SOUCHE Frédérique Mémoire BCD : Théâtre, langage écrit/langage oral et différence Année universitaire 2010/2011 Mme Voute Université Lumière Lyon2 Table des matières Introduction ................................................................................................................................................. 3 I. La littérature de jeunesse ..................................................................................................................... 5 A. B. C. II. Historique de la littérature de jeunesse ........................................................................................... 5 Littérature de jeunesse et monde scolaire........................................................................................ 7 A propos des programmes du Ministère de l'Education Nationale ................................................. 8 Le théâtre ........................................................................................................................................... 11 A. B. C. D. E. F. 1. 2. 3. III. A. B. Où en est le théâtre à l’école ?....................................................................................................... 11 Comment le théâtre est devenu une discipline éducative ? ........................................................... 11 Différentes approches du théâtre à l’école .................................................................................... 12 Les enjeux du théâtre pour l’enfant ............................................................................................... 13 Les dispositifs mis en place dans le premier degré ....................................................................... 14 Les textes officiels ......................................................................................................................... 15 Un enseignement obligatoire à l'école, au collège et au lycée ...................................................... 15 Les objectifs .................................................................................................................................. 15 Les modalités................................................................................................................................. 16 Mon projet ..................................................................................................................................... 18 La chaise bleue de Claude Boujon ................................................................................................ 18 Les séances .................................................................................................................................... 18 Bilan personnel .......................................................................................................................................... 27 Conclusion ................................................................................................................................................. 28 Remerciements .......................................................................................................................................... 29 Bibliographie ............................................................................................................................................. 30 1) 2) Les livres ........................................................................................................................................... 30 Les sites Internet ................................................................................................................................ 30 2 Introduction Depuis deux ans, je suis assistante BCD (Bibliothèque Centre de Documentation) à l’école Saint-Michel située dans le 7ème arrondissement de Lyon. Cette école est composée de huit classes allant de la Petite section au CM1. L’année dernière j’ai pu mener un projet sur le théâtre avec la classe de CE1 et cela avait très bien fonctionné. Cette année, ayant une classe de CE1 très hétérogène, c’est-à-dire avec des enfants perturbateurs, des enfants timides et une enfant autiste, j’ai souhaité leur faire partager leurs différences et leur permettre de se comprendre à travers le théâtre. Le projet que j’ai souhaité mené était de réaliser la mise en scène d’un livre de jeunesse. De plus, ce projet leur permet de développer l’oral, en effet, à ce stade, les enfants ont encore du mal à distinguer le langage oral et le langage écrit et c’est là tout l’objectif de la classe de CE1. L’oral est très important au primaire et c’est à ce stade que se met en place la différence entre graphie et phonie. De plus, j’aimerai leur faire différencier le « je » du « tu ». Donc, je souhaite leur faire développer des compétences langagières et modifier leur comportement pour que certains soit plus discipliné mais aussi pour qu’ils se comprennent et s’entraident. Ce qui m’a amené à émettre ce projet est le fait d’avoir été sensibilisé au théâtre quand j’ai passé mon BAFA (Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur). En effet, ce fut pour moi une révélation. Très timide de nature, j’ai toujours eu du mal à m’exprimer et je me sentais mal à l’aise devant les autres. Par le théâtre, j’ai dû surmonter tout ça. Ça m’a permis de me libérer et de ne pas me sentir juger par les autres lors d’une prestation. Je me suis même surprise a trouver ça agréable. Le théâtre permet d’exprimer de nombreuses choses et d’aller au-delà de soi-même. De plus, il s’agit d’un univers qui mêle à la fois réalité et imaginaire. Lors de la mise en place de ce projet, je n’ai pas rencontré de difficultés spécifiques. En effet, suite à la réussite du mini projet que j’avais monté l’année dernière, la maîtresse des CE1 a tout de suite été enchantée de renouveler l’opération. Cependant, cette année, nous sommes allés plus loin dans le projet avec à la fois une présentation devant les autres élèves et une devant les parents. Par contre, il m’a été difficile de trouver un livre accessible aux élèves que je pouvais mettre en scène. Il fallait que je trouve un livre avec des dialogues simples, plusieurs personnages pour que tout le monde puisse jouer et surtout un livre qui plaise aux enfants. 3 Pour cela, je me suis rendue au Centre de Ressources du SIMEF afin d’avoir des conseils pour trouver un livre et mener au mieux ce projet. J’ai donc choisi de mener ce projet autour du livre « La chaise bleue » de Claude BOUJON. Je souhaite vous parler tout d’abord de la littérature de jeunesse et de son évolution, ensuite du théâtre et de la manière dont cette discipline s’est intégrée au système scolaire et enfin du déroulement de mon projet. 