COMMUNIQUE DE PRESSE le 13 juin 2013
Bilan économique des Entreprises du Médicament
L’industrie du médicament en France confrontée
à une récession sans précédent
Le Leem dresse aujourd’hui le bilan économique de l’année 2012 et les perspectives pour 2013 des entreprises du
médicament. Ce secteur stratégique pour l’économie française donne des signes de plus en plus alarmants de
décrochage, susceptibles de l’empêcher de conduire sa mutation pour rester un atout industriel dans le pays.
Un marché français en récession
En 2012, le chiffre d'affaires des médicaments en ville (remboursables et non remboursables) s'est élevé à 21,1 milliards
d'euros (prix fabricant hors taxes), soit 2,3 % par rapport à l’année 2011. Ce recul historique fait suite à deux années de
quasi-stagnation (+ 0,3 %). Pour les seuls médicaments remboursables, le marc a reculé de 3,3 % entre 2011 et 2012.
Elément d’inquiétude supplémentaire, cette tendance va en s’accélérant (- 5,5 % au dernier quadrimestre 2012). Le marché
hospitalier a, quant à lui, stagné.
Ce recul est essentiellement imputable à l’ampleur des mesures de régulation mises en place, ces dernières années, par les
pouvoirs publics : baisses de prix, essor des génériques, référentiels de bon usage et Capi, durcissement des critères
d'évaluation du médicament, encadrement des prescriptions hospitalières... Autant d’instruments de maîtrise dont le cumul et
l’ampleur n’intègrent pas les dimensions industrielles et de recherche du secteur, et qui s’ajoutent aux mécanismes de
régulation conventionnelle Etat-Industrie qui ont déjà permis, ces dernières années, de maîtriser efficacement les dépenses de
médicaments.
La généralisation, en avril 2012, du dispositif « tiers-payant contre nériques » a fortement contribué à la chute du chiffre
d’affaires de l’industrie pharmaceutique ( 806 millions d’euros de CA en année pleine sur les médicaments princeps
concernés, pour 297 millions d’euros d’économies pour la Sécurité sociale).
On observe ainsi une disproportion croissante entre le poids du médicament dans les dépenses d’assurance maladie
(15 %) et sa contribution aux efforts d’économies (plus de 50 %). Avec l’Espagne et l’Italie, cette tendance classe la France
parmi les pays qui connaissent une récession significative de leur marché pharmaceutique, alors que des pays comme
l’Allemagne ont su maintenir l’évolution de CA de leurs entreprises dans des valeurs positives.
2012
En M€
Croissance
2012 / 2011
Croissance
2013 / 2012
(prévision)
ÉVOLUTION DU MARCHÉ DU
MÉDICAMENT A L’HORIZON 2013
Chiffre d’affaires France
27 001
- 2,0 %
CA Officinal
21 101
- 2,3 %
Médicaments remboursables
19 076
- 3,3 %
Médicaments non remboursables
2 025
+ 5,5 %
CA Hôpital
5 900
0,0 %
Chiffre d’affaires à l’exportation
25 286
+ 14,8 %
+ 2,0 %
(estimation)
Chiffre d’affaires total
52 287
+ 5,5 %
Une rentabilité affectée par la fiscalité
La rentabilité des entreprises du médicament opérant en France est d’un niveau généralement inférieur aux autres pays
occidentaux. Elle est affectée, en particulier, par le paiement de taxes spécifiques auxquels ne sont pas assujettis les autres
secteurs industriels. Véritable variable d’ajustement des comptes publics, ces taxes ont représenté 4,2 % du chiffre d’affaires
du secteur en 2012 et devraient encore augmenter en 2013 du fait de la nouvelle taxation des congrès scientifiques.
Le nombre d’impôts et de taxes applicables en France, et en particulier les taxes sectorielles, est supérieur à celui des autres
pays européens. Ce phénomène n’incite pas les groupes mondiaux à investir en France, et justifie l’effort d’attractivité enga
par l’Etat au travers du Crédit impôt recherche. Ce dispositif phare de la compétitivité française est toutefois insuffisant pour
palier le défaut d’attractivité fiscale du pays.
