COMPTE-RENDU DES 3èmes JOURNEES FRANCOPHONES
DE LUTTE CONTRE LE CANCER
Alliance Mondiale Contre le Cancer
CRLC Val d’Aurelle
Montpellier le 8 et 9 avril 2010
Le congrès international de cancérologie sur le thème « un évènement régional
pour un défi mondial» s’est tenu les jeudi 8 et vendredi 9 avril 2010 au CRLC
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Val d’Aurelle de
Montpellier en présence de nombreuses personnalités issues du milieu médical et associatif français,
européen, africain et asiatique. Une centaine de personnes ont assisté à cette journée qui s’est déroulée
à Epidaure, département de prévention du Centre de Lutte Contre le Cancer.
Les objectifs de ces journées d’échange et de travail s’articulaient autour de quatre points majeurs :
Faire connaître l’AMCC-INCTR et informer de ses actions.
Fédérer et conforter le réseau de cancérologie Nord/Sud et Sud-Sud, que promeut
l’Alliance Mondiale Contre le Cancer.
Analyser les demandes de formations et de collaboration pour l’enregistrement des cancers
et les besoins de médicaments adaptés au contexte local des pays aux ressources limitées.
Faire connaître les associations, les institutions et fondations de France et d’Europe qui
travaillent en faveur des pays en voie de développement francophones.
Ces journées font suite à celles organisées en 2008 et 2009, au cours desquelles il avait été fait le
constat que la formation et le traitement, peu accessibles voire inexistants, rendaient plus complexe le
combat dans les pays aux ressources limitées (2008). En 2009, grâce à des ateliers interactifs, l’accent
avait porté sur des thèmes plus précis demandés par des experts des pays du sud : le registre du cancer,
l’usage des antimitotiques et antalgiques, l’organisation de la lutte contre le tabagisme dans les
entreprises, la radiothérapie et l’analyse de situation visant à préparer un Plan National de Lutte
Contre le Cancer adapté et adoptable.
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CRLC : Centre de Lutte Contre le Cancer
Des actions de lutte contre le Cancer
en faveur des pays en voie de développement
Le choix des thèmes 2010
Le besoin urgent d’appui pour l’enregistrement des cancers et l’amélioration des registres existants
pour les pays francophones a été le premier choix de ces journées, avec le soutien du Registre des
tumeurs de l’Hérault par le Dr Brigitte Tretarre et son fondateur le Pr Henri Pujol, celui du directeur
du CIRC
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à Lyon, Dr Christopher Wild et du Dr Eva Foucher-Steliarova.
Une réflexion pragmatique et éthique de protocoles de médicaments adaptés en termes de
coût/efficacité a été le deuxième choix prioritaire cette année, avec le concours du Dr Copel de
l’Institut Curie de Paris et du Dr Gilles Romieu du CRLC de Val d’Aurelle, sans oublier le partage de
connaissances du Dr Philippe Poulain, algologue de l’association Douleurs sans Frontières.
Problématique des pays aux ressources limitées
Il n’est pas vain de rappeler que les médecins et personnels soignants africains et asiatiques
(Cambodge et Laos) ont beaucoup de difficultés pour prendre en charge la pathologie cancéreuse. La
majorité d’entre eux ne sont pas suffisamment formés, ont trop peu de moyens et de soutien et ils se
sentent souvent isolés du reste du monde, hormis les pays du Maghreb. Aucun programme
international, aucune fondation n’a encore mis le problème du cancer à l’ordre du jour et il n’y a donc
pas de financement conséquent proposé aux pays aux ressources limitées ! Les pays occidentaux
francophones et en particulier la France, n’ont pas encore, à notre connaissance, prévu d’intervenir en
ce sens afin d’appuyer l’organisation de la lutte à l’échelle nationale ou régionale. Par contre,
beaucoup d’aides dites « de gré à gré » apportent des soutiens ponctuels et limités, en particulier en
Afrique Sub-saharienne. Mais ces actions ne sont pas concertées et trop souvent non perennes.
La crise financière internationale continue à monopoliser les médias et les esprits et ce n’est pas pour
aider celle qui s’exprime par une augmentation significative de son incidence ; il s’agit des cancers
qui touchent plus particulièrement les sites urbains africains et asiatiques. L’inégalité face au cancer
s’aggrave entre les pays riches et les pays en développement
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et loin d’être l’apanage des pays
occidentaux, le cancer commence à frapper également les pays en développement.
Comme nous l’avions précisé en 2009, le point commun qui rassemble les pays aux revenus
limités est la difficulté de prise en charge de cette pathologie. La pauvreté, le manque d’information
et de formation des soignants, l’insuffisance de structures de soins adaptées et le sujet tabou tendent
fortement à retarder le diagnostic et rendent aléatoire toute prise en charge thérapeutique. Il n’existe
pas de sécurité sociale, peu de mutuelles et les soins et les traitements sont entièrement à la charge des
familles de patients. Dans le même sens, nous avions déjà pointé du doigt le point commun qui
rassemble les pays occidentaux francophones: l’absence de concertation et de collaboration au
niveau des ONG, associations et institutions. Cela rend bien évidement problématique d’apporter des
réponses pertinentes aux demandes spécifiques émanant de pays francophones souhaitant commencer
l’organisation de la lutte : par où et comment commencer ? C’est autour de ces questions et des
réponses à proposer que nous avons voulu articuler les journées du 8 et 9 avril 2010.