4 I. La littérature de jeunesse A. Historique de la littérature de jeunesse Les prémices d'un genre littéraire entièrement destinée à un jeune public sont apparus tardivement à travers les contes de Charles Perrault au XVIIe siècle. Jusqu'au XIXeme siècle la littérature de jeunesse demeure un genre confidentiel. Ce n'est qu'avec la vulgarisation de la scolarisation obligatoire et le développement des techniques d'impression dans la seconde moitié du XIXe siècle que naît une véritable littérature de jeunesse promue par des éditeurs tels que Hetzel qui publie les œuvres de Jules Verne et Hachette, éditeur de la Comtesse de Ségur. Cependant jusqu'aux années 1930 cette littérature est invariablement présentée sous la forme de volumes reliés très encombrants, argumentés d'illustrations non intégrées dans le récit dont le seul but est d'agrémenter. La création des " Albums du Père Castor " dans les années 1930 va apporter une véritable révolution dans la manière de présenter la littérature de jeunesse. La maison Flammarion innove en proposant un nouveau concept moderne d'albums pour enfants à la fois maniables, peu onéreux et dont les sujets sont proches des centres d'intérêt des enfants (vie animale, contes, activités manuelles, découverte du monde…). Jusque dans les années 1970 les " Albums du Père Castor " ont pignon sur rue dans le domaine de la littérature de jeunesse. Les qualités des textes, de la graphie et des illustrations qui sont en parfaite adéquation avec le texte permettent enfin aux enfants de mener une lecture autonome. L'album de jeunesse tel que nous le connaissons actuellement est né dans les années 1960. Dès 1965 les éditions scolaires de " L'Ecole " proposent une nouvelle collection " L'Ecole des Loisirs " se présentant sous la forme d'albums permettant une lecture ouverte et imaginative à l'opposé de la lecture fermée et rationnelle des manuels scolaires. La lecture de ces albums sollicite désormais les qualités personnelles et des jeunes lecteurs. Pour garder sa place dans notre société de consommation et ne pas succomber aux diktats de la mode les éditeurs d'albums de jeunesse doivent sans cesse se remettre en cause pour proposer aux enfants des produits à la fois beaux, interactifs et étonnants pour susciter leur curiosité. 5 Dans les années 1960 apparaissent une génération d'auteurs illustrateurs, véritables créateurs qui bousculent toutes les conventions de la littérature de jeunesse et s'adressent directement aux attentes des enfants. Dans le courant des années 1970, la littérature de jeunesse ose aborder à des fins pédagogiques des thèmes jusqu'alors tabous comme l'identité sexuelle, la mésentente parentale, la sensualité enfantine. Les styles et les thèmes se sont encore diversifiés depuis les années 1970. Avec le temps sont apparus les albums animés (albums d'image pourvus de petites animations: dessins qui bougent lorsque l'on tourne les pages ou que l'enfant peut faire apparaître). Et plus récemment ces histoires ont été portées à l'écran : télévision ou ordinateur, les nouveaux albums animés sont virtuels. Ceux-ci tentent de répondre aux études prouvant que, depuis les années 80 les enfants se désintéressent de plus en plus des livres pour leur préférer la télévision. Pour inverser ce mouvement, il suffisait d'intéresser les enfants à une histoire en la faisant découvrir à la télévision pour les amener à lire sa version papier. De là, les enfants pourraient s'intéresser à d'autres albums, et peu à peu s'initier à la lecture de livres... Cette nouvelle forme d'album met le doigt sur un détail important de l'acquisition de la Culture par enfants : la télévision ! Loin des préjugés, la télévision est porteuse de culture tout autant que le sont les livres. Si l'on choisit avec discernement ce qu'on regarde et lit, la télévision et les livres peuvent complémentaires. En effet, les albums animés vus à la télévision sont plus compréhensibles et surtout plus habituels aux enfants, qui, sans le "blocage" suscité par l'évocation des livres, y sont plus réceptifs (même si l'histoire est plus compliquée). L'album, vu à la télévision aura pour effet de piquer la curiosité des enfants qui voudront alors lire le livre, connaissant déjà l'histoire, ils la comprendront plus aisément. La lecture étant facilitée, ils ne verront plus cet exercice comme une corvée et pourront s'ouvrir à des œuvres plus difficiles. Finalement, les enfants découvriront que les deux versions des albums animés, en livre et à la télévision, sont deux aspects différents mais complémentaires d'une même histoire : l'un est attrayant et accessible simplement, l'autre est plus intime (car lu seul, aux lieux et moments choisis par l'enfant), et de plus les enfants sont un peu les maîtres de l'histoire (ils peuvent lire à leur propre rythme et sauter les passages qui ne les intéressent pas ou bien faire des retours en arrière...).1 1 http://crdp.ac-clermont.fr/crdp/Ressources/DossierPeda/AlbumsAnimes 6 B. Littérature de jeunesse et monde scolaire La littérature pour enfant a longtemps été sujette à controverse. Son utilisation étant plus ou moins recommandée, selon que l'on considérait les enfants comme dotés ou non de raison (au sens ou les adultes la comprennent). Ainsi en 1923 les instructions officielles considéraient que les enfants de moins de six ans n'avaient pas besoin d'autre livre que d'un syllabaire ! La littérature de jeunesse s'est, depuis, développée, à tel point même, que le 16 juillet 1949 une loi de censure a dût être votée pour lutter contre la violence de plus en plus importante dans le genre. Les livres pour enfant devaient être porteurs de valeurs morales. Pour adapter la lecture au niveau de lecteurs qui en maîtrisaient mal les subtilités, sont alors apparut les premiers albums : livres composés d'au moins 50% d'image (dont le premier fut peut-être une version dessinée de l'Odyssée d'Ulysse parut en 1947). L'utilisation des albums s'est rapidement répandue, comme en témoigne cette citation de Christian Bruel (1975) : " Lire c'est lire l'image comme partie prenante de la narration, lire entre les images, lire les couleurs au delà d'une joliesse et d'un esthétisme niais de coloriage, lire le noir et le blanc, lire les ruptures de pages, lire la maquette, lire le rythme, l'articulation du texte et de l'image, leur disposition relative sur la double page, unité de base