CROISSANCE DES PRELEVEMENTS SPECIFIQUES SUR LE MEDICAMENT (taxes et régulation - en millions d’euros)
Une reprise de la dynamique d’exportations, après une année noire
Après une année 2011 en net repli (- 8,7 % vs 2010), les exportations françaises de médicaments se sont ressaisies en 2012,
avec une progression de + 14,8 %, pour un volume de chiffre d’affaires de 25,3 milliards d’euros. Ces bons résultats sont
notamment liés au choix de la France par les groupes pharmaceutiques mondiaux pour y produire leurs médicaments, dans un
contexte de renforcement de l’attractivité du territoire national jusqu’à 2011.
Ces atouts sont néanmoins fragiles dans un contexte de concurrence entre Etats pour la localisation de la recherche et de la
production de médicaments : la France, qui avait gagné de nombreux arbitrages entre 1993 et 2005, a ainsi perdu, entre 2010
et 2012, plusieurs décisions industrielles de localisation, lourdes de conséquences à moyen terme.
EVOLUTION DES EXPORTATIONS DE MEDICAMENTS (en millions d’euros)
Quatrième année de baisse des effectifs
L’industrie du médicament a enregistré en 2011, pour la quatrième année consécutive, une baisse de ses effectifs directs. Le
secteur compte 101 926 personnes en 2011, contre 103 900 en 2010 (- 1 974 emplois).
Le risque d’une aggravation de la situation dans les années à venir existe, dans les entreprises du secteur et chez leurs sous-
traitants, les directeurs de ressources humaines anticipant une baisse de 1,2 % des effectifs sectoriels pour 2012. De
nombreuses restructurations ont été annoncées depuis 2008, mais leurs conséquences sur l’emploi seront visibles sur les
effectifs des années 2011 à 2014. En 2012, 27 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été annoncés en France, impactant
4 438 postes, contre 2 734 postes en 2011 pour 28 PSE. Ces restructurations ont principalement concerné les métiers de la
commercialisation et les fonctions support. Les études récentes montrent que les effectifs de production et de R&D pourraient
également être prochainement impactés. Paradoxalement, ce contexte de réduction des effectifs s’accompagne de difficultés
de recrutements pour certains métiers (maintenance industrielle, qualité…).
EVOLUTION DU NOMBRE DE SALARIES PAR FAMILLE PROFESSIONNELLE (de 1996 à 2011)
Une industrie française en décrochage
« Avec une contribution majeure à la balance commerciale française, avec plus de 100 000 emplois directs, avec plus de
200 sites de production, avec des investissements de près de 5 milliards d’euros annuels en R&D, les entreprises du
médicament présentent toutes les caractéristiques d’un secteur de sortie de crise », estime Hervé Gisserot, Président du
Leem. « Mais cet atout pour l’économie française est aujourd’hui menacé, faute de cohérence entre des politiques de
régulation souvent brutales et court-termistes, et un pilotage stratégique de moyen et long terme ambitieux dans ses objectifs ».
La réactivation du Conseil stratégique des industries de santé (Csis) et du Comité stratégique de filière des produits de santé
(CSF Santé), qui se réuniront le 5 juillet, constitue un signe encourageant aux yeux des industriels. Le résultat de ces
démarches sera déterminant pour engager la restauration de l’attractivité française pour les investissements des groupes
pharmaceutiques mondiaux. « Mais si la France veut conserver une industrie de santé forte et compétitive, prévient Hervé
Gisserot, elle doit faire des choix clairs et s ‘y tenir : les efforts conjugués de l’Etat et des industriels ne seront d’aucun effet s’ils
sont associés à une régulation toujours plus agressive et déséquilibrée. Notre industrie est aujourd’hui menacée de
décrochage. »
Le bilan économique du Leem est disponible sur www.leem.org
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Contacts presse : Stéphanie BOU - tél : 01 45 03 88 38 - email : sbou@leem.org
Virginie PAUTRE tél : 01 45 03 88 87 email : vpautre@leem.org
Jean Clément VERGEAU tél : 01 45 03 86 82 email : jcvergea[email protected]
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