Déroulement
Les deux matinées ont été consacrées à des plénières : des communications ont permis de présenter les
actions menées en 2009, les programmes en cours, les institutions et associations internationales,
nationales. Les après midis ont été réservées à des ateliers inter actifs sur les deux thèmes essentiels
choisis cette année : enregistrement des cancers et médicaments adaptés.
Les mots d’accueil et de bienvenue
Le Professeur Jean-Bernard Dubois, Directeur général du CRLC a montré l’ouverture et l’intérêt du
Centre pour la problématique du cancer dans les pays du Sud. Il a été suivi d’un discours de Mme
Christiane Fourteau, adjointe à la mairie de Montpellier qui a rappelé l’intérêt que porte la ville de
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CIRC : Centre International de Recherche du Cancer, Organisation Mondiale de la Santé, basé à
Lyon
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Le Monde, jeudi 5 février 2009, page 4
Montpellier à la prévention des cancers. Elle a rappelé les liens de jumelage qui lient la ville de
Montpellier à plusieurs villes du sud de la méditerranée.
Le Pr Henri Pujol, président du Comide l’Hérault de la Ligue Contre le Cancer a ensuite
expliqué les actions menées localement en faveur des patients et de leurs familles, mettant également
en avant le rôle incontournable de la Ligue dans l’appui financier pour la Recherche auprès d’équipes
et d’étudiants post-doctorants.
Le Pr Pierre Bey, nouveau président de l’AMCC a clôturé en rappelant que l’objectif prioritaire de
l’association était de promouvoir une lutte contre les cancers dans le respect de la différence.
De gauche à droite : Prs Pierre Bey (AMCC), Henri Pujol (ligue 34), Jacques Rouësse (AMCC) et J.B. Dubois
(CRLC Val d’Aurelle)
Focus sur les communications
Un résumé des communications est proposé dans ce rapport ; vous trouverez les communications en
version PDF sur le site internet de l’AMCC à l’adresse suivante : cancer-amcc.org. La liste et les
coordonnées des communicants se trouvent en annexe de ce document.
La parole a été donnée tant aux acteurs des pays en développement qu’à ceux qui œuvrent en France et
en Europe. En voici une localisation géographique.
Cambodge-Laos
Maroc, Algérie, Tunisie
Mauritanie, Sénégal, Mali,
Côte d’Ivoire, Burkina Faso,
Niger, Bénin
AMCC, OncoMali, Fondation Pierre
Fabre (France), INCTR (Belgique),
UICC (Suisse), AIEA (Autriche),
e.oncologia (Espagne)
L’AMCC
La première communication a é consacrée au bilan 2009 de l’AMCC ; après avoir donné des
informations sur la nouvelle structure du bureau et du conseil d’administration de l’association,
Sabine Perrier-Bonnet a synthétisé les actions menées dans trois domaines : l’éducation par la
formation médicale et en soin infirmier, la prévention du tabagisme et la formation de formateurs pour
la prise en charge de la douleur et les soins palliatifs et accompagnement. Le développement d’un
réseau de cancérologie entre les pays du Sud et du Nord reste la priorité de l’AMCC afin de
promouvoir les liens entre pays du sud. Les colloques organisés chaque année à Montpellier en est la
preuve concrète.
L’INCTR
La présentation des actions de l’INCTR présen par son président, le Dr Ian Magrath a permis aux
participants de visualiser les différents programmes en cours : la recherche clinique en oncologie
pédiatrique pour le lymphome de Burkitt, le rétinoblastome, la leucémie et pour les cancer féminins, le
sein et le col de l’utérus. Un programme en faveur de la télépathologie va débuter dans plusieurs pays
africains sous la direction de la directrice médicale de l’AMCC. Les soins palliatifs sont au cœur des
actions avec la publication d’un livre qu’il reste à traduire en français.
L’UICC
Mme Stella de Sabata, directrice de programmes au sein de l’Union Internationale Contre le Cancer
basée à Genève (Suisse) a longuement parlé des différentes actions de l’UICC au cours de l’année.
Elle a abordé le Plan National de Cancer en détaillant les différentes étapes incontournables pour
mener à bien l’écriture d’un plan adapté aux réalités et moyens locaux dans les pays aux revenus
limités. La Déclaration mondiale contre le cancer est en 2010 un objectif stratégique de l’UICC et elle
a incité les participants à signer la déclaration après avoir pris connaissance des 11 objectifs pour
arrêter la progression de la maladie dans le monde.