du livre." Le succès de cette littérature de jeunesse faisant une large place aux représentations imagées est longtemps demeuré l'apanage de la sphère éducative privée. L'utilisation en classe à des fins pédagogique de ces albums de jeunesse est restée confidentielle jusque dans les années 1970. Pourtant dès son plus jeune âge l'enfant a d'abord accès à un monde d'images et de sons avant d'intégrer les notions de la lecture de texte écrit. La reconnaissance de l'image comme représentation et par là comme objet de lecture et d'apprentissage a eu du mal à s'imposer dans la sphère éducative et rares sont encore les véritables formations dans ce domaines qui sont proposées dans les IUFM. Ce dossier a d'abord pour objectif de pallier ce manque en proposant aux enseignants des clefs pour mener en classe des activités autour de l'éducation à l'image en général et à la lecture d'albums animés en particulier. L'image étant enfin reconnue comme partie intégrante de la maîtrise des langages prend donc toute sa place au sein des apprentissages fondamentaux. 7 Les priorités de l'éducation à l'image en classe de primaire sont de l'ordre de : la reconnaissance et l'identification par les élèves des différents types de discours iconique (distinction de la fiction d'un message d'informations…). La lecture à proprement dite c'est à dire l'analyse de l'image (observations, hypothèses, construction de sens et donc de compréhension d'un message). Acquisition d'une banque de références, de connaissances, de repères et de stratégies d'apprentissage par les jeunes élèves.2 C. A propos des programmes du Ministère de l'Education Nationale Force est de constater à travers les maigres recommandations à ce sujet dans les programmes scolaires que la lecture d'images est encore peu considérée dans les apprentissages scolaires des cycles I et II. Pourtant un texte d'instruction du 8 octobre 1999 de Ségolène Royal ex ministre de l'Education Nationale, précise que l'école maternelle doit se donner pour mission d'éduquer les enfants aux images même si les modalités de cet enseignement demeurent expérimentales. Longtemps considérées dans leurs relations avec le texte qu'elles illustrent et prolongent les images doivent être intégrées comme support auxiliaire d'apprentissage et comme objet à explorer pour construire du sens. A ce sujet il est d'ailleurs rappelé que les jeunes enfants font souvent preuve d'une grande acuité et d'un regard pertinent. Il est rappelé qu'il est important de diversifier les images proposées aux élèves afin de leur donner quelques clefs pour savoir reconnaître, trier, catégoriser la quantité d'images auxquels les jeunes enfants sont quotidiennement confrontés. Au niveau du cycle I : L'image est bien entendu un outil au service de l'apprentissage de la maîtrise des langages mais aussi d'activités liées à la découverte du monde notamment sensoriel (exploration des caractéristiques visuelles, observation des effets de la lumière…). 2 http://crdp.ac-clermont.fr/crdp/Ressources/DossierPeda/AlbumsAnimes 8 A la maternelle les enfants doivent savoir : Identifier les différents modes de production des images (images fixes ou animées, dessins, photos, peintures, vidéos…) Repérer la fonction sociale de l'image et de son statut dans la communication (publicité, information, divertissement…) Comprendre les notions de point de vue et de locuteur, Construire des critères de jugements. Toute activité de lecture d'image doit tendre vers un enrichissement du lexique et de la syntaxe adaptée à la description des relations spatiales, temporelles et de causalité afin que l'enfant apprenne à se représenter le monde et à construire des connaissances. L'enseignant doit développer, lors de véritables ateliers de lecture d'images, une pédagogie du regard propre à apprendre aux élèves à bâtir des significations à partir d'indices repérés et mis en relation pour proposer une lecture ouverte. La séance s'organise alors autour de débats et d'expérimentations sur des hypothèses et des argumentations que les enfants proposent. L'éducation à l'image est en outre une activité propice à l'acquisition de compétences transférables, en particulier pour ce qui concerne la maîtrise de l'oral et par la suite de l'écrit. Dès la maternelle bien des réflexes adoptés par les jeunes élèves à l'occasion d'activités liées à l'image s'apparentent à ceux requis pour une première approche de la lecture de textes. Au niveau du cycle II : Savoir parler sur des images est considéré comme une activité prépondérante au moment de l'apprentissage de la lecture. Les images sont considérées en général comme équivalent du message écrit que l'enfant ne sait pas encore lire. La leçon de lecture devrait toujours commencer par l'exploration d'une image. Malheureusement l'idée prévaut dans cette utilisation que le message délivré par l'image est une évidence et que les enfants n'ont pas besoin de clefs pour décoder celle-ci. L'image, support auxiliaire de l'apprentissage de la lecture est aussi un objet à explorer pour construire du sens. Les programme du BO hors série 14 février 2002 précisent qu'à chaque utilisation d'une image en classe le document doit faire l'objet d'une discussion afin que le message contenu soit verbalement élaboré. 9 Ce sera l'occasion d'identifier des mots qui les désignent, d'expliciter les actions suggérées par les rapprochements des objets ou personnages représentés, de retrouver si possible la correspondance avec les images déjà rencontrées, d'engager une interprétation simple du point de vue adopté par le photographe, dessinateur, cinéaste… Au terme il convient de s'assurer que les élèves sont susceptibles de passer sans difficultés de l'élaboration de cette signification à la verbalisation. 