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conclure que, dans ce cas particulier, les résistances constatées chez les patients humains
proviennent vraisemblablement d’un transfert de l’animal vers l’homme.
Dans les pays développés, les infections humaines à Campylobacter et Salmonella résultent de la
consommation d’aliments contaminés. Les animaux destinés à la consommation humaine
formant un réservoir pour ces germes, les denrées alimentaires issues de ces animaux
constituent la source de contamination principale pour l’homme. Des études épidémiologiques
et microbiologiques ont démontré que des Salmonella résistantes à l’acide nalidixique et des
Campylobacter résistants aux FQ étaient sélectionnés chez les animaux producteurs de denrées
alimentaires et se propageaient par la suite vers l’homme. Des publications récentes
démontrent la transmission possible d’E. coli résistants issus d’animaux producteurs de
denrées alimentaires vers l’homme. Jusqu’ici, on admettait que les E.coli humains et animaux
appartenaient à des populations différentes, et que les souches animales, à l’exception d’E. coli
O157:H7 et d’autres sérotypes d’ E. coli zoonotiques produisant des vérotoxines (Shiga-like
toxines), n’engendraient pas d’infections chez l’homme.
Les résistances aux antimicrobiens chez certaines souches de Salmonella et de Campylobacter
sont la cause de maladies plus sévères chez l’homme. En règle générale, les infections gastro-
intestinales aiguës non compliquées ne sont pas traitées par des médicaments antimicrobiens,
sauf chez les patients à risque. Lorsque des médicaments antimicrobiens s’avèrent nécessaires
pour le traitement des infections à Salmonella et Campylobacter, des FQ et des macrolides sont
respectivement utilisés. Des alternatives existent, notamment les céphalosporines pour
contrôler les Salmonella résistantes aux FQ. La résistance aux macrolides reste relativement rare
chez les Campylobacter. Les FQ sont, dans ce cas, utilisées. Les multirésistances peuvent être
responsables, selon le type de germes, d’un allongement de la durée des pathologies, d’un
accroissement du nombre d’hospitalisations et d’une mortalité accrue par rapport aux
affections induites par des germes sensibles. L’usage des antibiotiques pour des indications
visant d’autres systèmes que le tube digestif chez l’homme, par exemple le système
respiratoire, peuvent augmenter le risque d’infection gastro-intestinale par des germes
résistants à ces antibiotiques.
En médecine vétérinaire, l’échec de l’antibiothérapie liée à l’émergence de résistances entraîne
également, en fonction de la gravité des infections, une mortalité accrue lorsque aucun
traitement alternatif n’est disponible. Ceci ne concerne pas uniquement les germes zoonotiques
mais beaucoup d’autres bactéries chez l’animal. Un certain nombre de ces germes pathogènes
présentent des résistances multiples envers d’autres antimicrobiens que les FQ. La thérapie de
ces infections est par conséquent menacée si les FQ perdent leur efficacité du fait de leur usage
non contrôlé en médecine vétérinaire. Cette situation critique est une source d’altération du
bien-être et de la santé des animaux et s’accompagnera de pertes économiques accrues. Le
scénario est assez comparable en médecine humaine où les FQ peuvent jouer un rôle clé dans le
traitement d’infections sévères et invasives, engendrées par des germes pathogènes spécifiques
à l’espèce humaine.
Finalement, un certain nombre de recommandations sont formulées pour sauvegarder l’activité
des FQ et préserver la santé humaine et animale. L’usage de FQ comme médicaments de
deuxième ligne est recommandé, c’est-à-dire, exclusivement dans les cas où une réponse
négative à d’autres substances antimicrobiennes a été constatée ou est suspectée. Le recours
aux FQ pour la prévention doit être limité à des cas très spécifiques. Ces recommandations
devraient être mentionnées dans les notices (RCP) des spécialités contenant des FQ. La
posologie des FQ doit être déterminée sur base de leurs propriétés pharmacocinétiques et
pharmacodynamiques, afin d‘assurer une activité optimale et de réduire la pression de
sélection.