Le Plan Cancer Marocain
Pr Rachid Bekkali est entré dans le vif du sujet en exposant le Plan National de Prévention et de
Contrôle du Cancer élaboré par l’association de lutte contre le cancer Lalla Salma qu’il dirige.
L’organisation de la prévention, suivi de la détection précoce, de la prise en charge thérapeutique aux
soins palliatifs et accompagnement ont débouchés sur l’analyse de l’estimation du budget nécessaire.
Un Plan simple et clair qui semble adapté aux visions et valeurs que souhaite promouvoir
l’association. Le Plan Marocain est prévu sur une durée de 10 ans.
L’association Tunisienne Contre le Cancer
M. Mohammed Maamer a résumé dans un premier temps les programmes de l’association ATCC,
leurs objectifs, sa structure et son budget. Deux grands projets sont en cours depuis des années :
EDDAR, le foyer d’accueil gratuit des patients à Tunis est un modèle au Maghreb. Le programme de
lutte contre le tabagisme a permis la sensibilisation et la formation de plusieurs dizaines de médecins
généralistes dans tout le pays. Il a ensuite présenté la lutte contre le cancer dans le contexte tunisien en
analysant la situation, tenant compte des acquis et des insuffisances, concluant sur les activités prévues
dans l’année 2010.
La formation des personnels de santé et des spécialistes du médicament
dans les pays les moins avancés
Le Pr Jean Cros a abordé ce thème dans le sens d’un défi à relever par le partenariat public-privé. Il a
détaillé les axes d’intervention de la Fondation Pierre Fabre
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qui apporte un appui essentiel dans le
domaine de la pharmacie et du médicament, en vue de préparer la pérennipour un développement
durable. De la réhabilitation des facultés de pharmacies à la formation des pharmaciens au Cambodge
et au Laos, les interventions nécessitent des investissements à long terme pour passer de l’assistanat au
partenariat. Cela n’occulte nullement le soutien au développement de structures de soins et la lutte en
direction des contrefaçons.
L’organisation de la formation du personnel soignant au Burkina Faso
Marie-Claude Cayzac, en l’absence du Dr Abdoulaye Elola, résume le programme de trois ans de
formation de formateurs sur la prise en charge de la douleur et les soins palliatifs et accompagnement
élaboré à Bobo Dioulasso, seconde ville au Burkina Faso. Les résultats analysés se distinguent par un
changement de comportement des soignants vis-à-vis des patients en fin de vie, de même que face à la
douleur des patients. La mise sur pied d’un comité cancer au CHUSS et d’un registre cancer au
CHUSS a été complétée par l’engagement ferme de la DNM
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de commander de la morphine en
poudre. La présence de 7 autres pays africains à cette formation indique également un intérêt croissant
des pays de la sous région.
Le circuit du médicament au Bénin
Pr Fabien Houngbé a analysé l’organisation du circuit du médicament tant dans le secteur public que
le secteur privé, du cadre réglementaire au circuit informel des médicaments. Les difficultés de
contrôle du circuit de médicaments sont exacerbées par le fléau du trafic de faux médicaments et
l’existence d’un circuit informel de médicaments. Par ailleurs, le Bénin ne produit pratiquement aucun
médicament et dépend donc de l’extérieur à plus de 90% pour ses importations. Des initiatives sont en
cours, la dernière étant « l’appel de Cotonou » avec le soutien de la Fondation Chirac concernant la
lutte contre la vente illicite et la circulation de faux médicaments.
Les activités du programme PACT de l’AIEA
Jean Pierre Cayol a exposé les activités du Programme d’Action en Faveur de la Cancérothérapie
(PACT) en expliquant comment et pourquoi après 30 ans d’expérience dans le transfert de la
radiothérapie vers les pays en développement, le constat amer des inégalités face à son accès a amené
l’AIEA vers une approche complémentaire et innovante de la lutte contre le cancer. Une stratégie
suivant 3 grands axes a été mise en place : (1) soutien des Etats membres (imPACT), (2) actions
synergiques (PMDS) et (3) développement de réseaux régionaux (VUCCnet).
L’intérêt de la télépathologie dans le support diagnostic en hématologie
Pr. Martine Raphaël a détaillé le projet consistant à considérer la télépathologie comme un support
diagnostique d’enseignement. Les buts et objectifs sont donc d’aider et promouvoir l’aide au
diagnostic, d’optimiser les interactions avec la clinique et les traitements, dynamiser l’enseignement et
le rendre interactif, établir des liens avec la recherche : clinique, épidémiologique, biologique entre les
différents pays pour créer des réseaux. Le logiciel iPath, gratuit, est utilisé. Le programme est en cours
de préparation et regroupe plusieurs institutions : AMCC/INCTR/INCA.
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La Fondation Pierre Fabre est une des rares fondations à être reconnue d’utilité publique (décret du 06/04/99).
Son siège est à Castres, en France.
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Direction Nationale du Médicament.
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