10 II. Le théâtre Je souhaiterai commencer par cette citation de Peter Brook : « Si le théâtre c’est la vie, alors l’apprentissage du théâtre peut devenir l’apprentissage de la vie. ». Cette phrase évoque toute l’importance de l’enseignement du théâtre que se soit à l’école primaire, au collège ou au lycée. A. Où en est le théâtre à l’école ? Depuis plus de vingt ans, les pratiques théâtrales à l’école se sont développées, les démarches se sont affinées grâce à l’intervention de comédiens, metteurs en scène, enseignants, animateurs d’associations… Aujourd’hui, le théâtre est en train de conquérir une place spécifique dans les cursus d’enseignement, au même titre que les arts plastiques et la musique. Les initiatives en la matière sont maintenant suffisamment inscrites dans le fonctionnement normal de beaucoup d’écoles, de collèges, de lycées, pour faire l’objet de descriptions, d’imitation…3 B. Comment le théâtre est devenu une discipline éducative ? Certaines compagnies de théâtre se sont intéressées au jeune public et ont proposé, dès la fin des années 60, des spectacles destinés aux enfants et joués soit dans les écoles, soit en temps scolaire dans d’autres lieux, théâtraux ou non. En parallèle, la formation aux pratiques théâtrales s’est développée elle aussi par l’Education populaire (dépendant de la Jeunesse et des Sports) à travers des stages pendant les vacances ou les week-ends, des formations conduites soit par des intervenants de la >Jeunesse et des Sports, soit par des associations agrées. Beaucoup d’enseignants, volontaires pour ces formations personnelles, ont trouvé là leur première expérience du théâtre. Souvent, ces expériences ont été à l’origine de la création de clubs « théâtre » au sein des collèges et des lycées. Il faut souligner que l’expérience théâtrale suppose un engagement de la personne et que sans cet engagement d’enseignants, il n’y aurait pas eu de développement du théâtre à l’école. 3 Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, p 13 11 Au niveau de l’institution scolaire, avant les années 70, une Commission nationale du théâtre scolaire établissait chaque année une liste de spectacles habilités à tourner dans les établissements scolaires. Il s’agissait pour la plupart de spectacles classiques et les compagnies étaient parisiennes. A partir des années 1979-80, avec les premiers Projets d’activités éducatives et culturelles, et jusqu’en 1988, le théâtre a pu se développer en milieu scolaire à travers plusieurs axes. L’information des enseignants a été accrue. Dans le même temps, les Commissions académiques d’action culturelle sont devenues des lieux de réflexion sur la place du théâtre à l’école. Les Projets d’action éducative « théâtre » dans les établissements ont donné une nouvelle dimension à l’animation et surtout ont intégré l’activité aux cours. Apparaît alors une nouvelle façon d’aborder la littérature théâtrale non comme des textes à lire, mais comme une parole à décoder en la mettant en acte. Ces formations au théâtre réside dans l’organisation d’un partenariat unique et cela à deux niveaux. D’une part, au niveau institutionnel entre les deux ministères de l’Education nationale et de la >Culture qui ont mis en place une commission mixte de suivi de cet enseignement. D’autre part, aux niveaux pédagogique et artistique, puisqu’une option et un atelier ne peuvent exister que s’il existe une collaboration étroite entre une équipe d’enseignants et une équipe de création validée par le ministère de la Culture. Donc la formation des jeunes au théâtre doit se faire selon une double démarche : une démarche pédagogique avec l’acquisition de savoir-faire, de références, de techniques et une démarche artistique avec l’expérience de la création, de l’aventure et de la recherche.4 C. Différentes approches du théâtre à l’école - Une approche par le texte En classe, particulièrement au collège et au lycée, le théâtre est abordé essentiellement sous la forme de textes littéraires, au même titre que la poésie et le roman. Il est traité comme un genre dont les règles ont évoluées selon les époques et dont l’expression peut varier selon les styles ou les modes recherchés : tragique, comique, réaliste, burlesque… 4 Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, p 18 12 - Une approche par le spectacle Dès l’école maternelle, des enfants peuvent être invités à entrer dans le monde du spectacle théâtral. On peut définir cela comme une ouverture à l’imaginaire à travers un spectacle total : parole, espace, objets, décor, lumières, personnages. Tout se conjugue pour entraîner le spectateur dans un univers qui exprime quelque chose pour chacun des spectateurs. - Une approche par la pratique Cette approche ce fait essentiellement dans des clubs « théâtre », des collèges et lycées ; Des élèves désireux de faire du théâtre, avec un ou des adultes passionnés, décident de monter une pièce. Le texte choisi devient alors « prétexte » à une mise en situation. Les rôles se cherchent, se distribuent, les scènes se répètent, s’améliorent, puis un spectacle est organisé. Ces clubs ont donné lieux à des réalisations intéressantes. Ainsi, des enseignants se sont formés pour les animer. Cependant, un club correspond à un temps de loisir. - Un moyen d’expression Dans le théâtre, l’individu s’expose totalement. En effet, passer de l’anonymat du groupe à l’exposition devant les autres nécessite à la fois un effort, une évolution psychologique et un apprentissage. Le théâtre peut être un moyen de déblocage, il permet d’oser dire certaines choses, un moyen de paraître, de montrer. Il s’agit d’une mise en situation pas tout a fait réelle mais pas seulement imaginaire qui facilite le dépassement des limites psychologiques et sociales.5 D. Les enjeux du théâtre pour l’enfant A l’école, les activités théâtrales nécessitent une certaine forme d’engagement de la personne particulièrement favorable au développement psychologique de l’enfant tant du point de vue cognitif que du point de vue clinique. Du point de vue cognitif, l’école reçoit les enfants au moment où ils sont en train d’élaborer leur pensée symbolique. 5 Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, p20 13 En effet, le mime permet à l’individu de pouvoir représenter quelque chose au moyen d’un signifiant différencié comme le langage, l’image ou le geste symbolique. Le jeu symbolique favorise le développement de l’enfant. Il occupe donc une place particulière au sein de l’école, où l’enfant y a naturellement recours dans ses moments libres. De plus, le travail autour du jeu dramatique comporte des échanges verbaux. Ces moments d’échanges vont contribuer au développement du langage, à al prise de conscience de soi, à l’élaboration de la pensée symbolique. Le jeu dramatique va être l’occasion pour l’enfant de structurer l’espace et le temps : en mettant en scène des histoires inventées ou adaptées, l’enfant prend conscience de l’enchaînement et de la durée des évènements. La présence des autres va également l’obliger à gérer l’effet de son jeu sur ceux qui écoutent. Grâce à ces mises en espace, l’enfant est également confronté à un espace scénique qui aura été délimité. En effet, son corps est face à un public, sa gauche et sa droite ne sont pas celles de ses camarades spectateurs. Enfin, le mime aide l’enfant à prendre