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En tant que Président des Entreprises du Médicament, 1er investisseur privé de R&D en
France, et clé de l’indépendance sanitaire, partenaire majeur des Pouvoirs Publics dans
la santé publique et allié indissociable des professionnels de santé, j’appelle chacun à
comprendre que la France se doit de rester un des grands pays des sciences de la Vie.
Je n’hésite pas à attirer l’attention de tous les collaborateurs de l’industrie auxquels
j’adresse un message direct en ce sens, pour qu’ils y réfléchissent bien, en âme et
conscience. J’en appellerai aussi aux autres communautés responsables de la santé -
médecins et professionnels de santé - pour leur proposer de s’associer à nous dans cette
ambition en faveur des sciences de la vie. Ce domaine de haute technologie, largement
investi aujourd’hui par les Américains, les Japonais, les Indiens et Chinois de plus en
plus, déterminera les solutions thérapeutiques de l’avenir.
La France gagnera la bataille des sciences de la vie si on veut bien penser et agir
autrement dans la santé : nous n’acceptons pas le décrochage des investissements
observé depuis quelques années. L’attractivité française n’est pas suffisante.
Les mesures prises récemment dans le cadre du Conseil Stratégique des Industries de
Santé, en faveur des études cliniques, des pôles de compétitivité, du crédit impôt
recherche, de la propriété intellectuelle, s’avèrent des signaux très encourageants.
Mais encore faudrait-il que la culture publique qui émergera des votes des Français soit
une culture de « l’investissement santé » et non du « déficit » ou de la décroissance des
soins. Le déficit n’est-il pas autre chose qu’une insuffisance de ressources qu’on veut
allouer : qui d’autre que le corps médical doit définir le juste besoin de santé ? On a
confondu le débat sur les modes et la gestion du financement avec celui sur le montant
du financement. On confond trop santé et assurance maladie, comme l’a fait remarquer
l’un des candidats dans cette campagne. Les Français répondent clairement qu’il faut
d’abord mieux dépenser dans la santé et lorsque c’est nécessaire, plus dépenser, pour la
recherche dans les pathologies qui tuent, qui invalident ou qui réduisent la vie.
On ne progressera pas dans cette dynamique de santé, si on n’associe pas plus et mieux
les citoyens et les patients dans les décisions, autour des autorités, des professionnels et
des industriels. Responsabilité, prévention mais aussi investissements de recherche en
faveur du progrès thérapeutique, sont les moyens qui feront de la santé et de son
économie la réponse à nos attentes légitimes. Une vision collective nouvelle doit émerger
alliant professionnels, patients, autorités et industriels pour dégager l’offre de soins la
plus efficiente en Europe, dans une logique inventive et productive. La croissance des
investissements de santé est utile, saine, et facteur d’entraînement pour la France.
La santé mérite qu’on en fasse la nouvelle frontière
de notre excellence française.
« A long terme, il existe peu de sujets aussi cruciaux pour la sécurité économique et la position mondiale
d’un pays que la nécessité de s’imposer dans le domaine des sciences de la vie ».
Lawrence Summers - Harvard