Folia veterinaria LU DANS : Antibioticumresistentie in Escherichia coli bij landbouwhuisdieren, hazen, septisch materiaal en oppervlaktewater in Vlaanderen (Résistance aux antibiotiques d’Escherichia coli isolés chez des animaux domestiques destinés à la consommation humaine, de lièvres, de matériel septique et des eaux de surface en Flandre) C. Casteleyn, J. Dewulf, B. Catry, A. de Kruif, D. Maes. Vlaams Diergeneeskundig Tijdschrift, 2006, 75, 23 - 30 Les auteurs de ce travail ont étudié la prévalence des résistances à 14 antibiotiques d’utilisation fréquente en médecine vétérinaire et en médecine parmi des populations d’Escherichia coli isolées de différents animaux producteurs de denrées alimentaires (porcs à l’engrais, bétail laitier et poulets de chair), de lièvres sauvages, de matériel septique provenant de l’homme et d’eaux de surface, dans trois régions de Flandre (Bruges, Deinze, Wingene avec respectivement une densité de population animale faible, moyenne et élevée). L’influence de la densité de population animale dans ces trois régions sur les prévalences de résistances a aussi été examinée. Le pourcentage de souches résistantes et la fréquence d’E. coli multirésistantes atteignaient leur maximum chez les poules et les porcs élevés industriellement, en particulier pour les antibiotiques fréquemment utilisés tels que les sulfamidés, les tétracyclines, la néomycine et la streptomycine. Les poulets de chair présentaient davantage de résistance contre les quinolones que les porcs à l’engrais. La prévalence de souches résistantes était peu importante chez le bétail. Cette différence avec les deux autres espèces s’explique, selon les auteurs, par une densité d’occupation plus petite (nombre d’animaux dans l’étable) et le risque de la présence de résidus dans le lait. De faibles taux de résistance ont aussi été constatés chez les lièvres sauvages. Enfin, les auteurs constatèrent des taux relativement élevés de résistance parmi les souches isolées d’eaux de surface et de matériel septique, même s’ils émettent certaines réserves quant à l’interprétation de ces derniers résultats. Les densités respectives des populations animales des trois régions étudiées n’influaient pas de manière statistiquement significative sur les taux de résistance des différentes populations d’Escherichia coli. Reflection Paper on the use of fluoroquinolones in FoodProducing Animals in the European Union: Development of Resistance and impact on Human and Animal Health (L’usage de fluoroquinolones chez les animaux producteurs de denrées alimentaires dans l’UE: développement de résistance et impact sur la santé humaine et animale) EMEA/CVMP/SAGAM/184651/2005-CONSULTATION Source: EMEA – CVMP (Committee for medicinal products for veterinary use) Le CVMP s’est récemment penché sur la problématique de l’usage des fluoroquinolones en médecine vétérinaire. Deux questions majeures ont été envisagées à la lumière des informations récentes publiées à ce sujet. En quoi l’utilisation des fluoroquinolones chez les animaux producteurs de denrées alimentaires peut-elle influencer l’apparition de résistances chez les espèces bactériennes en médecine vétérinaire, en particulier chez les germes zoonotiques jouant un rôle important aussi bien chez l’homme que chez l’animal ? Quel en est l’impact sur la santé humaine et animale ? Le premier élément souligné est le manque d’informations disponibles au sein de l’UE, sur l’usage des quinolones et de leurs dérivés fluorés (FQ) chez les animaux destinés à la consommation humaine. Les données statistiques montrent que non seulement le nombre des FQ commercialisées dans les différents pays de l’UE diffère, mais aussi que les indications pour l’utilisation de ces produits ne sont pas homogènes et les quantités administrées varient fortement. Par ailleurs, il n’existe pas de recommandations uniformisées pour l’usage prudent de ces substances ou des médicaments antimicrobiens en général. En médecine humaine, des variations importantes entre les Etats membres sont constatées du point de vue des quantités d’antibiotiques et des classes pharmacologiques utilisées. La résistance des pathogènes humains aux substances antimicrobiennes, dont les FQ, montre aussi une grande variabilité géographique. Le document souligne que la plupart des résistances antimicrobiennes apparaissant en médecine humaine ne peuvent pas être imputées à l’usage de ces produits en médecine vétérinaire. L’émergence des résistances aux antibiotiques chez l’homme est fortement corrélée avec leur usage en médecine humaine ainsi que le montrent plusieurs publications, consacrées à ce sujet. Néanmoins, cette constatation ne doit pas occulter l’impact de l’usage des FQ en médecine vétérinaire sur la santé humaine via les germes zoonotiques. Après avoir rappelé les mécanismes de résistance contre les FQ et les « breakpoints » utilisés pour définir les niveaux de sensibilité des germes, le texte traite de l’influence des FQ administrées aux animaux producteurs de denrées alimentaires sur la sélection de facteurs de résistances chez les germes pathogènes susceptibles de contaminer l’homme via la chaîne alimentaire. En médecine vétérinaire, l’introduction et l’usage des FQ au cours des décennies 80 et 90, furent suivis par une résistance