conscience de ses sensations. Cela lui permet de mettre son corps en éveil et d’être particulièrement attentif à tout ce qu’il va ressentir au moment où il est en action. Du point de vue de la psychologie clinique, le jeu dramatique est le lieu de l’expression des sentiments et des émotions de l’enfant. Cependant, l’enseignant doit comprendre que ces émotions sont à prendre en compte uniquement dans le temps et l’espace du jeu dramatique.6 E. Les dispositifs mis en place dans le premier degré Tout d’abord, il convient de donner les objectifs du théâtre pour l’élémentaire. Il permet un éveil esthétique, une formation à l’expression corporelle, gestuelle et orale, une rencontre avec des œuvres et une ouverture à des lieux de théâtre. En effet, le théâtre et l’expression dramatique ont pour but de développer chez les enfants leur disposition au jeu de fiction, leur imagination, leur sensibilité, leur désir d’expression et de production à travers de courts essais de réalisations dramatiques. A l’école maternelle, les enfants explorent leurs capacités sensorielles, corporelles, relationnelles, verbales et imaginatives au sein d’un groupe. De plus, ils peuvent approcher la notion de personnage, de petites histoires structurées et faire le partage entre le réel et le fictif. Depuis plusieurs années, des initiatives ont été prises pour offrir aux enseignants et aux élèves des possibilités de formation dans le domaine des arts. 6 Les pratiques théâtrales a l’école, Jean-Claude Lallias, Rectorat de Créteil, 1993, p 19 14 Outre les démarches qui peuvent se mettre en place parmi les actions pédagogiques d’ouverture culturelle dans le cadre des projets d’école, deux grands dispositifs sont proposés aux enseignants : - les ateliers de pratique artistique - les classes culturelles Leur objectif est de permettre aux élèves d’être sensibilisés au théâtre de façon forte et durable et d’expérimenter concrètement, en faisant et jouant, la situation de création théâtrale. Pour les ateliers, cela peut se faire pour une classe sur un créneau de trois heures par semaine en collaboration avec une compagnie de théâtre intervenant régulièrement. Pour les classes culturelles, il s’agit d’offrir à une classe la possibilité de vivre une semaine dans un lieu théâtral, avec une compagnie de théâtre professionnelle, et de baigner à la fois dans un projet de création et de découverte.7 F. Les textes officiels 1. Un enseignement obligatoire à l'école, au collège et au lycée « L'enseignement de l'histoire des arts est obligatoire pour tous les élèves de l'école primaire, du collège et du lycée (voies générale, technologique et professionnelle). C'est un enseignement fondé sur une approche pluridisciplinaire des œuvres d'art qui permet aux élèves de maîtriser les repères historiques et culturels indispensables pour comprendre les œuvres et enrichir leur pratique artistique. 2. Les objectifs Cet enseignement a pour objectif d'offrir à tous les élèves : des occasions de découvrir directement et personnellement des œuvres de référence relevant de différents domaines artistiques, de différentes époques et civilisations ; la capacité de poser sur ces œuvres, grâce à la familiarité acquise avec elles, un regard plus averti et plus sensible ; 7 la possibilité d'acquérir ainsi une culture personnelle à valeur universelle ; les moyens de s'informer sur les métiers liés aux domaines des arts et de la culture. Les pratiques théâtrales a l’école, Jean-Claude Lallias, Rectorat de Créteil, 1993, p 30 15 3. Les modalités Cet enseignement, qui concerne toutes les disciplines, sollicite plus particulièrement les enseignements artistiques et l'histoire. Il s'appuie sur les périodes historiques étudiées en cours d'histoire à chacun des niveaux du cursus scolaire. Les œuvres étudiées appartiennent à six grands domaines artistiques : Arts de l'espace : architecture, arts des jardins ; Arts du langage : littérature (récit, poésie) ; Arts du quotidien : design, objets d'art ; Arts du son : musique (instrumentale, vocale) ; Arts du spectacle vivant : théâtre, danse, cirque, marionnettes ; Arts du visuel : arts plastiques, cinéma, photographie. Il s'agit d'œuvres d'art patrimoniales et contemporaines, savantes et populaires, nationales et internationales. Elles sont choisies à partir d'une liste de référence pour l'école primaire et des listes de thématiques pour le collège et le lycée. »8 Extrait du Bulletin officiel n° 32 du 28 août 2008 « L’enseignement de l’histoire des arts est obligatoire pour tous les élèves de l’Ecole primaire, du Collège et du Lycée (voies générale, technologique et professionnelle). C’est un enseignement fondé sur une approche pluridisciplinaire et transversale des œuvres d’art. L’enseignement de l’histoire des arts implique la conjonction de plusieurs champs de connaissances. Il s’appuie sur trois piliers : les « périodes historiques », les six grands «domaines artistiques » et la « liste de référence » pour l’Ecole primaire ou les « listes de thématiques » pour le Collège et le Lycée. Les six grands domaines artistiques Définis comme « points de rencontres » des différentes formes d’art, ces domaines dépassent les divisions disciplinaires et les classifications courantes. Non exclusifs les uns des autres, ils offrent de multiples possibilités de croisements, de recoupements et de métissages. Leur contenu s’enrichit progressivement de l’Ecole primaire au Lycée par l’ouverture à des champs de plus en plus nombreux. Ils sont énoncés ci-après dans l’ordre alphabétique : 8 www.eduscol.education.fr, consulté le 9/04/2011 16 - Les « arts de l'espace » : architecture, urbanisme, arts des jardins, paysage aménagé, etc. - Les « arts du langage » : littérature écrite et orale (roman, nouvelle, fable, légende, conte, mythe, poésie, théâtre, essai, etc.), inscriptions épigraphiques, calligraphies, typographies, etc. - Les « arts du quotidien » : arts appliqués, design, métiers d'art ; arts populaires, etc. - Les « arts du son » : musique vocale, musique instrumentale, musique de film et bruitage, Technologies de création et de diffusion musicales, etc. - Les « arts du spectacle vivant » : théâtre, musique, danse, mime, arts du cirque, arts de la rue, marionnettes, art équestres, feux d’artifices, jeux d’eaux, etc. - Les « arts du visuel » : Arts plastiques (architecture, peinture, sculpture, dessin et arts graphiques, photographie, etc.) ; illustration, bande dessinée. Cinéma, audiovisuel, vidéo, montages photographiques, dessins animés, et autres images. Ces