ils trouvent toujours du temps pour m’aiguiller et m’aider
dans les activités et les projets que j’ai à mener. J’espère être encore dans cette école l’année
prochaine.
Enfin, je souhaite remercier tous les élèves de l’école Saint-Michel. C’est vraiment
passionnant de mener des activités et des projets avec eux. Ils sont ouverts d’esprit et avides de
nouveautés. Ils m’apportent autant si ce n’est plus que ce que je leur apporte.
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Bibliographie
1) Les livres

Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, ISBN : 2-01170375-1

Les pratiques théâtrales a l’école, Jean-Claude Lallias, Rectorat de Créteil, 1993,
ISBN : 2-905459-22-11

Oser le théâtre, Freddy Zucchet, édition Centre régional de documentation pédagogique
de l’académie de Grenoble, 2001, ISBN : 2-86622-557-0
2) Les sites Internet

media.education.gouv.fr, consulté le 9/04/2011

www.eduscol.education.fr, consulté le 9/04/2011
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