
Les relations économiques internationalesPartie I43
Les insuffisances des
théories traditionnelles
◗Contrairement aux enseignements de la théorie tradi-
tionnelle, le commerce international se développe le plus
entre les nations les plus développées dont les dotations
factorielles sont peu différentes. Il s’agit donc d’un
commerce entre nations très peu différenciées les unes
des autres, alors que la théorie traditionnelle met au
contraire en avant le rôle des caractéristiques différentes
des nations pour expliquer l’échange international.
◗La part du commerce international intrabranche, qui
existe lorsqu’un pays importe et exporte simultanément
les mêmes biens dans le commerce mondial, est très
significative et est la plus dynamique. La théorie tradition-
nelle n’a pas d’explication à proposer d’un tel phénomène
qui est incompatible avec sa vision de la spécialisation
internationale.
◗La théorie traditionnelle ne laisse aucune place aux firmes
multinationales et au commerce intrafirme dans son
schéma, puisque ce sont les nations et elles seules qui
échangent. Cependant, les échanges entre des filiales de
firmes multinationales implantées dans des pays diffé-
rents représentent plus du tiers du commerce mondial
de marchandises dans les années 1980.
M. R
AINELLI
,
La Nouvelle Théorie du commerce international,
coll. « Repères », La Découverte, 2003.
2
Économie d’échelle et commerce international
E
n pratique beaucoup d’in-
dustries sont caractérisées
par des économies d’échelle (on
parle aussi de rendements crois-
sants) : la production est alors
d’autant plus efficiente que
l’échelle sur laquelle elle est
faite est importante. Lorsqu’il
y a des économies d’échelle, le
fait de doubler les intrants(1)
dans une industrie augmente
la production de cette indus-
trie de plus du double…
Nous pouvons utiliser cet
exemple pour voir comment
les économies d’échelle don-
nent naissance à un échange
international. Imaginons un
monde composé de deux pays,
l’Amérique et la Grande-
Bretagne, qui ont tous deux
la même technologie pour la
production de gadgets. Sup-
posons en outre qu’au départ
chaque pays produit 10 gad-
gets. Le tableau montre que
ceci demande 15 heures de tra-
vail dans chaque pays : dans le
monde entier, 30 heures de
travail sont utilisées pour pro-
duire 20 gadgets. Supposons
maintenant que nous concen-
trions la production mondiale
de gadgets dans un seul pays,
par exemple l’Amérique, où
nous continuons à employer
30 heures de travail. Dans un
seul pays, ces 30 heures de tra-
vail peuvent produire 25 gad-
gets. Ainsi, en concentrant la
production en Amérique, l’éco-
nomie mondiale peut, avec la
même quantité de travail,
produire 25% de gadgets en
plus. ■
P. R. KRUGMAN, M. OBSTFELD,
Économie internationale,
De Boeck Université, 1996.
1. nda : intrants = facteurs de production.
Relation des intrants à la production dans une industrie hypothétique
3
5
10
15
20
25
30
10
15
20
25
30
35
2
1,5
1,33
1,25
1,2
1,16
Production Intrants de travail (heures) Intrant moyen de travail
Le commerce international est dit interbranche
si la nation considérée exporte des biens
différents de ceux qu’elle importe, par exemple
le vin et le drap dans l’exemple de
David Ricardo. En revanche, l’importation et
l’exportation simultanées de vin (ou de drap)
est une situation de commerce intrabranche.
Les études empiriques menées dans ce domaine
montrent premièrement que la part du commerce
intrabranche atteint, dans les années
quatre-vingt, environ 50 % du commerce
international des pays développés et
deuxièmement que ce pourcentage a cru
significativement depuis les années 1960.