domaines artistiques sont explorés dans leurs manifestations patrimoniales et contemporaines, populaires et savantes, nationales et internationales, occidentales et non occidentales. Sur le plan technique, ils sont abordés dans leurs productions artisanales et industrielles, traditionnelles et innovantes. Dans le premier degré, les œuvres étudiées sont choisies par les professeurs à partir de la « liste de référence » du programme de l’Ecole primaire. Dans le second degré, la « liste de référence » est remplacée par des « listes de thématiques » conçues pour assurer cohérence et sens à l’enseignement de l’histoire des arts. Quelques pistes d’étude et repères sont proposés aux professeurs, à titre indicatif. Les professeurs puisent librement dans ces listes qu’ils complètent éventuellement. Le choix des œuvres est laissé à leur appréciation. »9 9 media.education.gouv.fr, consulté le 9/04/2011 17 III. Mon projet A. La chaise bleue de Claude Boujon Pour mon projet sur le théâtre, j’ai choisi de mettre en scène le livre « La chaise bleue » de Claude BOUJON. Mon choix s’est porté sur ce livre pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’histoire est simple et rigolote et a plu autant aux enfants qu’à moi. Cela était essentiel pour que chacun s’investisse au mieux. Ensuite, le vocabulaire est relativement restreint, la syntaxe resserrée, avec sujet, verbe, complément, il y a peu d’adjectifs et les phrases sont courtes de façon à ce que la lecture soit très simple. Quant aux dialogues, les enfants peuvent identifier clairement qui parle grâce au système suivant («Pierre dit : […] »). Enfin, interviennent des caractéristiques de contenu. On commence au début de l’histoire et on finit à la fin. Il y a seulement trois personnages, dont deux principaux : Escarbille, le long loup maigre et Chaboudo, le chien à courtes pattes. Ce livre raconte donc l’histoire d’un loup et d’un chien qui trouvent une chaise bleue dans le désert. Ils en exploitent toutes les utilisations possibles et imaginables. Les deux amis s’identifient tour à tour à des animaux sauvages, à des personnages différents. Ils s’inventent d’autres lieux d’aventure. Finalement un dromadaire terre à terre leur rappelle la fonction première d’une chaise. B. Les séances Pour l’organisation des séances, les élèves venaient par demi-groupe de 14 élèves. Chaque séance durée 20 minutes. Séance 1 : 9/12/2010 Le théâtre : c’est quoi ? Objectif de la séance : La découverte du théâtre et du projet. Découverte du projet par les enfants, je leur ai expliqué que nous allions travailler sur le théâtre, la mise en scène. Et c’est eux qui allaient jouer les personnages et vivre l’histoire. 18 De plus, je voulais leur faire comprendre que l’on n’écrit pas comme on parle, ce qu’ils ont tendance à faire et c’est là tout l’objectif de la classe de CE1: différencier langage oral et langage écrit. Cette séance a surtout servi à discuter de ce projet, puisqu’ils avaient beaucoup de questions sur le théâtre en lui-même, comment se dérouler une représentation théâtrale, tous les codes du théâtre et ils étaient surtout intrigués à l’idée de savoir si eux aussi pourraient jouer une pièce devant leurs camarades. Dès le début, j’ai vu l’enthousiasme des plus énergiques et créatifs et l’inquiétude des plus timides. L’objectif de ce projet est à la fois d’intégrer tous les caractères dans un objectif commun puisque la classe est composée de timides, d’énergiques, d’enfants ne respectant pas les règles, d’agressifs dans leurs actes et leur langage ainsi que d’une petite fille autiste et à la fois de leur faire comprendre la différence entre langage oral et langage écrit, le tout par le théâtre moyen d’expression, d’échange, d’imagination et de découverte. Par la suite, je souhaiterai les amener à développer eux-mêmes leur créativité en inventant d’autres scénettes. Cette première séance fut donc sous le signe de la découverte du théâtre et de la discussion autour de cet univers, j’ai eu droit aux questions les plus diverses et variées. Voici des dessins que les enfants ont faits pour illustrer leur vision du théâtre : 19 Séance 2 : 16/12/2010 « Ah ! voilà du nouveau ! » Objectif de la séance : Découverte du livre « La chaise bleue » de Claude BOUJON. Cette séance fut consacrée à la découverte du livre que les enfants allaient mettre en scène, en l’occurrence : « La chaise bleue » de Claude BOUJON. J’ai donc commencé par leur faire découvrir la couverture, les enfants ont exprimés ce qu’ils voyaient, ce qui pouvait se passer dans l’histoire, ils ont émis de nombreuses hypothèses, puis je leur ai présenté les personnages : Escarbille et Chaboudo. Suite à la lecture, je leur ai posé des questions pour savoir comment eux avaient compris l’histoire et les mots qu’ils employés. Les enfants ont tout de suite étaient emballés par l’histoire et notamment par les dessins très humoristique. Cependant, suite à la lecture, ils étaient tous étonnés de savoir comment ils allaient pouvoir faire et si chacun allait pouvoir jouer. Tel était l’objectif de la prochaine séance. Séance 3 : 6/01/2011 Tout commence avec une chaise… Objectif de la séance : Comprendre comment faire du théâtre et mettre en scène un livre. Arriver à transposer du langage écrit en langage oral. Comment jouer ? Comment mettre en scène cette histoire ? Telles étaient les questions que les enfants se posaient. Ils étaient tous intrigués voir même inquiets. Pour commencer, j’ai relu l’histoire pour bien qu’ils se la remettent en mémoire après deux semaines de vacances. Puis, je les ai invités à tous se mettre en cercle, au centre, j’ai disposé une chaise identique à celle du livre. Je leur ai proposé, chacun à leur tour d’inventer quelque chose avec la chaise : bureau, trompette, piano, trampoline, camion de pompier, voiture de course, violon… Ils ont trouvés rapidement des idées et ont été enchantés. Les plus timides ont eu du mal au début, puis se sont laissaient gagnés par l’entrain de leur camardes. Je leur ai donc fait découvrir le théâtre par le jeu. 20 Puis, à la fin de l’exercice, je leur ai dit : « Voilà, c’est ça faire du théâtre, c’est cela que vous allez faire, mais en suivant l’histoire. ». Ils étaient ravis et trouvaient ça plus facile que prévu… J’ai donc commencé à leur présenter le théâtre sous le signe de l’improvisation afin de créer une atmosphère, de mettre tout le monde à l’aise. Au départ, les enfants cherchaient la confiance dans mon regard pour surmonter leur peur. De plus, ce qui les bloque c’est la parole, j’ai donc