antimicrobienne accrue de Campylobacter et de Salmonella chez les animaux producteurs de denrées alimentaires mais aussi chez l’homme. Se référant à de nombreuses publications, le CVMP constate que ces résistances peuvent effectivement être mises en relation avec l’usage de FQ en médecine vétérinaire. Les données épidémiologiques relatives à la présence de ces germes et l’usage des FQ en médecine humaine permettent de 2 conclure que, dans ce cas particulier, les résistances constatées chez les patients humains proviennent vraisemblablement d’un transfert de l’animal vers l’homme. Dans les pays développés, les infections humaines à Campylobacter et Salmonella résultent de la consommation d’aliments contaminés. Les animaux destinés à la consommation humaine formant un réservoir pour ces germes, les denrées alimentaires issues de ces animaux constituent la source de contamination principale pour l’homme. Des études épidémiologiques et microbiologiques ont démontré que des Salmonella résistantes à l’acide nalidixique et des Campylobacter résistants aux FQ étaient sélectionnés chez les animaux producteurs de denrées alimentaires et se propageaient par la suite vers l’homme. Des publications récentes démontrent la transmission possible d’E. coli résistants issus d’animaux producteurs de denrées alimentaires vers l’homme. Jusqu’ici, on admettait que les E.coli humains et animaux appartenaient à des populations différentes, et que les souches animales, à l’exception d’E. coli O157:H7 et d’autres sérotypes d’ E. coli zoonotiques produisant des vérotoxines (Shiga-like toxines), n’engendraient pas d’infections chez l’homme. Les résistances aux antimicrobiens chez certaines souches de Salmonella et de Campylobacter sont la cause de maladies plus sévères chez l’homme. En règle générale, les infections gastrointestinales aiguës non compliquées ne sont pas traitées par des médicaments antimicrobiens, sauf chez les patients à risque. Lorsque des médicaments antimicrobiens s’avèrent nécessaires pour le traitement des infections à Salmonella et Campylobacter, des FQ et des macrolides sont respectivement utilisés. Des alternatives existent, notamment les céphalosporines pour contrôler les Salmonella résistantes aux FQ. La résistance aux macrolides reste relativement rare chez les Campylobacter. Les FQ sont, dans ce cas, utilisées. Les multirésistances peuvent être responsables, selon le type de germes, d’un allongement de la durée des pathologies, d’un accroissement du nombre d’hospitalisations et d’une mortalité accrue par rapport aux affections induites par des germes sensibles. L’usage des antibiotiques pour des indications visant d’autres systèmes que le tube digestif chez l’homme, par exemple le système respiratoire, peuvent augmenter le risque d’infection gastro-intestinale par des germes résistants à ces antibiotiques. En médecine vétérinaire, l’échec de l’antibiothérapie liée à l’émergence de résistances entraîne également, en fonction de la gravité des infections, une mortalité accrue lorsque aucun traitement alternatif n’est disponible. Ceci ne concerne pas uniquement les germes zoonotiques mais beaucoup d’autres bactéries chez l’animal. Un certain nombre de ces germes pathogènes présentent des résistances multiples envers d’autres antimicrobiens que les FQ. La thérapie de ces infections est par conséquent menacée si les FQ perdent leur efficacité du fait de leur usage non contrôlé en médecine vétérinaire. Cette situation critique est une source d’altération du bien-être et de la santé des animaux et s’accompagnera de pertes économiques accrues. Le scénario est assez comparable en médecine humaine où les FQ peuvent jouer un rôle clé dans le traitement d’infections sévères et invasives, engendrées par des germes pathogènes spécifiques à l’espèce humaine. Finalement, un certain nombre de recommandations sont formulées pour sauvegarder l’activité des FQ et préserver la santé humaine et animale. L’usage de FQ comme médicaments de deuxième ligne est recommandé, c’est-à-dire, exclusivement dans les cas où une réponse négative à d’autres substances antimicrobiennes a été constatée ou est suspectée. Le recours aux FQ pour la prévention doit être limité à des cas très spécifiques . Ces recommandations devraient être mentionnées dans les notices (RCP) des spécialités contenant des FQ. La posologie des FQ doit être déterminée sur base de leurs propriétés pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, afin d‘assurer une activité optimale et de réduire la pression de sélection. 3 D’autres mesures sont proposées comme la diffusion continue d’informations à l’attention des médecins vétérinaires, afin de les sensibiliser à la problématique de la résistance antimicrobienne, la mise en place d’un plan de surveillance basé sur la déclaration et l’enregistrement de l’usage des FQ et le monitoring de la résistance chez des pathogènes et des germes indicateurs par espèce cible dans chaque Etat membre. Enfin, la promulgation par les Etats membres de directives internationales concernant l’usage raisonné et prudent des substances antimicrobiennes est recommandée. Nous rappelons au lecteur l’article paru antérieurement dans le Folia Veterinaria: Les Fluoroquinolones : la situation actuelle (Folia Veterinaria 2004 n° 3) 4