
La mise en place progressive de la T2A a été source de désajustements entre les charges et les
ressources pour les hôpitaux publics et les établissements privés participant au service public
hospitalier.
La T2A s’est révélée surtout favorable aux soins aigus. Elle a entrainé une spécialisation des
établissements privés lucratifs, notamment en chirurgie, avec un impact sur l’équilibre entre
secteur ex-DG et secteur privé lucratif. Ainsi dans certaines zones du territoire national, la
chirurgie a quasiment disparu du secteur public et est exercée uniquement par le secteur
commercial avec dépassement d’honoraires.
La T2A est apparue plus adaptée à la chirurgie qu’à la médecine. Elle pénalise de ce fait les
établissements publics et ESPIC qui sont généralistes du fait de leurs missions de service
public. Elle favorise une logique de rentabilité à court terme qui entraine des stratégies
immédiates, et comporte un risque d’écrémage des activités qui avait d’ailleurs été souligné
dès 2003 par l’Union de l’Hospitalisation Privée (UHP).
La T2A a aussi entrainé une détérioration de la rentabilité de nombreux établissements de
santé ex-DG.
Plusieurs études montrent que par ailleurs que la T2A peut engendrer des effets indésirables
sur la qualité des soins. Les constats sont notamment les suivants :
La réduction des coûts peut conduire à une réduction des soins et à une diminution des
effectifs qui représentent 60 à 70% des dépenses de fonctionnement des hôpitaux.
La réduction des durées de séjour aboutit à transférer les coûts et les soins sur d’autres
secteurs : en particulier vers les soins de suites et la médecine de ville (par exemple
avec une externalisation des actes diagnostiques et pré opératoires).
La T2A a conduit certains établissements à des codages opportunistes, voire
frauduleux, ce qui nécessite une multiplication des contrôles par l’assurance maladie
alors que les ressources en contrôle restent limitées.
La T2A est, de l’avis de tous, devenue inflationniste, comme l’ont été avant le système du
prix de journée et celui de la dotation globale et de l’objectif quantifié national. Elle a poussé
les établissements à faire plus d’activité et a entrainé un cercle vicieux entre le dépassement
de l’ONDAM, le gel des missions d’intérêt général et aide à la contractualisation (MIGAC),
la diminution des tarifs et l’augmentation des déficits. Elle a aussi conduit à l’accroissement
du reste à charge pour les patients y compris dans les établissements du service public:
tarification des suppléments chambre seule, augmentation du ticket modérateur, franchise sur
certains actes.
La régulation prix-volume telle qu’elle est pratiquée en France apparait opaque : les
évolutions sont peu prévisibles par les acteurs.
La logique de la planification continue à primer sur la logique financière en s’ignorant l’une
comme l’autre, alors que les deux logiques doivent se réconcilier. C’est d’ailleurs un des
enjeux de la mise en place des agences régionales de santé.
De nombreux rapports et études attestent d’une critique unanime de la T2A : rapports du
comité d’évaluation de la T2A, rapport de la Cour des Comptes, rapport de l’Inspection
générale des affaires sociales, auditions par la mission d’évaluation et de contrôle des lois de