commencé par le corps. Comme le dit Peter Brook : « Le corps libre est le premier pas » (extrait de Le diable, c’est l’ennui, Actes-Sud Papiers, Théâtre-Education, n°4, Paris, 1991, p76). Séance 4 : 13/01/2011 Transformation écrit/oral Objectif de la séance : Adapter le texte écrit à l’oral. Je commence chaque séance par une relecture de l’histoire et je m’aperçois à chaque fois que les enfants retiennent de mieux en mieux certaines phrases ou certaines scènes. De plus, ils ont maintenant intégrés le nom des personnages, ce qui fut difficile au début car peu commun. Ensuite, nous avons discutés pour voir comment adapter ce texte écrit à l’oral. Par exemple, quand il est écrit : « Chaboudo grognat : « c’est désertique. » », à l’oral va-t-on dire « Chaboudo grognant » ? non, car il indique que c’est Chaboudo qui parle et la manière dont il le fait. Les enfants m’ont donc dictés les phrases que j’ai écrites sur une feuille, puis nous avons tout relu afin de voir si cela leur convenait et si c’était dans un langage correct. Cela m’a permis de voir comment ils avaient compris l’histoire et les mots qu’ils employés. Enfin, je les ai invité à se mettre deux par deux, de préférence avec un ami pour qu’ils se sentent en confiance. L’élève le plus dissipé n’était pas d’accord et voulait être seul, il cherche encore sa place et veut toujours s’imposer, je lui ai donc proposé de faire le narrateur en lui expliquant que son rôle était important puisque c’est sur ces paroles qu’allaient se baser ces camarades pour jouer au bon moment, il a tout de suite accepté et s’est senti responsable. De mon côté, j’avais au préalable retapé le texte en séparant chaque scénette afin que chacun ai le texte et puisse jouer. Le premier groupe a donc commencé par jouer la première scénette : celle de la découverte de la chaise. 21 Préférant que les enfants jouent, se mettent à la place des personnages, ils n’avaient pas de papier avec le texte, mais je leur disais la phrase qu’il devait prononcer avant de jouer et il la répétait. Au début, ils me regardaient quand ils parlaient et c’était difficile de mettre l’intonation et de faire des mouvements. Pour y remédier, je leur montrais comment jouer, je les remettais dans le contexte, dans la situation, car il n’est pas toujours facile d’imaginer la scène et ce que ressentent les personnages. Voici la réécriture du texte « la chaise bleue » faite par les enfants : « Ce jour là, Escarbille et Chaboudo se promenaient dans le désert. Escarbille : « Il n’y a pas grand monde » Chaboudo grognant : « C’est désertique » Escarbille en montrant une tâche bleue au loin : « Ah ! Voilà du nouveau » Tous deux s’approchèrent de la tâche bleue Escarbille : « c’est une chaise » Chaboudo : « C’est une chaise bleue » Chaboudo se mit sous la chaise Chaboudo : « J’aime bien les chaises, on peut se cacher dessous. » Escarbille : « c’est le minimum du minimum. Une chaise c’est magique. On peut la transformer en traîneau à chiens, en voiture de pompiers, en ambulance, en voiture de course, en hélicoptère, en avion, en tout ce qui roule et vole et tout ce qui flotte aussi. » Chaboudo : « Mais alors, gare aux requins qui rôdent aux alentours » Escarbille : « Et ce n’est pas tout. En deux temps trois mouvements, elle devient un bureau, un comptoir. Il n’y a rien de mieux pour jouer à la marchande. » Chaboudo : « Oui. Une chaise, c’est vraiment magique, mais c’est aussi très pratique. Si tu montes dessus, tu deviens aussi grand que le plus grand de tes amis… » « Tu peux également t’en servir pour te défendre contre les fauves. Il n’y a pas de meilleur moyen pour empêcher l’animal sauvage de croquer le dompteur. On voit ça dans tous les cirques. » Non loin de là, un camélidé, il n’est pas rare de rencontrer une telle bête dans le désert, observait avec sévérité les exercices des deux amis. 22 Le Camélidé s’exclamant : « Non, mais ça va pas la tête ! Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? » « Une chaise est faite pour s’asseoir dessus. » Et il s’installa sur la chaise bien décidé à ne plus bouger. Escarbille : « Partons, ce chameau n’a aucune imagination. Chaboudo : « Et en plus ce n’est même pas un chameau, il n’a qu’une bosse, c’est un dromadaire ! ». » Séance 5 : 20/01/2011 Premiers pas sur scène… Objectif de la séance : Commencer à jouer la pièce comme un petit acteur. Savoir être expressif et ne pas seulement réciter le texte. J’ai commencé la séance comme toutes les autres en lisant l’histoire, même si à certains moments je n’avais plus besoin de lire, car les enfants connaissaient déjà certaines paroles. Puis, deux par deux, ils ont continués chacun leur tour de jouer leur scénette et qu’elle ne fut pas mon étonnement devant certains élèves, notamment, Lucie la plus timide qui n’ayant pas son binôme a voulu jouer avec moi sa scénette. Puis, Kimi, le plus expressif mais avec des difficultés de lecture, qui a joué parfaitement en faisant de grands gestes et en mettant le ton, le tout sans butter sur un seul mot ! Cependant, il faut parfois contrôler leur énergie afin que tout se déroule dans le calme pour que chacun puisse se concentrer et que chacun écoute et observe ce que font les autres. A la fin de la séance, j’ai voulu conclure par leur observations : ce qui va ou non quand ils observent ceux qui sont sur scène, ce qui leur est difficile, ce qu’ils aimeraient qu’on améliore pour continuer au mieux ce projet. Ils se sont rendu compte qu’il fallait parler assez fort et articuler pour que tout le monde puisse entendre et comprendre, il faut regarder le public (c’est-à-dire les autres camarades) et non moi quand ils sont sur scène, il faut aller loin dans leurs mouvements et même ne pas hésiter à en faire un peu trop, il faut qu’ils laissent de côté le fait que les autres ne les jugent pas, ne feront pas de commentaires désobligeant et que chaque remarque et faite pour qu’ils s’améliorent. 23 Séance 6 : 27/01/2011 La répétition Objectif de la séance : Répétition de la pièce et derniers ajustements. La séance a commencé par une petite lecture du livre "La chaise bleue" pour remettre les élèves en contexte. Mais dès la lecture de la deuxième page, je m'aperçois qu'ils connaissent déjà le texte, ils disent le texte avant moi! Comme quoi, quand les enfants aiment, ils retiennent facilement! Ensuite, ils se sont mis avec leur binôme. Je leur distribue le scripte en ayant répartie les rôles en avance selon ce que j'avais observé aux séances précédentes. Afin qu'ils aient le rôle qui leur corresponde le mieux. Une fois les rôles répartis, chacun est allé répéter dans un coin de la salle. Enfin, j’ai attribué à chaque enfant un numéro correspondant à leur ordre de passage, la représentation pouvait commencer ! C'est partie pour la mise en scène, en piste mes petits acteurs!! Sans oublier d’établir auparavant quelques règles pour bien jouer: - regarder le public - se taire pendant que les camarades sont sur scène - parler fort - être expressif - les trois coups de bâton annonçant le début de la pièce - le salut final... Je les reprends de temps en temps afin que tout soit parfait, et oui, c'est ça le travail d'acteur! On se retrouve la semaine prochaine pour la dernière représentation... 24 La répétition en images : Figure 1: Le narrateur Figure 2: Tiens, une chaise! Figure 3: Je suis plus grand que le plus grand de mes amis! Figure 4: la chaise- un moyen de défense 25 Séance7 : 3/02/2010 Jour J ! Que de stress… Objectif de la séance : Prendre du plaisir en jouant ! Jour-J pour la présentation de la pièce devant la maîtresse et les autres élèves, la pression est à son comble... Le jour de la représentation est enfin arrivé, je dois être sûrement plus stressé qu'eux. En effet, c'est mon travail qui va être évaluée. Après avoir pris du temps pour se mettre en costume et se maquiller, le grand moment est arrivé! Trois coups de bâtons, le silence... Verdict... Une magnifique représentation, je dois dire que mes petits CE1 m'ont étonnés, ils ont pris du plaisir à jouer et se sont amusés, c'est l'essentiel, chacun maîtrisé très bien son texte, je suis ravie! Et ça ne s'arrête pas là, la maîtresse a tellement apprécié qu'elle souhaite faire une représentation devant les parents et les autres classes pour le mois de juin!!! Il ne reste plus qu'à faire un décor et les enfants pourront jouer sur une vraie scène cette foisci!! Vivement la prochaine représentation !! 26 Bilan personnel Tout d’abord, j’ai énormément apprécié travailler sur ce projet. En effet, ce projet me tenait à cœur et j’y songeais depuis l’année dernière déjà. Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières, hormis, au niveau des créneaux horaire, car je disposais seulement de 20 minutes avec chaque demi-groupe, donc chaque séance était programmée à la minute près. Puis, pour trouver le livre que j’allais mettre en scène, mais une fois le livre en main, les idées sont venues très vite. Ensuite, les élèves ont été enchantés et enthousiaste de travailler sur le théâtre. Pour la plupart, ils n’en avaient jamais fait et ne savaient pas en quoi ça consistait. De plus, ils ont pu aller au-delà d’eux mêmes, ils se sont mis en scène et pour certains ce fut une révélation, je ne les avais jamais vu aussi expressifs. Enfin, ce projet a été très bien accueilli par l’enseignante qui m’a tout laissé mener comme je l’entendais. Elle a été ravie du résultat, ainsi que la directrice, puisqu’une représentation est prévue en juin devant les parents et les autres classes. Pour finir, s’il fallait changer certaines choses, j’aurai aimé les emmener voir une pièce de théâtre ainsi que les coulisses d’un théâtre. Puis, il aurait été plus facile d’avoir des séances plus longues d’au moins 30 minutes. 27 Conclusion Pour conclure, ce projet de mise en scène d’un album de jeunesse m’a vraiment tenu à cœur et passionné. En effet, l’année dernière, j’avais posé les bases de ce projet en initiant certaines classes (GS et CE1) au théâtre. Cela avait très bien fonctionné. Je souhaitais réitérer cette expérience cette année avec les CE1. A travers ce projet, je souhaitais montrer également aux enseignants les apports du théâtre à l’école. En effet, on peut travailler sur de multiples notions à travers le théâtre. Avec ce projet, j’ai travaillé sur une notion essentielle au CE1 qui est celle de l’alternance entre langage écrit et langage oral. Il s’agit d’une compétence que les enfants doivent acquérir au cycle 2. De plus, sachant que cette classe était composée de caractères multiples et d’une enfant handicapée, j’ai travaillé, en parallèle à ce projet, la notion de différence. Ce projet a été bénéfique sur plusieurs plans pour les enfants. D’une part, cela leur a permis de développer leurs capacités langagières et de dépasser certaines difficultés. D’autre part, ce projet leur a permis de voir que leurs différences pouvaient être une force, car ils se sont complétés et aidés pour arriver au bout de cette pièce. De plus, grâce à ce projet, des caractères se sont affirmés ou dévoilés, d’autres se sont modérés et chacun à trouvé sa place au fil des séances. Les enfants ont appréciés travailler sur le théâtre et j’ai pu leur inculquer des notions sans qu’ils ne s’en rendent compte. Comme quoi, c’est par le plaisir que l’on apprend. J’espère pouvoir renouveler l’expérience l’année prochaine. J’aurai aimé aller plus loin en mettant en scène avec les enfants d’autres livres de jeunesse. En attendant, l’histoire continue puisqu’une représentation devant les parents est programmée pour le mois de juin. Il nous reste encore à confectionner un décor, à améliorer les costumes et à répéter un peu… 28 Remerciements Je souhaiterai remercier tout d’abord, Mme Voute pour tout son investissement et son dévouement dans ce TD. En effet, on peut y trouver des idées d’activités, des conseils, des aides, elle arrive à nous transmettre toute sa passion. Grâce à elle, nous pouvons mener au mieux notre rôle d’AT BCD. Ensuite, je remercie la directrice et tous les enseignants de l’école Saint-Michel dans laquelle je travail depuis deux ans. Depuis le début j’ai été bien accueilli par tous et nous partageons d’agréables moments. Ils trouvent toujours du temps pour m’aiguiller et m’aider dans les activités et les projets que j’ai à mener. J’espère être encore dans cette école l’année prochaine. Enfin, je souhaite remercier tous les élèves de l’école Saint-Michel. C’est vraiment passionnant de mener des activités et des projets avec eux. Ils sont ouverts d’esprit et avides de nouveautés. Ils m’apportent autant si ce n’est plus que ce que je leur apporte. 29 Bibliographie 1) Les livres Du théâtre à l’école, Gilbert Caillat, édition Hachette Education, 1994, ISBN : 2-01170375-1 Les pratiques théâtrales a l’école, Jean-Claude Lallias, Rectorat de Créteil, 1993, ISBN : 2-905459-22-11 Oser le théâtre, Freddy Zucchet, édition Centre régional de documentation pédagogique de l’académie de Grenoble, 2001, ISBN : 2-86622-557-0 2) Les sites Internet media.education.gouv.fr, consulté le 9/04/2011 www.eduscol.education.fr, consulté le 9/04/2011 30